« Marâtre et parâtre » : différence entre les versions

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La '''marâtre''' ou '''belle-mère''' d'une personne est la [[conjoint]]e de son [[Paternité|père]] quand celle-ci n’est pas sa [[mère]]. De même, le '''parâtre''' ou '''beau-père''' d'une personne est le conjoint de sa mère quand celui-ci n’est pas son père. Les termes « marâtre » et « parâtre » ont pris une connotation péjorative (entre autres à cause de leur utilisation dans les contes de fées, où ce personnage est souvent maléfique), et on leur préfère donc les termes de « beau-père » et « belle-mère ». Marâtre est même devenu synonyme de « mauvaise mère » y compris pour la [[mère]] biologique.


== Étymologie ==
La '''marâtre''', ou '''belle-mère''', d'une personne, est la [[conjoint]]e de son [[Paternité|père]] quand celle-ci n’est pas sa [[mère]]. Inversement, le '''parâtre''', ou '''beau-père''', d'une personne, est le conjoint de sa mère quand celui-ci n’est pas son père. Les termes les plus précis, utilisés en [[droit]], sont ''parâtre'' et ''marâtre''<ref>{{Lien web|url=http://www.maitre-eolas.fr/post/2013/05/11/Du-mariage-pour-tous-%283e-partie%29-:-apres-la-bataille |titre=Du mariage pour tous (3e partie) : après la bataille |date=11 mai 2013 |auteur=[[Maître Eolas]] |consulté le=11 mai 2014}}, section « Paternité biologique, paternité sociologique »</ref>. Mais, bien que neutres en [[ancien français]], ils ont pris dans le langage courant une connotation péjorative, et on leur préfère donc les termes de ''beau-père'' et ''belle-mère''.
« Marâtre » vient de l’[[ancien français]] ''marastre'' (belle-mère) issu du bas latin ''matrastra'' (seconde femme du [[Paternité|père]])<ref name=cnrtl/>. Les belles-mères n’étant pas toujours tendres envers les enfants d’un premier mariage comme en témoigne le vers français médiéval ''De mauvaise marastre est l'amour moult petite'', le terme « marâtre » est devenu [[Synonymie|synonyme]] de « mauvaise belle-mère »<ref>[http://www.lexilogos.com/document/littre_2.htm#Maratre Définition de ''marâtre''] dans ''Pathologies verbales ou Lésions de certains mots dans le cours de l'usage'' d'[[Émile Littré]]</ref>. Marâtre est également devenu synonyme de « mauvaise mère » pour désigner le cas échéant la [[mère]] biologique<ref name=cnrtl>{{CNRTL|marâtre}}</ref>. Le [[droit civil]] moderne préfère les termes de « belle-mère » et « beau-père », moins péjorativement connotés, pour désigner les « parents par alliance » ou « alliés »<ref>{{Dalloz|année = 2016|numéro d'édition = 24|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=0-t8DAAAQBAJ&printsec=frontcover|passage = article « Beau-père, belle-mère »}}</ref>.


==Étymologie==
== Histoire ==
Les marâtre et belle-mères étaient autrefois essentiellement issues du veuvage, depuis quelques décennies, elles sont surtout l'un des membres d'une coparentalité dans la famille recomposée<ref name=TheConversation2023_02_26/>.
« Marâtre » vient de l’[[ancien français]] ''marastre'' (belle-mère) issu du bas latin ''matrastra'' (seconde femme du [[père]]). Les belles-mères n’étant pas toujours tendres envers les enfants d’un premier mariage comme en témoigne le vers français médiéval ''De mauvaise marastre est l'amour moult petite'', on comprend aisément que le terme ''marâtre'' soit devenu [[synonyme]] de ''mauvaise belle-mère''<ref>[http://www.lexilogos.com/document/littre_2.htm#Maratre Définition de ''marâtre''] dans ''Pathologies verbales ou Lésions de certains mots dans le cours de l'usage'' d'[[Émile Littré]]</ref>. Toutefois, il est également devenu synonyme de ''mauvaise mère'', y compris pour désigner la [[mère]] biologique.


== Statistiques ==
==La marâtre dans les contes==
En [[2019]] en France, l'[[Insee]] compte environ {{nombre|800000 beaux-parents}} vivant avec des enfants de leur conjoint ou conjointe, et 27 % de ce beaux-parents sont des belles-mères<ref name=TheConversation2023_02_26/>.
Dans les [[Conte merveilleux|contes]], la marâtre est en général présentée comme une mauvaise belle-mère, voire une méchante belle-mère comme dans ''[[Blanche-Neige]]'' ou ''[[Cendrillon]]''. Par extension et par la signification péjorative du suffixe français ''[[wikt:-âtre|-âtre]]'' (comme dans ''noir'''âtre'''''), ''marâtre'' est devenu synonyme de ''mauvaise mère'', y compris pour désigner la mère biologique.


Mais si l'on tient compte des autres configurations de foyers recomposés, ce chiffre sous-estime le nombre de belles-mères<ref name=TheConversation2023_02_26/>. L’Insee ne comptabilise pas le nombre de familles composées d’une belle-mère sans enfant, vivant avec les enfants de son conjoint une petite partie du temps<ref name=TheConversation2023_02_26/>.
Avant qu'elle ne devienne un personnage emblématique des contes dits « de fées », tout en noirceur, l'équivalent de la [[sorcière]], voire de l'ogre ou du diable, on trouve la marâtre, au {{XVIe siècle}}, dans certains contes merveilleux de [[Giovanni Francesco Straparola|Straparola]] (par exemple dans ''[[Blanchebelle et le Serpent]]'' ou ''[[Lancelot, roi de Provins]]'') puis, dans la première moitié du siècle suivant, dans ceux de [[Giambattista Basile|Basile]] (par exemple dans ''[[Nennillo et Nennella]]'', dont l'introduction constitue une véritable mise en garde contre les belles-mères).<!--cfr. Drewermann et ''Petit-Frère et Petite-Soeur'' pour un commentaire sur cet état de fait, face à une vraie belle-mère qui ne se reconnaît pas dans les marâtres des contes...-->


==Annexes==
== Sociologie ==
Les statistiques de la justice aux affaires familiales montrent qu'après une séparation, la femme attend plus longtemps que l'homme pour reformer un couple<ref name=TheConversation2023_02_26/>, et que si elle a des enfants, ils vivront plus souvent majoritairement chez elle après la séparation (¾ des cas en France)<ref name=TheConversation2023_02_26/>.
===Bibliographie===
;Fiction
* {{ouvrage |prénom=Mario |nom=Vargas Llosa |lien auteur1=Mario Vargas Llosa |titre=Elogio de la madrastra |langue=es |lieu=Buenos Aires |éditeur=Emecé |collection=Grandes novelistas |pages totales=201 |isbn=978-950-04-0790-8 |bnf=35031227h }}
*: {{ouvrage |prénom=Mario |nom=Vargas Llosa |traducteur=Albert Bensoussan |titre=Éloge de la marâtre |langue=fr |titre original={{lang|es|Elogio de la madrastra}} |lieu=Paris |éditeur=Gallimard |année=1990 |pages totales=200 |isbn=978-2-07-071808-5 |bnf=35074394g }}


Alors que la recomposition familiale s'est banalisée, le rôle, le vécu et l'image du beau-parent dans son foyer et dans la société conserve une spécificité qui, selon Justine Vincent (2023) doit interroger les politiques familiales et, au-delà, la réflexion féministe<ref name=TheConversation2023_02_26>{{Lien web |langue=en |prénom=Justine |nom=Vincent |titre=''Familles recomposées : belle-mère, une place toujours inconfortable'' (J Vincent travaille à l'Université Lumière Lyon 2 à une thèse sur le thème ''Projets parentaux et naissances en famille recomposée : parentalité, parenté et processus de recomposition'')|url=http://theconversation.com/familles-recomposees-belle-mere-une-place-toujours-inconfortable-191182 |site=The Conversation |consulté le=2023-02-26}}</ref> ;
;Essais ou récits
<br>cette spécificité n'a plus les mêmes causes : autrefois, c'était à la suite de la mort d’un des parents d’origine que la personne veuve pouvait remplacer le membre défunt du couple par une autre personne. Dans la famille recomposée, le beau-père ou la belle-mère ne remplacent pas un(e) défunt(e) mais s'ajoute en tierce personne aux parents géniteurs des enfants, s'inscrivant (ou non) dans un processus de coparentalité<ref name=TheConversation2023_02_26/>. Le beau-parent n'a pas la légitimité du "vrai" parent, et pour l'enfant ou d'autres personnes, il peut, plus encore qu'autrefois, donner l'impression d'usurper la place du parent absent du foyer<ref name=TheConversation2023_02_26/>. Face à sa belle-mère, l'enfant peut se sentir en ''conflit de loyauté'' vis-à-vis de sa mère. Le cas de la mère est particulier, car son rôle auprès des enfants est socialement jugé plus important que celui du père ; elle peut ne pas apprécier qu'une autre femme s'occupe de ce qui semble relever de ses prérogatives<ref name=TheConversation2023_02_26/>.
* {{ouvrage |prénom1=Catherine |nom1=Audibert |titre=Le Complexe de la marâtre |sous-titre=Être belle-mère dans une famille recomposée |langue=fr |lieu=Paris |éditeur=Payot |année=2004 |pages totales=170 |isbn=978-2-228-89902-4 |bnf=39232600q }}
* {{ouvrage |prénom1=Michel |nom1=Moral |prénom2=Marie-Luce |nom2=Iovane-Chesneau |titre=Belle-mère ou marâtre |sous-titre=Quels rôles pour la femme du père ? |langue=fr |lieu=Paris |éditeur=L'Archipel |collection=Archipsy |année=2008 |pages totales=229 |isbn=978-2-8098-0025-8 |bnf=412406353 }}
* {{ouvrage |prénom1=Dominique |nom1=Devedeux |titre=Au secours, je suis une marâtre ! |langue=fr |lieu=Paris |éditeur=Michalon |année=2010 |pages totales=156 |isbn=978-2-84186-534-5 |bnf=42199501p }}


=== Stéréotypes sociaux et statut juridique de la belle-mère ===
===Notes et références===
Alors que les [[stéréotype]]s négatifs et souvent sexistes de la belle-mère persistent en France, il y a eu quelques tentatives de donner un statut juridique au beau-parent, mais sans suites.
{{Références|colonnes=}}
Selon Justine Vincent : {{Citation|la belle mère se heurte en miroir à la stabilité et à la centralité attribuées au rôle maternel. En bref, être belle-mère dans une famille recomposée semble bien plus difficile qu’être beau-père}}, et des enjeux de ressources socioéconomiques, psychologiques, culturelles et en temps disponible, ainsi que de position sociale joueront aussi un rôle<ref name=TheConversation2023_02_26/>. Elle est souvent confrontée à des [[injonctions paradoxales]] : elle devrait prendre soin des enfants et se montrer maternantes… mais dans le même temps, il lui est interdit de « prendre » de rôle de la mère.


Selon les cas, et en fonction des réactions des enfants, le nouveau couple ou la famille, souvent au cours de négociations successives, décidera que le beau-parent aura (ou non) une fonction éducative dans la famille recomposée<ref name=TheConversation2023_02_26/>, mais la belle-mère aura généralement peu de "rétribution affective et symbolique" pour son rôle auprès des enfants d'une autre, et subira le fait que le père (en raison de modalités de garde souvent restreintes pour lui) sera tenté de se présenter de manière plus positive et ludique lors du temps partagé avec ses enfants, attitude souvent perçue comme éducativement « [[laxisme|laxiste]] » par leur conjointe<ref name=TheConversation2023_02_26/>.
==Voir aussi==
{{Autres projets
| wiktionary = marâtre
| wiktionary2 = parâtre
}}
=== Article connexe ===
*[[les Contes de ma mère l'Oie|Les Contes de ma mère l'Oye]]


== Dans les contes ==
===Liens externes===
=== La marâtre dans les contes ===
* Susann Heenen-Wolff, [http://www.yapaka.be/professionnels/publication/la-souffrance-des-maratres- La souffrance des marâtres], ''Collection Temps d'arrêt, Yapaka'' (2009).
Dans les [[Conte merveilleux|contes]], la marâtre est en général présentée comme une mauvaise belle-mère, voire une méchante belle-mère comme dans ''[[Blanche-Neige]]'' ou ''[[Cendrillon]]'' et encore dans ''[[Les Malheurs de Sophie]]''. Par extension et par la signification péjorative du suffixe français ''[[wikt:-âtre|-âtre]]'' (comme dans ''noir'''âtre'''''), ''marâtre'' est devenu synonyme de « mauvaise mère », y compris pour désigner la mère biologique.
* Nathalie Couture, [http://www.confessiondunebellemere.com www.confessionsdunebellemere.com] Blogue dédié aux belles-mères en famille recomposée, lancé en octobre 2010.

Avant qu'elle ne devienne un personnage emblématique des contes de fées, tout en noirceur, l'équivalent de la [[sorcière]], voire de l'ogre ou du diable, on trouve la marâtre, au {{XVIe siècle}}, dans certains contes merveilleux de [[Giovanni Francesco Straparola|Straparola]] (par exemple dans ''[[Blanchebelle et le Serpent]]'' ou ''[[Lancelot, roi de Provins]]'') puis, dans la première moitié du siècle suivant, dans ceux de [[Giambattista Basile|Basile]] (par exemple dans ''[[Nennillo et Nennella]]'', dont l'introduction constitue une mise en garde contre les belles-mères).<!--cfr. Drewermann et ''Petit-Frère et Petite-Sœur'' pour un commentaire sur cet état de fait, face à une vraie belle-mère qui ne se reconnaît pas dans les marâtres des contes…-->

=== Le parâtre dans les contes ===
Dans les [[Conte merveilleux|contes]], il est rare de trouver (autrefois et aujourd'hui) un parâtre ''(méchant beau-père)'', mais il en existe pourtant un, même plusieurs.
Comme par exemple en 2018, R.J.P Toreille, auteur du conte de fée ''Éléonore'', publié à [[Le Lys Bleu Édition]] met en scène un méchant qui est un parâtre.

== Pour approfondir ==
=== Bibliographie ===
==== Essais ====
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Catherine |nom1=Audibert |titre=Le Complexe de la marâtre |sous-titre=Être belle-mère dans une famille recomposée |lieu=Paris |éditeur=[[Payot (éditions)|Payot]] |année=2004 |pages totales=170 |isbn=978-2-228-89902-4 |bnf=39232600q}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Michel |nom1=Moral |prénom2=Marie-Luce |nom2=Iovane-Chesneau |titre=Belle-mère ou marâtre |sous-titre=Quels rôles pour la femme du père ? |lieu=Paris |éditeur=L'Archipel |collection=Archipsy |année=2008 |pages totales=229 |isbn=978-2-8098-0025-8 |bnf=412406353}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Dominique |nom1=Devedeux |titre=Au secours, je suis une marâtre ! |lieu=Paris |éditeur=Michalon |année=2010 |pages totales=156 |isbn=978-2-84186-534-5 |bnf=42199501p}}

==== Fiction ====
* {{Ouvrage |langue=es |prénom1=Mario |nom1=Vargas Llosa |lien auteur1=Mario Vargas Llosa |titre=Elogio de la madrastra |lieu=Buenos Aires |éditeur=Emecé |collection=Grandes novelistas |année=1988 |pages totales=201 |isbn=978-950-04-0790-8 |bnf=35031227h}}
*: {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Mario |nom1=Vargas Llosa |traducteur=Albert Bensoussan |titre=Éloge de la marâtre |titre original={{lang|es|Elogio de la madrastra}} |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]] |année=1990 |pages totales=200 |isbn=978-2-07-071808-5 |bnf=35074394g}}

{{Autres projets | wiktionary = marâtre | wiktionary2 = parâtre}}

=== Articles connexes ===
* ''[[Les Contes de ma mère l'Oye]]''
* ''[[Vipère au poing]]''

=== Liens externes ===
{{Liens}}

== Notes et références ==
{{Références|taille=30}}


{{Palette|Famille}}
{{Palette|Famille}}


{{Portail|société}}
{{Portail|société|contes|littérature|droit français}}


{{DEFAULTSORT:Maratre}}
[[Catégorie:Parent]]
[[Catégorie:Parent]]
[[Catégorie:Vocabulaire des contes]]
[[Catégorie:Lexique juridique]]

Dernière version du 28 février 2024 à 22:57

La marâtre ou belle-mère d'une personne est la conjointe de son père quand celle-ci n’est pas sa mère. De même, le parâtre ou beau-père d'une personne est le conjoint de sa mère quand celui-ci n’est pas son père. Les termes « marâtre » et « parâtre » ont pris une connotation péjorative (entre autres à cause de leur utilisation dans les contes de fées, où ce personnage est souvent maléfique), et on leur préfère donc les termes de « beau-père » et « belle-mère ». Marâtre est même devenu synonyme de « mauvaise mère » y compris pour la mère biologique.

Étymologie[modifier | modifier le code]

« Marâtre » vient de l’ancien français marastre (belle-mère) issu du bas latin matrastra (seconde femme du père)[1]. Les belles-mères n’étant pas toujours tendres envers les enfants d’un premier mariage comme en témoigne le vers français médiéval De mauvaise marastre est l'amour moult petite, le terme « marâtre » est devenu synonyme de « mauvaise belle-mère »[2]. Marâtre est également devenu synonyme de « mauvaise mère » pour désigner le cas échéant la mère biologique[1]. Le droit civil moderne préfère les termes de « belle-mère » et « beau-père », moins péjorativement connotés, pour désigner les « parents par alliance » ou « alliés »[3].

Histoire[modifier | modifier le code]

Les marâtre et belle-mères étaient autrefois essentiellement issues du veuvage, depuis quelques décennies, elles sont surtout l'un des membres d'une coparentalité dans la famille recomposée[4].

Statistiques[modifier | modifier le code]

En 2019 en France, l'Insee compte environ 800 000 beaux-parents vivant avec des enfants de leur conjoint ou conjointe, et 27 % de ce beaux-parents sont des belles-mères[4].

Mais si l'on tient compte des autres configurations de foyers recomposés, ce chiffre sous-estime le nombre de belles-mères[4]. L’Insee ne comptabilise pas le nombre de familles composées d’une belle-mère sans enfant, vivant avec les enfants de son conjoint une petite partie du temps[4].

Sociologie[modifier | modifier le code]

Les statistiques de la justice aux affaires familiales montrent qu'après une séparation, la femme attend plus longtemps que l'homme pour reformer un couple[4], et que si elle a des enfants, ils vivront plus souvent majoritairement chez elle après la séparation (¾ des cas en France)[4].

Alors que la recomposition familiale s'est banalisée, le rôle, le vécu et l'image du beau-parent dans son foyer et dans la société conserve une spécificité qui, selon Justine Vincent (2023) doit interroger les politiques familiales et, au-delà, la réflexion féministe[4] ;
cette spécificité n'a plus les mêmes causes : autrefois, c'était à la suite de la mort d’un des parents d’origine que la personne veuve pouvait remplacer le membre défunt du couple par une autre personne. Dans la famille recomposée, le beau-père ou la belle-mère ne remplacent pas un(e) défunt(e) mais s'ajoute en tierce personne aux parents géniteurs des enfants, s'inscrivant (ou non) dans un processus de coparentalité[4]. Le beau-parent n'a pas la légitimité du "vrai" parent, et pour l'enfant ou d'autres personnes, il peut, plus encore qu'autrefois, donner l'impression d'usurper la place du parent absent du foyer[4]. Face à sa belle-mère, l'enfant peut se sentir en conflit de loyauté vis-à-vis de sa mère. Le cas de la mère est particulier, car son rôle auprès des enfants est socialement jugé plus important que celui du père ; elle peut ne pas apprécier qu'une autre femme s'occupe de ce qui semble relever de ses prérogatives[4].

Stéréotypes sociaux et statut juridique de la belle-mère[modifier | modifier le code]

Alors que les stéréotypes négatifs et souvent sexistes de la belle-mère persistent en France, il y a eu quelques tentatives de donner un statut juridique au beau-parent, mais sans suites. Selon Justine Vincent : « la belle mère se heurte en miroir à la stabilité et à la centralité attribuées au rôle maternel. En bref, être belle-mère dans une famille recomposée semble bien plus difficile qu’être beau-père », et des enjeux de ressources socioéconomiques, psychologiques, culturelles et en temps disponible, ainsi que de position sociale joueront aussi un rôle[4]. Elle est souvent confrontée à des injonctions paradoxales : elle devrait prendre soin des enfants et se montrer maternantes… mais dans le même temps, il lui est interdit de « prendre » de rôle de la mère.

Selon les cas, et en fonction des réactions des enfants, le nouveau couple ou la famille, souvent au cours de négociations successives, décidera que le beau-parent aura (ou non) une fonction éducative dans la famille recomposée[4], mais la belle-mère aura généralement peu de "rétribution affective et symbolique" pour son rôle auprès des enfants d'une autre, et subira le fait que le père (en raison de modalités de garde souvent restreintes pour lui) sera tenté de se présenter de manière plus positive et ludique lors du temps partagé avec ses enfants, attitude souvent perçue comme éducativement « laxiste » par leur conjointe[4].

Dans les contes[modifier | modifier le code]

La marâtre dans les contes[modifier | modifier le code]

Dans les contes, la marâtre est en général présentée comme une mauvaise belle-mère, voire une méchante belle-mère comme dans Blanche-Neige ou Cendrillon et encore dans Les Malheurs de Sophie. Par extension et par la signification péjorative du suffixe français -âtre (comme dans noirâtre), marâtre est devenu synonyme de « mauvaise mère », y compris pour désigner la mère biologique.

Avant qu'elle ne devienne un personnage emblématique des contes de fées, tout en noirceur, l'équivalent de la sorcière, voire de l'ogre ou du diable, on trouve la marâtre, au XVIe siècle, dans certains contes merveilleux de Straparola (par exemple dans Blanchebelle et le Serpent ou Lancelot, roi de Provins) puis, dans la première moitié du siècle suivant, dans ceux de Basile (par exemple dans Nennillo et Nennella, dont l'introduction constitue une mise en garde contre les belles-mères).

Le parâtre dans les contes[modifier | modifier le code]

Dans les contes, il est rare de trouver (autrefois et aujourd'hui) un parâtre (méchant beau-père), mais il en existe pourtant un, même plusieurs. Comme par exemple en 2018, R.J.P Toreille, auteur du conte de fée Éléonore, publié à Le Lys Bleu Édition met en scène un méchant qui est un parâtre.

Pour approfondir[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Essais[modifier | modifier le code]

  • Catherine Audibert, Le Complexe de la marâtre : Être belle-mère dans une famille recomposée, Paris, Payot, , 170 p. (ISBN 978-2-228-89902-4, BNF 39232600)
  • Michel Moral et Marie-Luce Iovane-Chesneau, Belle-mère ou marâtre : Quels rôles pour la femme du père ?, Paris, L'Archipel, coll. « Archipsy », , 229 p. (ISBN 978-2-8098-0025-8, BNF 41240635)
  • Dominique Devedeux, Au secours, je suis une marâtre !, Paris, Michalon, , 156 p. (ISBN 978-2-84186-534-5, BNF 42199501)

Fiction[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Informations lexicographiques et étymologiques de « marâtre » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2. Définition de marâtre dans Pathologies verbales ou Lésions de certains mots dans le cours de l'usage d'Émile Littré
  3. Lexique des termes juridiques, Dalloz, , 24e éd. [détail des éditions] (lire en ligne), article « Beau-père, belle-mère »
  4. a b c d e f g h i j k l et m (en) Justine Vincent, « Familles recomposées : belle-mère, une place toujours inconfortable (J Vincent travaille à l'Université Lumière Lyon 2 à une thèse sur le thème Projets parentaux et naissances en famille recomposée : parentalité, parenté et processus de recomposition) », sur The Conversation (consulté le )