« Edo (ville) » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
m Ajout rapide de {{portail}} : + Tokyo , + histoire du Japon
Aucun résumé des modifications
 
(42 versions intermédiaires par 23 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{en cours}}
{{Voir homonymes|Edo}}
[[Fichier:Chassiron yeddo.jpg|vignette|Vue et plan de la ville (tiré d'une édition du {{s-|XIX}}).]]
{{ébauche|Japon}}

{{Japonais|'''Edo'''|[[wikt:江|江]][[wikt:戸|戸]]||"[[Headlands and bays|bay]]-entrance" or "[[estuary]]"}}&#x20;(<span class="t_nihongo_kanji" lang="ja">[[wiktionary:江|江]][[wiktionary:戸|戸]]</span><sup class="t_nihongo_help noprint"><span class="t_nihongo_icon" style="color: #00e; font: bold 80% sans-serif; text-decoration: none; padding: 0 .1em;">?</span></sup>, "baie-entrée" ou "[[estuaire]]") également [[Rōmaji|romanisé]] sous les formes '''Yedo''' ou '''Yeddo''', est l'ancien nom de [[Tokyo]]<ref> US Department of State (1906). ''A digest of international law as embodied in diplomatic discussions, treaties and other international agreements'' (John Bassett Moore, ed.), Vol. 5, p. 759.</ref> et le siège du pouvoir du [[shogunat Tokugawa]] qui a dirigé le Japon de 1603 à 1868. Durant cette période, Edo est devenue l'une des plus grandes villes au monde et le foyer d'une culture urbaine centrée sur la notion d'''[[ukiyo]]''.<ref name="Sansom">Sansom, George, ''A History of Japan: 1615–1867'', p. 114.</ref>
{{Japonais|'''Edo'''|[[wikt:江|江]][[wikt:戸|戸]]||''entrée de la baie'' ou ''[[estuaire]]'', littéralement, « porte du fleuve »}} également [[Rōmaji|romanisé]] sous les formes '''Yedo''' ou '''Yeddo''', est l'ancien nom de [[Tokyo]] et le siège du pouvoir du [[shogunat Tokugawa]] qui a dirigé le [[Japon]] de [[1603]] à [[1868]]. Durant cette période, Edo est devenue l'une des plus grandes villes au monde et le foyer d'une culture urbaine centrée sur la notion d{{'}}''[[ukiyo]]''<ref name="Sansom">Sansom, George, ''A History of Japan: 1615–1867'', {{p.|114}}.</ref>.

== Toponymie ==
« Edo », le nom de la capitale du [[shogunat Tokugawa]], apparaît pour la première fois dans un écrit datant de 1180. Il est associé au nom d'un membre du clan Edo, un [[Clan japonais|clan dynastique]] lointain parent du [[clan Taira]] et connu depuis la fin de l'[[époque de Heian]] (794 – 1185)<ref name="Kotobank_36887">{{Lien web|langue=ja|auteur institutionnel=[[Asahi Shinbun]]|traduction titre=Edo|titre=江戸|année=2020|mois=juin|url=https://kotobank.jp/word/江戸-36887|site=[[Kotobank]]|consulté le=7 juin 2020}}.</ref>. Une première théorie affirme que le [[Toponymie|toponyme]] « Edo » ({{langue|ja|江戸}}) est un raccourci pour {{japonais||江の門戸|e no monko|extra={{litt.}} « entrée de la baie »}}, une expression qui rend compte du fait que la cité d'Edo s'étend, sur l'[[Honshū|île de Honshū]] , au nord d'une baie située dans le sud de la [[plaine du Kantō]], le long du littoral ouest de la [[péninsule de Bōsō]]<ref name="Kotobank_36887" />. Selon une autre théorie, La cité d'Edo a été bâtie sur une terre où la [[Perilla frutescens|pérille]] ({{japonais||荏胡麻|egoma}}, abrégé en {{japonais||荏|e}}, en japonais) pousse abondamment, d'où le nom {{japonais||荏土|Edo|extra={{litt.}} « terre de pérille »}}, [[Transcription et translittération|transcrit]] en {{langue|ja|江戸}}<ref name="Kotobank_36887" />. Une troisième théorie avance que la cité tire son nom de celui d'un ancien hameau du district de Toshima<ref group="l">{{japonais|District de Toshima|豊島郡|Toshima-gun}}.</ref> ([[province de Musashi]]), appelé {{japonais|hameau d'Edo|江戸郷|Edo-gō}}<ref name="Kotobank_36887" />.


== Histoire ==
== Histoire ==
Durant l'[[époque de Muromachi]] (1333 – 1573), la cité d'Edo est un territoire appartenant au [[clan Uesugi]]. En 1457, un de ses [[samouraï]]s vassaux, [[Ōta Dōkan]], fait construire le [[château d'Edo]]. Le hameau médiéval de la province de Musashi évolue alors en une ''[[jōkamachi]]'' (cité-château) dont l'économie est centrée sur l'activité de pêche<ref name="SeiichiEtAl_1978_129">{{article|langue=fr|auteur1=Iwao Seiichi|auteur2=Sakamato Tarō|auteur3=Hōgetsu Keigo|et al.=oui|url=https://www.persee.fr/doc/dhjap_0000-0000_1978_dic_4_1_877_t2_0129_0000_2|format=pdf|titre=19. Edo|périodique=Dictionnaire historique du Japon|année=1978|passage=129|volume=4|consulté le=7 juin 2020}}.</ref>{{,}}<ref name="Kotobank_36887" />. En 1590, après sa victoire à la [[Siège d'Odawara (1590)|bataille d'Odawara]], le ''[[kanpaku]]'' [[Toyotomi Hideyoshi]] achève l'unification du pays. En récompense de son soutien militaire, il cède à l'un de ses vassaux, [[Tokugawa Ieyasu]], fondateur de la [[Shogunat Tokugawa|dynastie Tokugawa]], les provinces formant la [[région du Kantō]]<ref>{{article|langue=fr|auteur1=Iwao Seiichi|auteur2=Ishii Susumu|auteur3=Iyanaga Teizō|et al.=oui|url=https://www.persee.fr/doc/dhjap_0000-0000_1993_dic_19_1_947_t1_0139_0000_2|format=pdf|titre=370. Toyotomi Hideyoshi (1537-1598)|périodique=Dictionnaire historique du Japon|année=1993|passage=139-140|volume=19|consulté le=7 juin 2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{article|langue=fr|auteur1=Iwao Seiichi|auteur2=Ishii Susumu|auteur3=Iyanaga Teizō|et al.=oui|url=https://www.persee.fr/doc/dhjap_0000-0000_1993_dic_19_1_947_t1_0102_0000_6|format=pdf|titre=273. Tokugawa Ieyasu (1542-1616)|périodique=Dictionnaire historique du Japon|année=1993|passage=102-103|volume=19|consulté le=7 juin 2020}}.</ref>{{,}}<ref name="SeiichiEtAl_1978_129" />{{,}}<ref name="Kotobank_36887" />. Le chef militaire Tokugawa, devenu un [[Daimyo|seigneur féodal]], fait rénover le château d'Edo tombé en ruine et y installe son administration centrale<ref name="SeiichiEtAl_1978_129" />{{,}}<ref>{{Harvsp|Matsunosuke|1997|p=23|id=Matsunosuke1997}}.</ref>. Vainqueur à la décisive [[bataille de Sekigahara]], dix ans plus tard, il est promu [[shogun]]. En 1603, l'instauration par celui-ci d'un gouvernement militaire à Edo, le ''[[bakufu]]'', ouvre l'[[époque d'Edo]] (1603 – 1868) et impose Edo comme capitale et centre du pouvoir politique, [[Kyoto]], [[Capitale du Japon|capitale impériale]], restant la capitale officielle du pays. Edo, modeste village de pêcheurs au milieu du {{s-|XV}}, se développe en une métropole, rassemblant, au début du {{s-|XVIII}}, une population d'environ un million d'habitants, divisée, à parts égales, en une classe de samouraïs et une classe de commerçants et d'artisans<ref>{{Harvsp|Matsunosuke|1997|p=23 et 28|id=Matsunosuke1997}}.</ref>{{,}}<ref name="Kotobank_36887" />. La ville subit d'incessants aménagements, induits par les réattributions de terres, à l'initiative du shogun, soucieux de contrôler fermement ses vassaux, et par des incendies et des [[Séisme|tremblements de terre]]. Sa configuration administrative se stabilise cependant au cours de l'[[ère Kyōhō]] (1716 – 1736)<ref name="SeiichiEtAl_1978_129" />{{,}}<ref>{{Harvsp|Matsunosuke|1997|p=26-27|id=Matsunosuke1997}}.</ref>.
Quand le shogunat Tokugawa installe son siège à Edo, la ville devint ''de facto'' la capitale et le centre du pouvoir politique, bien que [[Kyoto]] reste la capitale officielle du  pays. Edo, qui n'est en 1457 qu'un petit village de pêcheurs, devient une des plus grandes métropoles du monde avec une population estimée à 1 000 000 en 1721.<ref name="Sansom">Sansom, George, ''A History of Japan: 1615–1867'', p. 114.</ref><ref>Gordon, Andrew (2003) ''A Modern History of Japan from Tokugawa Times to the Present'', p. 23.</ref>


La ville est plusieurs fois dévastée par un incendie, le [[grand incendie de Meireki]] de 1657 étant le plus dévastateur avec 100 000 victimes. Au cours de la [[Époque d'Edo|période Edo]] sont dénombrés environ 100 incendies, pour la plupart causés par un accident et se propageant rapidement dans les quartiers avoisinants constitués de maisons en bois (''[[Machiya|machiya)]]'' et chauffées au charbon de bois. Entre 1600 et 1945, Edo/Tokyo est ravagée tous les 25 à 50 ans par le feu, les tremblements de terre ou la guerre.
[[Fichier:Edo_1844-1848_Map.jpg|alt=Small, sepia-colored map of Edo in the 1840s|gauche|vignette|200x200px|Carte d'Edo dans les années 1840.]]
[[Fichier:Edo_1844-1848_Map.jpg|alt=Small, sepia-colored map of Edo in the 1840s|gauche|vignette|200x200px|Carte d'Edo dans les années 1840.]]
En 1868, lorsque l'ère Tokugawa touche à sa fin, la ville est rebaptisée ''Tokyo'' (« ''capitale orientale ''»). L'empereur du Japon y transfère sa résidence et en fait la capitale officielle du Japon:
En 1868, lorsque l'époque des Tokugawa touche à sa fin, la ville est rebaptisée ''Tokyo'' (« ''capitale orientale ''»). L'empereur du Japon y transfère sa résidence et en fait la capitale officielle du Japon :
* ''[[Ère Keiō|Keiō]]'', 4ème année : le 17e jour du 7ème mois (3 septembre 1868), Edo est rebaptisée [[Tokyo]].<ref>Ponsonby-Fane, Richard. (1956). </ref>
* ''[[Ère Keiō|Keiō]]'', {{4e|année}} : le {{17e|jour}} du {{7e|mois}} ({{date-|3 septembre 1868}}), Edo est rebaptisée [[Tokyo]]<ref>Ponsonby-Fane, Richard. (1956).</ref> ;
* ''Keiō'', 4ème année : le 27 jour du 8e mois (12 octobre, 1868), [[Meiji (empereur)|l'empereur Meiji]] est intrônisé dans le ''Shishin-den'' à Kyoto.<ref name="p328">Ponsonby-Fane, p. 328.</ref>
* ''Keiō'', {{4e|année}} : le {{27e|jour}} du {{8e|mois}} ({{date-|12 octobre}} 1868), [[Meiji (empereur)|l'empereur Meiji]] est intronisé dans le ''Shishin-den'' à Kyoto<ref name="p328">Ponsonby-Fane, {{p.|328}}.</ref> ;
* ''Keiō, 4ème année '': le 8e jour du 9e mois (23 octobre 1868), l'[[Ères du Japon|ère du Japon]] passe officiellement de'' Keiō'' à ''Meiji'' et une amnistie générale est accordée.<ref name="p328">Ponsonby-Fane, p. 328.</ref>
* ''Keiō'', {{4e|année}} : le {{8e|jour}} du {{9e|mois}} ({{date-|23 octobre 1868}}), [[Ères du Japon|le calendrier du Japon]] passe officiellement de'' l'ère Keiō'' à ''l'ère Meiji'' et une amnistie générale est accordée<ref name="p328" /> ;
* ''[[Ère Meiji|Meiji]], 2''ème année : le 23e jour du 10e mois (1868), l'empereur s'installe à Tokyo et le château d'Edo devient palais impérial.<ref name="p328">Ponsonby-Fane, p. 328.</ref>
* ''[[Ère Meiji|Meiji]]'', {{2e|année}} : le {{23e|jour}} du {{10e|mois}} (1868), l'empereur s'installe à Tokyo et le château d'Edo devient palais impérial<ref name="p328" />.


=== <span id="Edo magistrates"></span>Magistrature ===
=== Magistrature ===
[[Fichier:Meireki_fire.JPG|alt=Painted scroll of a great fire, with people trying to escape|vignette|200x200px|Rouleau représentant le grand Incendie de Meireki.]]
[[Fichier:Meireki_fire.JPG|alt=Painted scroll of a great fire, with people trying to escape|vignette|200x200px|Rouleau représentant le Grand incendie de Meireki.]]
Ishimaru Sadatsuga est magistrat d'Edo en 1661.<ref>Encyclopædia Britannica (1911) : ''Japan: Commerce in Tokugawa Times'', p. 201.</ref>
Ishimaru Sadatsuga est magistrat d'Edo en 1661<ref>Encyclopædia Britannica (1911) : ''Japan: Commerce in Tokugawa Times'', {{p.|201}}.</ref>.


== Gouvernement et administration ==
== Gouvernement et administration ==
Au cours de la période Edo, le Shogun nomme des administrateurs de police (''machi bugyō''). Le shogun [[Tokugawa Yoshimune]] crée un service d'incendie (''machibikeshi''). Le ''machi bugyō'' est, outre autres fonctions administratives, en charge des actions pénales et des poursuites au civil.
Au cours de la période Edo, le Shogun nomme des administrateurs de police (''machi bugyō''). Le shogun [[Tokugawa Yoshimune]] crée un service d'incendie (''machibikeshi''). Le ''machi bugyō'' est, outre autres fonctions administratives, chargé des actions pénales et des poursuites au civil.


== Géographie ==
== Géographie ==
[[Fichier:Edo_Hibachi.JPG|alt=Museum room with wood furniture and cooking utensils in center|gauche|vignette|200x200px|''Chōnin'' - salle d'exposition au Fukagawa Edo Museum.]]
[[Fichier:Edo_Hibachi.JPG|alt=Museum room with wood furniture and cooking utensils in center|gauche|vignette|200x200px|''Chōnin'' : salle d'exposition au Fukagawa Edo Museum.]]
La ville est constituée autour du [[château d'Edo]]. La zone entourant le château, connue sous le nom ''Yamanote,'' est en grande partie composée des demeures des seigneurs (''[[Daimyō|daimyō)]]'' dont les familles vivent à Edo selon le système de résidence alternée du ''[[Sankin-kōtai|sankin kōtai]]'' : le ''[[daimyō]]'' séjourne en ville une année sur deux et y laisse sa famille en son absence. La présence de cette [[Samouraï|classe de samouraïs]] est une caractéristique de la cité, contrastant avec les deux grandes villes de [[Kyoto]] et [[Osaka|d'Osaka]] qui ne sont pas gouvernées par un ''daimyō'' et ne comptent pas une population de samouraï importante. Kyoto est marquée par l'influence de la [[Kuge|cour de l'empereur]], par ses temples bouddhistes et son histoire, et Osaka est le centre commercial du pays, dominé par les commerçants et les artisans (''[[chōnin]]'').
La ville d'Edo, connue depuis la fin du {{s-|XIX}} sous le nom de Tokyo<ref>US Department of State (1906). ''A digest of international law as embodied in diplomatic discussions, treaties and other international agreements'' (John Bassett Moore, ed.), {{vol.|5}}, {{p.|759}}.</ref>, est constituée autour du [[château d'Edo]]. La zone entourant le château, connue sous le nom ''Yamanote'', est en grande partie composée des demeures des seigneurs (''[[daimyō]])'' dont les familles vivent à Edo selon le système de résidence alternée du ''[[Sankin-kōtai|sankin kōtai]]'' : le ''[[daimyō]]'' séjourne en ville une année sur deux et y laisse sa famille en son absence. La présence de cette [[Samouraï|classe de samouraïs]] est une caractéristique de la cité, contrastant avec les deux grandes villes de [[Kyoto]] et [[Osaka|d'Osaka]] qui ne sont pas gouvernées par un ''daimyō'' et ne comptent pas une population de samouraïs importante. Kyoto est marquée par l'influence de la [[Kuge|cour de l'empereur]], par ses temples bouddhistes et son histoire, et Osaka est le centre commercial du pays, dominé par les commerçants et les artisans (''[[chōnin]]'').

Plus éloignés du centre se trouvent les quartiers des ''chōnin''. La zone connue sous le nom Shitamachi<ref group="l">{{japonais|Shitamachi|下町||« ville basse » ou « centre-ville »}}.</ref>, ou « ville basse », au nord-est du château, est un centre de la culture urbaine. L'ancienne temple bouddhiste [[Sensō-ji]] se trouve encore dans le quartier d'[[Asakusa]], marquant le centre de la culture traditionnelle. Quelques boutiques dans les rues près du temple ont subsisté en continu au même emplacement depuis la période Edo.

Le [[Sumida-gawa|fleuve Sumida]], appelé alors « Grande rivière »<ref group="l">{{japonais|« Grande rivière »|大川|Ōkawa}}.</ref> longe la bordure orientale de la ville et comprend l'entrepôt officiel de riz<ref>Les taxes payées aux samouraïs ne l'étaient pas en [[monnaie]], mais en riz.</ref>, des bâtiments officiels du shogunat, ainsi que certains des meilleurs restaurants de la ville.
[[Fichier:Hiroshige_le_pont_Nihonbashi_à_l'aube.jpg|alt=Painting of people crossing the wooden Edo Bridge|vignette|200x200px|Le Nihonbashi à l'aube, estampe de [[Hiroshige]].]]
Le [[Nihonbashi]], point de départ du [[Gokaidō]], a marqué l'histoire du centre commercial de la ville, connu sous le nom de Kuramae<ref group="l">{{japonais|''Kuramae''|蔵前||extra={{litt.}} « devant les magasins »}}.</ref>. Y travaillent des pêcheurs, des artisans, des producteurs et des détaillants. Les navires (« ''tarubune'' ») assurent les liaisons avec [[Osaka]] et d'autres villes, soit directement, soit en déchargeant les marchandises dans des barges depuis leur mouillage ou sur des voies de transport terrestres telles que le [[Tōkaidō]]. Cette zone de la ville est restée le quartier des affaires.


La partie nord-est de la ville est considérée comme une direction dangereuse en cosmologie traditionnelle (''[[onmyōdō]]''), et est protégée du mal par plusieurs temples, dont le [[Sensō-ji]] et le [[Kan'ei-ji]]. Au-delà se trouvent les quartiers des [[Burakumin]], les parias de la société, qui effectuent les travaux les plus humbles et sont séparés des principaux quartiers. Non loin au nord, un long chemin de terre part de la berge du fleuve vers la limite nord de la cité, conduisant à [[Yoshiwara]], les quartiers de plaisirs. Auparavant situés près de [[Ningyōchō (métro de Tokyo)|Ningyōchō]], ces quartiers sont reconstruits dans ce lieu plus éloigné du cœur de la ville après le [[grand incendie de Meireki]] de 1657.
Plus éloignés du centre se trouvent les quartiers des ''chōnin'' (町人, « habitants »). La zone connue sous le nom Shitamachi (下町, « ville basse » ou « centre-ville ») au nord-est du château, est un centre de la culture urbaine. L'ancien temple bouddhiste [[Sensō-ji|Sensô-ji]] se trouve encore dans le quartier d'[[Asakusa]], marquant le centre de la culture traditionnelle. Quelques boutiques dans les rues près du temple ont subsisté en continu au même emplacement depuis la période Edo.


== Notes et références ==
Le fleuve [[Sumida-gawa]], appelé alors ''Grande Rivière'' (大川), longe la bordure orientale de la ville et comprend l'entrepôt officiel de riz<ref>Les taxes payées aux samouraïs ne l'étaient pas en [[monnaie]], mais en riz</ref>, des bâtiments officiels du shogunat, ainsi que certains des meilleurs restaurants de la ville.
=== Notes lexicales bilingues ===
[[Fichier:Hiroshige_le_pont_Nihonbashi_à_l'aube.jpg|alt=Painting of people crossing the wooden Edo Bridge|vignette|200x200px|Le Nihonbashi à l'aube, estampe d'[[Hiroshige|Hiroshige.]]]]
{{Références|groupe=l}}
Le ''[[Nihonbashi|pont du Japon]]'' (日本橋, ''Nihon-bashi'') a marqué l'histoire du centre commercial de la ville, connu sous le nom de ''Kuramae'' (蔵前, « ''devant les magasins'' »). Y travaillent des pêcheurs, des artisans, des producteurs et des détaillants. Les navires (« ''tarubune'' ») assurent les liaisons avec [[Osaka]] et d'autres villes, soit directement ou en déchargeant les marchandises dans des barges depuis leur mouillage, ou sur des voies de transport terrestres telles que le [[Tōkaidō]]. Cette zone de la ville est restée le quartier des affaires.


=== Références ===
La partie nord-est de la ville est considérée comme une direction dangereuse en cosmologie traditionnelle (''[[onmyōdō]]''), et est protégée du mal par plusieurs temples, dont le Sensô-ji et le [[Kan'ei-ji]]. Au-delà se trouvent les quartiers des [[Burakumin]], les parias de la société, qui effectuent les travaux les plus humbles et sont séparés des principaux quartiers. Non loin au nord, un long chemin de terre part de la berge du fleuve vers la limite nord de la cité, conduisant à [[Yoshiwara]], les quartiers de plaisirs. Auparavant situés à l'intérieur de la ville près d'[[Asakusa]], ces quartiers sont reconstruits dans ce lieu plus éloigné après le [[grand incendie de Meireki]] de 1657.
{{Traduction/Référence|en|Edo|732301628}}
{{Références}}


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
* [[Époque d'Edo]]
* [[Époque d'Edo]]
* [[Société japonaise à l'époque d'Edo]]
* [[Société japonaise à l'époque d'Edo]]
* [[Incendies à Edo]]
* [[Incendies à Edo]]
* [[Edokko]]<br>
* [[Edokko]]
* [[Iki (esthétique)|Iki]] (notion esthétique)
* [[Iki (esthétique)|Iki]] (notion esthétique)
* [[Asakusa|Asakusa<br> ]]
* [[Asakusa]]
* [[Gintama]]
* [[Gintama]]


== Références ==
=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage|langue=en|auteur=Nishiyama Matsunosuke|traducteur=Gerald Groemer|titre=Edo culture|sous-titre=daily life and diversion in urban Japan, 1600-1868|éditeur=[[Presses de l'université d'Hawaï]]|lieu=[[Honolulu]]|année=1997|pages totales=309|isbn=9780824818500|oclc=467750365|bnf=36999995|id=Matsunosuke1997}}.
* {{Traduction/Référence|en|Edo|732301628}}
* {{en}} Andrew Forbes et David Henley, ''100 Famous Views of Edo'', Chiang Mai, Cognoscenti Books, ASIN: B00HR3RHUY, 2014
<div class="reflist" style="list-style-type: decimal;">
* {{en}} Andrew Gordon, ''A Modern History of Japan from Tokugawa Times to the Present'', [[Oxford University Press]], 2003. {{ISBN|0-19-511060-9|978-0-19-511060-9}} et {{ISBN|0-19-511061-7|978-0-19-511061-6}}.
<references /></div>
* {{en}} Richard Ponsonby-Fane, ''Kyoto: the Old Capital'', 794–1869, Kyoto, Ponsonby Memorial Society, 1956.
* {{en}} George Sansom, ''A History of Japan: 1615–1867'', Stanford, [[Stanford University Press]], 1963.{{ISBN|0-8047-0527-5|978-0-8047-0527-1}}.
* {{en}} Akira Naito et Kazuo Hozumi, ''Edo, the City that Became Tokyo: An Illustrated History'', Kodansha International, Tokyo, 2003, {{ISBN|4-7700-2757-5}}.


== Sources ==
=== Liens externes ===
* [http://www.wdl.org/en/item/9931 Carte du district de Bushū Toshima à Edo] en 1682, [[Bibliothèque numérique mondiale]].
* Forbes, Andrew; Henley, David (2014). ''100 Famous Views of Edo'', Chiang Mai: Cognoscenti Books. ASIN: B00HR3RHUY
* Gordon, Andrew. (2003) ''A Modern History of Japan from Tokugawa Times to the Present'', [[Oxford University Press]]. ISBN 0-19-511060-9/ISBN 978-0-19-511060-9 (tissu); ISBN 0-19-511061-7/ISBN 978-0-19-511061-6.
* Ponsonby-Fane, Richard (1956) ''Kyoto: the Old Capital'', 794–1869. Kyoto: Ponsonby Memorial Society.
* Sansom, George. (1963) ''A History of Japan: 1615–1867'', Stanford: [[Stanford University Press]]. ISBN 0-8047-0527-5/ISBN 978-0-8047-0527-1.
* Akira Naito (Auteur), Kazuo Hozumi. ''Edo, the City that Became Tokyo: An Illustrated History'', Kodansha International, Tokyo (2003). ISBN 4-7700-2757-5


== Liens externes ==
* [http://www.wdl.org/en/item/9931 Carte du district de Bushū Toshima à Edo] en 1682.
{{Portail|Tokyo|histoire du Japon}}
{{Portail|Tokyo|histoire du Japon}}



Dernière version du 28 février 2024 à 12:19

Vue et plan de la ville (tiré d'une édition du XIXe siècle).

Edo (?, entrée de la baie ou estuaire, littéralement, « porte du fleuve ») également romanisé sous les formes Yedo ou Yeddo, est l'ancien nom de Tokyo et le siège du pouvoir du shogunat Tokugawa qui a dirigé le Japon de 1603 à 1868. Durant cette période, Edo est devenue l'une des plus grandes villes au monde et le foyer d'une culture urbaine centrée sur la notion d'ukiyo[1].

Toponymie[modifier | modifier le code]

« Edo », le nom de la capitale du shogunat Tokugawa, apparaît pour la première fois dans un écrit datant de 1180. Il est associé au nom d'un membre du clan Edo, un clan dynastique lointain parent du clan Taira et connu depuis la fin de l'époque de Heian (794 – 1185)[2]. Une première théorie affirme que le toponyme « Edo » (江戸) est un raccourci pour 江の門戸 (e no monko?, litt. « entrée de la baie »), une expression qui rend compte du fait que la cité d'Edo s'étend, sur l'île de Honshū , au nord d'une baie située dans le sud de la plaine du Kantō, le long du littoral ouest de la péninsule de Bōsō[2]. Selon une autre théorie, La cité d'Edo a été bâtie sur une terre où la pérille (荏胡麻 (egoma?), abrégé en (e?), en japonais) pousse abondamment, d'où le nom 荏土 (Edo?, litt. « terre de pérille »), transcrit en 江戸[2]. Une troisième théorie avance que la cité tire son nom de celui d'un ancien hameau du district de Toshima[l 1] (province de Musashi), appelé hameau d'Edo (江戸郷, Edo-gō?)[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

Durant l'époque de Muromachi (1333 – 1573), la cité d'Edo est un territoire appartenant au clan Uesugi. En 1457, un de ses samouraïs vassaux, Ōta Dōkan, fait construire le château d'Edo. Le hameau médiéval de la province de Musashi évolue alors en une jōkamachi (cité-château) dont l'économie est centrée sur l'activité de pêche[3],[2]. En 1590, après sa victoire à la bataille d'Odawara, le kanpaku Toyotomi Hideyoshi achève l'unification du pays. En récompense de son soutien militaire, il cède à l'un de ses vassaux, Tokugawa Ieyasu, fondateur de la dynastie Tokugawa, les provinces formant la région du Kantō[4],[5],[3],[2]. Le chef militaire Tokugawa, devenu un seigneur féodal, fait rénover le château d'Edo tombé en ruine et y installe son administration centrale[3],[6]. Vainqueur à la décisive bataille de Sekigahara, dix ans plus tard, il est promu shogun. En 1603, l'instauration par celui-ci d'un gouvernement militaire à Edo, le bakufu, ouvre l'époque d'Edo (1603 – 1868) et impose Edo comme capitale et centre du pouvoir politique, Kyoto, capitale impériale, restant la capitale officielle du pays. Edo, modeste village de pêcheurs au milieu du XVe siècle, se développe en une métropole, rassemblant, au début du XVIIIe siècle, une population d'environ un million d'habitants, divisée, à parts égales, en une classe de samouraïs et une classe de commerçants et d'artisans[7],[2]. La ville subit d'incessants aménagements, induits par les réattributions de terres, à l'initiative du shogun, soucieux de contrôler fermement ses vassaux, et par des incendies et des tremblements de terre. Sa configuration administrative se stabilise cependant au cours de l'ère Kyōhō (1716 – 1736)[3],[8].

Small, sepia-colored map of Edo in the 1840s
Carte d'Edo dans les années 1840.

En 1868, lorsque l'époque des Tokugawa touche à sa fin, la ville est rebaptisée Tokyo (« capitale orientale »). L'empereur du Japon y transfère sa résidence et en fait la capitale officielle du Japon :

  • Keiō, 4e année : le 17e jour du 7e mois (), Edo est rebaptisée Tokyo[9] ;
  • Keiō, 4e année : le 27e jour du 8e mois ( 1868), l'empereur Meiji est intronisé dans le Shishin-den à Kyoto[10] ;
  • Keiō, 4e année : le 8e jour du 9e mois (), le calendrier du Japon passe officiellement de l'ère Keiō à l'ère Meiji et une amnistie générale est accordée[10] ;
  • Meiji, 2e année : le 23e jour du 10e mois (1868), l'empereur s'installe à Tokyo et le château d'Edo devient palais impérial[10].

Magistrature[modifier | modifier le code]

Painted scroll of a great fire, with people trying to escape
Rouleau représentant le Grand incendie de Meireki.

Ishimaru Sadatsuga est magistrat d'Edo en 1661[11].

Gouvernement et administration[modifier | modifier le code]

Au cours de la période Edo, le Shogun nomme des administrateurs de police (machi bugyō). Le shogun Tokugawa Yoshimune crée un service d'incendie (machibikeshi). Le machi bugyō est, outre autres fonctions administratives, chargé des actions pénales et des poursuites au civil.

Géographie[modifier | modifier le code]

Museum room with wood furniture and cooking utensils in center
Chōnin : salle d'exposition au Fukagawa Edo Museum.

La ville d'Edo, connue depuis la fin du XIXe siècle sous le nom de Tokyo[12], est constituée autour du château d'Edo. La zone entourant le château, connue sous le nom Yamanote, est en grande partie composée des demeures des seigneurs (daimyō) dont les familles vivent à Edo selon le système de résidence alternée du sankin kōtai : le daimyō séjourne en ville une année sur deux et y laisse sa famille en son absence. La présence de cette classe de samouraïs est une caractéristique de la cité, contrastant avec les deux grandes villes de Kyoto et d'Osaka qui ne sont pas gouvernées par un daimyō et ne comptent pas une population de samouraïs importante. Kyoto est marquée par l'influence de la cour de l'empereur, par ses temples bouddhistes et son histoire, et Osaka est le centre commercial du pays, dominé par les commerçants et les artisans (chōnin).

Plus éloignés du centre se trouvent les quartiers des chōnin. La zone connue sous le nom Shitamachi[l 2], ou « ville basse », au nord-est du château, est un centre de la culture urbaine. L'ancienne temple bouddhiste Sensō-ji se trouve encore dans le quartier d'Asakusa, marquant le centre de la culture traditionnelle. Quelques boutiques dans les rues près du temple ont subsisté en continu au même emplacement depuis la période Edo.

Le fleuve Sumida, appelé alors « Grande rivière »[l 3] longe la bordure orientale de la ville et comprend l'entrepôt officiel de riz[13], des bâtiments officiels du shogunat, ainsi que certains des meilleurs restaurants de la ville.

Painting of people crossing the wooden Edo Bridge
Le Nihonbashi à l'aube, estampe de Hiroshige.

Le Nihonbashi, point de départ du Gokaidō, a marqué l'histoire du centre commercial de la ville, connu sous le nom de Kuramae[l 4]. Y travaillent des pêcheurs, des artisans, des producteurs et des détaillants. Les navires (« tarubune ») assurent les liaisons avec Osaka et d'autres villes, soit directement, soit en déchargeant les marchandises dans des barges depuis leur mouillage ou sur des voies de transport terrestres telles que le Tōkaidō. Cette zone de la ville est restée le quartier des affaires.

La partie nord-est de la ville est considérée comme une direction dangereuse en cosmologie traditionnelle (onmyōdō), et est protégée du mal par plusieurs temples, dont le Sensō-ji et le Kan'ei-ji. Au-delà se trouvent les quartiers des Burakumin, les parias de la société, qui effectuent les travaux les plus humbles et sont séparés des principaux quartiers. Non loin au nord, un long chemin de terre part de la berge du fleuve vers la limite nord de la cité, conduisant à Yoshiwara, les quartiers de plaisirs. Auparavant situés près de Ningyōchō, ces quartiers sont reconstruits dans ce lieu plus éloigné du cœur de la ville après le grand incendie de Meireki de 1657.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes lexicales bilingues[modifier | modifier le code]

  1. District de Toshima (豊島郡, Toshima-gun?).
  2. Shitamachi (下町?, « ville basse » ou « centre-ville »).
  3. « Grande rivière » (大川, Ōkawa?).
  4. Kuramae (蔵前?, litt. « devant les magasins »).

Références[modifier | modifier le code]

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Edo » (voir la liste des auteurs).
  1. Sansom, George, A History of Japan: 1615–1867, p. 114.
  2. a b c d e f et g (ja) Asahi Shinbun, « 江戸 » [« Edo »], sur Kotobank,‎ (consulté le ).
  3. a b c et d Iwao Seiichi, Sakamato Tarō, Hōgetsu Keigo et al., « 19. Edo », Dictionnaire historique du Japon, vol. 4,‎ , p. 129 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  4. Iwao Seiichi, Ishii Susumu, Iyanaga Teizō et al., « 370. Toyotomi Hideyoshi (1537-1598) », Dictionnaire historique du Japon, vol. 19,‎ , p. 139-140 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  5. Iwao Seiichi, Ishii Susumu, Iyanaga Teizō et al., « 273. Tokugawa Ieyasu (1542-1616) », Dictionnaire historique du Japon, vol. 19,‎ , p. 102-103 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  6. Matsunosuke 1997, p. 23.
  7. Matsunosuke 1997, p. 23 et 28.
  8. Matsunosuke 1997, p. 26-27.
  9. Ponsonby-Fane, Richard. (1956).
  10. a b et c Ponsonby-Fane, p. 328.
  11. Encyclopædia Britannica (1911) : Japan: Commerce in Tokugawa Times, p. 201.
  12. US Department of State (1906). A digest of international law as embodied in diplomatic discussions, treaties and other international agreements (John Bassett Moore, ed.), vol. 5, p. 759.
  13. Les taxes payées aux samouraïs ne l'étaient pas en monnaie, mais en riz.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]