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« Hirudinea » : différence entre les versions

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'''Hirudinea''', les '''sangsues''', hirudinées ou achètes, sont une [[sous-classe (biologie)|sous-classe]] de l'[[Embranchement (biologie)|embranchement]] des [[Annelida|annélides]]. Elle regroupe environ {{nombre|650|[[espèce]]s}} [[hermaphrodisme|hermaphrodites]] de [[ver]]s annelés de 1 à {{unité|20|cm}} de longueur. Hormis quelques espèces vivant en estuaire ou eaux marines, elles vivent en eau douce. De nombreuses espèces déposent leurs cocons dans de la terre humide et certaines ont un cycle de vie plus terrestre<ref>{{article|auteurs=S.C.L. Fogden et J. Proctor|titre=Notes on the Feeding of Land Leeches (''Haemadipsa zeylanica'' Moore and ''H. picta'' Moore) in Gunung Mulu National Park, Sarawak|revue=Biotropica|date=1985|vol=17|no=2|passage=172–174|doi=10.2307/2388511}}</ref>, en étant par exemple capables de grimper aux arbres.
'''Hirudinea''', les '''sangsues''', hirudinées ou achètes, sont une [[sous-classe (biologie)|sous-classe]] de l'[[Embranchement (biologie)|embranchement]] des [[Annelida|annélides]]. Elle regroupe environ {{nombre|650|[[espèce]]s}} [[hermaphrodisme|hermaphrodites]] de [[ver]]s annelés de 1 à {{unité|20|cm}} de longueur. Hormis quelques espèces vivant en estuaire ou eaux marines, elles vivent en eau douce. De nombreuses espèces déposent leurs cocons dans de la terre humide et certaines ont un cycle de vie plus terrestre<ref>{{article|auteurs=S.C.L. Fogden et J. Proctor|titre=Notes on the Feeding of Land Leeches (''Haemadipsa zeylanica'' Moore and ''H. picta'' Moore) in Gunung Mulu National Park, Sarawak|revue=Biotropica|date=1985|vol=17|no=2|passage=172–174|doi=10.2307/2388511}}</ref>, en étant par exemple capables de grimper aux arbres.


Environ {{nombre|300|espèces}} sont des [[parasitisme|parasites]] temporaires d'animaux marins, terrestres ou d'eau douce, [[hématophage]]s, se nourrissant de sang de vertébrés et/ou d'[[hémolymphe]] d'invertébrés<ref>Sawyer R, Muller K, Nicholls J & Stent G, eds. (1981) ''Neurobiology of the Leech''. New York: Cold Spring Harbor Laboratory. {{p.|7–26}}. {{ISBN|0-87969-146-8}}.</ref>. Une centaine d'espèces sont marines, et environ 90 terrestres<ref>{{article|auteurs=B. Sket et P. Trontelj|titre=Global diversity of leeches (Hirudinea) in freshwater|revue=Hydrobiologia|vol=595|date=2008|passage=129–137|url=http://web.bf.uni-lj.si/bi/zoologija/peter_trontelj/PDFs/230_Sket-Trontelj_08_Global-diversity-freshwater-Hirudinea.pdf|format=pdf}}</ref>.
Environ {{nombre|300|espèces}} sont des [[Parasitisme|parasites]] temporaires d'animaux marins, terrestres ou d'eau douce, [[hématophage]]s, se nourrissant de sang de vertébrés et/ou d'[[hémolymphe]] d'invertébrés<ref>Sawyer R, Muller K, Nicholls J & Stent G, eds. (1981) ''Neurobiology of the Leech''. New York: Cold Spring Harbor Laboratory. {{p.|7–26}}. {{ISBN|0-87969-146-8}}.</ref>. Une centaine d'espèces sont marines et environ 90 terrestres<ref>{{article|auteurs=B. Sket et P. Trontelj|titre=Global diversity of leeches (Hirudinea) in freshwater|revue=Hydrobiologia|vol=595|date=2008|passage=129–137|url=http://web.bf.uni-lj.si/bi/zoologija/peter_trontelj/PDFs/230_Sket-Trontelj_08_Global-diversity-freshwater-Hirudinea.pdf|format=pdf}}</ref>.


Quelques espèces font l'objet d'un usage médicinal depuis plus de {{nombre|2000|ans}}, mais la diversité et répartition des sangsues est encore mal connue dans de nombreux pays, y compris pour les eaux douces. Ainsi en 2009 elles n'avaient pas encore fait l'objet {{Citation|d'une étude d'ensemble sur la systématique et la répartition géographique des espèces en France et seules quelques [[Clé dichotomique|clés dichotomiques de détermination]], toutes incomplètes quant au nombre des taxons cités et ne tenant pas compte de la variabilité intraspécifique (différences de coloration, fusion de paires d'yeux, etc.), permettent d'identifier avec certitude les espèces les plus caractéristiques}}. Une clé de détermination des Hirudinées françaises a été mise à jour et publiée en 2009 par la [[Société zoologique de France]], et un [[inventaire naturaliste|inventaire]] national a été lancé en [[2015]] sous l'égide du [[Muséum national d'histoire naturelle|Muséum]] et de l'[[Inventaire national du patrimoine naturel|INPN]]<ref>D'hondt JL & Ben AhmedD R (2009) ''Catalogue et clés tabulaires de détermination des Hirudinées d'eau douce de la faune Française''. Bulletin de la Société zoologique de France, 134(3-4), 263-298.[http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=23436600 Notice Inist-CNRS]</ref>.
Quelques espèces font l'objet d'un usage médicinal depuis plus de {{nombre|2000|ans}}, mais la diversité et répartition des sangsues est encore mal connue dans de nombreux pays, y compris pour les eaux douces. Ainsi en 2009 elles n'avaient pas encore fait l'objet {{Citation|d'une étude d'ensemble sur la systématique et la répartition géographique des espèces en France et seules quelques [[Clé dichotomique|clés dichotomiques de détermination]], toutes incomplètes quant au nombre des taxons cités et ne tenant pas compte de la variabilité intraspécifique (différences de coloration, fusion de paires d'yeux, etc.), permettent d'identifier avec certitude les espèces les plus caractéristiques}}. Une clé de détermination des Hirudinées françaises a été mise à jour et publiée en 2009 par la [[Société zoologique de France]], et un [[inventaire naturaliste|inventaire]] national a été lancé en [[2015]] sous l'égide du [[Muséum national d'histoire naturelle|Muséum]] et de l'[[Inventaire national du patrimoine naturel|INPN]]<ref>D'hondt JL & Ben AhmedD R (2009) ''Catalogue et clés tabulaires de détermination des Hirudinées d'eau douce de la faune Française''. Bulletin de la Société zoologique de France, 134(3-4), 263-298.[http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=23436600 Notice Inist-CNRS]</ref>.


== Diversité et classification ==
== Alimentation ==
Quelque 700 espèces de sangsues ont été décrites, dont une centaine sont marines, 90 terrestres et le reste d'eau douce<ref>{{article |langue=en |nom1=Sket |prénom1=Boris |nom2=Trontelj |prénom2=Peter |année=2008 |titre=Global diversity of leeches (Hirudinea) in freshwater |journal=[[Hydrobiologia]] |volume=595 |numéro=1 |pages=129–137 |doi=10.1007/s10750-007-9010-8}}</ref>{{,}}<ref name="Fogden">{{article |langue=en |nom1=Fogden |prénom1=S. |nom2=Proctor |prénom2=J. | titre=Notes on the Feeding of Land Leeches (''Haemadipsa zeylanica'' Moore and ''H. picta'' Moore) in Gunung Mulu National Park, Sarawak |journal=[[Biotropica]] |volume=17 |numéro=2 |pages=172–174 |année=1985 |doi=10.2307/2388511 | jstor=2388511 }}</ref>. La plus petite mesure environ {{unité|1|cm|}} de long, tandis que la plus grande, la sangsue géante d'Amazonie ''[[Haementeria ghilianii]]'', peut atteindre {{unité|30|cm|}}. Les sangsues sont présentes dans le monde entier, à l'exception de l'[[Antarctique]], mais apparaissent à leur maximum dans les lacs et étangs tempérés de l'hémisphère nord. Les ''[[Haemadipsidae]]'' terrestres sont pour la plupart originaires des régions tropicales et subtropicales, tandis que les ''[[Hirudinidae]]'' aquatiques ont une aire de répartition mondiale plus large ; les deux se nourrissant en grande partie de [[mammifère]]s, dont d'[[Homo sapiens|humain]]s<ref name=Ruppert>{{ouvrage |langue=en |titre=Invertebrate Zoology |sous-titre=7th edition |nom1=Ruppert |prénom1=Edward E. |nom2=Fox |prénom2=Richard, S. |nom3=Barnes |prénom3=Robert D. |année=2004 |éditeur=[[Cengage]] Learning |isbn=978-81-315-0104-7 |pages=471–482 }}</ref>. À leur tour, les sangsues sont la [[proie]] des [[poisson]]s, des [[oiseau]]x et des [[invertébré]]s<ref>{{lien web |langue=en |titre=Leeches |url=https://australianmuseum.net.au/learn/animals/worms/leeches/ |éditeur=Australian Museum |consulté le=3 juin 2020 |date=14 November 2019}}</ref>.
Plus de la moitié des espèces sont hématophages, c'est-à-dire qu'elles se nourrissent de [[sang]] ''héma''to signifie « sang » et ''phage'' signifie « manger », mais les autres espèces de sangsues sont des prédateurs carnivores d'autres invertébrés, ou consomment simplement les tissus mous de leurs proies ou d'autres aliments. Pour boire le sang, la sangsue s'accroche sur sa proie en suçant sa peau. Elle fait une petite morsure et y injecte sa salive. Sa salive a la fonctionnalité d'empêcher le sang de se [[Coagulation sanguine|coaguler]]. Ce qui lui permet de boire le sang pendant un bon moment<ref name="bestioles herma">{{Lien web|titre=La sangsue est un animal hermaphrodite|url=http://www.bestioles.ca/invertebres/sangsues.html|site=www.bestioles.ca|consulté le=2016-09-18}}</ref>. [[Image:Helobdella 2013 000.jpg|thumb|Sangsue [[Helobdella]] gorgée de sang]]


Le nom de la [[Sous-classe (biologie)|sous-classe]] des ''Hirudinea'' vient du latin ''hirudo'' ([[génitif]] ''hirudinis''), signifiant "sangsue"<ref>{{lien web |langue=en |url=http://www.finedictionary.com/Hirudinea.html |titre=Hirudinea etymology |éditeur=Fine Dictionary |consulté le=9 juillet 2018}}</ref>. Les sangsues étaient traditionnellement divisées en deux [[infraclasse]]s, les ''[[Acanthobdellidea]]'' et les ''[[Euhirudinea]]''. Ces dernières qui ont des ventouses antérieures et postérieures, étaient traditionnellement divisés en deux groupes : les ''[[Rhynchobdellida]]'' et ''[[Arhynchobdellida]]''<ref name=Buchsbaum>{{ouvrage |nom1=Buchsbaum |prénom1=Ralph |nom2=Buchsbaum |prénom2=Mildred |nom3=Pearse |prénom3=John |nom4=Pearse |prénom4=Vicki |titre=Animals Without Backbones |sous-titre=3rd edition |url=https://archive.org/details/animalswithoutba0000buch |accès url=inscription |édition=[[University of Chicago Press]] |année=1987 |isbn=978-0-226-07874-8 |pages=[https://archive.org/details/animalswithoutba0000buch/page/312 312–317]}}</ref>.
Ainsi sur {{nombre|73|espèces}} de sangsues connues en Amérique du Nord, la plupart se nourrissent de chironomidés, [[Oligochaeta|oligochètes]], [[Amphipoda|amphipodes]] et [[Mollusca|mollusques]]. Leurs larves sont supposées toutes se nourrir de [[zooplancton]], certaines de manière spécialisée (ex : ''[[Motobdella montezuma]]'' s'est spécialisée dans le parasitage d'amphipodes planctoniques qu'elle détecte par des capteurs mécanoperceptifs)<ref name=Thorp2011>James H. Thorp et Alan P. Covich (2011) ''Ecology and Classification of North American Freshwater Invertebrates'' Academic Press, 11 mai 2001 ; 1056 pages (voir chap 13 : ''Annelida'')</ref>.


Les autres espèces sont ectoparasites temporaires et se nourrissent d'un repas de sang prélevé sur des poissons, tortues, amphibiens, crocodiliens, oiseaux d'eau, mammifère (dont humains à l'occasion)<ref name=Thorp2011/>. La plupart de ces espèces prédatrices grandissent en 2 ou {{nombre|3|étapes}}, chacune conditionnée à un repas de sang, et elles ne se reproduiront qu'une fois avant de mourir<ref name=Thorp2011/>. Mais au moins deux espèces nord-américaines se sont montrées capables de se reproduire plusieurs fois in vitro bien que présentant dans la nature un phénotype ne se reproduisant qu'une fois avant de mourir<ref name=Thorp2011/>.

Certaines espèces sont « spécialistes », c'est-à-dire qu'elle ne parasitent qu'une seule espèce-proie ([[tortue d'eau]], [[oiseau aquatique]], [[poisson]]), alors que d'autres sont « opportunistes » (parasitant ou mangeant des vers, [[escargots]] aquatiques, poissons, mammifères, etc.).

== Physiologie ==
Comme les oligochètes tels que les vers de terre, les sangsues ont un [[clitellum]], sont hermaphrodites, respirent par la [[peau]] et n'ont pas de cerveau centralisé, mais leur corps est plus dense (plus de tissus conjonctif) tout en étant plus élastique dans les {{nombre|3|dimensions}}. Il n'a pas de poils externes, il se termine par une ou deux ventouses (des organes de succion) qui l'aident dans ses déplacements, et leur segmentation externe ne reflète pas la segmentation interne de leurs organes.

Elles possèdent deux [[cœur]]s.

Beaucoup d'espèces se montrent très plastiques et capables de s'adapter à des modifications significatives de leur environnement (certaines espèces survivent ainsi jusqu'à {{nombre|60|jours}} en situation d'[[anoxie (biologie)|anoxie]]<ref name=Thorp2011/>) et comptent parmi les derniers organismes à survivre dans des cours d'eau très polluée (avec les [[tubifex]] et certains [[chironome]]s et quelques communautés dominées par des bactéries), tout en supportant l'extrême inverse (c'est-à-dire une eau sursaturée en oxygène)<ref name=Thorp2011/>. Elles sont considérés comme des [[Biomarqueur|marqueurs biologiques]] et [[bioindicateur]]s d'une mauvaise [[qualité de l'eau]]<ref name="Tuffery">Cf {{article|auteur1=G. Tuffery|auteur2=J. Verneaux|titre=Une méthode zoologique pratique de détermination de la qualité biologique des eaux courantes. Indices biotiques|lieu= Besançon |journal= Ann. Scient. Univ. de Besançon: Zoologie|numéro=3 | passage=79-90|année=1967}}.</ref>.

Beaucoup d'espèces supportent aussi une période d'exondation à condition que leur environnement soit néanmoins assez humide.

== Description, anatomie ==
[[File:Leech colony Andrazza.JPG|thumb|left|Les larves de certains insectes peuvent être confondues avec des sangsues ; ici, il s'agit de larve de simulies (''[[Simulium]]'' sp.) et non de sangsues]]
[[File:PSM V17 D495 The medicinal leech.jpg|thumb|160px|Sangsue et son système nerveux]]
[[File:LeechEyes.png|thumb|120px|Le nombre, la taille et la position des yeux font partie des critères d'identification des genres et espèces.]]
[[File:Blutegelmeyer.jpg|thumb|Bouche et sucoir]]
[[File:Leech (26 2 29) Cross-section of leech (Hirudinea).jpg|thumb|Coupe transversale d'une sangsue]]
[[File:Egel als Schneckenparasit 04.JPG|thumb|Sangsue attaquant une [[limace]]]]

Le corps d'une sangsue au repos est aplati dorso-ventralement, de forme ovale ou allongée selon son niveau de contraction.
Il est très élastique et très flexible (ce qui en fait un modèle intéressant pour la [[biomimétique]]).
Les seuls organes habituellement visibles de l'extérieur sont la ventouse antérieure, contenant l'ouverture de la bouche, et parfois la ventouse postérieure, servant à la fixation (certaines espèces sont pourvues d'une ventouse à chaque extrémité du corps).

* '''Segmentation''' : Le corps des sangsues est segmenté en plusieurs dizaines d'anneaux (ou segments)
* '''Taille''' : Certaines peuvent mesurer jusqu'à {{unité|20|cm}} et peser jusqu'à {{unité|30|g}}.
* '''Couleur''' : Les larves sont translucides ou claires, mais les adultes sont très rarement d'une couleur uniforme ; <br />Comme le note Elie Ebrard en 1867 Certaines présentent {{Citation|sur le dos et d'arrière en avant deux ou trois séries de taches isolées ou réunies par des traits transverses, plus souvent par des traits dans le sens de la longueur, de couleur jaune, orangée ou noire... D'autres sont parcourues sur le milieu du dos par une ligne longitudinale d'une nuance plus claire ou d'une couleur différente. Le plus souvent les côtés du dos montrent une, deux ou trois bandes de forme droite, ondulée ou en chaînette; elles sont jaunes, vertes, fauves, rouges, noires ou brunes, d'une seule couleur ou marquées de taches ordinairement noires, irrégulières, carrées, triangulaires, deltoïdes, etc. Tous ces signes se combinent de diverses manières}}<ref name=Ebrard1867>Ebrard, E. (1857) ''[https://books.google.fr/books?id=GmE9AAAAYAAJ&dq=sangsue+de+hongrie&lr=&hl=fr&output=text&source=gbs_navlinks_s Nouvelle monographie des sangsues médicinales : description, classification, nutrition]'' (avec 12 planches et 104 figures, dont 90 colorées par le procédé de la {{Citation|lithochromie}})... Ed : JB Baillière & fils.</ref>. <br />De plus, leur peau (qu'on a parfois comparé à celle du caméléon) {{Citation|change de couleur et de dessin selon le milieu ambiant et la position en laquelle on les regarde. Ainsi, le dos d'une sangsue obscure- des départements du Calvados et de la Manche, variété dite bâtarde claire ou blonde (v. fig. 47 et 48), parait ordinairement d'un brun noirâtre et uniforme quand l'annélide est hors de l'eau et contractée; d'un gris jaunâtre ou blonde avec six bandes dorsales quand elle est hors de l'eau, au grand jour et allongée; jaunâtre avec un léger reflet vert lorsqu'on la regarde dans l'eau et à une vive lumière}}<ref name=Ebrard1867/><br />Le {{Dr}} Elie Ebrard observe des formes rosées, qu'il dénomme variétés carnea et pallida qui apparaissent de manière accidentelle ou temporaire chez des espèces différentes, phénomènes qui coïncident dit-il ''{{Citation|avec une décoloration des tissus, avec un changement dans la couleur ordinaire du sang renfermé dans le vaisseau ventral}}''<ref name=Ebrard1867/>. Certaines sangsues savent nager.

== Cycle de vie, reproduction ==
Les sangsues sont [[Hermaphrodisme|hermaphrodites]], c'est-à-dire qu'elles sont à la fois mâles et à la fois femelles<ref name="bestioles herma" />. Les sangsues ne peuvent néanmoins pas s'autoféconder.

Leurs organes sexuels externes sont tous deux situés sur la ligne médiane de l'abdomen, à peu de distance de la tête. L'organe mâle est positionné le plus en avant. La zone des segments portant ces organes est dite « ''ceinture'' ».

Le pénis quand il fait saillie a la forme d'un fil de couleur claire ({{nombre|8|mm}} environ chez la sangsue médicinale), qui émerge du corps en traversant un fourreau<ref name=Ebrard1867/>. Il est relié via un cordon spermatique à de nombreux [[testicule]]s (dix-huit, neuf de chaque côté chez la sangsue médicinale). Selon Ebrard, l'immersion de l'annélide dans du vinaigre ou de l'eau chaude fait apparaitre le pénis et fait légèrement gonfler le contour de l'orifice vaginal, sinon ce dernier est inapparent (hormis lors des premier moments suivant l'accouplement ou la pose d'un cocon)<ref name=Ebrard1867/>.

Plusieurs auteurs ont déduit de leurs observation que lors d'un accouplement de sangsues médicinales, un seul individu est fécondé, qui ensuite déposera seul un cocon (on n'a pas observé de cocons déposés sans un intervalle d'au moins {{heure|24}} selon E. Ebrard<ref name=Ebrard1867/> qui ajoute qu'un cocon peut être déposé par un individu isolé jusqu'à dix mois après sa fécondation).

La plupart des espèces secrète un [[cocon]] protecteur en même temps que les œufs.
Ce cocon est fixé à une surface dure<ref>[http://nature.ca/notebooks/francais/sangsue.htm Sangsues], page du site Web du Musée canadien de la nature, consulté 2015-06-27</ref>.

Quelques espèces de sangsues fixent leurs œufs (gros et à [[vitellus]] abondant), directement sur leur face ventrale et protègent les embryons et les larves avec leur corps. D'autres encore forment des cocons qu’elles transportent et protègent de leur corps jusqu’à l’éclosion puis les jeunes restent fixés plusieurs semaines sous le corps du parent jusqu’à ce qu’ils soient autonomes.

L'[[ocytocine]] et/ou une substance apparentée trouvées chez plusieurs espèces de sangsues<ref>M. Verger-Bocquet, M. Salzet, C. Wattez et J. Malecha (1991). ''Mise en évidence et caractérisation d'une substance apparentée à l'ocytocine dans les cellules surnuméraires des ganglions génitaux de la sangsue Erpobdella octoculata''. Comptes rendus de l'Académie des sciences. Série 3, Sciences de la vie, 313(7), p. 307-310 ([http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=4987360 résumé]).</ref> semblent jouer un rôle dans le cycle de la reproduction de ces espèces<ref>J. Malecha, M. Verger-Bocquet, A. Leprêtre et G. Tramu (1989). ''Mise en évidence d'une action des anticorps anti-ocytocine sur les échanges d'eau chez la sangsue Theromyzon tessulatum (OFM)''. Comptes rendus de l'Académie des sciences. Série 3, Sciences de la vie, 309(4), p. 127-130 ([http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=7248999 résumé])</ref>.

== Pullulation ==
Les sangsues sont localement très communes et nombreuses en zones tropicales, plus rarement en zone tempérée.

On signale parfois des densités inhabituelles de sangsues, comme dans le [[lac des Dagueys]] à [[Libourne]] en 2010 (lac où était prévu avant 2012 un pôle nautique devant accueillir des compétitions nationales et internationales d'aviron, qui a été interdit à la baignade en 2010 à la suite d'une pullulation d'une petite sangsue de l'espèce ''[[Helobdella stagnalis]]'', espèce qui a aussi été signalée pullulant dans le [[lac de Tibériade]] en Israël<ref>{{article|auteur=Jean-François Harribey|titre=Libourne : Les sangsues prolifèrent, la plage restera fermée|périodique=Sud-Ouest.fr|date=10 août 2010|url=http://www.sudouest.fr/2010/08/10/les-sangsues-proliferent-la-plage-restera-fermee-157675-2966.php}}</ref>).

== Utilisations ==
{{Article détaillé|hirudiniculture|hirudothérapie}}
Elles étaient collectées ou [[Hirudiniculture|cultivées]] autrefois pour effectuer des [[saignée (médecine)|saignées]], mais sont également utilisées aujourd'hui pour [[Hirudothérapie|drainer le sang]] de régions du corps où le [[Circulation sanguine|retour sanguin]] s'effectue mal.

Des sangsues ont été utilisées pour prévoir le temps, via notamment un [[baromètre à sangsues]], sans succès durable.

== Description ==
Les sangsues sont attirées par le mouvement, la chaleur et le dioxyde de carbone émis par leurs proies<ref>{{lien web|titre=Les forêts tropicales: La couche inférieure|site=mongabay.com|url=http://fr.mongabay.com/rainforests/0509.htm|consulté le=6 janvier 2013}}</ref>.

== Populations ==
Les sangsues d'intérêt médicinal sont protégées dans de nombreux pays à cause de leur diminution, liée à la destruction de leur habitat et à la pollution.

Jusqu’à la fin du {{XIXe siècle}}, plus de cinquante millions de sangsues médicinales peuplaient les mares et les étangs [[France|français]].
Pour les récolter, les gens entraient dans les marais avec des cuissardes et un bâton. Ils frappaient l'eau violemment, ce qui attire les sangsues qui s'accrochaient aux jambières ou nageaient à la surface<ref>{{Ouvrage|auteur=Jacques Luquet|titre=La chasse dans le sud-ouest autrefois|éditeur=Sud-Ouest|année=2013|pages totales=189}}</ref>. Un autre moyen était de faire descendre des animaux (ânes par exemple) dans l'eau et de récolter sur eux les sangsues qu'ils attiraient. <br />Aujourd'hui, il en existe très peu en France à l'état sauvage (notamment dans le massif central, en Lozère et la région d'Île-de-France à Brunoy). L'assèchement des marais a fait énormément de tort à l'espèce. La pollution — engrais, pesticides et herbicides — a fini de l'achever.

Quatre entreprises dans le monde (Russie, France, Allemagne et [[Pays de Galles]]) font encore l'élevage de quelques espèces à des fins médicinales ; c'est l'[[hirudiniculture]].

Une nouvelle espèce (transcaucasienne) en a été décrite en [[2005]], qui correspond à ce qu'on avait jusqu'ici considéré comme une variété orientalis de la [[Sangsues médicinales|sangsue médicinale]]<ref>{{article|auteurs=S.Y. Utevsky et P. Trontelj|titre=A new species of the medicinal leech (Oligochaeta, Hirudinida, Hirudo) from Transcaucasia and an identification key for the genus ''Hirudo''|revue=Parasitology Research|date=2005|vol=98|passage=61–66|url=http://web.bf.uni-lj.si/bi/zoologija/peter_trontelj/PDFs/Parasitol-Res05.pdf|format=pdf}}</ref>.

== Utilisation médicinale ==
{{Article détaillé|Hirudo medicinalis|hirudothérapie}}
Parmi les 650 espèces de sangsues existantes, la sangsue médicinale (''Hirudo medicinalis'') est une véritable alliée pour la santé humaine. Les propriétés [[anticoagulant]]es, [[anti-inflammatoire]]s, [[Vasodilatateur|vasodilatatrices]] et [[Anesthésie|anesthésiques]] de sa salive sont utilisées dans différents domaines de la médecine dont récemment pour soigner des problèmes d'[[arthrose]] et [[ostéoarthrite|ostéo-arthritiques]]<ref name="teut">{{article|langue=en|auteur=M. Teut & A. Warning|année=2008|titre=Leeches, phytotherapy and physiotherapy in osteo-arthrosis of the knee—a geriatric case study|journal=Forsch Komplementmed|volume=15|numéro=5|pages=269–72|doi=10.1159/000158875|pmid=19001824|nom2=Warning}}</ref>{{,}}<ref>{{article|langue=en|pmid=12233807 |année=2002 |auteur1=A. Michalsen|auteur2=S. Moebus|auteur3=G. Spahn|auteur4=T. Esch|auteur5=J. Langhorst|auteur6=G.J. Dobos|titre=Leech therapy for symptomatic treatment of knee osteoarthritis: Results and implications of a pilot study |volume=8 |numéro=5 |pages=84–8 |journal=Alternative therapies in health and medicine}}</ref>{{,}}<ref>M.C. Hochberg (2003) ''Multidisciplinary integrative approach to treating knee pain in patients with osteoarthritis''. Ann Intern Med, novembre 2003 4;139(9):781-3.</ref>{{,}}<ref>{{article|auteurs=A. Michalsen, S. Klotz, R. Lüdtke, S. Moebus, G. Spahn, G.J. Dobos|titre=Effectiveness of leech therapy in osteoarthritis of the knee|sous-titre=a randomized, controlled trial|revue=Ann Intern Med|date=nov. 2003|vol=139|no=9|passage=724-730|url=http://www.hirumed.ch/Dateien/michalsenosteoarthritis.pdf|format=pdf}}</ref>.

== Se défaire d'une sangsue ==
[[Fichier:Hirudo medicinalis anatomy by Syme.png|thumb|dessin en coupe d'une sangsue]]
Il est déconseillé d'enlever une sangsue en appliquant du sel, de l'antimoustique, en la brûlant ou en tirant dessus. En effet, la sangsue risque d'être abîmée, d'en souffrir et de régurgiter dans la plaie en causant des infections.

La méthode la plus sûre est la suivante<ref name="wild madagascar">{{en}} [http://www.wildmadagascar.org/overview/leeches.html ''How to remove a leech'']</ref> :
# Placer un ongle sur sa peau, juste à côté de la bouche de la sangsue (l'extrémité la plus fine).
# Glisser doucement mais fermement l'ongle vers la bouche pour la détacher. Elle cherchera à se recoller. Si elle y parvient, elle ne recommencera toutefois pas à sucer le sang tout de suite, on peut facilement la redécoller.
# Détacher enfin la queue (la partie large)

Si la plaie saigne abondamment, cela est dû seulement à l’anticoagulant que l’animal a injecté. Par la suite, la plaie peut démanger pendant un certain temps mais il ne faut surtout pas la gratter, afin d'éviter les infections.

Si l'on n'a rien pour enlever la sangsue, on peut la laisser tranquille et supporter l'inconfort le temps qu'elle soit rassasiée et lâche prise d'elle-même (de {{nombre|30|min}} à {{heure|24}}, selon sa voracité et les régions du monde). Cependant, il est généralement préférable de s'en débarrasser rapidement.

== Dangerosité pour l'homme ==
Il arrive parfois que les sangsues (en particulier les ''[[Dinobdella ferox]]'') s'introduisent dans les orifices naturels comme la bouche, le nez, l'oreille, le vagin ou le pénis. Cette situation (l'[[hirudiniase]]) peut s'avérer très dangereuse car la sangsue obstrue progressivement les voies respiratoires en se gonflant de sang. Elle peut également provoquer des hémorragies. Un médecin doit être consulté mais en cas d'urgence, on peut se gargariser avec de l'alcool fort (vodka, whisky, etc.) ou dans les cas extrêmes, percer la sangsue<ref name="wild madagascar" />.

Les sangsues ne transmettent pas de parasites nuisibles pour l'homme. Leur estomac peut toutefois renfermer des bactéries susceptibles d'infecter la plaie si on retire brutalement le parasite. Des allergies peuvent par ailleurs se produire<ref>{{en}} [http://www.amonline.net.au/factsheets/leeches.htm ''Leeches'']</ref>.

== Classification ==
Selon {{Bioref|WRMS|29 octobre 2015}} :
Selon {{Bioref|WRMS|29 octobre 2015}} :
* infra-classe [[Acanthobdellidea]] <small>Livanow, 1905</small>
* infra-classe [[Acanthobdellidea]] <small>Livanow, 1905</small>
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*** famille [[Piscicolidae]] <small>(Johnston, 1865. Revised)</small>
*** famille [[Piscicolidae]] <small>(Johnston, 1865. Revised)</small>


=== Arbre phylogénétique ===
L'[[arbre phylogénétique]] des sangsues et de leurs parents annélides est basé sur l'analyse moléculaire (2019) des séquences d'ADN. Les anciennes classes " [[Polychaeta]] " (vers marins hérissés) et " [[Oligochaeta]] " (comprenant les [[vers de terre]]) sont [[paraphyléte|paraphylétiques]] : dans chaque cas, les groupes complets ([[clade]]s) incluraient tous les autres groupes indiqués ci-dessous dans l'arbre. Les [[Branchiobdellida]] sont sœurs du clade des sangsues<ref name="Phillips Dornburg 2019">{{Article |langue=en |nom1=Phillips |prénom1=Anna J. |nom2=Dornburg |prénom2=Alex |nom3=Zapfe |prénom3=Katerina L. |nom4=Anderson |nom4=Frank E. |nom5=James |prénom5=Samuel W. |nom6=Erséus |prénom6=Christer |nom7=Moriarty Lemmon |prénom7=Emily |nom8=Lemmon |prénom8=Alan R. |nom9=Williams |prénom9=Bronwyn W. |titre=Phylogenomic Analysis of a Putative Missing Link Sparks Reinterpretation of Leech Evolution |journal=Genome Biology and Evolution |volume=11 |numéro=7 |année=2019 |pages=1712–1722|issn=1759-6653 |doi=10.1093/gbe/evz120|pmid=31214691 |pmc=6598468 }}</ref>.
L'[[arbre phylogénétique]] des sangsues et de leurs parents annélides est basé sur l'analyse moléculaire (2019) des séquences d'ADN. Les anciennes classes ''[[Polychaeta]]'' (vers marins hérissés) et ''[[Oligochaeta]]'' (comprenant les [[vers de terre]]) sont [[paraphyléte|paraphylétiques]] : dans chaque cas, les groupes complets ([[clade]]s) incluraient tous les autres groupes indiqués ci-dessous dans l'arbre. Les [[Branchiobdellida]] sont sœurs du clade des sangsues<ref name="Phillips Dornburg 2019">{{Article |langue=en |nom1=Phillips |prénom1=Anna J. |nom2=Dornburg |prénom2=Alex |nom3=Zapfe |prénom3=Katerina L. |nom4=Anderson |prénom4=Frank E. |nom5=James |prénom5=Samuel W. |nom6=Erséus |prénom6=Christer |nom7=Moriarty Lemmon |prénom7=Emily |nom8=Lemmon |prénom8=Alan R. |nom9=Williams |prénom9=Bronwyn W. |titre=Phylogenomic Analysis of a Putative Missing Link Sparks Reinterpretation of Leech Evolution |journal=Genome Biology and Evolution |volume=11 |numéro=7 |année=2019 |pages=1712–1722|issn=1759-6653 |doi=10.1093/gbe/evz120|pmid=31214691 |pmc=6598468 }}</ref>.


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=== Différents ordres d'Achètes ===
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==== L'ordre des [[Acanthobdelliformes]] ====
Dans cet ordre, on ne trouve qu'une seule [[espèce]] : ''[[Acanthobdella peledina]]''. Cette sangsue est [[parasitisme|parasite]] de [[poisson]]s [[salmonidae|salmonidés]] ([[truite]]s, [[saumon]]s) du [[lac Baïkal]]. Cette espèce possède des caractères communs avec les [[oligochaeta|oligochètes]], comme la présence de soies sur le corps et l’absence de ventouse antérieure.

==== L'ordre des [[Rhynchobdelliformes]] ====
* Les "''[[Rhynchobdellida]]''" constituent un groupe ([[paraphylétie|paraphylétique]]) de sangsues aquatiques sans mâchoire, à trompe dévaginable (un proboscis musculaire en forme de paille perforant un organe dans une gaine rétractable). Rhynchobdellida était composée de deux familles :
** Les [[glossiphoniidae]] sont des sangsues d'eau douce aplaties, parasitant principalement de mollusques ou d’amphibiens et les vertébrés tels que les tortues, et capables de transporter leurs petits sous leur corps ([[comportement maternel]] unique parmi les [[annélides]])<ref>{{lien web |langue=en |nom1=Siddall |prénom1=Mark E. |titre=Glossiphoniidae |url=http://research.amnh.org/~siddall/mes/leech/glossiphoniidae.html |éditeur=[[American Museum of Natural History]] |consulté le=1 mai 2018 |date=1998}}</ref>.
** Les [[Piscicolidae ]]sont des ectoparasites de poissons marins ou d'eau douce, avec des corps cylindriques et des ventouses antérieures généralement bien marquées, en forme de cloche<ref name="Meyer1940">{{article |langue=en |nom1=Meyer |prénom1=Marvin C. |titre=A Revision of the Leeches (Piscicolidae) Living on Fresh-Water Fishes of North America |journal=[[Transactions of the American Microscopical Society]] |date=Juillet 1940 |volume=59 |numéro=3 |pages=354–376 |jstor=3222552 |doi=10.2307/3222552 }}</ref>.

* Les "''[[Arhynchobdellida]]''" sont dépourvues de trompe et peuvent (ou non) avoir des mâchoires agrémentées de dents. Les ''Arhynchobellides'' sont divisés en deux sous-groupes :
** Les ''[[Hirudiniformes]]'' sont des sangsues à mâchoires dentées, dont ''[[Hirudo medicinalis]]'', la sangsue médicinale européenne, qui se nourrit de sang . Dans cet ordre, les ''[[Hirudidae]]'' sont aquatiques et les ''[[Haemadipsidae]]'' sont terrestres et se nourrissent principalement de sang, y compris la sangsue indienne ''[[Haemadipsa sylvestris]]'' et la sangsue de montagne japonaise ''[[Haemadipsa zeylanica]]''<ref name="Fogden"/>{{,}}<ref name=Sawyer>{{ouvrage |langue=en |nom=Sawyer |prénom=Roy |titre=Neurobiology of the Leech |éditeur1=Kenneth Muller |éditeur2=Nicholls John |éditeur3=Stent Gunther |édition=[[Cold Spring Harbor Laboratory Press|Cold Spring Harbor Laboratory]] |année=1981 |isbn=978-0-87969-146-2 |pages=7–26 }}</ref>.
** Les ''[[Erpobdelliformes]]'' sont des sangsues vermiformes d'eau douce (ex : ''[[Erpobdellidae]]'') ou amphibies. Carnivores elles sont dotées d'une bouche relativement grande et édentée, capable d'avaler entiers des mollusques, des larves d'insectes ou d'autres vers annélidés. Le genre ''[[Pharyngobdella]]'' possède six à huit paires d'yeux tandis que le genre ''[[Gnathobdella]]'' en a cinq paires<ref>{{article|nom1=Oceguera |prénom1=A. |nom2=Leon |prénom2=V. |nom3=Siddall |prénom3=M. |titre=Phylogeny and revision of Erpobdelliformes (Annelida, Arhynchobdellida) from Mexico based on nuclear and mitochondrial gene sequences |journal=Revista Mexicana de Biodiversidad |date=2005 |volume=76 |numéro=2 |pages=191–198 |url=http://www.ejournal.unam.mx/bio/BIOD76-02/BIOD760204.pdf |consulté le=2018-05-01 |archive-url=https://web.archive.org/web/20150616154535/http://www.ejournal.unam.mx/bio/BIOD76-02/BIOD760204.pdf |archive-date=2015-06-16 }}</ref>.

==== L'ordre des [[Gnathobdelliformes]] ====
Cet ordre regroupe des sangsues aquatiques ou terrestres présentant trois mâchoires dentées au niveau du pharynx. On y retrouve notamment la sangsue officinale ''[[Hirudo officinalis]]''.

==== L'ordre des [[Pharyngobdelliformes]] ====
Ces individus sont d'eau douce ou terrestres de milieux humides. Ils sont presque tous prédateurs. Leur pharynx est long, sans mâchoire.

=== Origine évolutive ===
[[Fichier:Probable_leech_from_the_Waukesha_Biota.jpg|thumb|upright=0.7|Fossile d'une possible sangsue ayant vécu au [[Silurien]] ([[Wisconsin]]).]]
Le groupe d'[[annélides]] le plus ancien est celui des [[polychète]]s libres qui a évolué au [[Cambrien]], abondant dans les [[schistes de Burgess]] il y a environ 500 millions d'années. Les [[oligochète]]s ont évolué à partir des [[polychète]]s et les sangsues se sont ramifiées à partir des [[oligochète]]s. Les oligochètes et les sangsues ne se fossilisent pas bien du fait qu'ils sont dépourvus de parties dures<ref>{{ouvrage |langue=en |nom1=Margulis |prénom1=Lynn |nom2=Chapman |prénom2=Michael J. |titre=Kingdoms and Domains: An Illustrated Guide to the Phyla of Life on Earth |url=https://books.google.com/books?id=9IWaqAOGyt4C&pg=PA308 |année=2009 |édition=[[Academic Press]] |isbn=978-0-08-092014-6 |page=308}}</ref>. Les premiers fossiles de sangsue connus datent de la période du [[jurassique]], soit il y a environ 150 millions d'années, mais un fossile avec des anneaux externes, trouvé dans les années 1980 dans le [[Wisconsin]], avec ce qui semble être une grosse [[ventouse]], pourrait étendre l'histoire évolutive du groupe jusqu'au [[Silurien]], il y a environ 437 millions d'années<ref name=Thorp>{{ouvrage |langue=en |nom1=Thorp |prénom1=James H. |nom2=Covich |prénom2=Alan P. |titre=Ecology and Classification of North American Freshwater Invertebrates |url=https://books.google.com/books?id=aj2ZMSekmHEC&pg=PA466 |année=2001 |édition=[[Academic Press]] |isbn=978-0-12-690647-9 |page=466}}</ref>{{,}}<ref>{{article |langue=en |nom1=Mikulic |prénom1=D. G. |nom2=Briggs |prénom2=D. E. G. |nom3=Kluessendorf |prénom3=J. |année=1985 |titre=A new exceptionally preserved biota from the Lower Silurian of Wisconsin, U.S.A. |journal=[[Philosophical Transactions of the Royal Society B|Philosophical Transactions of the Royal Society of London B ]] |volume=311 |numéro=1148 |pages=75–85 |doi=10.1098/rstb.1985.0140 }}</ref>.

=== Espèces ===
Parmi les espèces remarquables de sangsue, on peut citer :
* ''[[Macrobdella decora]]'', une sangsue d'eau douce ;
* la [[sangsue verruqueuse]] (''Pontobdella muricata''), une sangsue d'eau marine ;
* la [[sangsue médicinale]] européenne (''Hirudo medicinalis''), qui suce le [[sang]] des [[mammifère]]s et est élevée pour des besoins médicaux.
* la sangsue médicinale méditerranéenne ''[[Hirudo verbena]]'', également suceuse de sang de mammifères, également élevée, ayant les mêmes vertus que la précédente et souvent confondue avec elle<ref>Revue ''La Recherche'', {{n°|409}} de juin 2007, {{p.|98}}</ref> ;
* la grande sangsue de l'Inde ou sangsue nasale ''[[Dinobdella ferox]]'' (littéralement la « sangsue féroce »), suçant le sang des mammifères en s'introduisant en particulier dans leur nez ;
* la petite sangsue ''[[Ozobranchus jantseanus]]'', tétant le sang de tortues asiatiques [[Mauremys japonica]] et [[Mauremys reevesii]] et de l'envahissante [[tortue de Floride]], a stupéfié des chercheurs japonais : plongés 24 heures durant dans de l'azote liquide, soit à {{unité|-196|°C}}, cinq animaux de cette espèce en sont ressortis cryogénisés mais après passage dans de l'eau à température ambiante, tous ont repris vie<ref>{{article|auteur=Pierre Barthélémy|titre=Une sangsue survit 24 heures à – 196°C, dans de l’azote liquide|périodique=[[Le Monde]].fr|date=5 février 2014|url=http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2014/02/05/une-sangsue-survit-24-heures-a-196c-dans-de-lazote-liquide/}}</ref> !


{{clr}}
<gallery style="text-align:center;" mode="packed" caption="Quelques espèces remarquables de sangsues">
Fichier:Macrobdella decora (I1994) 0420 (42233396575).jpg|alt=|[[Macrobdella decora]] ([[Hirudinidae]]), une sangsue d'eau douce
Fichier:Pontobdella muricata.jpg|alt=|[[Sangsue verruqueuse]] Pontobdella muricata, une sangsue d'eau de mer ([[Piscicolidae]])
Fichier:Hirudoterapia.jpg|alt=|[[Sangsue médicinale]] Hirudo medicinalis ([[Hirudinidae]])
Fichier:Hirudo medicinalis.jpg|''[[Hirudo medicinalis]]'' ([[Hirudinidae]]), une sangsue médicinale d'[[Europe]]
Fichier:Hirudo verbana2.jpg|alt=|[[Hirudo verbana]] ([[Hirudinidae]]), une sangsue médicinale de [[Méditerranée]]
Fichier:Leech on a dog.png|alt=|Grande sangsue de l'Inde ou sangsue nasale [[Dinobdella ferox]] ([[Hirudinidae]])
Fichier:Ozobranchus jantseanus cropped.jpg|''[[Ozobranchus jantseanus]]'' ([[Ozobranchidae]])
Fichier:Haemadipsa zeylanica japonica.jpg|''[[Haemadipsa zeylanica]]'' ([[Hirudinidae]]), une sangsue terrestre trouvée dans les montagnes du [[Japon]]
Fichier:Parasite180056-fig1 Placobdelloides siamensis (Glossiphoniidae).png|''[[Placobdelloides siamensis]]'', un parasite des tortues en [[Thaïlande]]
Fichier:Acanthobdella 001.png|Dessin d'''[[Acanthobdella]] sp.'' ([[Acanthobdellidea]])
Fichier:Acanthobdella 001.png|Dessin d'''[[Acanthobdella]] sp.'' ([[Acanthobdellidea]])
Fichier:Americobdella.jpg|''[[Americobdella valdiviana]]'' ([[Americobdellidae]])
Fichier:Americobdella.jpg|''[[Americobdella valdiviana]]'' ([[Americobdellidae]])
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Fichier:Haemadipsa picta, the Tiger Leech (13177093114).jpg|''[[Haemadipsa picta]]'' ([[Haemadipsidae]])
Fichier:Haemadipsa picta, the Tiger Leech (13177093114).jpg|''[[Haemadipsa picta]]'' ([[Haemadipsidae]])
Fichier:Leech Whitmania pigra.JPG|''[[Whitmania pigra]]'' ([[Haemopidae]])
Fichier:Leech Whitmania pigra.JPG|''[[Whitmania pigra]]'' ([[Haemopidae]])
Fichier:Hirudo medicinalis.jpg|''[[Hirudo medicinalis]]'' ([[Hirudinidae]])
Fichier:Barbronia weberi.jpg|''[[Barbronia weberi]]'' ([[Salifidae]])
Fichier:Barbronia weberi.jpg|''[[Barbronia weberi]]'' ([[Salifidae]])
Fichier:Xerobdella lecomtei.jpg|''[[Xerobdella lecomtei]]'' ([[Xerobdellidae]])
Fichier:Xerobdella lecomtei.jpg|''[[Xerobdella lecomtei]]'' ([[Xerobdellidae]])
Fichier:Europäischer-Platt-Egel cropped.jpg|''[[Helobdella europaea]]'' ([[Glossiphoniidae]])
Fichier:Europäischer-Platt-Egel cropped.jpg|''[[Helobdella europaea]]'' ([[Glossiphoniidae]])
Fichier:Ozobranchus jantseanus cropped.jpg|''[[Ozobranchus jantseanus]]'' ([[Ozobranchidae]])
Fichier:CystobranchisRespirans.JPG|''[[Cystobranchis respirans]]'' ([[Piscicolidae]])
Fichier:CystobranchisRespirans.JPG|''[[Cystobranchis respirans]]'' ([[Piscicolidae]])
Fichier:Orobdella masaakikuroiwai 32588 (1).jpg|''[[Orobdella masaakikuroiwai]]'' ([[Orobdellidae]])
Fichier:Orobdella masaakikuroiwai 32588 (1).jpg|''[[Orobdella masaakikuroiwai]]'' ([[Orobdellidae]])
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== Habitat ==
=== Différents ordres d'Achètes ===
La majorité des sangsues d'eau douce vivent dans les zones peu profondes et végétalisées au bord des étangs et des lacs, ou dans les marais et les eaux stagnantes des ruisseaux lents. Très peu d'espèces tolèrent une eau à courant rapide. Dans leurs habitats préférés, elles peuvent se reproduire jusqu'à des densités très élevées, avec plus de 10 000 individus par mètre carré enregistrés sous des pierres plates en [[Illinois]]. Certaines espèces entrent dans une période d'activité ralentie durant la [[saison sèche]] et peuvent alors perdre jusqu'à 90% de leur poids corporel<ref name=Ruppert/>.


== Alimentation ==
==== L'ordre des Acanthobdelliformes ====
Plus de la moitié des espèces sont hématophages, c'est-à-dire qu'elles se nourrissent de [[sang]] (''héma''to signifie « sang » et ''phage'' signifie « manger »), mais les autres espèces de sangsues sont des prédateurs carnivores d'autres invertébrés, ou consomment simplement les tissus mous de leurs proies ou d'autres aliments. Pour boire le sang, la sangsue s'accroche sur sa proie en suçant sa peau. Elle fait une petite morsure et y injecte sa salive. Sa salive a la fonctionnalité d'empêcher le sang de [[Coagulation sanguine|coaguler]], ce qui lui permet de boire le sang pendant un bon moment<ref name="bestioles herma">{{Lien web|titre=La sangsue est un animal hermaphrodite|url=http://www.bestioles.ca/invertebres/sangsues.html|site=www.bestioles.ca|consulté le=2016-09-18}}</ref>. <gallery caption="Sangsue de montagne japonaise Haemadipsa zeylanica, une espèce se nourrissant de sang">
Dans cet ordre, on ne trouve qu'une seule [[espèce]] : ''[[Acanthobdella peledina]]''. Cette sangsue est [[parasitisme|parasite]] de [[poisson]]s [[salmonidae|salmonidés]] ([[truite]]s, [[saumon]]s) du [[lac Baïkal]]. Cette espèce possède des caractères communs avec les [[oligochaeta|oligochètes]], comme la présence de soies sur le corps et l’absence de ventouse antérieure.
Fichier:Land Leech (Haemadipsa zeylanica) - Khao Yai NP, Thailand.jpg|Une puissance morsure capable de transpercer un ongle. [[Parc national de Khao Yai]], Thaïlande
Fichier:Feeding Leech (Haemadipsa zeylanica) - Taman Negara NP, Pahang, Malaysia.jpg|Pendant le repas, collée sur la peau et suçant le sang, [[parc national de Taman Negara]], Malaisie péninsulaire
Fichier:Land Leech (Haemadipsa zeylanica) after a copious meal - Taman Negara NP, Pahang, Malaysia.jpg|Après le repas, gorgée de sang, [[parc national de Taman Negara]], Malaisie péninsulaire
</gallery>[[Image:Helobdella 2013 000.jpg|thumb|Sangsue [[Helobdella]] gorgée de sang]]


Ainsi sur {{nombre|73|espèces}} de sangsues connues en Amérique du Nord, la plupart se nourrissent de chironomidés, [[Oligochaeta|oligochètes]], [[Amphipoda|amphipodes]] et [[Mollusca|mollusques]]. Leurs larves sont supposées toutes se nourrir de [[zooplancton]], certaines de manière spécialisée (ex : ''[[Motobdella montezuma]]'' s'est spécialisée dans le parasitage d'amphipodes planctoniques qu'elle détecte par des capteurs mécanoperceptifs)<ref name=Thorp2011>James H. Thorp et Alan P. Covich (2011) ''Ecology and Classification of North American Freshwater Invertebrates'' Academic Press, 11 mai 2001 ; 1056 pages (voir chap 13 : ''Annelida'')</ref>.[[File:Egel als Schneckenparasit 04.JPG|thumb|Sangsue attaquant une [[limace]]]]
==== L'ordre des Rhyncobdelliformes ====
Cet ordre regroupe les sangsues à trompe dévaginable. Toutes les formes sont aquatiques. On peut distinguer deux familles. La famille des Glossiphoniidés comprend des espèces, toutes parasites de mollusques ou d’amphibiens. La seconde famille, celle des Pissicolidés comprend des individus parasites de poissons.


Les autres espèces sont ectoparasites temporaires et se nourrissent d'un repas de sang prélevé sur des poissons, tortues, amphibiens, crocodiliens, oiseaux d'eau, mammifère (dont humains à l'occasion)<ref name="Thorp2011" />. La plupart de ces espèces prédatrices grandissent en 2 ou {{nombre|3|étapes}}, chacune conditionnée à un repas de sang, et elles ne se reproduiront qu'une fois avant de mourir<ref name="Thorp2011" />. Mais au moins deux espèces nord-américaines se sont montrées capables de se reproduire plusieurs fois in vitro bien que présentant dans la nature un phénotype ne se reproduisant qu'une fois avant de mourir<ref name="Thorp2011" />.
==== L'ordre des Gnathobdelliformes ====
Cet ordre regroupe des sangsues aquatiques ou terrestres présentant trois mâchoires dentées au niveau du pharynx. On y trouve ''[[Hirudo officinalis]]''.


Certaines espèces sont « spécialistes », c'est-à-dire qu'elle ne parasitent qu'une seule espèce-proie ([[tortue d'eau]], [[oiseau aquatique]], [[poisson]]), alors que d'autres sont « opportunistes » (parasitant ou mangeant des vers, [[escargots]] aquatiques, poissons, mammifères, etc.). Ainsi la sangsue d'Asie du Sud-Est [[placebelloides siamensis]] est spécialisée et parasite les tortues d'eau [[emyde noire des marais]], [[Cuora amboinensis|tortue boîte de Malaisie]] et [[Heosemys annandalii|tortue des temples à tête jaune]], les tortues mangeuses d'escargots de [[Khorat]] [[malayemys khoratensis]], de [[Malaisie péninsulaire]] [[malayemys macrocephala]] et du [[Mékong]] [[malayemys subtrijuga]], la tortue [[cyclemys oldhamii]] et la [[tortue asiatique géante des marais]].
==== L'ordre des Pharyngobdelliformes ====
Ces individus sont d'eau douce ou terrestres de milieux humides. Ils sont presque tous prédateurs. Leur pharynx est long, sans mâchoire.


=== Espèces ===
== Physiologie ==
Comme les oligochètes tels que les vers de terre, les sangsues ont un [[clitellum]], sont hermaphrodites, respirent par la [[peau]] et n'ont pas de cerveau centralisé, mais leur corps est plus dense (plus de tissu conjonctif) tout en étant plus élastique dans les {{nombre|3|dimensions}}. Il n'a pas de poils externes, il se termine par une ou deux ventouses (des organes de succion) qui l'aident dans ses déplacements, et leur segmentation externe ne reflète pas la segmentation interne de leurs organes.
Il y a de nombreuses espèces de sangsue.

Parmi les plus connues, on peut citer :
Elles possèdent deux [[cœur]]s.
* ''[[Macrobdella decora]]''

* la sangsue marine (''[[Pontobdella muricata]]'') ;
Beaucoup d'espèces se montrent très plastiques et capables de s'adapter à des modifications significatives de leur environnement (certaines espèces survivent ainsi jusqu'à {{nombre|60|jours}} en situation d'[[anoxie (biologie)|anoxie]]<ref name="Thorp2011" />) et comptent parmi les derniers organismes à survivre dans des cours d'eau très pollués (avec les [[tubifex]], certains [[chironome]]s et quelques communautés dominées par des bactéries), tout en supportant l'extrême inverse (c'est-à-dire une eau sursaturée en oxygène)<ref name="Thorp2011" />. Elles sont considérés comme des [[Biomarqueur|marqueurs biologiques]] et [[bioindicateur]]s d'une mauvaise [[qualité de l'eau]]<ref name="Tuffery">Cf {{article|auteur1=G. Tuffery|auteur2=J. Verneaux|titre=Une méthode zoologique pratique de détermination de la qualité biologique des eaux courantes. Indices biotiques|lieu= Besançon |journal= Ann. Scient. Univ. de Besançon: Zoologie|numéro=3 | passage=79-90|année=1967}}.</ref>.
* la [[Hirudo medicinalis|Sangsue médicinale]] (''Hirudo medicinalis''), qui est suceuse de sang de mammifères et est élevée pour des besoins médicaux.

* Une autre sangsue médicinale est ''[[Hirudo verbena]]'', également suceuse de sang de mammifères, également élevée, ayant les mêmes vertus que la précédente et souvent confondue avec elle<ref>Revue ''La Recherche'', {{n°|409}} de juin 2007, {{p.|98}}</ref> ;
Beaucoup d'espèces supportent aussi une période d'exondation à condition que leur environnement soit néanmoins assez humide.
* ''[[Dinobdella ferox]]'' (littéralement la « sangsue féroce »).

* ''Ozobranchus jantseanus'', petite sangsue tétant le sang de tortues asiatiques, a stupéfait des chercheurs japonais : plongés 24 heures durant dans de l'azote liquide, soit à {{unité|-196|°C}}, cinq animaux de cette espèce en sont ressortis cryogénisés mais après passage dans de l'eau à température ambiante, tous ont repris vie<ref>{{article|auteur=Pierre Barthélémy|titre=Une sangsue survit 24 heures à – 196°C, dans de l’azote liquide|périodique=[[Le Monde]].fr|date=5 février 2014|url=http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2014/02/05/une-sangsue-survit-24-heures-a-196c-dans-de-lazote-liquide/}}</ref> !
== Description, anatomie ==
[[File:Blutegelmeyer.jpg|thumb|Bouche et suçoir]]
[[File:PSM V17 D495 The medicinal leech.jpg|thumb|160px|Sangsue et son système nerveux|gauche]]
[[File:Leech colony Andrazza.JPG|thumb|left|Les larves de certains insectes peuvent être confondues avec des sangsues ; ici, il s'agit de larve de simulies (''[[Simulium]]'' sp.) et non de sangsues]]
[[File:LeechEyes.png|thumb|120px|Le nombre, la taille et la position des yeux font partie des critères d'identification des genres et espèces.]]
[[File:Leech (26 2 29) Cross-section of leech (Hirudinea).jpg|thumb|Coupe transversale d'une sangsue]]Le corps d'une sangsue au repos est aplati dorso-ventralement, de forme ovale ou allongée selon son niveau de contraction.
Il est très élastique et très flexible (ce qui en fait un modèle intéressant pour la [[biomimétique]]).
Les seuls organes habituellement visibles de l'extérieur sont la ventouse antérieure, contenant l'ouverture de la bouche, et parfois la ventouse postérieure, servant à la fixation (certaines espèces sont pourvues d'une ventouse à chaque extrémité du corps).

* '''Segmentation''' : Le corps des sangsues est segmenté en plusieurs dizaines d'anneaux (ou segments)
* '''Taille''' : Certaines peuvent mesurer jusqu'à {{unité|20|cm}} et peser jusqu'à {{unité|30|g}}.
* '''Couleur''' : Les larves sont translucides ou claires, mais les adultes sont très rarement d'une couleur uniforme ; <br />Comme le note Elie Ebrard en 1867 Certaines présentent {{Citation|sur le dos et d'arrière en avant deux ou trois séries de taches isolées ou réunies par des traits transverses, plus souvent par des traits dans le sens de la longueur, de couleur jaune, orangée ou noire... D'autres sont parcourues sur le milieu du dos par une ligne longitudinale d'une nuance plus claire ou d'une couleur différente. Le plus souvent les côtés du dos montrent une, deux ou trois bandes de forme droite, ondulée ou en chaînette; elles sont jaunes, vertes, fauves, rouges, noires ou brunes, d'une seule couleur ou marquées de taches ordinairement noires, irrégulières, carrées, triangulaires, deltoïdes, etc. Tous ces signes se combinent de diverses manières}}<ref name=Ebrard1867>Ebrard, E. (1857) ''[https://books.google.fr/books?id=GmE9AAAAYAAJ&dq=sangsue+de+hongrie&lr=&hl=fr&output=text&source=gbs_navlinks_s Nouvelle monographie des sangsues médicinales : description, classification, nutrition]'' (avec 12 planches et 104 figures, dont 90 colorées par le procédé de la {{Citation|lithochromie}})... Ed : JB Baillière & fils.</ref>. <br />De plus, leur peau (qu'on a parfois comparé à celle du caméléon) {{Citation|change de couleur et de dessin selon le milieu ambiant et la position en laquelle on les regarde. Ainsi, le dos d'une sangsue obscure- des départements du Calvados et de la Manche, variété dite bâtarde claire ou blonde (v. fig. 47 et 48), parait ordinairement d'un brun noirâtre et uniforme quand l'annélide est hors de l'eau et contractée; d'un gris jaunâtre ou blonde avec six bandes dorsales quand elle est hors de l'eau, au grand jour et allongée; jaunâtre avec un léger reflet vert lorsqu'on la regarde dans l'eau et à une vive lumière}}<ref name=Ebrard1867/><br />Le {{Dr}} Elie Ebrard observe des formes rosées, qu'il dénomme variétés carnea et pallida qui apparaissent de manière accidentelle ou temporaire chez des espèces différentes, phénomènes qui coïncident dit-il ''{{Citation|avec une décoloration des tissus, avec un changement dans la couleur ordinaire du sang renfermé dans le vaisseau ventral}}''<ref name=Ebrard1867/>. Certaines sangsues savent nager.

== Cycle de vie, reproduction ==
Les sangsues sont [[Hermaphrodisme|hermaphrodites]], c'est-à-dire qu'elles sont à la fois mâles et à la fois femelles<ref name="bestioles herma" />. Les sangsues ne peuvent néanmoins pas s'autoféconder.

Leurs organes sexuels externes sont tous deux situés sur la ligne médiane de l'abdomen, à peu de distance de la tête. L'organe mâle est positionné le plus en avant. La zone des segments portant ces organes est dite « ''ceinture'' ».

Le pénis quand il fait saillie a la forme d'un fil de couleur claire ({{nombre|8|mm}} environ chez la sangsue médicinale), qui émerge du corps en traversant un fourreau<ref name=Ebrard1867/>. Il est relié via un cordon spermatique à de nombreux [[testicule]]s (dix-huit, neuf de chaque côté chez la sangsue médicinale). Selon Ebrard, l'immersion de l'annélide dans du vinaigre ou de l'eau chaude fait apparaitre le pénis et fait légèrement gonfler le contour de l'orifice vaginal, sinon ce dernier est inapparent (hormis lors des premiers moments suivant l'accouplement ou la pose d'un cocon)<ref name=Ebrard1867/>.

Plusieurs auteurs ont déduit de leurs observation que lors d'un accouplement de sangsues médicinales, un seul individu est fécondé, qui ensuite déposera seul un cocon (on n'a pas observé de cocons déposés sans un intervalle d'au moins {{heure|24}} selon E. Ebrard<ref name=Ebrard1867/> qui ajoute qu'un cocon peut être déposé par un individu isolé jusqu'à dix mois après sa fécondation).

La plupart des espèces secrète un [[cocon]] protecteur en même temps que les œufs.
Ce cocon est fixé à une surface dure<ref>[http://nature.ca/notebooks/francais/sangsue.htm Sangsues], page du site Web du Musée canadien de la nature, consulté 2015-06-27</ref>.

Quelques espèces de sangsues fixent leurs œufs (gros et à [[vitellus]] abondant), directement sur leur face ventrale et protègent les embryons et les larves avec leur corps. D'autres encore forment des cocons qu’elles transportent et protègent de leur corps jusqu’à l’éclosion puis les jeunes restent fixés plusieurs semaines sous le corps du parent jusqu’à ce qu’ils soient autonomes.

L'[[ocytocine]] et/ou une substance apparentée trouvées chez plusieurs espèces de sangsues<ref>M. Verger-Bocquet, M. Salzet, C. Wattez et J. Malecha (1991). ''Mise en évidence et caractérisation d'une substance apparentée à l'ocytocine dans les cellules surnuméraires des ganglions génitaux de la sangsue Erpobdella octoculata''. Comptes rendus de l'Académie des sciences. Série 3, Sciences de la vie, 313(7), p. 307-310 ([http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=4987360 résumé]).</ref> semblent jouer un rôle dans le cycle de la reproduction de ces espèces<ref>J. Malecha, M. Verger-Bocquet, A. Leprêtre et G. Tramu (1989). ''Mise en évidence d'une action des anticorps anti-ocytocine sur les échanges d'eau chez la sangsue Theromyzon tessulatum (OFM)''. Comptes rendus de l'Académie des sciences. Série 3, Sciences de la vie, 309(4), p. 127-130 ([http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=7248999 résumé])</ref>.

== Pullulation ==
Les sangsues sont localement très communes et nombreuses en zones tropicales, plus rarement en zone tempérée.

On signale parfois des densités inhabituelles de sangsues, comme dans le [[lac des Dagueys]] à [[Libourne]], en France, en 2010 (lac où était prévu avant 2012 un pôle nautique devant accueillir des compétitions nationales et internationales d'aviron, qui a été interdit à la baignade en 2010 à la suite d'une pullulation d'une petite sangsue de l'espèce ''[[Helobdella stagnalis]]'', espèce qui a aussi été signalée pullulant dans le [[lac de Tibériade]] en Israël<ref>{{article|auteur=Jean-François Harribey|titre=Libourne : Les sangsues prolifèrent, la plage restera fermée|périodique=Sud-Ouest.fr|date=10 août 2010|url=http://www.sudouest.fr/2010/08/10/les-sangsues-proliferent-la-plage-restera-fermee-157675-2966.php}}</ref>).

== Utilisations ==
{{Article détaillé|hirudiniculture|hirudothérapie}}
Elles étaient collectées ou [[Hirudiniculture|cultivées]] autrefois pour effectuer des [[saignée (médecine)|saignées]], mais sont également utilisées aujourd'hui pour [[Hirudothérapie|drainer le sang]] de régions du corps où le [[Circulation sanguine|retour sanguin]] s'effectue mal.

Des sangsues ont été utilisées pour prévoir le temps, via notamment un [[baromètre à sangsues]], sans succès durable.

== Description ==
Les sangsues sont attirées par le mouvement, la chaleur et le dioxyde de carbone émis par leurs proies<ref>{{lien web|titre=Les forêts tropicales: La couche inférieure|site=mongabay.com|url=http://fr.mongabay.com/rainforests/0509.htm|consulté le=6 janvier 2013}}</ref>.

== Populations ==
Les sangsues d'intérêt médicinal sont protégées dans de nombreux pays à cause de leur diminution, liée à la destruction de leur habitat et à la pollution.

Jusqu’à la fin du {{XIXe siècle}}, plus de cinquante millions de sangsues médicinales peuplaient les mares et les étangs [[France|français]].
Pour les récolter, les gens entraient dans les marais avec des cuissardes et un bâton. Ils frappaient l'eau violemment, ce qui attire les sangsues qui s'accrochaient aux jambières ou nageaient à la surface<ref>{{Ouvrage|auteur=Jacques Luquet|titre=La chasse dans le sud-ouest autrefois|éditeur=Sud-Ouest|année=2013|pages totales=189}}</ref>. Un autre moyen était de faire descendre des animaux (ânes par exemple) dans l'eau et de récolter sur eux les sangsues qu'ils attiraient. <br />Aujourd'hui, il en existe très peu en France à l'état sauvage (notamment dans le massif central, en Lozère et {{Référence nécessaire|la région d'Île-de-France à Brunoy|date=27 septembre 2023}}). L'assèchement des marais a fait énormément de tort à l'espèce. La pollution — engrais, pesticides et herbicides — a fini de l'achever.

Quatre entreprises dans le monde (Russie, France, Allemagne et [[Pays de Galles]]) font encore l'élevage de quelques espèces à des fins médicinales ; c'est l'[[hirudiniculture]].

Une nouvelle espèce (transcaucasienne) en a été décrite en [[2005]], qui correspond à ce qu'on avait jusqu'ici considéré comme une variété orientalis de la [[Sangsues médicinales|sangsue médicinale]]<ref>{{article|auteurs=S.Y. Utevsky et P. Trontelj|titre=A new species of the medicinal leech (Oligochaeta, Hirudinida, Hirudo) from Transcaucasia and an identification key for the genus ''Hirudo''|revue=Parasitology Research|date=2005|vol=98|passage=61–66|url=http://web.bf.uni-lj.si/bi/zoologija/peter_trontelj/PDFs/Parasitol-Res05.pdf|format=pdf}}</ref>.

== Utilisation médicinale ==
{{Article détaillé|Hirudo medicinalis|hirudothérapie}}
Parmi les 650 espèces de sangsues existantes, la sangsue médicinale (''Hirudo medicinalis'') est une véritable alliée pour la santé humaine. Les propriétés [[anticoagulant]]es, [[anti-inflammatoire]]s, [[Vasodilatateur|vasodilatatrices]] et [[Anesthésie|anesthésiques]] de sa salive sont utilisées dans différents domaines de la médecine dont récemment pour soigner des problèmes d'[[arthrose]] et [[ostéoarthrite|ostéo-arthritiques]]<ref name="teut">{{article|langue=en|auteur=M. Teut & A. Warning|année=2008|titre=Leeches, phytotherapy and physiotherapy in osteo-arthrosis of the knee—a geriatric case study|journal=Forsch Komplementmed|volume=15|numéro=5|pages=269–72|doi=10.1159/000158875|pmid=19001824|nom2=Warning}}</ref>{{,}}<ref>{{article|langue=en|pmid=12233807 |année=2002 |auteur1=A. Michalsen|auteur2=S. Moebus|auteur3=G. Spahn|auteur4=T. Esch|auteur5=J. Langhorst|auteur6=G.J. Dobos|titre=Leech therapy for symptomatic treatment of knee osteoarthritis: Results and implications of a pilot study |volume=8 |numéro=5 |pages=84–8 |journal=Alternative therapies in health and medicine}}</ref>{{,}}<ref>M.C. Hochberg (2003) ''Multidisciplinary integrative approach to treating knee pain in patients with osteoarthritis''. Ann Intern Med, novembre 2003 4;139(9):781-3.</ref>{{,}}<ref>{{article|auteurs=A. Michalsen, S. Klotz, R. Lüdtke, S. Moebus, G. Spahn, G.J. Dobos|titre=Effectiveness of leech therapy in osteoarthritis of the knee|sous-titre=a randomized, controlled trial|revue=Ann Intern Med|date=nov. 2003|vol=139|no=9|passage=724-730|url=http://www.hirumed.ch/Dateien/michalsenosteoarthritis.pdf|format=pdf}}</ref>.

== Dangerosité pour l'humain ==
Les sangsues ne transmettent pas de parasites nuisibles pour l'humain. Leur estomac peut toutefois renfermer des bactéries susceptibles d'infecter la plaie si on retire brutalement le parasite. Des réactions allergiques peuvent par ailleurs survenir<ref>{{en}} [http://www.amonline.net.au/factsheets/leeches.htm ''Leeches'']</ref>.

Il arrive parfois que les sangsues (en particulier les ''[[Dinobdella ferox]]'') s'introduisent dans les orifices naturels comme la bouche, le nez, l'oreille, le vagin ou le pénis. Cette situation (l'[[hirudiniase]]) peut s'avérer très dangereuse car la sangsue obstrue progressivement les voies respiratoires en se gonflant de sang. Elle peut également provoquer des hémorragies<ref name="wild madagascar">{{lien web | langue=en | titre=How to remove a leech | site=wildmadagascar.org | url=https://www.wildmadagascar.org/overview/leeches.html | consulté le=12 décembre 2021}}.</ref>.

== Notes et références ==
{{Traduction/Référence|en|Leech|961145567}}
{{Références}}


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==

=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Baromètre à sangsues]]
* [[Baromètre à sangsues]]
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{article |langue=fr |nom1=D'hondt |prénom1=JL |nom2=Ben Ahmed |prénom2=D R |année=2009 |titre=Catalogue et clés tabulaires de détermination des Hirudinées d'eau douce de la faune Française. |périodique=Bulletin de la Société zoologique de France |volume=134(3-4) |pages=263-298 |url=http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=23436600 Notice Inist-CNRS }}
{{biblio|date=novembre 2017}}
* {{ouvrage |langue=fr |nom1=Lacaplain |prénom1=B |nom2=Noël |prénom2=F |année=2015 |url=https://inpn.mnhn.fr/docs/inventaires/LECAPLAIN,NOEL-manuel_hirudin%C3%A9s_NOFrance_V2_Juillet2015.pdf |titre=Branchiobdellidées et Hirudinées du Nord-Ouest de la France |sous-titre=Recherche, récolte et identification |date=2 juillet 2015 }}
* D'hondt JL & Ben AhmedD R (2009) ''Catalogue et clés tabulaires de détermination des Hirudinées d'eau douce de la faune Française.'' Bulletin de la Société zoologique de France, 134(3-4), 263-298 ([http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=23436600 Notice Inist-CNRS])
* {{article |langue=fr |nom1=Blanchard |prénom1=R |année=1892 |url=https://www.biodiversitylibrary.org/page/3099337#page/52/mode/1up |titre=Courtes notices sur les Hirudinées |note=contient la description de plusieurs espèces, dont ''[[Nephelis tomaria]], [[Glossiphonia marginata]] et [[Glossiphonia sexoculata]]'' |journal=Bull Soc. zool. Fr. |volume=18 |pages=165-172 }}
* Lacaplain B & Noël F (2015) ''[https://inpn.mnhn.fr/docs/inventaires/LECAPLAIN,NOEL-manuel_hirudin%C3%A9s_NOFrance_V2_Juillet2015.pdf Branchiobdellidées et Hirudinées du Nord-Ouest de la France ; Recherche, récolte et identification]'', Version {{date-|2 juillet 2015}}
* {{article |langue=fr |prénom1=E. |nom1=Khelifa |prénom2=G. |nom2=Kaya |prénom3=E. |nom3=Laffitte |titre=Pseudolymphome sur morsures de sangsues |journal=Annales de Dermatologie et de Vénéréologie |volume=138 |numéro=12 (Supplément) |mois=décembre |année=2011 |pages=A227–A228 |sous-titre=Hors-Série 6 - Journées dermatologiques de Paris }}
* {{fr}} Blanchard R (1892) ''[https://www.biodiversitylibrary.org/page/3099337#page/52/mode/1up Courtes notices sur les Hirudinées] '' (contient la description de plusieurs espèces, dont ''Nephelis tomaria, Glossiphonia marginata et Glossiphonia sexoculata'', Bull Soc. zool. Fr., 18, 165-172
* {{article |langue=fr |nom1=Guibé |prénom1=J |année=1936 |titre=Glossiphonia heteroclita L., Hirudinée prédatrice de Mollusques Gastéropodes |journal=Bull.Soc. Linn. Normandie |volume=8 |pages=73-79 }}
* {{fr}} E. Khelifa, G. Kaya, E. Laffitte (2011), ''Pseudolymphome sur morsures de sangsues'' ; Annales de Dermatologie et de Vénéréologie ; Volume 138, Issue 12, Supplément, {{date-|décembre 2011}}, ppA227–A228 ; Hors-Série 6 - Journées dermatologiques de Paris
* {{ouvrage |langue=fr |auteur={{Dr}} Dominique Kähler Schweizer |jour=10 |mois=03 |année=2008 |titre=Thérapie par les sangsues |sous-titre=Secrets et bienfaits de l'hirudothérapie |édition=Jouvence |pages totales=148 |isbn=9782883536524 }}
* {{fr}} Guibé J (1936) ''Glossiphonia heteroclita L., Hirudinée prédatrice de Mollusques Gastéropodes'' . Bull.Soc. Linn. Normandie, 8 : 73-79
* {{ouvrage |langue=fr |auteur=[[Louis Vitet]] |titre=Traité de la sangsue médicale |éditeur=P.J. Vitet son fils |lieu=Paris |édition=H. Nicolle & imprimerie Mame frères |année=1809 |url=https://books.google.fr/books?id=8GtieKm3YP0C&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false }}
* {{fr}} {{Dr}} Dominique Kähler Schweizer (2008) ''"Thérapie par les sangsues"'', éditions Jouvence
* {{fr}} [[Louis Vitet]], ''Traité de la sangsue médicale'', publié par P.J. Vitet son fils, Paris : chez H. Nicolle & imprimerie Mame frères, 1809, [https://books.google.fr/books?id=8GtieKm3YP0C&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false]


=== Vidéographie ===
=== Vidéographie ===
* [https://www.canal-u.tv/video/cerimes/biologie_des_sangsues.9078 Biologie des sangsues], film scientifique pédagogique du ministère de l'éducation nationale de 24 minutes réalisé par Jean Malecha, 1976 (lien consulté le 11 avril 2021)
* [https://www.youtube.com/watch?v=fFi82aTCC68 Leech depositing cocoon], youTube, Ohio State University ; Mise en ligne le {{date-|22 juin 2010}} (en réalité : fabrication du cocon : 1 h, durcissement/coloration environ, 5 heures) {{en}}
* [https://www.youtube.com/watch?v=3nUm6G8_TzQ Biology Animation - Leech Reproductive System] , youTube, Animation réalisée pour les étudiants en biologique par le Studio5 (Australie) {{en}}
*[https://www.youtube.com/watch?v=fFi82aTCC68 Leech depositing cocoon], youTube, Ohio State University ; Mise en ligne le {{date-|22 juin 2010}} (en réalité : fabrication du cocon : 1 h, durcissement/coloration environ, 5 heures) {{en}}
* [https://www.youtube.com/watch?v=0fGGz6d3vC4 Sangsue avalant un vers de terre] Wonders of the Monsoon : Épisode 4 - BBC Two {{en}}
* [https://www.youtube.com/watch?v=3nUm6G8_TzQ Biology Animation - Leech Reproductive System] , YouTube, Animation réalisée pour les étudiants en biologique par le Studio5 (Australie) {{en}}
* [https://www.youtube.com/watch?v=0fGGz6d3vC4 Sangsue avalant un ver de terre] Wonders of the Monsoon : Épisode 4 - BBC Two {{en}}


== Références taxinomiques ==
== Références taxinomiques ==
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* {{WRMS|2041|Hirudinea|Linnaeus, 1758|afficher=ordres }}
* {{WRMS|2041|Hirudinea|Linnaeus, 1758|afficher=ordres }}
* {{ITIS|69290|''Hirudinea'' Lamarck, 1818 }}
* {{ITIS|69290|''Hirudinea'' Lamarck, 1818 }}
* {{ADW|Hirudinea|''Hirudinea''}}
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* {{Faunaeur|11261|''Hirudinea'' }}
* {{Faunaeur2|b5f489d0-a17a-4b35-8e8e-71521e70b145|''Hirudinea''|consulté le=27 mars 2022 }}
* {{NCBI|6403|''Hirudinea'' }}
* {{NCBI|6403|''Hirudinea'' }}

== Notes et références ==
{{Références|colonnes=2}}


{{Portail|Biologie|Médecine|annélides}}
{{Portail|Biologie|Médecine|annélides}}
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[[Catégorie:Hirudinea|*]]
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[[Catégorie:Taxon décrit par Jean-Baptiste de Lamarck]]
[[Catégorie:Taxon décrit en 1818]]

Dernière version du 21 février 2024 à 17:09

Sangsues, Hirudinées, Achètes

Hirudinea, les sangsues, hirudinées ou achètes, sont une sous-classe de l'embranchement des annélides. Elle regroupe environ 650 espèces hermaphrodites de vers annelés de 1 à 20 cm de longueur. Hormis quelques espèces vivant en estuaire ou eaux marines, elles vivent en eau douce. De nombreuses espèces déposent leurs cocons dans de la terre humide et certaines ont un cycle de vie plus terrestre[1], en étant par exemple capables de grimper aux arbres.

Environ 300 espèces sont des parasites temporaires d'animaux marins, terrestres ou d'eau douce, hématophages, se nourrissant de sang de vertébrés et/ou d'hémolymphe d'invertébrés[2]. Une centaine d'espèces sont marines et environ 90 terrestres[3].

Quelques espèces font l'objet d'un usage médicinal depuis plus de 2 000 ans, mais la diversité et répartition des sangsues est encore mal connue dans de nombreux pays, y compris pour les eaux douces. Ainsi en 2009 elles n'avaient pas encore fait l'objet « d'une étude d'ensemble sur la systématique et la répartition géographique des espèces en France et seules quelques clés dichotomiques de détermination, toutes incomplètes quant au nombre des taxons cités et ne tenant pas compte de la variabilité intraspécifique (différences de coloration, fusion de paires d'yeux, etc.), permettent d'identifier avec certitude les espèces les plus caractéristiques ». Une clé de détermination des Hirudinées françaises a été mise à jour et publiée en 2009 par la Société zoologique de France, et un inventaire national a été lancé en 2015 sous l'égide du Muséum et de l'INPN[4].

Diversité et classification[modifier | modifier le code]

Quelque 700 espèces de sangsues ont été décrites, dont une centaine sont marines, 90 terrestres et le reste d'eau douce[5],[6]. La plus petite mesure environ 1 cm de long, tandis que la plus grande, la sangsue géante d'Amazonie Haementeria ghilianii, peut atteindre 30 cm. Les sangsues sont présentes dans le monde entier, à l'exception de l'Antarctique, mais apparaissent à leur maximum dans les lacs et étangs tempérés de l'hémisphère nord. Les Haemadipsidae terrestres sont pour la plupart originaires des régions tropicales et subtropicales, tandis que les Hirudinidae aquatiques ont une aire de répartition mondiale plus large ; les deux se nourrissant en grande partie de mammifères, dont d'humains[7]. À leur tour, les sangsues sont la proie des poissons, des oiseaux et des invertébrés[8].

Le nom de la sous-classe des Hirudinea vient du latin hirudo (génitif hirudinis), signifiant "sangsue"[9]. Les sangsues étaient traditionnellement divisées en deux infraclasses, les Acanthobdellidea et les Euhirudinea. Ces dernières qui ont des ventouses antérieures et postérieures, étaient traditionnellement divisés en deux groupes : les Rhynchobdellida et Arhynchobdellida[10].

Selon World Register of Marine Species (29 octobre 2015)[11] :

Arbre phylogénétique[modifier | modifier le code]

L'arbre phylogénétique des sangsues et de leurs parents annélides est basé sur l'analyse moléculaire (2019) des séquences d'ADN. Les anciennes classes Polychaeta (vers marins hérissés) et Oligochaeta (comprenant les vers de terre) sont paraphylétiques : dans chaque cas, les groupes complets (clades) incluraient tous les autres groupes indiqués ci-dessous dans l'arbre. Les Branchiobdellida sont sœurs du clade des sangsues[12].

Annelida

"Polychaeta" (exc. "Oligochaeta")


Clitellata

"Oligochaeta" (exc. Lumbriculidae)




Lumbriculidae (blackworms)



Branchiobdellida


Hirudinida
Glossiphoniiformes

Glossiphoniidae


Erpobdelliformes

Erpobdellidae



Hirudiniformes





Oceanobdelliformes


Piscicolidae



Acanthobdella




Ozobranchidae








Différents ordres d'Achètes[modifier | modifier le code]

L'ordre des Acanthobdelliformes[modifier | modifier le code]

Dans cet ordre, on ne trouve qu'une seule espèce : Acanthobdella peledina. Cette sangsue est parasite de poissons salmonidés (truites, saumons) du lac Baïkal. Cette espèce possède des caractères communs avec les oligochètes, comme la présence de soies sur le corps et l’absence de ventouse antérieure.

L'ordre des Rhynchobdelliformes[modifier | modifier le code]

  • Les "Rhynchobdellida" constituent un groupe (paraphylétique) de sangsues aquatiques sans mâchoire, à trompe dévaginable (un proboscis musculaire en forme de paille perforant un organe dans une gaine rétractable). Rhynchobdellida était composée de deux familles :
    • Les glossiphoniidae sont des sangsues d'eau douce aplaties, parasitant principalement de mollusques ou d’amphibiens et les vertébrés tels que les tortues, et capables de transporter leurs petits sous leur corps (comportement maternel unique parmi les annélides)[13].
    • Les Piscicolidae sont des ectoparasites de poissons marins ou d'eau douce, avec des corps cylindriques et des ventouses antérieures généralement bien marquées, en forme de cloche[14].
  • Les "Arhynchobdellida" sont dépourvues de trompe et peuvent (ou non) avoir des mâchoires agrémentées de dents. Les Arhynchobellides sont divisés en deux sous-groupes :

L'ordre des Gnathobdelliformes[modifier | modifier le code]

Cet ordre regroupe des sangsues aquatiques ou terrestres présentant trois mâchoires dentées au niveau du pharynx. On y retrouve notamment la sangsue officinale Hirudo officinalis.

L'ordre des Pharyngobdelliformes[modifier | modifier le code]

Ces individus sont d'eau douce ou terrestres de milieux humides. Ils sont presque tous prédateurs. Leur pharynx est long, sans mâchoire.

Origine évolutive[modifier | modifier le code]

Fossile d'une possible sangsue ayant vécu au Silurien (Wisconsin).

Le groupe d'annélides le plus ancien est celui des polychètes libres qui a évolué au Cambrien, abondant dans les schistes de Burgess il y a environ 500 millions d'années. Les oligochètes ont évolué à partir des polychètes et les sangsues se sont ramifiées à partir des oligochètes. Les oligochètes et les sangsues ne se fossilisent pas bien du fait qu'ils sont dépourvus de parties dures[17]. Les premiers fossiles de sangsue connus datent de la période du jurassique, soit il y a environ 150 millions d'années, mais un fossile avec des anneaux externes, trouvé dans les années 1980 dans le Wisconsin, avec ce qui semble être une grosse ventouse, pourrait étendre l'histoire évolutive du groupe jusqu'au Silurien, il y a environ 437 millions d'années[18],[19].

Espèces[modifier | modifier le code]

Parmi les espèces remarquables de sangsue, on peut citer :

  • Macrobdella decora, une sangsue d'eau douce ;
  • la sangsue verruqueuse (Pontobdella muricata), une sangsue d'eau marine ;
  • la sangsue médicinale européenne (Hirudo medicinalis), qui suce le sang des mammifères et est élevée pour des besoins médicaux.
  • la sangsue médicinale méditerranéenne Hirudo verbena, également suceuse de sang de mammifères, également élevée, ayant les mêmes vertus que la précédente et souvent confondue avec elle[20] ;
  • la grande sangsue de l'Inde ou sangsue nasale Dinobdella ferox (littéralement la « sangsue féroce »), suçant le sang des mammifères en s'introduisant en particulier dans leur nez ;
  • la petite sangsue Ozobranchus jantseanus, tétant le sang de tortues asiatiques Mauremys japonica et Mauremys reevesii et de l'envahissante tortue de Floride, a stupéfié des chercheurs japonais : plongés 24 heures durant dans de l'azote liquide, soit à −196 °C, cinq animaux de cette espèce en sont ressortis cryogénisés mais après passage dans de l'eau à température ambiante, tous ont repris vie[21] !


Habitat[modifier | modifier le code]

La majorité des sangsues d'eau douce vivent dans les zones peu profondes et végétalisées au bord des étangs et des lacs, ou dans les marais et les eaux stagnantes des ruisseaux lents. Très peu d'espèces tolèrent une eau à courant rapide. Dans leurs habitats préférés, elles peuvent se reproduire jusqu'à des densités très élevées, avec plus de 10 000 individus par mètre carré enregistrés sous des pierres plates en Illinois. Certaines espèces entrent dans une période d'activité ralentie durant la saison sèche et peuvent alors perdre jusqu'à 90% de leur poids corporel[7].

Alimentation[modifier | modifier le code]

Plus de la moitié des espèces sont hématophages, c'est-à-dire qu'elles se nourrissent de sang (hémato signifie « sang » et phage signifie « manger »), mais les autres espèces de sangsues sont des prédateurs carnivores d'autres invertébrés, ou consomment simplement les tissus mous de leurs proies ou d'autres aliments. Pour boire le sang, la sangsue s'accroche sur sa proie en suçant sa peau. Elle fait une petite morsure et y injecte sa salive. Sa salive a la fonctionnalité d'empêcher le sang de coaguler, ce qui lui permet de boire le sang pendant un bon moment[22].

Sangsue Helobdella gorgée de sang

Ainsi sur 73 espèces de sangsues connues en Amérique du Nord, la plupart se nourrissent de chironomidés, oligochètes, amphipodes et mollusques. Leurs larves sont supposées toutes se nourrir de zooplancton, certaines de manière spécialisée (ex : Motobdella montezuma s'est spécialisée dans le parasitage d'amphipodes planctoniques qu'elle détecte par des capteurs mécanoperceptifs)[23].

Sangsue attaquant une limace

Les autres espèces sont ectoparasites temporaires et se nourrissent d'un repas de sang prélevé sur des poissons, tortues, amphibiens, crocodiliens, oiseaux d'eau, mammifère (dont humains à l'occasion)[23]. La plupart de ces espèces prédatrices grandissent en 2 ou 3 étapes, chacune conditionnée à un repas de sang, et elles ne se reproduiront qu'une fois avant de mourir[23]. Mais au moins deux espèces nord-américaines se sont montrées capables de se reproduire plusieurs fois in vitro bien que présentant dans la nature un phénotype ne se reproduisant qu'une fois avant de mourir[23].

Certaines espèces sont « spécialistes », c'est-à-dire qu'elle ne parasitent qu'une seule espèce-proie (tortue d'eau, oiseau aquatique, poisson), alors que d'autres sont « opportunistes » (parasitant ou mangeant des vers, escargots aquatiques, poissons, mammifères, etc.). Ainsi la sangsue d'Asie du Sud-Est placebelloides siamensis est spécialisée et parasite les tortues d'eau emyde noire des marais, tortue boîte de Malaisie et tortue des temples à tête jaune, les tortues mangeuses d'escargots de Khorat malayemys khoratensis, de Malaisie péninsulaire malayemys macrocephala et du Mékong malayemys subtrijuga, la tortue cyclemys oldhamii et la tortue asiatique géante des marais.

Physiologie[modifier | modifier le code]

Comme les oligochètes tels que les vers de terre, les sangsues ont un clitellum, sont hermaphrodites, respirent par la peau et n'ont pas de cerveau centralisé, mais leur corps est plus dense (plus de tissu conjonctif) tout en étant plus élastique dans les 3 dimensions. Il n'a pas de poils externes, il se termine par une ou deux ventouses (des organes de succion) qui l'aident dans ses déplacements, et leur segmentation externe ne reflète pas la segmentation interne de leurs organes.

Elles possèdent deux cœurs.

Beaucoup d'espèces se montrent très plastiques et capables de s'adapter à des modifications significatives de leur environnement (certaines espèces survivent ainsi jusqu'à 60 jours en situation d'anoxie[23]) et comptent parmi les derniers organismes à survivre dans des cours d'eau très pollués (avec les tubifex, certains chironomes et quelques communautés dominées par des bactéries), tout en supportant l'extrême inverse (c'est-à-dire une eau sursaturée en oxygène)[23]. Elles sont considérés comme des marqueurs biologiques et bioindicateurs d'une mauvaise qualité de l'eau[24].

Beaucoup d'espèces supportent aussi une période d'exondation à condition que leur environnement soit néanmoins assez humide.

Description, anatomie[modifier | modifier le code]

Bouche et suçoir
Sangsue et son système nerveux
Les larves de certains insectes peuvent être confondues avec des sangsues ; ici, il s'agit de larve de simulies (Simulium sp.) et non de sangsues
Le nombre, la taille et la position des yeux font partie des critères d'identification des genres et espèces.
Coupe transversale d'une sangsue

Le corps d'une sangsue au repos est aplati dorso-ventralement, de forme ovale ou allongée selon son niveau de contraction.

Il est très élastique et très flexible (ce qui en fait un modèle intéressant pour la biomimétique). Les seuls organes habituellement visibles de l'extérieur sont la ventouse antérieure, contenant l'ouverture de la bouche, et parfois la ventouse postérieure, servant à la fixation (certaines espèces sont pourvues d'une ventouse à chaque extrémité du corps).

  • Segmentation : Le corps des sangsues est segmenté en plusieurs dizaines d'anneaux (ou segments)
  • Taille : Certaines peuvent mesurer jusqu'à 20 cm et peser jusqu'à 30 g.
  • Couleur : Les larves sont translucides ou claires, mais les adultes sont très rarement d'une couleur uniforme ;
    Comme le note Elie Ebrard en 1867 Certaines présentent « sur le dos et d'arrière en avant deux ou trois séries de taches isolées ou réunies par des traits transverses, plus souvent par des traits dans le sens de la longueur, de couleur jaune, orangée ou noire... D'autres sont parcourues sur le milieu du dos par une ligne longitudinale d'une nuance plus claire ou d'une couleur différente. Le plus souvent les côtés du dos montrent une, deux ou trois bandes de forme droite, ondulée ou en chaînette; elles sont jaunes, vertes, fauves, rouges, noires ou brunes, d'une seule couleur ou marquées de taches ordinairement noires, irrégulières, carrées, triangulaires, deltoïdes, etc. Tous ces signes se combinent de diverses manières »[25].
    De plus, leur peau (qu'on a parfois comparé à celle du caméléon) « change de couleur et de dessin selon le milieu ambiant et la position en laquelle on les regarde. Ainsi, le dos d'une sangsue obscure- des départements du Calvados et de la Manche, variété dite bâtarde claire ou blonde (v. fig. 47 et 48), parait ordinairement d'un brun noirâtre et uniforme quand l'annélide est hors de l'eau et contractée; d'un gris jaunâtre ou blonde avec six bandes dorsales quand elle est hors de l'eau, au grand jour et allongée; jaunâtre avec un léger reflet vert lorsqu'on la regarde dans l'eau et à une vive lumière »[25]
    Le Dr Elie Ebrard observe des formes rosées, qu'il dénomme variétés carnea et pallida qui apparaissent de manière accidentelle ou temporaire chez des espèces différentes, phénomènes qui coïncident dit-il « avec une décoloration des tissus, avec un changement dans la couleur ordinaire du sang renfermé dans le vaisseau ventral »[25]. Certaines sangsues savent nager.

Cycle de vie, reproduction[modifier | modifier le code]

Les sangsues sont hermaphrodites, c'est-à-dire qu'elles sont à la fois mâles et à la fois femelles[22]. Les sangsues ne peuvent néanmoins pas s'autoféconder.

Leurs organes sexuels externes sont tous deux situés sur la ligne médiane de l'abdomen, à peu de distance de la tête. L'organe mâle est positionné le plus en avant. La zone des segments portant ces organes est dite « ceinture ».

Le pénis quand il fait saillie a la forme d'un fil de couleur claire (8 mm environ chez la sangsue médicinale), qui émerge du corps en traversant un fourreau[25]. Il est relié via un cordon spermatique à de nombreux testicules (dix-huit, neuf de chaque côté chez la sangsue médicinale). Selon Ebrard, l'immersion de l'annélide dans du vinaigre ou de l'eau chaude fait apparaitre le pénis et fait légèrement gonfler le contour de l'orifice vaginal, sinon ce dernier est inapparent (hormis lors des premiers moments suivant l'accouplement ou la pose d'un cocon)[25].

Plusieurs auteurs ont déduit de leurs observation que lors d'un accouplement de sangsues médicinales, un seul individu est fécondé, qui ensuite déposera seul un cocon (on n'a pas observé de cocons déposés sans un intervalle d'au moins 24 h selon E. Ebrard[25] qui ajoute qu'un cocon peut être déposé par un individu isolé jusqu'à dix mois après sa fécondation).

La plupart des espèces secrète un cocon protecteur en même temps que les œufs. Ce cocon est fixé à une surface dure[26].

Quelques espèces de sangsues fixent leurs œufs (gros et à vitellus abondant), directement sur leur face ventrale et protègent les embryons et les larves avec leur corps. D'autres encore forment des cocons qu’elles transportent et protègent de leur corps jusqu’à l’éclosion puis les jeunes restent fixés plusieurs semaines sous le corps du parent jusqu’à ce qu’ils soient autonomes.

L'ocytocine et/ou une substance apparentée trouvées chez plusieurs espèces de sangsues[27] semblent jouer un rôle dans le cycle de la reproduction de ces espèces[28].

Pullulation[modifier | modifier le code]

Les sangsues sont localement très communes et nombreuses en zones tropicales, plus rarement en zone tempérée.

On signale parfois des densités inhabituelles de sangsues, comme dans le lac des Dagueys à Libourne, en France, en 2010 (lac où était prévu avant 2012 un pôle nautique devant accueillir des compétitions nationales et internationales d'aviron, qui a été interdit à la baignade en 2010 à la suite d'une pullulation d'une petite sangsue de l'espèce Helobdella stagnalis, espèce qui a aussi été signalée pullulant dans le lac de Tibériade en Israël[29]).

Utilisations[modifier | modifier le code]

Elles étaient collectées ou cultivées autrefois pour effectuer des saignées, mais sont également utilisées aujourd'hui pour drainer le sang de régions du corps où le retour sanguin s'effectue mal.

Des sangsues ont été utilisées pour prévoir le temps, via notamment un baromètre à sangsues, sans succès durable.

Description[modifier | modifier le code]

Les sangsues sont attirées par le mouvement, la chaleur et le dioxyde de carbone émis par leurs proies[30].

Populations[modifier | modifier le code]

Les sangsues d'intérêt médicinal sont protégées dans de nombreux pays à cause de leur diminution, liée à la destruction de leur habitat et à la pollution.

Jusqu’à la fin du XIXe siècle, plus de cinquante millions de sangsues médicinales peuplaient les mares et les étangs français. Pour les récolter, les gens entraient dans les marais avec des cuissardes et un bâton. Ils frappaient l'eau violemment, ce qui attire les sangsues qui s'accrochaient aux jambières ou nageaient à la surface[31]. Un autre moyen était de faire descendre des animaux (ânes par exemple) dans l'eau et de récolter sur eux les sangsues qu'ils attiraient.
Aujourd'hui, il en existe très peu en France à l'état sauvage (notamment dans le massif central, en Lozère et la région d'Île-de-France à Brunoy[réf. nécessaire]). L'assèchement des marais a fait énormément de tort à l'espèce. La pollution — engrais, pesticides et herbicides — a fini de l'achever.

Quatre entreprises dans le monde (Russie, France, Allemagne et Pays de Galles) font encore l'élevage de quelques espèces à des fins médicinales ; c'est l'hirudiniculture.

Une nouvelle espèce (transcaucasienne) en a été décrite en 2005, qui correspond à ce qu'on avait jusqu'ici considéré comme une variété orientalis de la sangsue médicinale[32].

Utilisation médicinale[modifier | modifier le code]

Parmi les 650 espèces de sangsues existantes, la sangsue médicinale (Hirudo medicinalis) est une véritable alliée pour la santé humaine. Les propriétés anticoagulantes, anti-inflammatoires, vasodilatatrices et anesthésiques de sa salive sont utilisées dans différents domaines de la médecine dont récemment pour soigner des problèmes d'arthrose et ostéo-arthritiques[33],[34],[35],[36].

Dangerosité pour l'humain[modifier | modifier le code]

Les sangsues ne transmettent pas de parasites nuisibles pour l'humain. Leur estomac peut toutefois renfermer des bactéries susceptibles d'infecter la plaie si on retire brutalement le parasite. Des réactions allergiques peuvent par ailleurs survenir[37].

Il arrive parfois que les sangsues (en particulier les Dinobdella ferox) s'introduisent dans les orifices naturels comme la bouche, le nez, l'oreille, le vagin ou le pénis. Cette situation (l'hirudiniase) peut s'avérer très dangereuse car la sangsue obstrue progressivement les voies respiratoires en se gonflant de sang. Elle peut également provoquer des hémorragies[38].

Notes et références[modifier | modifier le code]

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  2. Sawyer R, Muller K, Nicholls J & Stent G, eds. (1981) Neurobiology of the Leech. New York: Cold Spring Harbor Laboratory. p. 7–26. (ISBN 0-87969-146-8).
  3. B. Sket et P. Trontelj, « Global diversity of leeches (Hirudinea) in freshwater », Hydrobiologia, vol. 595,‎ , p. 129–137 (lire en ligne [PDF])
  4. D'hondt JL & Ben AhmedD R (2009) Catalogue et clés tabulaires de détermination des Hirudinées d'eau douce de la faune Française. Bulletin de la Société zoologique de France, 134(3-4), 263-298.Notice Inist-CNRS
  5. (en) Boris Sket et Peter Trontelj, « Global diversity of leeches (Hirudinea) in freshwater », Hydrobiologia, vol. 595, no 1,‎ , p. 129–137 (DOI 10.1007/s10750-007-9010-8)
  6. a et b (en) S. Fogden et J. Proctor, « Notes on the Feeding of Land Leeches (Haemadipsa zeylanica Moore and H. picta Moore) in Gunung Mulu National Park, Sarawak », Biotropica, vol. 17, no 2,‎ , p. 172–174 (DOI 10.2307/2388511, JSTOR 2388511)
  7. a et b (en) Edward E. Ruppert, Richard, S. Fox et Robert D. Barnes, Invertebrate Zoology : 7th edition, Cengage Learning, , 471–482 p. (ISBN 978-81-315-0104-7)
  8. (en) « Leeches », Australian Museum, (consulté le )
  9. (en) « Hirudinea etymology », Fine Dictionary (consulté le )
  10. Ralph Buchsbaum, Mildred Buchsbaum, John Pearse et Vicki Pearse, Animals Without Backbones : 3rd edition, University of Chicago Press, , 312–317 (ISBN 978-0-226-07874-8, lire en ligne Inscription nécessaire)
  11. World Register of Marine Species, consulté le 29 octobre 2015
  12. (en) Anna J. Phillips, Alex Dornburg, Katerina L. Zapfe, Frank E. Anderson, Samuel W. James, Christer Erséus, Emily Moriarty Lemmon, Alan R. Lemmon et Bronwyn W. Williams, « Phylogenomic Analysis of a Putative Missing Link Sparks Reinterpretation of Leech Evolution », Genome Biology and Evolution, vol. 11, no 7,‎ , p. 1712–1722 (ISSN 1759-6653, PMID 31214691, PMCID 6598468, DOI 10.1093/gbe/evz120)
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  19. (en) D. G. Mikulic, D. E. G. Briggs et J. Kluessendorf, « A new exceptionally preserved biota from the Lower Silurian of Wisconsin, U.S.A. », Philosophical Transactions of the Royal Society of London B , vol. 311, no 1148,‎ , p. 75–85 (DOI 10.1098/rstb.1985.0140)
  20. Revue La Recherche, no 409 de juin 2007, p. 98
  21. Pierre Barthélémy, « Une sangsue survit 24 heures à – 196°C, dans de l’azote liquide », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  22. a et b « La sangsue est un animal hermaphrodite », sur www.bestioles.ca (consulté le )
  23. a b c d e et f James H. Thorp et Alan P. Covich (2011) Ecology and Classification of North American Freshwater Invertebrates Academic Press, 11 mai 2001 ; 1056 pages (voir chap 13 : Annelida)
  24. Cf G. Tuffery et J. Verneaux, « Une méthode zoologique pratique de détermination de la qualité biologique des eaux courantes. Indices biotiques », Ann. Scient. Univ. de Besançon: Zoologie, Besançon, no 3,‎ , p. 79-90.
  25. a b c d e et f Ebrard, E. (1857) Nouvelle monographie des sangsues médicinales : description, classification, nutrition (avec 12 planches et 104 figures, dont 90 colorées par le procédé de la « lithochromie »)... Ed : JB Baillière & fils.
  26. Sangsues, page du site Web du Musée canadien de la nature, consulté 2015-06-27
  27. M. Verger-Bocquet, M. Salzet, C. Wattez et J. Malecha (1991). Mise en évidence et caractérisation d'une substance apparentée à l'ocytocine dans les cellules surnuméraires des ganglions génitaux de la sangsue Erpobdella octoculata. Comptes rendus de l'Académie des sciences. Série 3, Sciences de la vie, 313(7), p. 307-310 (résumé).
  28. J. Malecha, M. Verger-Bocquet, A. Leprêtre et G. Tramu (1989). Mise en évidence d'une action des anticorps anti-ocytocine sur les échanges d'eau chez la sangsue Theromyzon tessulatum (OFM). Comptes rendus de l'Académie des sciences. Série 3, Sciences de la vie, 309(4), p. 127-130 (résumé)
  29. Jean-François Harribey, « Libourne : Les sangsues prolifèrent, la plage restera fermée », Sud-Ouest.fr,‎ (lire en ligne)
  30. « Les forêts tropicales: La couche inférieure », sur mongabay.com (consulté le )
  31. Jacques Luquet, La chasse dans le sud-ouest autrefois, Sud-Ouest, , 189 p.
  32. S.Y. Utevsky et P. Trontelj, « A new species of the medicinal leech (Oligochaeta, Hirudinida, Hirudo) from Transcaucasia and an identification key for the genus Hirudo », Parasitology Research, vol. 98,‎ , p. 61–66 (lire en ligne [PDF])
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  35. M.C. Hochberg (2003) Multidisciplinary integrative approach to treating knee pain in patients with osteoarthritis. Ann Intern Med, novembre 2003 4;139(9):781-3.
  36. A. Michalsen, S. Klotz, R. Lüdtke, S. Moebus, G. Spahn, G.J. Dobos, « Effectiveness of leech therapy in osteoarthritis of the knee : a randomized, controlled trial », Ann Intern Med, vol. 139, no 9,‎ , p. 724-730 (lire en ligne [PDF])
  37. (en) Leeches
  38. (en) « How to remove a leech », sur wildmadagascar.org (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • JL D'hondt et D R Ben Ahmed, « Catalogue et clés tabulaires de détermination des Hirudinées d'eau douce de la faune Française. », Bulletin de la Société zoologique de France, vol. 134(3-4),‎ , p. 263-298 (lire en ligne)
  • B Lacaplain et F Noël, Branchiobdellidées et Hirudinées du Nord-Ouest de la France : Recherche, récolte et identification, (lire en ligne)
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  • J Guibé, « Glossiphonia heteroclita L., Hirudinée prédatrice de Mollusques Gastéropodes », Bull.Soc. Linn. Normandie, vol. 8,‎ , p. 73-79
  • Dr Dominique Kähler Schweizer, Thérapie par les sangsues : Secrets et bienfaits de l'hirudothérapie, Jouvence, , 148 p. (ISBN 9782883536524)
  • Louis Vitet, Traité de la sangsue médicale, Paris, P.J. Vitet son fils, (lire en ligne)

Vidéographie[modifier | modifier le code]

Références taxinomiques[modifier | modifier le code]

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