« Force d'inertie » : différence entre les versions

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Une '''force d'inertie''', ou '''inertielle''', ou '''force fictive''', est une [[force (physique)|force]] apparente, ou pseudo-force, qui agit sur les [[masse]]s lorsqu'elles sont observées à partir d'un [[référentiel non inertiel]], autrement dit depuis un point de vue en mouvement [[accélération|accéléré]] (en [[translation (géométrie)|translation]] ou en [[Mouvement de rotation|rotation]]).
Une '''force d'inertie''', ou '''inertielle''', ou '''force fictive'''<ref name="Taillet">''Dictionnaire de physique''. Richard Taillet, Loïc Villain, Pascal Febvre. {{2e}} édition. De Boeck, 2009, page 235.</ref>, ou '''pseudo-force''' est une [[force (physique)|force]] apparente qui agit sur les [[masse]]s lorsqu'elles sont observées à partir d'un [[référentiel non inertiel]], autrement dit depuis un point de vue en mouvement [[accélération|accéléré]] (en [[translation (géométrie)|translation]] ou en [[Mouvement de rotation|rotation]]). La force d'inertie est donc une '''résistance''' opposée au mouvement par un corps, grâce à sa masse.


L'[[équation fondamentale de la dynamique]], dans la formulation initiale donnée par [[Isaac Newton|Newton]], est valable uniquement dans des [[Référentiel inertiel|référentiels inertiels]] (dits aussi ''galiléens''). La notion de force d'inertie permet de généraliser cette équation aux référentiels non inertiels, et donc de décrire la dynamique dans ces référentiels. Les forces d'inertie sont dites ''fictives'' car elles ne découlent pas d'interactions entre objets, mais sont seulement la conséquence d'un choix de référentiel. Les forces d'inertie n'existent pas dans les référentiels galiléens.
Les forces d'inertie sont un artifice mathématique présentant deux avantages :
* une simplification calculatoire : elles permettent de poser les équations du principe fondamental de la dynamique ([[Lois du mouvement de Newton|deuxième loi de Newton]]) dans un référentiel non inertiel.
* une approche intuitive : elles représentent les forces ressenties dans un référentiel non inertiel.


Les forces d'inertie se décomposent généralement en deux composantes : la [[Formulaire de mécanique#Quelques forces|force d'inertie d'entraînement]] et la [[Force de Coriolis|force d'inertie de Coriolis]].
Les forces d'inertie se décomposent généralement en deux composantes : la [[#Formalisation|force d'inertie d'entraînement]] et la [[Force de Coriolis|force d'inertie de Coriolis]].


== Principe ==
== Exemple simple ==


[[Fichier:Accelerating car.PNG|thumb |350px|Forces subies par une voiture accélérée (masse {{var|''M''}}), son siège (masse négligeable) et son conducteur (masse {{var|''m''}}) dans un référentiel galiléen (en haut et au milieu) et dans leur propre référentiel accéléré (en bas). Dans le référentiel galiléen, ils sont soumis à des forces dont la résultante, non nulle, leur confère une accélération {{var|'''a'''}}. Dans leur propre référentiel, les forces d'inertie d'entraînement {{formule|−''M'''''a'''}} et {{formule|−''m'''''a'''}} équilibrent les autres forces et leur permettent de rester au repos.]]
La [[mécanique classique]] fait intervenir les [[Lois du mouvement de Newton|lois de Newton]]. Celles-ci ne sont valables que dans un [[Référentiel galiléen|référentiel inertiel]].
Dans un [[référentiel non inertiel]], les lois de Newton ne peuvent plus s'écrire, sauf en ajoutant des forces fictives : les forces d'inertie.


La figure ci-contre illustre le cas d'une voiture qui accélère en ligne droite. On peut comparer le point de vue d'un piéton, supposé galiléen, qui observe depuis le trottoir, à celui de l'automobiliste :
'''Pour un observateur extérieur situé dans le référentiel galiléen, il n'y a pas de force d'inertie.''' Il n'y a qu'un effet de l'[[inertie]] (Première loi de Newton ou Principe d'inertie {{citation|Tout corps persévère dans l'état de repos ou de mouvement uniforme en ligne droite dans lequel il se trouve, à moins que quelque force n'agisse sur lui, et ne le contraigne à changer d'état.}}).
* du point de vue du piéton (figure d'en haut), le frottement statique des roues sur la chaussée imprime au véhicule une accélération {{var|'''a'''}}. La force en question vaut {{formule|(''m''+''M'')'''a'''}}, où {{var|''M''}} et {{var|''m''}} sont les masses respectives de la voiture et de son conducteur ;
* la figure du milieu représente le même point de vue, mais en considérant séparément la voiture, le siège (supposé de masse négligeable) et le conducteur. Ce dernier est accéléré par une force {{formule|''m'''''a'''}} en provenance du siège, alors que la voiture reçoit une force {{formule|(''m''+''M'')'''a'''}} de la chaussée et {{formule|−''m'''''a'''}} du siège ;
* la figure du bas représente le point de vue non galiléen du conducteur. Celui-ci ressent une force d'inertie {{formule|−''m'''''a'''}} qui le plaque vers l'arrière, ainsi que la réaction {{formule|+''m'''''a'''}} de son siège qui le retient. La résultante est nulle et le conducteur est au repos dans son propre référentiel. La voiture subit la force d'inertie {{formule|−''M'''''a'''}}, l'action du siège {{formule|−''m'''''a'''}} et l'action de la chaussée {{formule|(''m''+''M'')'''a'''}} : la résultante est encore nulle et elle reste au repos.
Dans les deux cas, les forces d'interaction chaussée/voiture, voiture/siège et siège/conducteur sont les mêmes : ce sont les « vraies » forces, indépendantes du référentiel. On peut remarquer que les forces d'inertie servent ici à équilibrer ces forces afin de maintenir l'automobiliste et sa voiture au repos dans leur propre référentiel.
{{Clr}}


== Définition simple ==
Prenons le cas d'une voiture freinant violemment, le passager n'a pas mis sa ceinture et est éjecté. Deux points de vue sont possibles :
* Pour le passager, son siège reste immobile et une force le pousse vers l'avant : il subit une force d'inertie.
* Pour un piéton situé sur le bas-coté, le siège du passager s'arrête et le passager poursuit son mouvement, c'est-à-dire que le piéton n'observe aucune force sur le passager.


La force d'inertie, pour la plupart des dictionnaires, est ''la résistance des corps au mouvement, résistance proportionnelle à leur masse.''
== Expressions ==

== Formalisation ==


Soit (R) un référentiel galiléen centré en 0, et (R') un [[référentiel non galiléen]] centré en A, dont la rotation (instantanée) autour de (R) est donnée par le vecteur <math>\vec{\Omega}_{(\mathrm{R'/R})}</math>. Soit un point M mobile de masse ''m'' subissant des forces de résultante <math>\vec{\mathrm{F}}</math>. Soit <math>\vec{v}_\mathrm{r} = \vec{v}(\mathrm{M})_{(\mathrm{R'})}</math> la vitesse relative de M dans (R').
Soit (R) un référentiel galiléen centré en 0, et (R') un [[référentiel non galiléen]] centré en A, dont la rotation (instantanée) autour de (R) est donnée par le vecteur <math>\vec{\Omega}_{(\mathrm{R'/R})}</math>. Soit un point M mobile de masse ''m'' subissant des forces de résultante <math>\vec{\mathrm{F}}</math>. Soit <math>\vec{v}_\mathrm{r} = \vec{v}(\mathrm{M})_{(\mathrm{R'})}</math> la vitesse relative de M dans (R').
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<math>\vec{a}_\mathrm{a} = \vec{a}_\mathrm{r} + \vec{a}_\mathrm{e} + \vec{a}_\mathrm{c}</math>
<math>\vec{a}_\mathrm{a} = \vec{a}_\mathrm{r} + \vec{a}_\mathrm{e} + \vec{a}_\mathrm{c}</math>


Or, d'après le [[Lois du mouvement de Newton#Deuxième loi de Newton ou principe fondamental de la dynamique de translation|principe fondamental de la dynamique]], on a : <math>m\ \vec{a}_\mathrm{a} = \vec{\mathrm{F}}</math>
Or, d'après le [[Lois du mouvement de Newton#Deuxième loi de Newton ou principe fondamental de la dynamique|principe fondamental de la dynamique]], on a : <math>m\ \vec{a}_\mathrm{a} = \vec{\mathrm{F}}</math>


D'où, dans (R'): <math>m \vec{a}_\mathrm{r} = \vec{\mathrm{F}} - m \vec{a}_\mathrm{e} - m \vec{a}_\mathrm{c}</math>
D'où, dans (R'): <math>m \vec{a}_\mathrm{r} = \vec{\mathrm{F}} - m \vec{a}_\mathrm{e} - m \vec{a}_\mathrm{c}</math>
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| bgcolor="#fff8ff" |<math>\vec{\mathrm{F}}_\mathrm{ie} = -m \vec{a}_\mathrm{e} = -m \left[ \vec{a}(\mathrm{A})_{(\mathrm{R})} + \left ( \frac{\mathrm{d}\vec{\Omega}_{(\mathrm{R'/R})}}{\mathrm{d}t} \right )_{(\mathrm{R})}\wedge \overrightarrow{\mathrm{AM}}+\vec{\Omega}_{(\mathrm{R'/R})}\wedge(\vec{\Omega}_{(\mathrm{R'/R})} \wedge \overrightarrow{\mathrm{AM}})\right]</math>
| bgcolor="#fff8ff" |<math>\vec{\mathrm{F}}_\mathrm{ie} = -m \vec{a}_\mathrm{e} = -m \left[ \vec{a}(\mathrm{A})_{(\mathrm{R})} + \left ( \frac{\mathrm{d}\vec{\Omega}_{(\mathrm{R'/R})}}{\mathrm{d}t} \right )_{(\mathrm{R})}\wedge \overrightarrow{\mathrm{AM}}+\vec{\Omega}_{(\mathrm{R'/R})}\wedge(\vec{\Omega}_{(\mathrm{R'/R})} \wedge \overrightarrow{\mathrm{AM}})\right]</math>
|}</center>
|}</center>

Dans l'expression précédente :
* le terme <math>-m \left[\left ( \frac{\mathrm{d}\vec{\Omega}_{(\mathrm{R'/R})}}{\mathrm{d}t} \right )_{(\mathrm{R})}\wedge \overrightarrow{\mathrm{AM}}\right]</math> est la '''force d'Euler'''<ref name="Taillet" /> ;
* le terme <math>- m \left[\vec{\Omega}_{(\mathrm{R'/R})}\wedge(\vec{\Omega}_{(\mathrm{R'/R})} \wedge \overrightarrow{\mathrm{AM}})\right]</math> est la '''force centrifuge'''<ref name="Landau">{{Landau|tome 1}}, page 192.</ref> (ou axifuge).



La force <math>\vec{\mathrm{F}}_\mathrm{ic}</math> est appelée '''force d'inertie de Coriolis''', et son expression développée est : <center>
La force <math>\vec{\mathrm{F}}_\mathrm{ic}</math> est appelée '''force d'inertie de Coriolis''', et son expression développée est : <center>
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(R') est donc animé d'un mouvement linéaire uniformément accéléré dans (R).
(R') est donc animé d'un mouvement linéaire uniformément accéléré dans (R).


Dans (R), il faut ajouter la force d'inertie d'entrainement <math>\vec{\mathrm{F}}_\mathrm{ie}</math> qui vaut alors simplement : <math>\vec{\mathrm{F}}_\mathrm{ie} = -m \vec{a}</math>
Dans (R'), il faut ajouter la force d'inertie d'entrainement <math>\vec{\mathrm{F}}_\mathrm{ie}</math> qui vaut alors simplement : <math>\vec{\mathrm{F}}_\mathrm{ie} = -m \vec{a}</math>


C'est ce qui se passe par exemple dans une voiture en ligne droite : la force d'inertie s'oppose à l'accélération de la voiture.
C'est ce qui se passe par exemple dans une voiture en ligne droite : la force d'inertie s'oppose à l'accélération de la voiture.
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Cette force est encore appelée [[force centrifuge]] (ou axifuge) car elle a tendance à éloigner un objet de l'axe de rotation.
Cette force est encore appelée [[force centrifuge]] (ou axifuge) car elle a tendance à éloigner un objet de l'axe de rotation.


== En quoi ces forces sont-elles fictives ? ==
== Pourquoi ces forces sont-elles parfois considérées comme fictives ? ==
En [[mécanique newtonienne]], un objet non accéléré dans un [[Référentiel galiléen|référentiel inertiel]] :
* ne peut être accéléré que par l'application d'une force sur cet objet.
* paraît accéléré dans un [[référentiel non inertiel]] local.


Dans une première approche de la [[mécanique newtonienne]], on peut définir le mot [[Force (physique)|force]] de la manière suivante. Une force :
Aussi, l'observateur dans ce référentiel local attribue intuitivement, mais faussement, l'explication de cette accélération à une force appliquée sur l'objet observé.
* est la modélisation d'une interaction, c'est-à-dire de l'action d'un objet sur un autre ; c'est le cas en particulier des interactions de contact ([[Pression de contact|pression]], [[frottement]], interaction dans une [[Liaison (mécanique)|liaison]]) ou à distance ([[force gravitationnelle]], [[force électrostatique]], [[force électromagnétique]]) ;

Mais en [[mécanique classique]], une [[Force (physique)|force]] a un sens plus strict. Une force :
* est la modélisation d'une interaction, c'est-à-dire de l'action d'un objet sur un autre ; c'est le cas en particulier des interactions de contact ([[Pression de contact|pression]], [[frottement]], interaction dans une [[Liaison (mécanique)|liaison]]) ou à distance ([[force gravitationnelle]], [[force électrostatique]], [[Force Électromagnétique|force électromagnétique]]).
* respecte le principe des actions réciproques ([[Lois du mouvement de Newton|troisième loi de newton]]).
* respecte le principe des actions réciproques ([[Lois du mouvement de Newton|troisième loi de newton]]).
Comme une force d'inertie ne respecte ni l'une ni l'autre de ces conditions, elles peuvent parfois être considérées comme des ''forces fictives'' ou ''pseudo-forces''. Il faut toutefois noter les éléments suivants :

* les interactions électromagnétiques ne respectent pas le principe des actions réciproques dès que l'on ne se place plus dans le cadre de la statique ;
* la force de gravitation est de même nature que les forces d'inertie. Il n'est donc pas possible de distinguer expérimentalement dans le poids d'un objet la composante due à la gravitation (considérée comme une force réelle) et la composante due à la rotation de la Terre (considérée comme une force fictive).


Certains auteurs utilisent plutôt les termes d'[[accélération centrifuge]], [[accélération inertielle]] et effet de [[Accélération de Coriolis|Coriolis]]<ref>{{Lien web|titre = modeliser coriolis|url = http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/modeliser-coriolis.xml|site = planet-terre.ens-lyon.fr|date = }}.</ref> pour désigner les causes de ce que d'autres nomment respectivement [[force centrifuge]], force inertielle et [[force de Coriolis]]<ref>{{Lien web |titre=atmosphere-cellule-coriolis |url=http://www.emse.fr/~bouchardon/enseignement/processus-naturels/up1/web/la-terre-est-ronde/terre-ronde-geodynamique-0504-atmosphere-cellule-coriolis.htm |site=emse.fr |date= |consulté le=29/12/2014}}.</ref>.
Une force d'inertie ne respecte ni l'une ni l'autre de ces conditions.


== La gravité en tant que force d'inertie ==
Prenons le cas d'une voiture freinant violemment, le passager n'a pas mis sa ceinture et est éjecté. Deux points de vue sont possibles :
* Pour le passager, son siège reste immobile et une force le pousse vers l'avant : il subit une force d'inertie.
* Pour un piéton situé sur le bas-coté (référentiel supposé inertiel) :
** une force de frottement vers l'arrière exercée sur les pneus s'oppose à l'inertie de la voiture ([[Lois du mouvement de Newton|première loi de newton]]) et a pour conséquence l'arrêt de la voiture (et donc du siège du passager).
** aucune force ne s'exerce sur le passager : le passager poursuit son mouvement.


{{Article général|Relativité générale|position=section}}
Bien que mathématiquement parfaitement équivalents, ces deux points de vue ne se valent pas physiquement. En effet, une force est une notion absolue et si le passager observe un [[accéléromètre]] pendant son vol plané, la valeur d'accélération mesurée sera nulle, ce qui signifie qu'il ne subit aucune force. L’interprétation physique (et non mathématique) du phénomène faite par le passager est erronée, celle faite par le piéton est juste.
On voit dans cet exemple que les forces d'inertie ne résultent pas d'une action directe sur l'objet observé, mais elles sont les conséquences indirectes d'une action sur le référentiel local.


La notion de force d'inertie apparaît en relativité générale<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Fritz Rohrlich |titre=Classical charged particles |éditeur=World Scientific |lieu=Singapour |année=2007 |pages totales=305 |passage=40 |isbn=978-981-270-004-9 |isbn2=981-270-004-8 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=lJrPrP6L6tQC&pg=PA39&dq=acceleration+transformation+formula+%22Coriolis+force%22}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Hans Stephani |titre=Relativity |sous-titre=An Introduction to Special and General Relativity |éditeur=Cambridge University Press |lieu=Cambridge UK |année=2004 |pages totales=396 |passage=105 |isbn=0-521-01069-1 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=WAW-4nd-OeIC&pg=PA104&dq=acceleration+transformation+formula+%22Coriolis+force%22}}</ref>. Les forces d'inertie sont toujours proportionnelles à la masse de l'objet sur lequel elles agissent, ce qui est aussi le cas de la [[gravité]]. Ceci a conduit [[Albert Einstein]] à se demander si la gravitation était aussi une force d'inertie. Il remarque qu'un observateur en chute libre dans une pièce fermée ne ressent pas la gravité, et peut se croire dans un référentiel inertiel (c'est le [[principe d'équivalence]]). Ceci a conduit Einstein à formuler une théorie où la gravitation est une pseudo-force due à la [[courbure]] de l'[[espace-temps]]. Cette idée est le fondement de la [[relativité générale]].
Certains auteurs utilisent plutôt les termes d'[[accélération centrifuge]], [[accélération inertielle]] et effet de [[Accélération de Coriolis|Coriolis]]<ref>{{Lien web|langue = |titre = modeliser coriolis|url = http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/modeliser-coriolis.xml|site = http://planet-terre.ens-lyon.fr|date = |consulté le = }}</ref> pour désigner les causes de ce que d'autres nomment respectivement [[force centrifuge]], force inertielle et [[force de Coriolis]]<ref>{{Lien web|langue = |titre = atmosphere-cellule-coriolis|url = http://www.emse.fr/~bouchardon/enseignement/processus-naturels/up1/web/la-terre-est-ronde/terre-ronde-geodynamique-0504-atmosphere-cellule-coriolis.htm|site = http://www.emse.fr|date = |consulté le = 29//2014}}</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références}}
{{Références}}
{{Traduction/Référence|en|Fictitious force|689966109}}


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==

Dernière version du 5 avril 2024 à 18:48

Une force d'inertie, ou inertielle, ou force fictive[1], ou pseudo-force est une force apparente qui agit sur les masses lorsqu'elles sont observées à partir d'un référentiel non inertiel, autrement dit depuis un point de vue en mouvement accéléré (en translation ou en rotation). La force d'inertie est donc une résistance opposée au mouvement par un corps, grâce à sa masse.

L'équation fondamentale de la dynamique, dans la formulation initiale donnée par Newton, est valable uniquement dans des référentiels inertiels (dits aussi galiléens). La notion de force d'inertie permet de généraliser cette équation aux référentiels non inertiels, et donc de décrire la dynamique dans ces référentiels. Les forces d'inertie sont dites fictives car elles ne découlent pas d'interactions entre objets, mais sont seulement la conséquence d'un choix de référentiel. Les forces d'inertie n'existent pas dans les référentiels galiléens.

Les forces d'inertie se décomposent généralement en deux composantes : la force d'inertie d'entraînement et la force d'inertie de Coriolis.

Exemple simple[modifier | modifier le code]

Forces subies par une voiture accélérée (masse M), son siège (masse négligeable) et son conducteur (masse m) dans un référentiel galiléen (en haut et au milieu) et dans leur propre référentiel accéléré (en bas). Dans le référentiel galiléen, ils sont soumis à des forces dont la résultante, non nulle, leur confère une accélération a. Dans leur propre référentiel, les forces d'inertie d'entraînement Ma et ma équilibrent les autres forces et leur permettent de rester au repos.

La figure ci-contre illustre le cas d'une voiture qui accélère en ligne droite. On peut comparer le point de vue d'un piéton, supposé galiléen, qui observe depuis le trottoir, à celui de l'automobiliste :

  • du point de vue du piéton (figure d'en haut), le frottement statique des roues sur la chaussée imprime au véhicule une accélération a. La force en question vaut (m+M)a, où M et m sont les masses respectives de la voiture et de son conducteur ;
  • la figure du milieu représente le même point de vue, mais en considérant séparément la voiture, le siège (supposé de masse négligeable) et le conducteur. Ce dernier est accéléré par une force ma en provenance du siège, alors que la voiture reçoit une force (m+M)a de la chaussée et ma du siège ;
  • la figure du bas représente le point de vue non galiléen du conducteur. Celui-ci ressent une force d'inertie ma qui le plaque vers l'arrière, ainsi que la réaction +ma de son siège qui le retient. La résultante est nulle et le conducteur est au repos dans son propre référentiel. La voiture subit la force d'inertie Ma, l'action du siège ma et l'action de la chaussée (m+M)a : la résultante est encore nulle et elle reste au repos.

Dans les deux cas, les forces d'interaction chaussée/voiture, voiture/siège et siège/conducteur sont les mêmes : ce sont les « vraies » forces, indépendantes du référentiel. On peut remarquer que les forces d'inertie servent ici à équilibrer ces forces afin de maintenir l'automobiliste et sa voiture au repos dans leur propre référentiel.

Définition simple[modifier | modifier le code]

La force d'inertie, pour la plupart des dictionnaires, est la résistance des corps au mouvement, résistance proportionnelle à leur masse.

Formalisation[modifier | modifier le code]

Soit (R) un référentiel galiléen centré en 0, et (R') un référentiel non galiléen centré en A, dont la rotation (instantanée) autour de (R) est donnée par le vecteur . Soit un point M mobile de masse m subissant des forces de résultante . Soit la vitesse relative de M dans (R').

Alors, d'après la loi de composition des mouvements, en notant l'accélération absolue dans (R), l'accélération relative dans (R'), l'accélération d'entraînement et enfin l'accélération de Coriolis, on a :

Or, d'après le principe fondamental de la dynamique, on a :

D'où, dans (R'):

En définissant les forces d'inertie et , on peut alors écrire le principe fondamental de la dynamique dans le référentiel (R') non galiléen :

La force est appelée force d'inertie d'entrainement, et son expression développée est :

Dans l'expression précédente :

  • le terme est la force d'Euler[1] ;
  • le terme est la force centrifuge[2] (ou axifuge).


La force est appelée force d'inertie de Coriolis, et son expression développée est :

Quelques cas d'application simples[modifier | modifier le code]

Référentiel en accélération constante dans un référentiel galiléen[modifier | modifier le code]

Supposons que (R') subisse une accélération constante dans (R). (R') est donc animé d'un mouvement linéaire uniformément accéléré dans (R).

Dans (R'), il faut ajouter la force d'inertie d'entrainement qui vaut alors simplement :

C'est ce qui se passe par exemple dans une voiture en ligne droite : la force d'inertie s'oppose à l'accélération de la voiture.

Référentiel en rotation uniforme[modifier | modifier le code]

Dans un manège tournant à la vitesse angulaire , nous avons tendance à nous éloigner du centre de rotation noté A ; cela est dû à la force d'inertie d'entrainement qui vaut alors :

Cette force est encore appelée force centrifuge (ou axifuge) car elle a tendance à éloigner un objet de l'axe de rotation.

Pourquoi ces forces sont-elles parfois considérées comme fictives ?[modifier | modifier le code]

Dans une première approche de la mécanique newtonienne, on peut définir le mot force de la manière suivante. Une force :

Comme une force d'inertie ne respecte ni l'une ni l'autre de ces conditions, elles peuvent parfois être considérées comme des forces fictives ou pseudo-forces. Il faut toutefois noter les éléments suivants :

  • les interactions électromagnétiques ne respectent pas le principe des actions réciproques dès que l'on ne se place plus dans le cadre de la statique ;
  • la force de gravitation est de même nature que les forces d'inertie. Il n'est donc pas possible de distinguer expérimentalement dans le poids d'un objet la composante due à la gravitation (considérée comme une force réelle) et la composante due à la rotation de la Terre (considérée comme une force fictive).

Certains auteurs utilisent plutôt les termes d'accélération centrifuge, accélération inertielle et effet de Coriolis[3] pour désigner les causes de ce que d'autres nomment respectivement force centrifuge, force inertielle et force de Coriolis[4].

La gravité en tant que force d'inertie[modifier | modifier le code]

La notion de force d'inertie apparaît en relativité générale[5],[6]. Les forces d'inertie sont toujours proportionnelles à la masse de l'objet sur lequel elles agissent, ce qui est aussi le cas de la gravité. Ceci a conduit Albert Einstein à se demander si la gravitation était aussi une force d'inertie. Il remarque qu'un observateur en chute libre dans une pièce fermée ne ressent pas la gravité, et peut se croire dans un référentiel inertiel (c'est le principe d'équivalence). Ceci a conduit Einstein à formuler une théorie où la gravitation est une pseudo-force due à la courbure de l'espace-temps. Cette idée est le fondement de la relativité générale.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Dictionnaire de physique. Richard Taillet, Loïc Villain, Pascal Febvre. 2e édition. De Boeck, 2009, page 235.
  2. Lev Landau et Evgueni Lifchits, Physique théorique, t. 1 : Mécanique [détail des éditions], page 192.
  3. « modeliser coriolis », sur planet-terre.ens-lyon.fr.
  4. « atmosphere-cellule-coriolis », sur emse.fr (consulté le ).
  5. (en) Fritz Rohrlich, Classical charged particles, Singapour, World Scientific, , 305 p. (ISBN 978-981-270-004-9 et 981-270-004-8, lire en ligne), p. 40
  6. (en) Hans Stephani, Relativity : An Introduction to Special and General Relativity, Cambridge UK, Cambridge University Press, , 396 p. (ISBN 0-521-01069-1, lire en ligne), p. 105

Voir aussi[modifier | modifier le code]