« Vol El Al 1862 » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Navigation interactive dans l’historique
← Modification précédente
Contenu supprimé Contenu ajouté
VisuelWikicode
m mef
Bugmenot1992 (discuter | contributions)
4 712 modifications
 
(48 versions intermédiaires par 22 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{Sources à lier|date=juin 2023}}{{Infobox Accident de transport
{{Infobox Accident de transport
| nom = Crash de Bijlmermeer
| nom = Vol El Al 1862
| image = Bijlmerramp without link.jpg
| image = Bijlmerramp without link.jpg
| légende = L'immeuble de Bijlmermeer après le crash.
| légende = L'immeuble de Bijlmermeer après le crash du vol 1862.
| date = {{date|4|octobre|1992|en aéronautique}}
| date = {{date|4|octobre|1992|en aéronautique}}
⚫
| phase = Montée
⚫
| destination = [[Aéroport international de Tel Aviv-David Ben Gourion]], à [[Tel Aviv]], [[Israël]]
| origine = [[Aéroport international de New York - John-F.-Kennedy]], à [[New York]], [[États-Unis]]
| type = Perte de contrôle en vol
⚫
| causes = Perte des moteurs 3 et 4 par fatigue du métal et défaillance de l'anti-roulis
⚫
| phase = Décollage
| type = Collision avec un bâtiment
| site = {{NED-d}} [[Bijlmermeer]], [[Amsterdam]], [[Pays-Bas]]
⚫
| causes = Perte de moteurs 3,4 par fatigue du métal et défaillance de l'anti-roulis
| site = {{NED-d}} [[Bijlmermeer]]
| passagers = 1
| passagers = 1
| équipage = 3
| équipage = 3
| morts = 43
| morts = 43 (dont 39 au sol)
| survivants = 0 dans l'avion
| survivants = 0 dans l'avion
| appareil = [[Boeing 747]]-258F (cargo)
| appareil = [[Boeing 747|Boeing 747-258F]]
| compagnie = {{ISR-d}} [[El Al]]
| compagnie = [[El Al]]
| numéro_identification = 4X-AXG
| numéro_identification = 4X-AXG
⚫
| destination = [[Aéroport international de Tel Aviv-David Ben Gourion]], à [[Tel Aviv]], [[Israël]]
| origine = [[Aéroport international de New York - John-F.-Kennedy]], à [[New York]], [[États-Unis]]
| latitude = 52.318889
| latitude = 52.318889
| longitude = 4.975
| longitude = 4.975
| géolocalisation = Pays-Bas
| géolocalisation = Pays-Bas
}}
}}
⚫
Le '''vol El Al 1862''' est un vol de transport de fret de la [[compagnie aérienne]] nationale israélienne [[El Al]] qui s'est écrasé sur un immeuble dans le quartier de [[Bijlmermeer]] à [[Amsterdam]] le {{date|4|octobre|1992}} peu après son décollage.


⚫
Le '''vol El Al 1862''' est un vol de transport de fret de la [[compagnie aérienne]] nationale israélienne [[El Al]] qui s'est écrasé sur un immeuble dans le quartier de [[Bijlmermeer]], à [[Amsterdam]], le {{date|4|octobre|1992}} peu après son décollage.
⚫
[[Fichier:El_Al_Boeing_747-258F-SCD_JetPix.jpg|thumb|left|L'appareil impliqué dans l'accident, ici en août 1992.]]
⚫
Le vol 1862, assuré par un [[Boeing 747]] cargo d'un poids de {{unité|338|tonnes}}, reliait New York à Tel Aviv via Amsterdam. Il décolle de l'[[aéroport d'Amsterdam-Schiphol]] à 18 heures. Quelques minutes après le décollage, une explosion secoue l'avion qui fait alors un violent [[Roulis#Aviation|roulis]] sur la droite. Les indicateurs de bord indiquent que les deux moteurs droits sont hors d'usage et que l'un d'eux est en feu. Le [[commandant de bord]] demande un retour d'urgence à l'aéroport et va réussir à maintenir l'avion en vol pendant 8 minutes alors qu'il amorce sa phase d'approche. Mais quelques minutes avant d'atterrir, le roulis recommence, l'avion passe la barre des 90° et s'écrase sur une barre d'immeubles HLM de dix étages, dans le quartier résidentiel dans la banlieue d'Amsterdam, faisant 43 morts (39 au sol et les 4 personnes à bord) et 26 blessés au sol (11 grièvement, 15 plus légèrement).


⚫
[[Fichier:El_Al_Boeing_747-258F-SCD_JetPix.jpg|thumb|left|L'appareil impliqué dans l'accident, ici à l'[[aéroport international de Los Angeles]] en août 1992.]]
⚫
La compagnie El Al est condamnée devant un tribunal néerlandais pour défaut d'entretien sur son appareil. Les deux ailes du bâtiment touchées par l'impact sont détruites, à leur place est érigé un monument commémoratif. Des tensions diplomatiques apparaissent également entre les Pays-Bas et [[Israël]], car l'avion transportait illégalement des gaz composants d'armes chimiques ce qui affecta des civils dans la zone du crash{{Référence nécessaire|date=28 juin 2023}},. Cet accident est considéré comme le plus grave de l'histoire aéronautique sur le sol des [[Pays-Bas]] (mais la [[catastrophe de Tenerife]] aux Canaries, impliquant un Boeing 747 de la KLM a fait davantage de victimes).
Le vol 1862, assuré par un [[Boeing 747]] cargo d'un poids de {{unité|338|tonnes}}, reliait [[New York]] à [[Tel Aviv-Jaffa|Tel Aviv]] via Amsterdam. Il décolle de l'[[aéroport d'Amsterdam-Schiphol]] à 18 heures.

⚫
Quelques minutes après le décollage, une explosion secoue l'avion qui fait alors un violent [[Roulis#Aviation|roulis]] sur la droite. Les indicateurs de bord indiquent que les deux moteurs droits sont hors d'usage et que l'un d'eux est en feu. Le [[commandant de bord]] demande un retour d'urgence à l'aéroport et réussit à maintenir l'avion en vol pendant 8 minutes alors qu'il amorce sa phase d'approche. Mais quelques minutes avant d'atterrir, le roulis recommence, l'avion passe la barre des 90° et s'écrase sur une barre d'immeubles HLM de dix étages, dans le quartier résidentiel de Bijlmermeer dans la banlieue d'Amsterdam, faisant 43 morts (39 au sol et les 4 personnes à bord) et 26 blessés au sol (11 grièvement, 15 plus légèrement)<ref name=":1">{{Lien web |langue=Fr |auteur=Noam Pinchas |titre=Cargaison mortelle : L'accident (1/2) |url=https://www.youtube.com/watch?v=Qh52vJqIX64 |accès url=libre |date=Documentaire Allemagne/Israël, 2022, 53 min - Arte 2022 |consulté le=01/07/2023}}.</ref>.

⚫
La compagnie El Al est condamnée devant un tribunal néerlandais pour défaut d'entretien sur son appareil. Les deux ailes du bâtiment touchées par l'impact sont détruites, à leur place est érigé un monument commémoratif. Des tensions diplomatiques apparaissent également entre les [[Pays-Bas]] et [[Israël]], car l'avion transportait illégalement des composants rentrant dans la composition d'armes chimiques dans la formule du gaz neuro-toxique [[Sarin]].

L'accident affecte 850 civils dans la zone du crash dont des habitants, des témoins et des sauveteurs qui subissent dans les mois qui suivent le crash divers maux inexplicables dont des [[Migraine|migraines]], des [[Insomnie|insomnies]], des [[Maladie respiratoire|troubles respiratoires]] et nerveux, des pertes de mobilité, des faiblesses musculaires généralisées, des [[Pneumonie aiguë|infections pulmonaires]] et rénales, des ulcérations des bras et des jambes, des problèmes [[Glande thyroïde|thyroïdiens]] et des plaies incurables<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":0" />{{,}}<ref name=":2">{{Lien web |langue=Fr |auteur=Noam Pinchas |titre=Cargaison mortelle : la dissimulation (2/2) {{!}} ARTE |url=https://www.youtube.com/watch?v=tui_0tQWxV8 |accès url=libre |date=Arte 2022, 53 min |consulté le=01/07/2023}}.</ref>.

Cet accident est considéré comme le plus grave de l'histoire aéronautique sur le sol des [[Pays-Bas]] (mais la [[Collision de l'aéroport de Tenerife|catastrophe de Tenerife]] aux Canaries, impliquant un Boeing 747 de la [[KLM Royal Dutch Airlines|KLM]] a fait davantage de victimes).

⚫
== Membres d'équipage ==
⚫
* [[Commandant de bord ]]: Yitzhak Fuchs, {{unité|59 ans}}, {{unité|25000|heures}} de vol dont {{unité|9500}} sur [[Boeing 747]].
⚫
* [[Copilote (aviation)|Copilote ]]: Arnon Ohad, {{unité|32 ans}}, {{unité|4280|heures}} de vol dont 610 sur [[Boeing 747]].
⚫
* [[Mécanicien navigant]] : Gedalya Sofer, {{unité|61 ans}}, {{unité|26000|heures}} de vol dont {{unité|15000}} sur [[Boeing 747]].
⚫
* Passager : Anat Solomon, {{unité|23 ans}}, une employée d'El Al vivant à Amsterdam, qui se rendait à Tel Aviv pour son mariage avec un autre employé d'El Al.


== Événements ==
== Événements ==
[[Fichier:Bijlmerramproute.png|thumb|left|Les dernières minutes avant le crash :<br/>1. Les moteurs 3 et 4 se détachent de l'avion.<br/>2. Endroits où se sont écrasés les moteurs 3 et 4.<br/>3. Premier mayday (SOS) émis par le pilote.<br/>4. Le pilote rapporte un feu moteur.<br/>5. Le pilote rapporte des problèmes avec les volets.<br/>6. L'avion devient totalement incontrôlable.<br/>7. Crash de l'avion.]]
[[Fichier:Bijlmerramproute.png|thumb|left|Les dernières minutes avant le crash :<br/>1. Les moteurs 3 et 4 se détachent de l'avion.<br/>2. Endroits où se sont écrasés les moteurs 3 et 4.<br/>3. Premier [[mayday]] (SOS) émis par le pilote.<br/>4. Le pilote rapporte un feu moteur.<br/>5. Le pilote rapporte des problèmes avec les volets.<br/>6. L'avion devient totalement incontrôlable.<br/>7. Crash de l'avion.]]
[[File:Bijlmer crash impact model.TIF|thumb|left|Image de synthèse de l'impact.]]
[[File:Bijlmer crash impact model.TIF|thumb|left|Image de synthèse de l'impact.]]


Récit des différents éléments du vol 1862 du dimanche {{date-|4 octobre 1992}} :
Récit des différents éléments du vol 1862 du dimanche {{date-|4 octobre 1992}} :


14 h 40 : le Boeing 747 de la compagnie El Al arrive de New York JFK et se pose à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol. Il va faire le plein de carburant, effectuer un chargement, et repartir.
{{Heure|14|40}} : le Boeing 747 de la compagnie [[El Al]] arrive de [[Aéroport international de New York - John-F.-Kennedy|New York JFK]] et se pose à l'[[aéroport d'Amsterdam-Schiphol]]. Il va faire le plein de carburant, effectuer un chargement, et repartir.


15 h 00 : le chargement de l'avion cargo commence sous la surveillance du responsable d'exploitation de la compagnie. La cargaison se compose de biens de consommation mais aussi de biens marqués produits dangereux. Le responsable pense à des équipements pour l'armée israélienne.
{{Heure|15|00}} : le chargement de l'avion cargo commence sous la surveillance du responsable d'exploitation de la compagnie. La cargaison se compose de biens de consommation mais aussi de biens marqués produits dangereux. Le responsable pense à des équipements pour l'armée israélienne.


17 h 20 : le vol 1862 sort du contrôle de sécurité et l'équipage arrive pour l'inspection pré-vol.
{{Heure|17|20}} : le vol 1862 sort du contrôle de sécurité et l'équipage arrive pour l'inspection pré-vol.


18 h 20 : l'appareil s'aligne en piste 01. Le décollage est effectué par le copilote qui est le pilote en fonction sur ce vol.
{{Heure|18|20}} : l'appareil s'aligne en piste 01. Le décollage est effectué par le copilote qui est le pilote en fonction sur ce vol.


18 h 27 : l'avion passe une altitude de {{unité|6500|pieds}}, soit un peu moins de {{unité|2000|mètres}}. Tout se déroule comme prévu sur ce vol qui doit durer un peu moins de cinq heures et devrait arriver à destination vers 23 h 45 (heure israélienne). Soudain, un choc terrible secoue l'avion, qui commence à perdre de l'altitude en s'inclinant fortement sur la droite. Le commandant reprend aussitôt les commandes. Il s'efforce de stabiliser le gros porteur.
{{Heure|18|27}} : l'avion passe une altitude de {{unité|6500|pieds}}, soit un peu moins de {{unité|2000|mètres}}. Tout se déroule comme prévu sur ce vol qui doit durer un peu moins de cinq heures et devrait arriver à destination vers {{Heure|23|45}} (heure israélienne). Soudain, un grand choc secoue l'avion, qui commence à perdre de l'altitude en s'inclinant fortement sur la droite. Le commandant reprend aussitôt les commandes. Il s'efforce de stabiliser le gros porteur.


18 h 28 : au bout de quelques secondes, le commandant parvient à stabiliser son avion. Le mécanicien scrute son pupitre pour déterminer la cause du problème. Un autre incident survient alors : les indicateurs montrent que les deux moteurs droits sont en panne, et que l'un d'eux est en feu. Le copilote demande la piste la plus longue pour se poser d'urgence à Schiphol. Le contrôle aérien guide alors l'avion vers la piste 27. Le vol El Al 1862 continue rapidement de perdre de l'altitude.
{{Heure|18|28}} : au bout de quelques secondes, le commandant parvient à stabiliser son avion. Le mécanicien scrute son pupitre pour déterminer la cause du problème. Un autre incident survient alors : les indicateurs montrent que les deux moteurs droits sont en panne, et que l'un d'eux est en feu. Le copilote demande la piste la plus longue pour se poser d'urgence à Schiphol. Le contrôle aérien guide alors l'avion vers la piste 27. Le vol El Al 1862 continue rapidement de perdre de l'altitude.


18 h 30 : les pompiers de Schiphol sont alertés par le contrôle aérien qu'un avion à l'arrivée va avoir besoin d'assistance. Ils prennent place au bord de la piste en moins de deux minutes alors que l'avion doit arriver dans moins de dix minutes. Le 747 doit faire une boucle au-dessus de la banlieue pour descendre et s'aligner avec la piste.
{{Heure|18|30}} : les pompiers de Schiphol sont alertés par le contrôle aérien qu'un avion à l'arrivée va avoir besoin d'assistance. Ils prennent place au bord de la piste en moins de deux minutes alors que l'avion doit arriver dans moins de dix minutes. Le 747 doit faire une boucle au-dessus de la banlieue d'Amsterdam pour descendre et s'aligner avec la piste.


18 h 33 : l'avion a terminé sa boucle. Le contrôle aérien autorise le vol 1862 à se poser sur la piste 27. Peu après, le roulis sur la droite reprend. Le commandant braque à gauche, mais l'avion répond à peine. Le copilote prévient alors le contrôle aérien en lui signalant un problème de commandes.
{{Heure|18|33}} : l'avion a terminé sa boucle. Le contrôle aérien autorise le vol 1862 à se poser sur la piste 27. Peu après, le roulis sur la droite reprend. Le commandant braque à gauche, mais l'avion répond à peine. Le copilote prévient alors le contrôle aérien en lui signalant un problème de commandes.


18 h 34 min 30 s : le commandant essaie toujours de compenser le roulis qui ne fait qu'empirer. L'avion perd rapidement de l'altitude. Il se trouve alors à quelques secondes du quartier de Bijlmermeer. Soudain, le roulis passe la barre des 90°, l'avion décroche.
{{Heure|18|34|30}} : le commandant essaie toujours de compenser le roulis qui ne fait qu'empirer. L'avion perd rapidement de l'altitude. Il se trouve alors à quelques secondes du quartier de [[Bijlmermeer]]. Soudain, le roulis passe la barre des 90°, l'avion [[Décrochage (aérodynamique)|décroche]].


18 h 35 min 42 s : le vol El Al 1862 percute le sixième étage d'un bâtiment résidentiel qui en compte onze.
{{Heure|18|35|42}} : le vol El Al 1862 percute le sixième étage d'un bâtiment résidentiel qui en compte onze.


18 h 40 : moins de cinq minutes après le crash, le premier de seize camions de pompiers est sur les lieux de la catastrophe.
{{Heure|18|40}} : moins de cinq minutes après le crash, le premier de seize camions de pompiers est sur les lieux de la catastrophe.


Le lendemain, on découvre que l'avion a détruit 31 appartements sur onze étages. On dénombre 43 morts.
Le lendemain, on découvre que l'avion a détruit 31 appartements sur onze étages. On dénombre {{unité|43 morts}}.


== Enquête ==
== Enquête ==
Ligne 64 : Ligne 77 :
Ils commencent par analyser les enregistrements et découvrent que le copilote a annoncé avoir perdu les moteurs 3 et 4. Ils retrouvent les [[Boîte noire (aéronautique)|boîtes noires]] et les font analyser. Un témoignage bouleverse le cours de l'enquête : un policier, qui n'était pas en service ce jour-là, affirme avoir vu deux moteurs se décrocher de l'avion et tomber dans un lac. Les enquêteurs font donc fouiller le lac et trouvent l'un des deux moteurs. Quelques jours plus tard, le deuxième est retrouvé à son tour.
Ils commencent par analyser les enregistrements et découvrent que le copilote a annoncé avoir perdu les moteurs 3 et 4. Ils retrouvent les [[Boîte noire (aéronautique)|boîtes noires]] et les font analyser. Un témoignage bouleverse le cours de l'enquête : un policier, qui n'était pas en service ce jour-là, affirme avoir vu deux moteurs se décrocher de l'avion et tomber dans un lac. Les enquêteurs font donc fouiller le lac et trouvent l'un des deux moteurs. Quelques jours plus tard, le deuxième est retrouvé à son tour.


Quatre ferrures d'attache assurent l'arrimage du moteur sous l'aile. Chacune d'elles est munie d'un goujon d'acier creux de {{unité|14|cm}} appelé axe fusible, lui-même conçu pour céder dans des circonstances particulières comme en cas d'[[atterrissage sur le ventre]]. En effet, contrairement à [[Airbus]], Boeing pense alors qu'il est préférable, en cas d'atterrissage sur le ventre, que les moteurs se détachent de la [[Configuration générale d'un avion#Cellule|cellule]]. Mais si les attaches cassent pendant le vol, alors le moteur se décroche et tombe.
Quatre ferrures d'attache assurent l'arrimage du moteur sous l'aile. Chacune d'elles est munie d'un goujon d'acier creux de {{unité|14|cm}} appelé axe fusible, lui-même conçu pour céder dans des circonstances particulières comme en cas d'[[atterrissage sur le ventre]]. En effet, contrairement à [[Airbus]], Boeing pense alors qu'il est préférable, en cas d'atterrissage sur le ventre, que les moteurs se détachent de la [[Configuration générale d'un avion#Cellule|cellule]]. Mais si les attaches cassent pendant le vol, alors le moteur se décroche et tombe<ref name=":1" />.


Ici, une fragilité de ces attaches est en cause. Elles ont cédé à cause d'une [[Fatigue (matériau)|fatigue du métal]] ce qui a fait tomber l'un des réacteurs qui, dans sa chute, a arraché l'autre et endommagé gravement la partie avant de l'aile droite. Le système hydraulique anti-roulis est alors hors service et l'écoulement de l'air autour de l'aile est perturbé. Le roulis commence mais le commandant réussit à redresser l'appareil et tente de revenir à l'aéroport. Mais lorsqu'il a relevé le nez de l'appareil pour diminuer sa vitesse en vue de l'atterrissage, la [[Portance (aérodynamique)|portance]] a diminué sur l'aile endommagée, faisant décrocher l'avion qui s'est écrasé au sol.
Ici, une fragilité de ces attaches est en cause. Elles ont cédé à cause d'une [[Fatigue (matériau)|fatigue du métal]] ce qui a fait tomber l'un des réacteurs qui, dans sa chute, a arraché l'autre et endommagé gravement la partie avant de l'aile droite. Le système hydraulique anti-roulis est alors hors service et l'écoulement de l'air autour de l'aile est perturbé. Le roulis commence mais le commandant réussit à redresser l'appareil et tente de revenir à l'aéroport. Mais lorsqu'il a relevé le nez de l'appareil pour diminuer sa vitesse en vue de l'atterrissage, la [[Portance (aérodynamique)|portance]] a diminué sur l'aile endommagée, faisant décrocher l'avion qui s'est écrasé au sol.


L'enquête menée par le groupe d'experts montra que l'avion n'aurait pas pu atterrir. En vol, quand la vitesse reste élevée, l'écoulement de l'air sur les ailes crée de la portance, ce qui permet à l'avion de voler. C'est ce qui explique pourquoi l'avion est parvenu à voler pendant encore huit minutes. Mais à vitesse réduite, l'écoulement d'air est amoindri. L'aile droite endommagée n'avait plus le profil aérodynamique apte à supporter cette diminution d'écoulement d'air. Avec en outre la perte d'une partie des commandes hydrauliques, l'avion a fini par décrocher sur l'aile droite avant de s'écraser. Si l'aile était restée intacte, l'avion aurait pu se poser, malgré la perte physique des deux moteurs sur un même côté.
L'enquête menée par le groupe d'experts montra que l'avion n'aurait pas pu atterrir. En vol, quand la vitesse reste élevée, l'écoulement de l'air sur les ailes crée de la portance, ce qui permet à l'avion de voler. C'est ce qui explique pourquoi l'avion est parvenu à voler pendant encore huit minutes. Mais à vitesse réduite, l'écoulement d'air est amoindri. L'aile droite endommagée n'avait plus le profil aérodynamique apte à supporter cette diminution d'écoulement d'air. Avec en outre la perte d'une partie des commandes hydrauliques, l'avion a fini par décrocher sur l'aile droite avant de s'écraser. Si l'aile était restée intacte, l'avion aurait pu se poser, malgré la perte physique des deux moteurs sur un même côté.


=== Enquête parlementaire ===
⚫
==Membres d'équipage==
Les résultats de l'enquête sont rendus publics fin 1993 soit un an après le drame par une commission parlementaire d'enquête néerlandaise.
⚫
* Commandant de bord : Yitzhak Fuchs, 59 ans, {{unité|25000|heures}} de vol dont {{unité|9500}} sur [[Boeing 747]].
⚫
* Copilote : Arnon Ohad, 32 ans, {{unité|4280|heures}} de vol dont 610 sur [[Boeing 747]].
⚫
* [[Mécanicien navigant]] : Gedalya Sofer, 61 ans, {{unité|26000|heures}} de vol dont {{unité|15000}} sur [[Boeing 747]].
⚫
* Passager : Anat Solomon, 23 ans, une employée d'El Al vivant à Amsterdam, qui se rendait à Tel Aviv pour son mariage avec un autre employé d'El Al.


La conception et la certification de l'appareil Boeing sont jugées comme insuffisantes pour garantir la sécurité engageant directement la responsabilité du constructeur Boeing sur l'origine de la catastrophe<ref name=":1" />.
⚫
== Documentaires et séries télévisés ==


=== Conséquences ===
La compagnie Boeing a modifié à ses frais l'intégralité des attaches dites axes fusibles des réacteurs sur l'ensemble de la flotte des 747-400 en cours d'utilisation dans les deux années qui ont suivi la catastrophe<ref name=":1" />.

== Révélations ultérieures ==
Le travail de la presse d'investigation permet de révéler des irrégularités et notamment que la NOTOC, la fiche détaillant la nature du chargement qui doit obligatoirement être portée à la connaissance de l'équipage afin qu'il puisse adapter la conduite nécessaire, n'a jamais été rendue publique<ref name=":1" />.

En 1998, il est révélé que les substances présentes dans la soute étaient destinées à l'Institut israélien de la recherche biologique de Ness Ziona, près de [[Tel Aviv-Jaffa|Tel-Aviv]]<ref name=":0" />. Parmi la cargaison, il y avait notamment {{unité|240 kg}} de [[méthylphosphonate de diméthyle]] (DMMP pour son sigle en anglais), potentiel mutagène et cancérigène rentrant directement dans la composition chimique du gaz neurotoxique Sarin<ref name=":2" />.

Sur {{unité|134 tonnes}} de produits transportés, {{unité|20 tonnes}} n'ont jamais pu être identifiées<ref name=":0" />.

=== La question du contenu de la cargaison ===
Quelques mois après le crash, des habitants de la zone de l'accident commencent à présenter des symptômes inexplicables. Les victimes, désireuses de connaître la nature exacte de la cargaison, se heurtent à un refus catégorique. La version officielle prétendait que l'avion ne transportait que des fleurs et du parfum. Des journalistes indépendants israéliens et hollandais découvrent que l'appareil transportait dans ses soutes un composant du gaz sarin extrêmement toxique<ref>{{Lien web|langue=en|auteur=Joel Greenberg|titre=Nerve-Gas Element Was in El Al Plane Lost in 1992 Crash|url=https://www.nytimes.com/1998/10/02/world/nerve-gas-element-was-in-el-al-plane-lost-in-1992-crash.html|site=nytimes.com|date=1998-10-02|consulté le=2023-06-30}}.</ref>{{,}}
<ref name=":0">{{Lien web|langue=fr|auteur=Jean-Jacques Frank|titre=Le Boeing qui s'est crashé à Amsterdam transportait des substances mortelles|url=https://www.letemps.ch/societe/boeing-sest-crashe-amsterdam-transportait-substances-mortelles|site=letemps.ch|date=1999-01-30|consulté le=2023-06-30}}.</ref>{{,}}
<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=Sophie Perrier|titre=Intox sur le Boeing toxique d'El Al. L'avion israélien qui s'est écrasé en 1992 sur Amsterdam transportait gaz et explosifs|url=https://www.liberation.fr/planete/1999/02/08/intox-sur-le-boeing-toxique-d-el-al-l-avion-israelien-qui-s-est-ecrase-en-1992-sur-amsterdam-transpo_264396/|site=liberation.fr|date=1998-02-08|consulté le=2023-06-30}}.</ref>
{{,}}
<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=Alain Franco|titre=Mensonges et dissimulations après le crash d'un avion d'El Al à Amsterdam en 1992|url=https://www.lemonde.fr/archives/article/1999/03/03/mensonges-et-dissimulations-apres-le-crash-d-un-avion-d-el-al-a-amsterdam-en-1992_3562119_1819218.html|site=lemonde.fr|date=1999-03-03|consulté le=2023-07-01}}.</ref>.

En 2022, le documentaire ''Cargaison mortelle'' (titre original : ''{{Langue|en|texte=Murky Skies}}'') revient sur le contenu de la cargaison et l'impact sur les riverains du site de l'accident.

⚫
== Documentaires et séries télévisés ==
* ''Le crash d'Amsterdam'', {{2e|épisode}} de la {{3e|saison}} de ''[[La Minute de vérité (série documentaire)|La Minute de vérité]]'' sur [[National Geographic Channel]] et sur [[Direct 8]].
* ''Le crash d'Amsterdam'', {{2e|épisode}} de la {{3e|saison}} de ''[[La Minute de vérité (série documentaire)|La Minute de vérité]]'' sur [[National Geographic Channel]] et sur [[Direct 8]].
* L'accident a fait l'objet d'un épisode dans la série télé [[Air Crash]] nommé « Catastrophe en haute altitude » (saison 15 - épisode 3).
* L'accident a fait l'objet d'un épisode dans la série télé [[Air Crash]] nommé « Catastrophe en haute altitude » (saison 15 - épisode 3).
* ''{{Lien |langue=nl |trad=Rampvlucht (dramaserie) |fr=Rampvlucht}}'', une [[mini-série]] télévisée [[Drame (cinéma)|dramatique]] [[Film historique|historique]] néerlandaise de 2022.
* ''{{Lien |langue=nl |trad=Rampvlucht (dramaserie) |fr=The Crash (série télévisée)|texte=The Crash}}'', en 2022, une [[mini-série]] télévisée [[Drame (cinéma)|dramatique]] [[Film historique|historique]] néerlandaise s'inspirant de l'accident, diffusée en France sur [[Canal +]]<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=Céline Fontana|titre=Notre critique de la série The Crash : les dessous d’une catastrophe aérienne sur Canal +|url=https://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/notre-critique-de-la-serie-the-crash-les-dessous-d-une-catastrophe-aerienne-sur-canal_ebd06556-d7a7-11ed-ada1-fb7e261e045e|site=lefigaro.fr|date=2023-04-10|consulté le=2023-07-02}}.</ref>.
* ''Cargaison mortelle'' (titre original : ''{{Langue|en|texte=Murky Skies}}''{{Note|group=Note|La version originale est découpée en 3 épisodes : ''{{Langue|en|texte=The Crash}}'', ''{{Langue|en|texte=The Cargo}}'' et ''{{Langue|en|texte=The Cover-up}}''.}}), un [[documentaire]] télévisé en deux épisodes : ''L'Accident'' et ''La Dissimulation'' sont diffusés par [[Arte]] en {{date-|juin 2023}}.

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Traduction/Référence|en|El Al Flight 1862|type=note}}
{{Références|groupe=Note}}

=== Références ===
{{Références}}


== Voir aussi ==
== Annexes ==
⚫
{{Autres projets|commons=Category:El Al Flight 1862}}
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{article| doi = 10.1023/A:1024842532117| issn = 0894-9867 | issn2 = 1573-6598| volume = 10| numéro = 2| pages = 329–335| nom1 = Carlier| prénom1 = Ingrid V. E.| nom2 = Gersons| prénom2 = Berthold P. R.| titre = Stress Reactions in Disaster Victims Following the Bijlmermeer Plane Crash| journal = Journal of Traumatic Stress| consulté le = 2015-03-24| date = 1997-04-01| url = https://link.springer.com/article/10.1023/A%3A1024842532117}}
* {{article| doi = 10.1023/A:1024842532117| issn = 0894-9867 | issn2 = 1573-6598| volume = 10| numéro = 2| pages = 329–335| nom1 = Carlier| prénom1 = Ingrid V. E.| nom2 = Gersons| prénom2 = Berthold P. R.| titre = Stress Reactions in Disaster Victims Following the Bijlmermeer Plane Crash| journal = Journal of Traumatic Stress| consulté le = 2015-03-24| date = 1997-04-01| url = https://link.springer.com/article/10.1023/A%3A1024842532117}}.


=== Émission radiophonique ===
=== Émission radiophonique ===
Ligne 90 : Ligne 130 :


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* Accidents aériens impliquant la perte de plusieurs moteurs en vol :
** [[Vol China Airlines 358]]
** [[Vol Trans-Air Service 671]]
* [[Chronologie des catastrophes aériennes]]
* [[Chronologie des catastrophes aériennes]]


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{ASN accident|19921004-2}}
{{Autres projets
* {{en}} {{lien web |url= https://reports.aviation-safety.net/1992/19921004-2_B742_4X-AXG.pdf |titre=RAAD VOOR DE LUCHTVAART |sous-titre=Nederlands Aviation Safety Board |format=pdf}}.
⚫
| commons = Category:El Al Flight 1862
}}
* Le rapport d'accident sur [http://aviation-safety.net/database/record.php?id=19921004-2 Aviation-Safety.net]


{{Palette|Accident avion 1992|Accidents aériens aux Pays-Bas|Mayday}}
{{Palette|Accident avion 1992|Accidents aériens aux Pays-Bas|Mayday}}

Dernière version du 2 mars 2024 à 03:16

Vol El Al 1862
L'immeuble de Bijlmermeer après le crash du vol 1862.
L'immeuble de Bijlmermeer après le crash du vol 1862.
Caractéristiques de l'accident
Date
TypePerte de contrôle en vol
CausesPerte des moteurs 3 et 4 par fatigue du métal et défaillance de l'anti-roulis
Site Bijlmermeer, Amsterdam, Pays-Bas
Coordonnées 52° 19′ 08″ nord, 4° 58′ 30″ est
Caractéristiques de l'appareil
Type d'appareilBoeing 747-258F
CompagnieEl Al
No  d'identification4X-AXG
Lieu d'origineAéroport international de New York - John-F.-Kennedy, à New York, États-Unis
Lieu de destinationAéroport international de Tel Aviv-David Ben Gourion, à Tel Aviv, Israël
PhaseMontée
Passagers1
Équipage3
Morts43 (dont 39 au sol)
Survivants0 dans l'avion
Géolocalisation sur la carte : Pays-Bas
(Voir situation sur carte : Pays-Bas)
Vol El Al 1862
modifier Consultez la documentation du modèle

Le vol El Al 1862 est un vol de transport de fret de la compagnie aérienne nationale israélienne El Al qui s'est écrasé sur un immeuble dans le quartier de Bijlmermeer, à Amsterdam, le peu après son décollage.

L'appareil impliqué dans l'accident, ici à l'aéroport international de Los Angeles en août 1992.

Le vol 1862, assuré par un Boeing 747 cargo d'un poids de 338 tonnes, reliait New York à Tel Aviv via Amsterdam. Il décolle de l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol à 18 heures.

Quelques minutes après le décollage, une explosion secoue l'avion qui fait alors un violent roulis sur la droite. Les indicateurs de bord indiquent que les deux moteurs droits sont hors d'usage et que l'un d'eux est en feu. Le commandant de bord demande un retour d'urgence à l'aéroport et réussit à maintenir l'avion en vol pendant 8 minutes alors qu'il amorce sa phase d'approche. Mais quelques minutes avant d'atterrir, le roulis recommence, l'avion passe la barre des 90° et s'écrase sur une barre d'immeubles HLM de dix étages, dans le quartier résidentiel de Bijlmermeer dans la banlieue d'Amsterdam, faisant 43 morts (39 au sol et les 4 personnes à bord) et 26 blessés au sol (11 grièvement, 15 plus légèrement)[1].

La compagnie El Al est condamnée devant un tribunal néerlandais pour défaut d'entretien sur son appareil. Les deux ailes du bâtiment touchées par l'impact sont détruites, à leur place est érigé un monument commémoratif. Des tensions diplomatiques apparaissent également entre les Pays-Bas et Israël, car l'avion transportait illégalement des composants rentrant dans la composition d'armes chimiques dans la formule du gaz neuro-toxique Sarin.

L'accident affecte 850 civils dans la zone du crash dont des habitants, des témoins et des sauveteurs qui subissent dans les mois qui suivent le crash divers maux inexplicables dont des migraines, des insomnies, des troubles respiratoires et nerveux, des pertes de mobilité, des faiblesses musculaires généralisées, des infections pulmonaires et rénales, des ulcérations des bras et des jambes, des problèmes thyroïdiens et des plaies incurables[1],[2],[3].

Cet accident est considéré comme le plus grave de l'histoire aéronautique sur le sol des Pays-Bas (mais la catastrophe de Tenerife aux Canaries, impliquant un Boeing 747 de la KLM a fait davantage de victimes).

Membres d'équipage[modifier | modifier le code]

  • Commandant de bord : Yitzhak Fuchs, 59 ans, 25 000 heures de vol dont 9 500 sur Boeing 747.
  • Copilote : Arnon Ohad, 32 ans, 4 280 heures de vol dont 610 sur Boeing 747.
  • Mécanicien navigant : Gedalya Sofer, 61 ans, 26 000 heures de vol dont 15 000 sur Boeing 747.
  • Passager : Anat Solomon, 23 ans, une employée d'El Al vivant à Amsterdam, qui se rendait à Tel Aviv pour son mariage avec un autre employé d'El Al.

Événements[modifier | modifier le code]

Les dernières minutes avant le crash :
1. Les moteurs 3 et 4 se détachent de l'avion.
2. Endroits où se sont écrasés les moteurs 3 et 4.
3. Premier mayday (SOS) émis par le pilote.
4. Le pilote rapporte un feu moteur.
5. Le pilote rapporte des problèmes avec les volets.
6. L'avion devient totalement incontrôlable.
7. Crash de l'avion.
Image de synthèse de l'impact.

Récit des différents éléments du vol 1862 du dimanche  :

14 h 40 : le Boeing 747 de la compagnie El Al arrive de New York JFK et se pose à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol. Il va faire le plein de carburant, effectuer un chargement, et repartir.

15 h 0 : le chargement de l'avion cargo commence sous la surveillance du responsable d'exploitation de la compagnie. La cargaison se compose de biens de consommation mais aussi de biens marqués produits dangereux. Le responsable pense à des équipements pour l'armée israélienne.

17 h 20 : le vol 1862 sort du contrôle de sécurité et l'équipage arrive pour l'inspection pré-vol.

18 h 20 : l'appareil s'aligne en piste 01. Le décollage est effectué par le copilote qui est le pilote en fonction sur ce vol.

18 h 27 : l'avion passe une altitude de 6 500 pieds, soit un peu moins de 2 000 mètres. Tout se déroule comme prévu sur ce vol qui doit durer un peu moins de cinq heures et devrait arriver à destination vers 23 h 45 (heure israélienne). Soudain, un grand choc secoue l'avion, qui commence à perdre de l'altitude en s'inclinant fortement sur la droite. Le commandant reprend aussitôt les commandes. Il s'efforce de stabiliser le gros porteur.

18 h 28 : au bout de quelques secondes, le commandant parvient à stabiliser son avion. Le mécanicien scrute son pupitre pour déterminer la cause du problème. Un autre incident survient alors : les indicateurs montrent que les deux moteurs droits sont en panne, et que l'un d'eux est en feu. Le copilote demande la piste la plus longue pour se poser d'urgence à Schiphol. Le contrôle aérien guide alors l'avion vers la piste 27. Le vol El Al 1862 continue rapidement de perdre de l'altitude.

18 h 30 : les pompiers de Schiphol sont alertés par le contrôle aérien qu'un avion à l'arrivée va avoir besoin d'assistance. Ils prennent place au bord de la piste en moins de deux minutes alors que l'avion doit arriver dans moins de dix minutes. Le 747 doit faire une boucle au-dessus de la banlieue d'Amsterdam pour descendre et s'aligner avec la piste.

18 h 33 : l'avion a terminé sa boucle. Le contrôle aérien autorise le vol 1862 à se poser sur la piste 27. Peu après, le roulis sur la droite reprend. Le commandant braque à gauche, mais l'avion répond à peine. Le copilote prévient alors le contrôle aérien en lui signalant un problème de commandes.

18 h 34 min 30 s : le commandant essaie toujours de compenser le roulis qui ne fait qu'empirer. L'avion perd rapidement de l'altitude. Il se trouve alors à quelques secondes du quartier de Bijlmermeer. Soudain, le roulis passe la barre des 90°, l'avion décroche.

18 h 35 min 42 s : le vol El Al 1862 percute le sixième étage d'un bâtiment résidentiel qui en compte onze.

18 h 40 : moins de cinq minutes après le crash, le premier de seize camions de pompiers est sur les lieux de la catastrophe.

Le lendemain, on découvre que l'avion a détruit 31 appartements sur onze étages. On dénombre 43 morts.

Enquête[modifier | modifier le code]

Mémorial devant l'« arbre qui a tout vu ».

La commission néerlandaise rassemble rapidement une équipe de huit enquêteurs, dirigée par Frans Erhart.

Ils commencent par analyser les enregistrements et découvrent que le copilote a annoncé avoir perdu les moteurs 3 et 4. Ils retrouvent les boîtes noires et les font analyser. Un témoignage bouleverse le cours de l'enquête : un policier, qui n'était pas en service ce jour-là, affirme avoir vu deux moteurs se décrocher de l'avion et tomber dans un lac. Les enquêteurs font donc fouiller le lac et trouvent l'un des deux moteurs. Quelques jours plus tard, le deuxième est retrouvé à son tour.

Quatre ferrures d'attache assurent l'arrimage du moteur sous l'aile. Chacune d'elles est munie d'un goujon d'acier creux de 14 cm appelé axe fusible, lui-même conçu pour céder dans des circonstances particulières comme en cas d'atterrissage sur le ventre. En effet, contrairement à Airbus, Boeing pense alors qu'il est préférable, en cas d'atterrissage sur le ventre, que les moteurs se détachent de la cellule. Mais si les attaches cassent pendant le vol, alors le moteur se décroche et tombe[1].

Ici, une fragilité de ces attaches est en cause. Elles ont cédé à cause d'une fatigue du métal ce qui a fait tomber l'un des réacteurs qui, dans sa chute, a arraché l'autre et endommagé gravement la partie avant de l'aile droite. Le système hydraulique anti-roulis est alors hors service et l'écoulement de l'air autour de l'aile est perturbé. Le roulis commence mais le commandant réussit à redresser l'appareil et tente de revenir à l'aéroport. Mais lorsqu'il a relevé le nez de l'appareil pour diminuer sa vitesse en vue de l'atterrissage, la portance a diminué sur l'aile endommagée, faisant décrocher l'avion qui s'est écrasé au sol.

L'enquête menée par le groupe d'experts montra que l'avion n'aurait pas pu atterrir. En vol, quand la vitesse reste élevée, l'écoulement de l'air sur les ailes crée de la portance, ce qui permet à l'avion de voler. C'est ce qui explique pourquoi l'avion est parvenu à voler pendant encore huit minutes. Mais à vitesse réduite, l'écoulement d'air est amoindri. L'aile droite endommagée n'avait plus le profil aérodynamique apte à supporter cette diminution d'écoulement d'air. Avec en outre la perte d'une partie des commandes hydrauliques, l'avion a fini par décrocher sur l'aile droite avant de s'écraser. Si l'aile était restée intacte, l'avion aurait pu se poser, malgré la perte physique des deux moteurs sur un même côté.

Enquête parlementaire[modifier | modifier le code]

Les résultats de l'enquête sont rendus publics fin 1993 soit un an après le drame par une commission parlementaire d'enquête néerlandaise.

La conception et la certification de l'appareil Boeing sont jugées comme insuffisantes pour garantir la sécurité engageant directement la responsabilité du constructeur Boeing sur l'origine de la catastrophe[1].

Conséquences[modifier | modifier le code]

La compagnie Boeing a modifié à ses frais l'intégralité des attaches dites axes fusibles des réacteurs sur l'ensemble de la flotte des 747-400 en cours d'utilisation dans les deux années qui ont suivi la catastrophe[1].

Révélations ultérieures[modifier | modifier le code]

Le travail de la presse d'investigation permet de révéler des irrégularités et notamment que la NOTOC, la fiche détaillant la nature du chargement qui doit obligatoirement être portée à la connaissance de l'équipage afin qu'il puisse adapter la conduite nécessaire, n'a jamais été rendue publique[1].

En 1998, il est révélé que les substances présentes dans la soute étaient destinées à l'Institut israélien de la recherche biologique de Ness Ziona, près de Tel-Aviv[2]. Parmi la cargaison, il y avait notamment 240 kg de méthylphosphonate de diméthyle (DMMP pour son sigle en anglais), potentiel mutagène et cancérigène rentrant directement dans la composition chimique du gaz neurotoxique Sarin[3].

Sur 134 tonnes de produits transportés, 20 tonnes n'ont jamais pu être identifiées[2].

La question du contenu de la cargaison[modifier | modifier le code]

Quelques mois après le crash, des habitants de la zone de l'accident commencent à présenter des symptômes inexplicables. Les victimes, désireuses de connaître la nature exacte de la cargaison, se heurtent à un refus catégorique. La version officielle prétendait que l'avion ne transportait que des fleurs et du parfum. Des journalistes indépendants israéliens et hollandais découvrent que l'appareil transportait dans ses soutes un composant du gaz sarin extrêmement toxique[4], [2], [5] , [6].

En 2022, le documentaire Cargaison mortelle (titre original : Murky Skies) revient sur le contenu de la cargaison et l'impact sur les riverains du site de l'accident.

Documentaires et séries télévisés[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « El Al Flight 1862 » (voir la liste des auteurs).
  1. ↑ La version originale est découpée en 3 épisodes : The Crash, The Cargo et The Cover-up.

Références[modifier | modifier le code]

  1. ↑ a b c d e et f Noam Pinchas, « Cargaison mortelle : L'accident (1/2) » Accès libre, documentaire allemagne/israël, 2022, 53 min - arte 2022 (consulté le ).
  2. ↑ a b c et d Jean-Jacques Frank, « Le Boeing qui s'est crashé à Amsterdam transportait des substances mortelles », sur letemps.ch, (consulté le ).
  3. ↑ a et b Noam Pinchas, « Cargaison mortelle : la dissimulation (2/2) | ARTE » Accès libre, arte 2022, 53 min (consulté le ).
  4. ↑ (en) Joel Greenberg, « Nerve-Gas Element Was in El Al Plane Lost in 1992 Crash », sur nytimes.com, (consulté le ).
  5. ↑ Sophie Perrier, « Intox sur le Boeing toxique d'El Al. L'avion israélien qui s'est écrasé en 1992 sur Amsterdam transportait gaz et explosifs », sur liberation.fr, (consulté le ).
  6. ↑ Alain Franco, « Mensonges et dissimulations après le crash d'un avion d'El Al à Amsterdam en 1992 », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  7. ↑ Céline Fontana, « Notre critique de la série The Crash : les dessous d’une catastrophe aérienne sur Canal + », sur lefigaro.fr, (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Ingrid V. E. Carlier et Berthold P. R. Gersons, « Stress Reactions in Disaster Victims Following the Bijlmermeer Plane Crash », Journal of Traumatic Stress, vol. 10, no 2,‎ , p. 329–335 (ISSN 0894-9867 et 1573-6598, DOI 10.1023/A:1024842532117, lire en ligne, consulté le ).

Émission radiophonique[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

v · m
Accidents et incidents aériens en 1992
Liste d'accidents aériens
v · m
Accidents aériens aux Pays-Bas
XXe siècle
XXIe siècle
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Vol_El_Al_1862&oldid=212958158 ».