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Le '''grotesque''' est à l'origine un style d'ornement découvert à la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]]. Par dérive, le terme désigne aussi aujourd'hui le caractère de ce qui semble ridicule, bizarre, risible, mêlé d'un certain effroi<ref>{{CNRTL|grotesque}}.</ref>. Selon Rémi Astruc<ref>{{ouvrage | auteur = Rémi Astruc | titre = Le Renouveau du grotesque dans le roman du {{s-|XX}}. Essai d'anthropologie littéraire | lieu = Paris | éditeur = Classiques Garnier | année = 2010 | pages totales = 280 | isbn = 978-2-8124-0170-1}}.</ref>, malgré la difficulté à identifier les formes de grotesque en raison de leur extraordinaire variété et diversité, tout grotesque pourrait se ramener à la mise en œuvre d'un ou plusieurs de ces motifs : redoublement, hybridité, métamorphose.
Le '''grotesque''' est à l'origine un style d'ornement découvert à la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]]. Par dérive, le terme désigne aussi aujourd'hui le caractère de ce qui semble ridicule, bizarre, risible, mêlé d'un certain effroi<ref>{{CNRTL|grotesque}}.</ref>. Selon Rémi Astruc<ref>{{ouvrage | auteur = Rémi Astruc | titre = Le Renouveau du grotesque dans le roman du {{s-|XX}}. Essai d'anthropologie littéraire | lieu = Paris | éditeur = Classiques Garnier | année = 2010 | pages totales = 280 | isbn = 978-2-8124-0170-1}}.</ref>, malgré la difficulté à identifier les formes de grotesque en raison de leur extraordinaire variété et diversité, tout grotesque pourrait se ramener à la mise en œuvre d'un ou plusieurs de ces motifs : redoublement, hybridité, métamorphose.


== Origine ==
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Le mot vient qualifier les ornements de la {{Langue| la |texte=''[[Domus aurea |Domus Aurea]]''}}, la Maison de l'[[Âge d'or]] (nommée aussi Maison Dorée) construite par Néron et qui est couverte de motifs étranges. À la fin du {{s-|XV}}, un jeune Romain tomba dans un trou sur les pentes de l’Oppius et se retrouva dans une sorte de [[grotte]] couverte de peintures surprenantes, d'où le nom de « grotesques » que l'on donna à ces peintures. En réalité, c'était la ''Domus Aurea'', qui était ensevelie. Le terme n'avait donc à l'origine pas le même sens qu'actuellement. Les peintures de style grotesque sont des montages fantaisistes d'éléments divers (architectures, vases, guirlandes, rinceaux, {{etc.}}), contenant fréquemment des figures humaines et animales qui peuvent éventuellement être chimériques et caricaturales mais pas toujours.
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== Usages ==
== Usages ==
Au {{s-|XVI}} et sans doute pour la première fois chez [[Michel de Montaigne|Montaigne]], le mot passe de l'art pictural à la littérature pour désigner la composition bizarre et a priori sans ordre des ''[[Essais]]''.
Au {{s-|XVI}} et sans doute pour la première fois chez [[Michel de Montaigne|Montaigne]], le mot passe de l'art pictural à la littérature pour désigner la composition bizarre et a priori sans ordre des ''[[Essais (Montaigne)|Essais]]''.


Par la suite, c'est devenu un terme usuel pour la critique d'art. Beaucoup d’œuvres comiques utilisent le grotesque qui est d'un effet très puissant, à commencer par celle de [[Rabelais]]. Mais aussi des œuvres où le [[comique]] est mâtiné d'étrangeté voire créateur d'[[angoisse]] comme chez [[Kafka]]. Le grotesque est devenu un élément majeur de la création désabusée ou délirante au {{s-|XX}}.
Par la suite, c'est devenu un terme usuel pour la critique d'art. Beaucoup d’œuvres comiques utilisent le grotesque qui est d'un effet très puissant, à commencer par celle de [[Rabelais]]. Mais aussi des œuvres où le [[comique]] est mâtiné d'étrangeté voire créateur d'[[angoisse]] comme chez [[Kafka]]. Le grotesque est devenu un élément majeur de la création désabusée ou délirante au {{s-|XX}}.


Selon Dominique Iehl<ref>{{ouvrage | auteur = Dominique Iehl | titre = Le Grotesque | lieu = Paris | éditeur = PUF | collection = [[Que sais-je ?]] | année = 1993}}.</ref> et Rémi Astruc<ref>{{ouvrage | auteur = Rémi Astruc | titre = Vertiges grotesques, esthétiques du choc comique (roman - théâtre - cinéma) | lieu = Paris | éditeur = Honoré Champion | année = 2012}}.</ref>, le grotesque, dont le repérage dans les textes est rarement certain, est surtout reconnaissable à un effet de vertige produit par les œuvres.
Selon Dominique Iehl<ref>{{Ouvrage | auteur1=Dominique Iehl | titre=Le Grotesque | lieu=Paris | éditeur=[[Presses universitaires de France|PUF]] | collection=[[Que sais-je ?]] | année=1993 | isbn=}}.</ref> et Rémi Astruc<ref>{{Ouvrage | auteur1=Rémi Astruc | titre=Vertiges grotesques, esthétiques du choc comique (roman : théâtre | sous-titre=cinéma) | lieu=Paris | éditeur=Honoré Champion | année=2012 | isbn=}}.</ref>, le grotesque, dont le repérage dans les textes est rarement certain, est surtout reconnaissable à un effet de vertige produit par les œuvres.


Le terme est aussi employé dans un autre sens dans les domaines suivants :
Le terme est aussi employé dans un autre sens dans les domaines suivants :
* [[tonalité littéraire]] (chez Victor Hugo par exemple, qui l'oppose au sublime dans sa préface de ''Cromwell'') ;
* [[tonalité littéraire]] (chez [[Victor Hugo]] par exemple, qui l'oppose au sublime dans sa préface de ''[[Cromwell (Hugo)|Cromwell]]'') ;
* style typographique ([[linéale]]).
* style typographique ([[linéale]])

== Le corps grotesque ==
Le corps grotesque est un concept défini pour la première fois par [[Mikhaïl Bakhtine|Mikhail Bakhtine]]<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Christina|nom1=Goulding|prénom2=Michael|nom2=Saren|prénom3=John|nom3=Follett|titre=Consuming the Grotesque Body|périodique=ACR European Advances|volume=E-06|date=2003|lire en ligne=https://www.acrwebsite.org/volumes/11728/volumes/e06/E-06/full|consulté le=2022-04-24}}</ref>, un critique littéraire russe, dans son ouvrage ''L'œuvre de [[François Rabelais]] et la culture populaire au [[Moyen Âge|Moyen Age]] et sous la [[Renaissance]]'', paru en 1965. Il y utilise la satire de Rabelais ainsi que la notion de [[carnavalesque]] pour exprimer une dimension subversive de la culture populaire<ref>{{Lien web |titre=Shibboleth Authentication Request |url=https://login.ezpaarse.univ-paris1.fr/login?qurl=https://www.jstor.org%2fstable%2f10.1525%2fmts.2009.31.1.26%3fsearchText%3dle%2bgrand%2bmacabre%26searchUri%3d%2faction%2fdoBasicSearch%3fQuery%3dle%2bgrand%2b%2520Macabre%26so%3drel%26ab_segments%3d0%2fSYC-6294%2fcontrol%26refreqid%3dfastly-default%3ab3ea46f3a0c5267e87917f3a7ceadabe%26seq%3d5 |site=login.ezpaarse.univ-paris1.fr |doi=10.1525/mts.2009.31.1.26 |consulté le=2022-04-24}}</ref>.

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Exemple grotesque 2-3 Hôtel de Ville d'Aix-en-Provence (voir photo Salle du conseil).jpg|Exemple d'un grotesque sculpté sur les rangements ceignant la salle du conseil de la mairie d'[[Aix-en-Provence]].
Fichier:FR-29237 integlise03.jpg|Grostesque en l'église Saint-Yves de [[La Roche-Maurice]] dans le [[Finistère]].
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== Notes et références ==
== Notes et références ==
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{ouvrage | auteur = Rémi Astruc | titre = Le Renouveau du grotesque dans le roman du {{s-|XX}}. Essai d'anthropologie littéraire | lieu = Paris | éditeur = Classiques Garnier | année = 2010 | pages totales = 280 | isbn = 978-2-8124-0170-1}}.
* {{ouvrage | auteur = Rémi Astruc | titre = Le Renouveau du grotesque dans le roman du {{s-|XX}}. Essai d'anthropologie littéraire | lieu = Paris | éditeur = Classiques Garnier | année = 2010 | pages totales = 280 | isbn = 978-2-8124-0170-1}}.

=== Liens externes ===
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Dernière version du 28 mars 2024 à 14:58

Grotesque de la villa Emo (XVIe siècle).

Le grotesque est à l'origine un style d'ornement découvert à la Renaissance. Par dérive, le terme désigne aussi aujourd'hui le caractère de ce qui semble ridicule, bizarre, risible, mêlé d'un certain effroi[1]. Selon Rémi Astruc[2], malgré la difficulté à identifier les formes de grotesque en raison de leur extraordinaire variété et diversité, tout grotesque pourrait se ramener à la mise en œuvre d'un ou plusieurs de ces motifs : redoublement, hybridité, métamorphose.

Origine[modifier | modifier le code]

Grotesque ornant la porte du campanile de l'église Santa Maria Formosa à Venise.

Le mot vient qualifier les ornements de la Domus Aurea, la Maison de l'Âge d'or (nommée aussi Maison Dorée) construite par Néron et qui est couverte de motifs étranges. À la fin du XVe siècle, un jeune Romain tomba dans un trou sur les pentes de l’Oppius et se retrouva dans une sorte de grotte couverte de peintures surprenantes, d'où le nom de « grotesques » que l'on donna à ces peintures. En réalité, c'était la Domus Aurea, qui était ensevelie. Le terme n'avait donc à l'origine pas le même sens qu'actuellement. Les peintures de style grotesque sont des montages fantaisistes d'éléments divers (architectures, vases, guirlandes, rinceaux, etc.), contenant fréquemment des figures humaines et animales qui peuvent éventuellement être chimériques et caricaturales mais pas toujours.

Usages[modifier | modifier le code]

Au XVIe siècle et sans doute pour la première fois chez Montaigne, le mot passe de l'art pictural à la littérature pour désigner la composition bizarre et a priori sans ordre des Essais.

Par la suite, c'est devenu un terme usuel pour la critique d'art. Beaucoup d’œuvres comiques utilisent le grotesque qui est d'un effet très puissant, à commencer par celle de Rabelais. Mais aussi des œuvres où le comique est mâtiné d'étrangeté voire créateur d'angoisse comme chez Kafka. Le grotesque est devenu un élément majeur de la création désabusée ou délirante au XXe siècle.

Selon Dominique Iehl[3] et Rémi Astruc[4], le grotesque, dont le repérage dans les textes est rarement certain, est surtout reconnaissable à un effet de vertige produit par les œuvres.

Le terme est aussi employé dans un autre sens dans les domaines suivants :

Le corps grotesque[modifier | modifier le code]

Le corps grotesque est un concept défini pour la première fois par Mikhail Bakhtine[5], un critique littéraire russe, dans son ouvrage L'œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Age et sous la Renaissance, paru en 1965. Il y utilise la satire de Rabelais ainsi que la notion de carnavalesque pour exprimer une dimension subversive de la culture populaire[6].

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Informations lexicographiques et étymologiques de « grotesque » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  2. Rémi Astruc, Le Renouveau du grotesque dans le roman du XXe siècle. Essai d'anthropologie littéraire, Paris, Classiques Garnier, , 280 p. (ISBN 978-2-8124-0170-1).
  3. Dominique Iehl, Le Grotesque, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », .
  4. Rémi Astruc, Vertiges grotesques, esthétiques du choc comique (roman : théâtre : cinéma), Paris, Honoré Champion, .
  5. (en) Christina Goulding, Michael Saren et John Follett, « Consuming the Grotesque Body », ACR European Advances, vol. E-06,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « Shibboleth Authentication Request », sur login.ezpaarse.univ-paris1.fr (DOI 10.1525/mts.2009.31.1.26, consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Rémi Astruc, Le Renouveau du grotesque dans le roman du XXe siècle. Essai d'anthropologie littéraire, Paris, Classiques Garnier, , 280 p. (ISBN 978-2-8124-0170-1).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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