« James Lovelock » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
ordre des mots du sigle ESS
(30 versions intermédiaires par 15 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{redirect|Lovelock}}
{{Redirect|Lovelock}}
{{Mort récente|date=26 juillet 2022}}
{{Infobox Biographie2
{{Infobox Biographie2
| nom = James Lovelock
| nom = James Lovelock
Ligne 18 : Ligne 17 :
}}
}}


'''James Lovelock''', né le {{Date de naissance-|26|juillet|1919}} à [[Letchworth Garden City]] en [[Angleterre]] et mort le {{Date de décès-|26|juillet|2022}} à [[Abbotsbury]] (Angleterre), est un penseur, scientifique et environnementaliste indépendant{{De quoi}} britannique. Il est spécialiste des [[sciences]] de l'[[Atmosphère de la Terre|atmosphère]]<ref>{{Lien web |langue=fr |nom=Reporterre |titre=James Lovelock, l’inventeur de la révolutionnaire « hypothèse Gaïa », est mort |url=https://reporterre.net/James-Lovelock-l-inventeur-de-la-revolutionnaire-hypothese-Gaia-est-mort |site=Reporterre, le quotidien de l'écologie |consulté le=2022-07-28}}</ref>.
'''James Lovelock''', né le {{Date de naissance-|26|juillet|1919}} à [[Letchworth Garden City]] en [[Angleterre]] et mort le {{Date de décès-|26|juillet|2022}}<ref>{{Lien web |langue=fr |nom=Reporterre |titre=James Lovelock, l’inventeur de la révolutionnaire « hypothèse Gaïa », est mort |url=https://reporterre.net/James-Lovelock-l-inventeur-de-la-revolutionnaire-hypothese-Gaia-est-mort |site=Reporterre, le quotidien de l'écologie |consulté le=2022-07-28}}.</ref> à [[Abbotsbury]] (Angleterre), est un penseur et {{Lien|fr=scientifique indépendant|trad=Independent scientist}}<ref name="Blackmore">{{lien web|auteur=Susan Blackmore |lien auteur=Susan Blackmore|date=24 octobre 2008 |url=http://www.moreintelligentlife.com/story/solo-science |titre=Solo Science: Tinkering Outside The Tower |éditeur=More Intellige Life |consulté le=2012-06-01}}.</ref> britannique.


== Biographie ==
== Biographie ==
=== Premiers pas scientifiques : Mars et la Terre ===
=== Premiers pas scientifiques : Mars et la Terre ===
James Lovelock étudie la chimie à l'[[Université de Manchester]] avant d'entrer au [[Medical Research Council (Grande-Bretagne)|Conseil de Recherche Médicale]] (''Medical Research Council'') de [[Londres]]. Dans les années 1960, Lovelock était sous contrat avec la [[NASA]] et travaillait à mettre au point des instruments pour l'équipe chargée d'explorer les planètes, par des sondes. Il proposa alors l'analyse de l'atmosphère de [[Mars (planète)|Mars]] et soutint assez vite que s'il y avait une vie sur Mars, {{Citation|il lui faudrait utiliser l'atmosphère pour y puiser des matières premières et évacuer ses déchets ; cela aboutirait à en modifier la composition}}<ref>James Lovelock, ''La Revanche de Gaïa'', J'ai lu, Essais, 2007, {{p.|39}}.</ref>.
James Lovelock étudie la chimie à l'[[Université de Manchester]] avant d'entrer au [[Medical Research Council (Grande-Bretagne)|Conseil de Recherche Médicale]] (''Medical Research Council'') de [[Londres]]. Dans les années 1960, Lovelock était sous contrat avec la [[NASA]] et travaillait à mettre au point des instruments pour l'équipe chargée d'explorer les planètes, par des sondes. Il proposa alors l'analyse de l'atmosphère de [[Mars (planète)|Mars]] et soutint assez vite que s'il y avait une vie sur Mars, {{Citation|il lui faudrait utiliser l'atmosphère pour y puiser des matières premières et évacuer ses déchets ; cela aboutirait à en modifier la composition}}<ref>James Lovelock, ''La Revanche de Gaïa'', J'ai lu, Essais, 2007, {{p.|39}}.</ref>.


Lovelock travaille ensuite avec l'éminente biologiste américaine [[Lynn Margulis]], avec laquelle il écrit son premier article scientifique. Il y développe la théorie selon laquelle le système planétaire de la Terre a évolué en se comportant comme un système de contrôle actif capable de maintenir la planète en [[homéostasie]]. Par ailleurs, il découvre les porteurs moléculaires naturels des éléments [[soufre]] et [[iode]] : le [[sulfure de diméthyle]] (DMS) et l'[[iodométhane]] qui deviendront rapidement l'un des éléments fondant sa théorie. Seuls quelques spécialistes lui font alors bon accueil ; et Lovelock affronte [[Richard Dawkins]], défenseur international de la théorie de l'évolution darwinienne, à travers son concept de [[gène égoïste]] (''selfish gene'' en anglais). Il finit néanmoins par tomber d'accord avec le biologiste évolutionniste quant à l'incompatibilité de son modèle avec les canons darwiniens. {{Citation|Comme je ne doutais pas de Darwin, quelque chose devait clocher dans l'[[hypothèse Gaïa]]}}<ref>James Lovelock, {{opcit}}, {{p.|41}}.</ref> dit-il, revenant du même coup sur sa conjecture.
Lovelock travaille ensuite avec l'éminente biologiste américaine [[Lynn Margulis]], avec laquelle il écrit son premier article scientifique. Il y développe la théorie selon laquelle le système planétaire de la Terre a évolué en se comportant comme un système de contrôle actif capable de maintenir la planète en [[homéostasie]]. Par ailleurs, il découvre les porteurs moléculaires naturels des éléments [[soufre]] et [[iode]] : le [[sulfure de diméthyle]] (DMS) et l'[[iodométhane]] qui deviendront rapidement l'un des éléments fondant sa théorie. Seuls quelques spécialistes lui font alors bon accueil ; et Lovelock affronte [[Richard Dawkins]], défenseur international de la théorie de l'évolution darwinienne, à travers son concept de [[gène égoïste]] (''selfish gene'' en anglais). Il finit néanmoins par tomber d'accord avec le biologiste évolutionniste quant à l'incompatibilité de son modèle avec les canons darwiniens. {{Citation|Comme je ne doutais pas de Darwin, quelque chose devait clocher dans l'[[hypothèse Gaïa]]<ref>James Lovelock, {{opcit}}, {{p.|41}}.</ref>}} dit-il, revenant du même coup sur sa conjecture.


=== ''Daisyworld'' ===
=== ''Daisyworld'' ===
Pour démontrer ses postulats, en 1983 Lovelock publie<ref>{{article|nom=Watson |prénom=A.J. |auteur2=J.E. Lovelock |titre=Biological homeostasis of the global environment: the parable of Daisyworld |journal=[[Tellus B]] |volume=35 |numéro=4 |pages=286–9 |périodique=International Meteorological Institute |année=1983 |doi=10.1111/j.1600-0889.1983.tb00031.x |bibcode=1983TellB..35..284W }}</ref> avec [[Andrew Watson]] un modèle informatisé destiné à prouver un mécanisme autorégulateur simple : celui de la température terrestre, régulée par des végétaux. Ce modèle numérique, baptisé ''[[Daisyworld]]'' (« monde des pâquerettes » en français) montra qu'un système simple tendant à se préserver utilise la [[biosphère]] comme agent homéostatique. Par là même, Lovelock et son collègue prouvent que le [[darwinisme]] est compatible avec leur modèle numérique.
Pour démontrer ses postulats, en 1983 Lovelock publie<ref>{{Article |nom=Watson |prénom=A. J. |auteur2=J. E. Lovelock |titre=Biological homeostasis of the global environment: the parable of Daisyworld |journal=[[Tellus B]] |volume=35 |numéro=4 |pages=286-289 |périodique=International Meteorological Institute |année=1983 |doi=10.1111/j.1600-0889.1983.tb00031.x |bibcode=1983TellB..35..284W}}.</ref> avec [[Andrew Watson]] un modèle informatisé destiné à prouver un mécanisme autorégulateur simple : celui de la température terrestre, régulée par des végétaux. Ce modèle numérique, baptisé ''[[Daisyworld]]'' (« monde des pâquerettes » en français) montra qu'un système simple tendant à se préserver utilise la [[biosphère]] comme agent homéostatique. Par là même, Lovelock et son collègue prouvent que le [[darwinisme]] est compatible avec leur modèle numérique.


=== Le modèle ''CLAW'' ===
=== L'Hypothèse ''CLAW'' ===
En 1986, à [[Seattle]], Lovelock et ses collègues Robert Charlson, M.O. Andreae et Steven Warren, découvrent que la formation des nuages et, par voie de conséquence, le climat, dépendent du [[Sulfure de diméthyle|DMS]], engendré par les algues de l'océan (modèle CLAW, voir le chapitre ''Expériences ayant conduit à l'hypothèse Gaïa''). Lovelock découvre alors du même coup l'un des mécanismes de régulation de Gaïa ; pour cette découverte, il reçoit en 1988 le prix Norbert Gerbier de la communauté des climatologues.
En 1986, à [[Seattle]], Lovelock et ses collègues Robert Charlson, M.O. Andreae et Steven Warren, émettent l'hypothèse que la formation des nuages et, par voie de conséquence, le climat, dépendent du [[Sulfure de diméthyle|DMS]] engendré par les organismes marins (planctons et algues). L'[[hypothèse CLAW]] (initiales des auteurs) aura une grande influence sur l'étude de l'atmosphère marine mais sera néanmoins remise en perspective par la suite<ref>{{Article|langue=en|prénom1=P. K.|nom1=Quinn|prénom2=T. S.|nom2=Bates|titre=The case against climate regulation via oceanic phytoplankton sulphur emissions|périodique=Nature|volume=480|numéro=7375|date=2011-12|issn=1476-4687|doi=10.1038/nature10580|lire en ligne=https://www.nature.com/articles/nature10580|consulté le=2023-07-27|pages=51–56}}</ref>.


=== Population ===
=== Population ===
En 2009, il est devenu un des dirigeants de Population Matters (antérieurement Optimum Population Trust), qui prône une décroissance graduelle de la population humaine globale jusqu'à un niveau soutenable<ref>{{lien web |langue=en|titre=Gaia scientist to be OPT patron |url=http://www.populationmatters.org/2009/press/gaia-scientist-opt-patron |date=26 August 2009 |éditeur=Optimum Population Trust |consulté le=27 août 2009}}</ref>.
En 2009, il est devenu un des dirigeants de Population Matters (antérieurement Optimum Population Trust), qui prône une décroissance graduelle de la population humaine globale jusqu'à un niveau soutenable<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Gaia scientist to be OPT patron |url=http://www.populationmatters.org/2009/press/gaia-scientist-opt-patron |date=26 août 2009 |éditeur=Optimum Population Trust |consulté le=27 août 2009}}.</ref>.


== Réflexions sur la composition de l'atmosphère terrestre ==
== Travaux scientifiques ==
[[Fichier:James Lovelocks Electron capture detector for a gas chromatograph, 1960. (9660569973).jpg|thumb|Détecteur à capture d'électron, inventé par J Lovelock, conservé au [[Science Museum de Londres]].]]
C'est dans son article de 1972 que James Lovelock expose sa théorie scientifique selon laquelle la composition de l'atmosphère terrestre est régulée par les êtres vivants, notamment les [[bactéries]]. Cet article constituera le point de départ de sa théorie sur [[Gaïa]]. Ce sont ses articles publiés en 1974, en collaboration avec [[Lynn Margulis]], qui exposeront l'[[hypothèse Gaia]]. Elle fut accueillie avec beaucoup d'indifférence, pour susciter vingt ans plus tard de nombreux débats.
James Lovelock a mis au point (en [[1957]]) un détecteur (à capture d'électrons) capable d'évaluer la teneur de l'atmosphère en [[Chlorofluorocarbure|CFC]]. Grâce à ce détecteur, il a montré que les CFC persistaient longtemps dans l'air et il a été le premier à comprendre qu'ils étaient responsable de l’agrandissement du [[trou de la couche d'ozone]], dans les années 1980<ref>{{Lien web |langue=en-gb |prénom=Robert |nom=Hunziker |titre=At 100, James Lovelock’s Gaia Theory Still Faces Challenges |url=https://www.citywatchla.com/index.php/cw/los-angeles/17950-at-100-james-lovelock-s-gaia-theory-still-faces-challenges |site=CityWatch Los Angeles |consulté le=2023-02-06}}.</ref>{{,}}<ref name=lovelock71>{{Article |langue=en |prénom1=J. E. |nom1=Lovelock |titre=Atmospheric Fluorine Compounds as Indicators of Air Movements |périodique=Nature |volume=230 |numéro=5293 |date=1971-04 |issn=0028-0836 |issn2=1476-4687 |doi=10.1038/230379a0 |lire en ligne=https://www.nature.com/articles/230379a0 |consulté le=2023-02-06 |pages=379–379}}.</ref>{{,}}<ref name=nature>{{Article |langue=en |prénom1=J. E. |nom1=Lovelock |prénom2=R. J. |nom2=Maggs |prénom3=R. J. |nom3=Wade |titre=Halogenated Hydrocarbons in and over the Atlantic |périodique=Nature |volume=241 |numéro=5386 |date=1973-01 |issn=0028-0836 |issn2=1476-4687 |doi=10.1038/241194a0 |lire en ligne=https://www.nature.com/articles/241194a0 |consulté le=2023-02-06 |pages=194–196}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Resurgence 187 - Travels with an Electron Capture Detector - James Lovelock |url=https://web.archive.org/web/20070927043230/http://www.resurgence.org/resurgence/issues/lovelock187.htm |site=web.archive.org |date=2007-09-27 |consulté le=2023-02-06}}.</ref>. Ce détecteur dit ECD (''Electron capture detector'') permet de détecter des atomes et des molécules dans un gaz par la fixation d'électrons via l'ionisation par capture d'électrons<ref>{{Article |prénom1=J.E. |nom1=Lovelock |titre=A sensitive detector for gas chromatography |périodique=Journal of Chromatography A |volume=1 |date=1958-01 |issn=0021-9673 |doi=10.1016/s0021-9673(00)93398-3 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1016/s0021-9673(00)93398-3 |consulté le=2023-02-06 |pages=35–46}}.</ref> et est utilisé en chromatographie en phase gazeuse pour détecter des traces de composés chimiques dans un échantillon<ref>{{Article |prénom1=M. |nom1=Krejči |prénom2=M. |nom2=Dressler |titre=Selective detectors in gas chromatography |périodique=Chromatographic Reviews |volume=13 |numéro=1 |date=1970-01 |issn=0009-5907 |doi=10.1016/0009-5907(70)80005-9 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1016/0009-5907(70)80005-9 |consulté le=2023-02-06 |pages=1–59}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |prénom1=E.D. |nom1=Pellizzari |titre=Electron capture detection in gas chromatography |périodique=Journal of Chromatography A |volume=98 |numéro=2 |date=1974-09 |issn=0021-9673 |doi=10.1016/s0021-9673(00)92077-6 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1016/s0021-9673(00)92077-6 |consulté le=2023-02-06 |pages=323–361}}.</ref>{{,}}<ref name=nature/>.


Après avoir étudié le fonctionnement du [[cycle du soufre]] de la Terre<ref>{{Article |langue=en |prénom1=J. E. |nom1=Lovelock |prénom2=R. J. |nom2=Maggs |prénom3=R. A. |nom3=Rasmussen |titre=Atmospheric Dimethyl Sulphide and the Natural Sulphur Cycle |périodique=Nature |volume=237 |numéro=5356 |date=1972-06 |issn=0028-0836 |issn2=1476-4687 |doi=10.1038/237452a0 |lire en ligne=https://www.nature.com/articles/237452a0 |consulté le=2023-02-06 |pages=452–453}}.</ref> Lovelock et ses collègues, [[Robert Jay Charlson]], [[Meinrat Andreae]] et Stephen G. Warren ont développé l'hypothèse CLAW comme exemple possible de contrôle biologique du climat terrestre<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Robert J. |nom1=Charlson |prénom2=James E. |nom2=Lovelock |prénom3=Meinrat O. |nom3=Andreae |prénom4=Stephen G. |nom4=Warren |titre=Oceanic phytoplankton, atmospheric sulphur, cloud albedo and climate |périodique=Nature |volume=326 |numéro=6114 |date=1987-04 |issn=0028-0836 |issn2=1476-4687 |doi=10.1038/326655a0 |lire en ligne=http://www.nature.com/articles/326655a0 |consulté le=2023-02-06 |pages=655–661}}.</ref>.
La [[Geological Society of London]] lui décerne la [[médaille Wollaston]] en [[2006]] pour la « création d'un champ d'études entièrement nouveau en [[sciences de la terre]] », la ''science du système Terre'' ou ESS (pour Earth Science System, officialisé lors de la conférence d'Amsterdam pour le Climat, en 2001).

En 1972, James Lovelock expose dans un article sa théorie selon laquelle la composition de l'atmosphère terrestre est régulée par les êtres vivants, notamment les [[bactéries]]. Cet article constituera le point de départ de sa théorie sur [[Gaïa]]. Ce sont ses articles publiés en 1974, en collaboration avec [[Lynn Margulis]], qui exposeront l'[[hypothèse Gaia]]. Elle fut accueillie avec beaucoup d'indifférence, pour susciter vingt ans plus tard de nombreux débats.

La [[Geological Society of London]] lui décerne la [[médaille Wollaston]] en [[2006]] pour la « création d'un champ d'études entièrement nouveau en [[sciences de la terre]] », la ''science du système Terre'' ou ESS (pour Earth System Science , officialisé lors de la conférence d'Amsterdam pour le Climat, en 2001).


== Opinions sur les méfaits du réchauffement climatique ==
== Opinions sur les méfaits du réchauffement climatique ==
Ligne 48 : Ligne 52 :
En {{date-|septembre 2007}}, il déclare à des délégués du symposium annuel de l'[[Association nucléaire mondiale]] que le changement climatique se stabilisera et qu'il sera possible d'y survivre, et que la Terre elle-même n'est pas en danger parce qu'elle se stabilisera dans un nouvel état. La vie, cependant, pourrait être forcée de migrer en masse pour garder un environnement habitable<ref>[http://www.world-nuclear-news.org/newsarticle.aspx?id=13998&LangType=2057&terms=lovelock « Lovelock: "Respect the Earth" »], ''World Nuclear News'', 6 septembre 2007, retrieved 25 July 2009.</ref>.
En {{date-|septembre 2007}}, il déclare à des délégués du symposium annuel de l'[[Association nucléaire mondiale]] que le changement climatique se stabilisera et qu'il sera possible d'y survivre, et que la Terre elle-même n'est pas en danger parce qu'elle se stabilisera dans un nouvel état. La vie, cependant, pourrait être forcée de migrer en masse pour garder un environnement habitable<ref>[http://www.world-nuclear-news.org/newsarticle.aspx?id=13998&LangType=2057&terms=lovelock « Lovelock: "Respect the Earth" »], ''World Nuclear News'', 6 septembre 2007, retrieved 25 July 2009.</ref>.


En 2008, il soutient que : {{citation bloc|vers 2040, la population mondiale, de plus de six milliards d'êtres humains, aura été exterminée par les inondations, la sécheresse et la famine. Les peuples du sud de l'Europe, comme ceux de l'Asie du Sud-Est, pénétreront violemment dans des pays comme le Canada, l'Australie et la Grande-Bretagne. […] Si vous prenez les prédictions du [[Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat|GIEC]], alors, vers 2040, chaque été en Europe sera [[Canicule européenne de 2003|aussi chaud qu'en 2003]] – entre 110 et 120 [[degré Fahrenheit|°F]]. Ce n'est pas la mort des gens qui est le principal problème, c'est le fait que les plantes ne pourront pas pousser. Il ne poussera presque pas d'aliments en Europe. Vers 2040, des parties du désert du Sahara se seront étendues jusqu'au cœur de l'Europe. Il s'agit de Paris et même de régions aussi loin au nord que Berlin. En Grande Bretagne, nous y échapperons en raison de notre position océanique. […] Nous sommes sur le point de franchir un pas évolutif et mon espoir est que l'espèce émergera plus forte. Ce serait de l'orgueil de penser que les humains, tels qu'ils sont aujourd'hui, sont la race élue de Dieu<ref>{{lien web|langue=en|url=http://www.dailymail.co.uk/pages/live/articles/news/news.html?in_article_id=541748&in_page_id=1770 |titre=Daily Mail – 22 March 2008 – We're all doomed ! 40 years from global catastrophe – says climate change expert |éditeur=[[Daily Mail]] |date=2008-03-22 |consulté le=2012-09-01}}</ref>.}}
En 2008, il soutient que : {{citation bloc|vers 2040, la population mondiale, de plus de six milliards d'êtres humains, aura été exterminée par les inondations, la sécheresse et la famine. Les peuples du sud de l'Europe, comme ceux de l'Asie du Sud-Est, pénétreront violemment dans des pays comme le Canada, l'Australie et la Grande-Bretagne. […] Si vous prenez les prédictions du [[Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat|GIEC]], alors, vers 2040, chaque été en Europe sera [[Canicule européenne de 2003|aussi chaud qu'en 2003]] – entre 110 et 120 [[degré Fahrenheit|°F]]. Ce n'est pas la mort des gens qui est le principal problème, c'est le fait que les plantes ne pourront pas pousser. Il ne poussera presque pas d'aliments en Europe. Vers 2040, des parties du désert du Sahara se seront étendues jusqu'au cœur de l'Europe. Il s'agit de Paris et même de régions aussi loin au nord que Berlin. En Grande Bretagne, nous y échapperons en raison de notre position océanique. […] Nous sommes sur le point de franchir un pas évolutif et mon espoir est que l'espèce émergera plus forte. Ce serait de l'orgueil de penser que les humains, tels qu'ils sont aujourd'hui, sont la race élue de Dieu<ref>{{lien web |langue=en |url=http://www.dailymail.co.uk/pages/live/articles/news/news.html?in_article_id=541748&in_page_id=1770 |titre=Daily Mail – 22 March 2008 – We're all doomed ! 40 years from global catastrophe – says climate change expert |éditeur=[[Daily Mail]] |date=2008-03-22 |consulté le=2012-09-01}}.</ref>.}}


En 2010, il blâme l'inertie et la démocratie pour le manque d'action en matière de climat<ref>James Lovelock: « Humans are too stupid to prevent climate change », ''The Guardian'', 29 mars 2010, [http://www.guardian.co.uk/science/2010/mar/29/james-lovelock-climate-change en ligne].</ref>.
En 2010, il blâme l'inertie et la démocratie pour le manque d'action en matière de climat<ref>James Lovelock, « Humans are too stupid to prevent climate change », ''The Guardian'', 29 mars 2010, [http://www.guardian.co.uk/science/2010/mar/29/james-lovelock-climate-change en ligne].</ref>.


Dans des propos tenus en 2012, il continue à se montrer préoccupé par le réchauffement climatique, tout en critiquant l'extrémisme et en proposant d'adopter d'autres sources d'énergie que le pétrole, le charbon et les [[Énergie propre|sources d'énergie dites vertes]], dont il n'est pas partisan<ref name="worldnews.msnbc.msn.com">{{lien web|langue=en|nom=Johnston|prénom=Ian|titre='Gaia' scientist James Lovelock: I was 'alarmist' about climate change|url=http://worldnews.msnbc.msn.com/_news/2012/04/23/11144098-gaia-scientist-james-lovelock-i-was-alarmist-about-climate-change?lite|éditeur=MSNBC|consulté le=avril 2012|archiveurl=https://web.archive.org/web/20120424004036/https://worldnews.msnbc.msn.com/_news/2012/04/23/11144098-gaia-scientist-james-lovelock-i-was-alarmist-about-climate-change?lite|archivedate=24 avril 2012}}.</ref>.
Dans des propos tenus en 2012, il continue à se montrer préoccupé par le réchauffement climatique, tout en critiquant l'extrémisme et en proposant d'adopter d'autres sources d'énergie que le pétrole, le charbon et les [[Énergie propre|sources d'énergie dites vertes]], dont il n'est pas partisan<ref name="worldnews.msnbc.msn.com">{{lien web|langue=en|nom=Johnston|prénom=Ian|titre='Gaia' scientist James Lovelock: I was 'alarmist' about climate change|url=http://worldnews.msnbc.msn.com/_news/2012/04/23/11144098-gaia-scientist-james-lovelock-i-was-alarmist-about-climate-change?lite|éditeur=MSNBC|consulté le=avril 2012|archiveurl=https://web.archive.org/web/20120424004036/https://worldnews.msnbc.msn.com/_news/2012/04/23/11144098-gaia-scientist-james-lovelock-i-was-alarmist-about-climate-change?lite|archivedate=24 avril 2012}}.</ref>.


Dans une interview diffusée en {{date-|avril 2012}} par [[MSNBC]], Lovelock déclare qu'il a été « alarmiste »<ref> {{citation|C'est vrai, j'ai commis une erreur.}}</ref> au sujet du rythme du changement climatique. Il signale le documentaire ''[[Une vérité qui dérange]]'' et le livre {{Lien|fr=The Weather Makers|lang=en}} comme des exemples de la même sorte d'alarmisme. Il pense toujours que le climat va se réchauffer, mais que le changement n'est pas aussi rapide qu'il l'a cru à une certaine époque et il admet qu'il a trop extrapolé. Il dit croire que le changement climatique continue à se produire mais ne se fera sentir que dans l'avenir : {{citation bloc|Le problème est que nous ne savons pas où va le climat. Nous pensions le savoir il y a 20 ans. Cela a produit quelques livres alarmistes – les miens inclus – parce que la tendance semblait très claire, mais ce qu'on prédisait ne s'est pas produit. Le climat joue ses tours habituels. Il n'y a plus vraiment grand-chose qui se produit. D'après les prévisions d'alors, nous serions aujourd'hui à mi-chemin d'un monde prêt à frire. Le monde ne s'est pas réchauffé beaucoup depuis le début du millénaire. Douze ans est une durée raisonnable. […] Elle [la température] est restée presque constante, alors qu'elle aurait dû s'élever — la teneur en dioxyde de carbone s'élève, pas de doute là-dessus<ref name="worldnews.msnbc.msn.com"/>.}}
Dans une interview diffusée en {{date-|avril 2012}} par [[MSNBC]], Lovelock déclare qu'il a été « alarmiste »<ref> {{citation|C'est vrai, j'ai commis une erreur.}}.</ref> au sujet du rythme du changement climatique. Il signale le documentaire ''[[Une vérité qui dérange]]'' et le livre {{Lien|fr=The Weather Makers|lang=en}} comme des exemples de la même sorte d'alarmisme. Il pense toujours que le climat va se réchauffer, mais que le changement n'est pas aussi rapide qu'il l'a cru à une certaine époque et il admet qu'il a trop extrapolé. Il dit croire que le changement climatique continue à se produire mais ne se fera sentir que dans l'avenir : {{citation bloc|Le problème est que nous ne savons pas où va le climat. Nous pensions le savoir il y a 20 ans. Cela a produit quelques livres alarmistes – les miens inclus – parce que la tendance semblait très claire, mais ce qu'on prédisait ne s'est pas produit. Le climat joue ses tours habituels. Il n'y a plus vraiment grand-chose qui se produit. D'après les prévisions d'alors, nous serions aujourd'hui à mi-chemin d'un monde prêt à frire. Le monde ne s'est pas réchauffé beaucoup depuis le début du millénaire. Douze ans est une durée raisonnable. […] Elle [la température] est restée presque constante, alors qu'elle aurait dû s'élever — la teneur en dioxyde de carbone s'élève, pas de doute là-dessus<ref name="worldnews.msnbc.msn.com"/>.}}


Dans une interview de {{date-|juin 2012}} au ''Guardian'', il prône la [[fracturation hydraulique]] comme moins polluante que le charbon. Il s'oppose à la notion de « développement durable », qu'il qualifie de sottise sans signification. Il garde sous sa vue un poster d'éolienne pour se rappeler à quel point il les déteste<ref>Interview de James Lovelock par Leo Hickman, « James Lovelock: The UK should be going mad for fracking », ''The Guardian'', 15 juin 2012, [http://www.guardian.co.uk/environment/2012/jun/15/james-lovelock-interview-gaia-theory?intcmp=122 en ligne], et texte plus complet de l'interview sur [http://www.guardian.co.uk/environment/blog/2012/jun/15/james-lovelock-fracking-greens-climate le blog du journaliste, sur le site du ''Guardian''].</ref>.
Dans une interview de {{date-|juin 2012}} au ''Guardian'', il prône la [[fracturation hydraulique]] comme moins polluante que le charbon. Il s'oppose à la notion de « développement durable », qu'il qualifie de sottise sans signification. Il garde sous sa vue un poster d'éolienne pour se rappeler à quel point il les déteste<ref>Interview de James Lovelock par Leo Hickman, « {{lang|en|texte=James Lovelock: The UK should be going mad for fracking}} », ''The Guardian'', 15 juin 2012, [http://www.guardian.co.uk/environment/2012/jun/15/james-lovelock-interview-gaia-theory?intcmp=122 en ligne], et texte plus complet de l'interview sur [http://www.guardian.co.uk/environment/blog/2012/jun/15/james-lovelock-fracking-greens-climate le blog du journaliste, sur le site du ''Guardian''].</ref>.


En 2015, James Lovelock devient plus circonspect sur la datation de la catastrophe climatique, mais reste convaincu que les conséquences du réchauffement climatique finiront par nous rattraper. Sa conviction que les humains sont incapables de l'inverser, et que, de toute façon, il est trop tard pour s'y essayer, reste inchangée. Pour lui, l'essentiel n'est pas la survie de l'humanité, mais la continuation de la vie elle-même ; si la population dépasse les capacités de la planète, la Terre trouvera un moyen pour se débarrasser de l'excédent et continuer sa vie : {{citation bloc|Je considère avec beaucoup de sérénité un genre d'évènement, pas trop rapide, qui réduirait notre population à environ un milliard ; je pense que la Terre serait plus heureuse<ref>{{en}}[http://europe.newsweek.com/james-lovelock-saving-planet-foolish-romantic-extravagance-327941 James Lovelock : « Saving the planet is a foolish, romantic extravagance »], ''Newsweek'', 31 mai 2015.</ref>.}}
En 2015, James Lovelock devient plus circonspect sur la datation de la catastrophe climatique, mais reste convaincu que les conséquences du réchauffement climatique finiront par nous rattraper. Sa conviction que les humains sont incapables de l'inverser, et que, de toute façon, il est trop tard pour s'y essayer, reste inchangée. Pour lui, l'essentiel n'est pas la survie de l'humanité, mais la continuation de la vie elle-même ; si la population dépasse les capacités de la planète, la Terre trouvera un moyen pour se débarrasser de l'excédent et continuer sa vie : {{citation bloc|Je considère avec beaucoup de sérénité un genre d'évènement, pas trop rapide, qui réduirait notre population à environ un milliard ; je pense que la Terre serait plus heureuse<ref>{{en}}[http://europe.newsweek.com/james-lovelock-saving-planet-foolish-romantic-extravagance-327941 James Lovelock : « Saving the planet is a foolish, romantic extravagance »], ''Newsweek'', 31 mai 2015.</ref>.}}


En {{date-|septembre 2016}}, il déclare au ''Guardian'' : {{citation bloc|Je ne suis pas sûr que cette histoire de changement climatique ne soit pas entièrement une idiotie. Il suffit de regarder Singapour. Elle représente deux fois et demie le pire scénario possible pour le changement climatique, et c'est une des villes au monde où il est le plus désirable de vivre<ref>Decca Aitkenhead, « James Lovelock: ‘Before the end of this century, robots will have taken over’ », ''The Guardian'', 30 septembre 2016, [https://www.theguardian.com/environment/2016/sep/30/james-lovelock-interview-by-end-of-century-robots-will-have-taken-over en ligne].</ref>.}}
En {{date-|septembre 2016}}, il déclare au ''Guardian'' s'attendre : {{citation bloc|à ce qu'avant que les conséquences du réchauffement climatique puissent avoir un impact significatif sur nous, quelque chose d'autre aura rendu notre monde méconnaissable, et menace la race humaine<ref>Decca Aitkenhead, « James Lovelock: ‘Before the end of this century, robots will have taken over’ », ''The Guardian'', 30 septembre 2016, [https://www.theguardian.com/environment/2016/sep/30/james-lovelock-interview-by-end-of-century-robots-will-have-taken-over en ligne].</ref>.}}


== Prises de position et interventions publiques ==
== Prises de position et interventions publiques ==
James Lovelock est membre de l'Association des Écologistes Pour le Nucléaire (AEPN), car il estime que cette industrie est bien moins dangereuse pour Gaïa que l'usage des [[combustibles fossiles]] et que les craintes qui entourent l'[[Mouvement pro-nucléaire|industrie nucléaire]] sont irrationnelles<ref>[http://www.ecolo.org/lovelock/loveprefacefr.htm Préface de James Lovelock au livre de Bruno Comby ''Le nucléaire avenir de l'écologie ?'']</ref>.

Il prend la parole dans le documentaire de Pierre Barougier et Olivier Bourgeois ''[[Nous resterons sur Terre]]'' (sorti en salles le {{date-|8 avril 2009}})<ref>Zootrope Films.</ref> aux côtés de [[Wangari Maathai]], [[Edgar Morin]] et de [[Mikhaïl Gorbatchev]].
Il prend la parole dans le documentaire de Pierre Barougier et Olivier Bourgeois ''[[Nous resterons sur Terre]]'' (sorti en salles le {{date-|8 avril 2009}})<ref>Zootrope Films.</ref> aux côtés de [[Wangari Maathai]], [[Edgar Morin]] et de [[Mikhaïl Gorbatchev]].


=== ''« Retrait soutenable »'' ===
=== ''« Retrait soutenable »'' ===
Le retrait soutenable (''Sustainable retreat'' en anglais) est un concept développé et promu par James Lovelock avant qu'il ne se soit partiellement rétracté à propos de l'imminence du risque de [[collapsus écologique]] et [[Crise climatique|climatique]], pour définir les changements nécessaires aux [[établissements humains]] à l'échelle mondiale, dans un but d'[[adaptation au changement climatique]] et de prévention de ses conséquences négatives sur les humains<ref>Lovelock J (2006) ''The Revenge of Gaia: Why the Earth Is Fighting Back - and How We Can Still Save Humanity''. Santa Barbara, California: Allen Lane. {{ISBN|0-7139-9914-4}}.</ref>.
Le retrait soutenable (''Sustainable retreat'' en anglais) est un concept développé et promu par James Lovelock avant qu'il ne se soit partiellement rétracté à propos de l'imminence du risque de [[collapsus écologique]] et [[Crise climatique|climatique]], pour définir les changements nécessaires aux [[établissements humains]] à l'échelle mondiale, dans un but d'[[adaptation au changement climatique]] et de prévention de ses conséquences négatives sur les humains<ref>Lovelock J (2006) ''The Revenge of Gaia: Why the Earth Is Fighting Back - and How We Can Still Save Humanity''. Santa Barbara, California: Allen Lane. {{ISBN|0-7139-9914-4}}.</ref>.

Quand il présente ce concept, Lovelock pense qu'il est déjà trop tard pour parler de « [[développement soutenable]] » et que nous en sommes arrivés au point où le développement ne peut plus être durable sans passer par une certaine phase de [[décroissance démographique]] et [[décroissance (économie)|économique]]. L'humanité devrait selon lui effectuer un retrait volontaire de la planète ; Lovelock déclare ainsi<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Goodell, J (2007). "The Prophet of Climate Change: James Lovelock". Rolling Stone. Available from the WWW: https://www.rollingstone.com/politics/story/16956300/the_prophet_of_climate_change_james_lovelock, page 4.|prénom1=Jeff|nom1=Goodell|titre=The Prophet of Climate Change: James Lovelock|traduction titre=Le prophète du changement climatique : James Lovelock|périodique=[[Rolling Stone]]|date=1 novembre 2007|lire en ligne=http://rollingstone.com/politics/story/16956300/the_prophet_of_climate_change_james_lovelock/4|archiveurl=https://web.archive.org/web/20090201052809/http://rollingstone.com/politics/story/16956300/the_prophet_of_climate_change_james_lovelock/4|archivedate=2009-02-01|accès url=libre|pages=4}}.</ref> : {{Citation|Le retrait, de ce point de vue, signifie qu'il est temps de commencer de reconsidérer là où nous vivons et comment nous obtenons notre nourriture ; de faire des plans pour permettre la migration de millions de personnes de régions basses comme le Bangladesh vers l'Europe ; d'accepter que la Nouvelle-Orléans commence à déplacer les gens vers des villes mieux positionnées pour l'avenir. Surtout, dit-il, il s'agit de chacun fasse tout son possible pour soutenir la civilisation, afin qu'elle ne dégénère pas en Âge sombre, dominé par des chefs de guerre, ce qui est un véritable danger. Car nous pourrions tout perdre.}}


Quand il présente ce concept, Lovelock pense qu'il est déjà trop tard pour parler de « [[développement soutenable]] » et que nous en sommes arrivés au point où le développement ne peut plus être durable sans passer par une certaine phase de [[décroissance démographique]] et [[décroissance (économie)|économique]]. L'humanité devrait selon lui effectuer un retrait volontaire de la planète ; Lovelock déclare ainsi<ref>Goodell, J (2007). "The Prophet of Climate Change: James Lovelock". Rolling Stone. Available from the WWW: https://www.rollingstone.com/politics/story/16956300/the_prophet_of_climate_change_james_lovelock. (page 4.)</ref> : {{Citation|Le retrait, de ce point de vue, signifie qu'il est temps de commencer de reconsidérer là où nous vivons et comment nous obtenons notre nourriture ; de faire des plans pour permettre la migration de millions de personnes de régions basses comme le Bangladesh vers l'Europe ; d'accepter que la Nouvelle-Orléans commence à déplacer les gens vers des villes mieux positionnées pour l'avenir. Surtout, dit-il, il s'agit de chacun fasse tout son possible pour soutenir la civilisation, afin qu'elle ne dégénère pas en Âge sombre, dominé par des chefs de guerre, ce qui est un véritable danger. Car nous pourrions tout perdre.}}
Ce concept de retrait durable (qui peut évoquer aussi la notion de rendre à la mer certaines zones de polders comme cela commence à se faire, en Europe notamment) a mis l'accent sur un modèle insoutenable d'utilisation des ressources naturelles, à remplacer par un modèle plus « frugal », visant à répondre aux besoins humains tout en consommant moins de ressources et des ressources moins nuisibles pour l'environnement.
Ce concept de retrait durable (qui peut évoquer aussi la notion de rendre à la mer certaines zones de polders comme cela commence à se faire, en Europe notamment) a mis l'accent sur un modèle insoutenable d'utilisation des ressources naturelles, à remplacer par un modèle plus « frugal », visant à répondre aux besoins humains tout en consommant moins de ressources et des ressources moins nuisibles pour l'environnement.


Ligne 223 : Ligne 225 :
| pages totales = 291
| pages totales = 291
| isbn = 2-221-06585-9
| isbn = 2-221-06585-9
}} {{commentaire biblio|Traduit de l'anglais par Bernard Sigaud. Réédition Paris, Odile Jacob, 1997, collection Opus Sciences {{ISBN|2-7381-0445-2}}.}}
}}
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage
| langue = fr
| langue = fr
Ligne 230 : Ligne 232 :
| titre original = Gaia: Medicine for an Ailing Planet
| titre original = Gaia: Medicine for an Ailing Planet
| lieu = Paris
| lieu = Paris
| éditeur = [[Sang de la Terre]]
| éditeur = Sang de la Terre
| collection = Guides Pratiques
| collection = Guides Pratiques
| année = 2001
| année = 2001
Ligne 236 : Ligne 238 :
| format livre = 20 cm x 25 cm
| format livre = 20 cm x 25 cm
| isbn = 2-86985-140-5
| isbn = 2-86985-140-5
}} {{commentaire biblio|Traduit de l'anglais par Bernard Sigaud (réédition révisée de ''Gaïa: Comment soigner une Terre malade'', Paris, Robert Laffont, 1992 ({{ISBN|9-782221-073605}}.)}}
}}
* {{Ouvrage
|langue = fr
|titre=Gaia : comment soigner une terre malade?
|éditeur=R. Laffont
|date=1992
|isbn=2-221-07360-6
|isbn2=978-2-221-07360-5 |oclc=27325870
|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/27325870
|consulté le=2023-02-06}}.
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage
| langue = fr
| langue = fr
Ligne 247 : Ligne 258 :
| isbn = 978-2-08-210588-0
| isbn = 978-2-08-210588-0
| isbn2 = 2-08-210588-1
| isbn2 = 2-08-210588-1
}} ; {{2e|édition}}, J'ai Lu, coll. « J'ai Lu Essai, {{n°|8579}} », 2008, 256 p. , {{ISBN|2-290-00708-0}}
}} {{commentaire biblio|{{2e|édition}}, J'ai Lu, coll. « J'ai Lu Essai, {{n°|8579}} », 2008, 256 p., {{ISBN|2-290-00708-0}}.}}


* {{Ouvrage
* {{Ouvrage
Ligne 260 : Ligne 271 :
| isbn = 978-2-86839-417-0
| isbn = 978-2-86839-417-0
| isbn2 = 2-86839-417-5
| isbn2 = 2-86839-417-5
}}{{Commentaire biblio|préface de James Lovelock}}
| préface = James Lovelock}}.
* {{Ouvrage
| langue = fr
| auteur1 = James Lovelock
| titre = Gaia
| sous-titre = comment soigner une terre malade
| éditeur = [[Éditions Robert Laffont|Robert Laffont]]
| année = 1995 (Robert Laffont)
| isbn =
}}


=== Articles ===
=== Articles ===
* {{en}} {{Article
* {{Article |langue=en
| titre = [http://comment.independent.co.uk/commentators/article338830.ece The Earth is about to catch a morbid fever]
| titre = [http://comment.independent.co.uk/commentators/article338830.ece The Earth is about to catch a morbid fever]
| périodique = The Independent
| périodique = The Independent
| auteur = James Lovelock
| auteur = James Lovelock
| langue = en
| année = 16 January 2006
| année = 16 January 2006
}}
}}.
* {{en}} {{Article
* {{Article |langue=en
| titre = Gaia as seen through the atmosphere
| titre = Gaia as seen through the atmosphere
| périodique = Atmospheric Environment
| périodique = Atmospheric Environment
Ligne 287 : Ligne 287 :
| année = 1972
| année = 1972
| pages = 579-580
| pages = 579-580
}}
}}.
* {{en}} {{Article
* {{Article |langue=en
| titre = Atmospheric homeostasis by and for the biosphere : the Gaia hypothesis
| titre = Atmospheric homeostasis by and for the biosphere : the Gaia hypothesis
| périodique = Tellus
| périodique = Tellus
Ligne 295 : Ligne 295 :
| année = 19724
| année = 19724
| pages = 1-10
| pages = 1-10
}}
}}.


== Filmographie ==
== Filmographie ==
Ligne 312 : Ligne 312 :


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
{{Liens}}
{{Liens}}
* {{Lien web |langue=fr |url=http://controverses.sciences-po.fr/archive/gaia/wordpress/ |titre=Le site ''Ionesco'' de Sciences-Po, fondé sur les cours dispensé par Bruno Latour pour le double cursus Sciences et Sciences Sociales intitulé « cartographie de controverses scientifiques ou technique »}}.
* [http://www.ecolo.org/lovelock/lovebiofr.htm Site officiel de James Lovelock]
* {{Lien web
| url = http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/James_Lovelock
| titre = Biographie de Lovelock et genèse de sa théorie sur le site ''Agora''
}}
*{{lien web |url = http://controverses.sciences-po.fr/archive/gaia/wordpress/ | titre = Le site ''Ionesco'' de Sciences-Po, fondé sur les cours dispensé par Bruno Latour pour le double cursus Sciences et Sciences Sociales intitulé « cartographie de controverses scientifiques ou technique ».
}}
* {{Lien web
| url = http://fredericjoignot.blogspirit.com/archive/2006/03/10/gaia-la-terre-l-hypothese-de-james-lovelock1.html
| titre = Entretien avec James Lovelock
| année = 1990
}}

{{Palette|Théorie Gaïa}}
{{Palette|Théorie Gaïa}}
{{Portail|Royaume-Uni|Biologie|sciences de la Terre et de l'Univers|météorologie|Environnement|astronomie|HZB|écologisme}}
{{Portail|Royaume-Uni|Biologie|sciences de la Terre et de l'Univers|météorologie|Environnement|astronomie|HZB|écologisme}}


{{DEFAULTSORT:Lovelock, James}}
{{DEFAULTSORT:Lovelock, James}}
[[Catégorie:Naissance en juillet 1919]]
[[Catégorie:Naissance dans le Hertfordshire]]
[[Catégorie:Étudiant de l'université de Manchester]]
[[Catégorie:Écologiste britannique]]
[[Catégorie:Écologiste britannique]]
[[Catégorie:Écologue britannique]]
[[Catégorie:Écologue britannique]]
[[Catégorie:Futurologue]]
[[Catégorie:Futurologue]]
[[Catégorie:Théorie Gaïa]]
[[Catégorie:Océanographe britannique]]
[[Catégorie:Membre de la Royal Society]]
[[Catégorie:Membre de la Royal Society]]
[[Catégorie:Membre de l'ordre des compagnons d'honneur]]
[[Catégorie:Membre de l'ordre des compagnons d'honneur]]
[[Catégorie:Commandeur de l'ordre de l'Empire britannique]]
[[Catégorie:Commandeur de l'ordre de l'Empire britannique]]
[[Catégorie:Naissance dans le Hertfordshire]]
[[Catégorie:Naissance en juillet 1919]]
[[Catégorie:Décès en juillet 2022]]
[[Catégorie:Théorie Gaïa]]
[[Catégorie:Étudiant de l'université de Manchester]]
[[Catégorie:Centenaire britannique]]
[[Catégorie:Centenaire britannique]]
[[Catégorie:Océanographe anglais]]
[[Catégorie:Décès à 103 ans]]
[[Catégorie:Décès dans le Dorset]]
[[Catégorie:Décès dans le Dorset]]
[[Catégorie:Décès à 103 ans]]
[[Catégorie:Décès en juillet 2022]]
[[Catégorie:Mouvement pro-nucléaire]]

Version du 11 février 2024 à 22:52

James Lovelock
James Lovelock en 2005.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 103 ans)
AbbotsburyVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
James Ephraim Lovelock
Nationalité
Formation
Activités
Père
Tom Arthur Lovelock (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Nell March (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Royal Society ()
Association des écologistes pour le nucléaire (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web
Distinctions
Œuvres principales
Détecteur de capture d'électrons (d), hypothèse GaïaVoir et modifier les données sur Wikidata

James Lovelock, né le à Letchworth Garden City en Angleterre et mort le [1] à Abbotsbury (Angleterre), est un penseur et scientifique indépendant (en)[2] britannique.

Biographie

Premiers pas scientifiques : Mars et la Terre

James Lovelock étudie la chimie à l'Université de Manchester avant d'entrer au Conseil de Recherche Médicale (Medical Research Council) de Londres. Dans les années 1960, Lovelock était sous contrat avec la NASA et travaillait à mettre au point des instruments pour l'équipe chargée d'explorer les planètes, par des sondes. Il proposa alors l'analyse de l'atmosphère de Mars et soutint assez vite que s'il y avait une vie sur Mars, « il lui faudrait utiliser l'atmosphère pour y puiser des matières premières et évacuer ses déchets ; cela aboutirait à en modifier la composition »[3].

Lovelock travaille ensuite avec l'éminente biologiste américaine Lynn Margulis, avec laquelle il écrit son premier article scientifique. Il y développe la théorie selon laquelle le système planétaire de la Terre a évolué en se comportant comme un système de contrôle actif capable de maintenir la planète en homéostasie. Par ailleurs, il découvre les porteurs moléculaires naturels des éléments soufre et iode : le sulfure de diméthyle (DMS) et l'iodométhane qui deviendront rapidement l'un des éléments fondant sa théorie. Seuls quelques spécialistes lui font alors bon accueil ; et Lovelock affronte Richard Dawkins, défenseur international de la théorie de l'évolution darwinienne, à travers son concept de gène égoïste (selfish gene en anglais). Il finit néanmoins par tomber d'accord avec le biologiste évolutionniste quant à l'incompatibilité de son modèle avec les canons darwiniens. « Comme je ne doutais pas de Darwin, quelque chose devait clocher dans l'hypothèse Gaïa[4] » dit-il, revenant du même coup sur sa conjecture.

Daisyworld

Pour démontrer ses postulats, en 1983 Lovelock publie[5] avec Andrew Watson un modèle informatisé destiné à prouver un mécanisme autorégulateur simple : celui de la température terrestre, régulée par des végétaux. Ce modèle numérique, baptisé Daisyworld (« monde des pâquerettes » en français) montra qu'un système simple tendant à se préserver utilise la biosphère comme agent homéostatique. Par là même, Lovelock et son collègue prouvent que le darwinisme est compatible avec leur modèle numérique.

L'Hypothèse CLAW

En 1986, à Seattle, Lovelock et ses collègues Robert Charlson, M.O. Andreae et Steven Warren, émettent l'hypothèse que la formation des nuages et, par voie de conséquence, le climat, dépendent du DMS engendré par les organismes marins (planctons et algues). L'hypothèse CLAW (initiales des auteurs) aura une grande influence sur l'étude de l'atmosphère marine mais sera néanmoins remise en perspective par la suite[6].

Population

En 2009, il est devenu un des dirigeants de Population Matters (antérieurement Optimum Population Trust), qui prône une décroissance graduelle de la population humaine globale jusqu'à un niveau soutenable[7].

Réflexions sur la composition de l'atmosphère terrestre

Détecteur à capture d'électron, inventé par J Lovelock, conservé au Science Museum de Londres.

James Lovelock a mis au point (en 1957) un détecteur (à capture d'électrons) capable d'évaluer la teneur de l'atmosphère en CFC. Grâce à ce détecteur, il a montré que les CFC persistaient longtemps dans l'air et il a été le premier à comprendre qu'ils étaient responsable de l’agrandissement du trou de la couche d'ozone, dans les années 1980[8],[9],[10],[11]. Ce détecteur dit ECD (Electron capture detector) permet de détecter des atomes et des molécules dans un gaz par la fixation d'électrons via l'ionisation par capture d'électrons[12] et est utilisé en chromatographie en phase gazeuse pour détecter des traces de composés chimiques dans un échantillon[13],[14],[10].

Après avoir étudié le fonctionnement du cycle du soufre de la Terre[15] Lovelock et ses collègues, Robert Jay Charlson, Meinrat Andreae et Stephen G. Warren ont développé l'hypothèse CLAW comme exemple possible de contrôle biologique du climat terrestre[16].

En 1972, James Lovelock expose dans un article sa théorie selon laquelle la composition de l'atmosphère terrestre est régulée par les êtres vivants, notamment les bactéries. Cet article constituera le point de départ de sa théorie sur Gaïa. Ce sont ses articles publiés en 1974, en collaboration avec Lynn Margulis, qui exposeront l'hypothèse Gaia. Elle fut accueillie avec beaucoup d'indifférence, pour susciter vingt ans plus tard de nombreux débats.

La Geological Society of London lui décerne la médaille Wollaston en 2006 pour la « création d'un champ d'études entièrement nouveau en sciences de la terre », la science du système Terre ou ESS (pour Earth System Science , officialisé lors de la conférence d'Amsterdam pour le Climat, en 2001).

Opinions sur les méfaits du réchauffement climatique

En , Lovelock écrit dans le journal britannique The Independent que vers la fin du XXIe siècle, par suite du réchauffement global,

« des milliards d'entre nous vont mourir et les quelques couples reproducteurs qui survivront seront dans l'Arctique, où le climat restera tolérable. »

Il prédit en outre que la température s'élèverait de °C dans les régions tempérées et de °C dans les régions tropicales, ce qui rendrait une grande partie des terres du globe inhabitables et impropres à l'agriculture provoquant des migrations vers le nord et la création de villes dans l'Arctique. Il prédit aussi qu'une grande partie de l'Europe deviendrait un désert inhabitable et que la Grande-Bretagne, dont la température resterait stable du fait qu'elle est entourée par l'Océan, serait le radeau de survie de l'Europe.

« Nous devons », dit-il, « garder présent à l'esprit le rythme effrayant du changement et comprendre comme il nous reste peu de temps pour agir, chaque communauté, chaque nation doit trouver le meilleur usage de ses ressources pour maintenir la civilisation aussi longtemps que possible[17]. »

En , il déclare à des délégués du symposium annuel de l'Association nucléaire mondiale que le changement climatique se stabilisera et qu'il sera possible d'y survivre, et que la Terre elle-même n'est pas en danger parce qu'elle se stabilisera dans un nouvel état. La vie, cependant, pourrait être forcée de migrer en masse pour garder un environnement habitable[18].

En 2008, il soutient que :

« vers 2040, la population mondiale, de plus de six milliards d'êtres humains, aura été exterminée par les inondations, la sécheresse et la famine. Les peuples du sud de l'Europe, comme ceux de l'Asie du Sud-Est, pénétreront violemment dans des pays comme le Canada, l'Australie et la Grande-Bretagne. […] Si vous prenez les prédictions du GIEC, alors, vers 2040, chaque été en Europe sera aussi chaud qu'en 2003 – entre 110 et 120 °F. Ce n'est pas la mort des gens qui est le principal problème, c'est le fait que les plantes ne pourront pas pousser. Il ne poussera presque pas d'aliments en Europe. Vers 2040, des parties du désert du Sahara se seront étendues jusqu'au cœur de l'Europe. Il s'agit de Paris et même de régions aussi loin au nord que Berlin. En Grande Bretagne, nous y échapperons en raison de notre position océanique. […] Nous sommes sur le point de franchir un pas évolutif et mon espoir est que l'espèce émergera plus forte. Ce serait de l'orgueil de penser que les humains, tels qu'ils sont aujourd'hui, sont la race élue de Dieu[19]. »

En 2010, il blâme l'inertie et la démocratie pour le manque d'action en matière de climat[20].

Dans des propos tenus en 2012, il continue à se montrer préoccupé par le réchauffement climatique, tout en critiquant l'extrémisme et en proposant d'adopter d'autres sources d'énergie que le pétrole, le charbon et les sources d'énergie dites vertes, dont il n'est pas partisan[21].

Dans une interview diffusée en par MSNBC, Lovelock déclare qu'il a été « alarmiste »[22] au sujet du rythme du changement climatique. Il signale le documentaire Une vérité qui dérange et le livre The Weather Makers (en) comme des exemples de la même sorte d'alarmisme. Il pense toujours que le climat va se réchauffer, mais que le changement n'est pas aussi rapide qu'il l'a cru à une certaine époque et il admet qu'il a trop extrapolé. Il dit croire que le changement climatique continue à se produire mais ne se fera sentir que dans l'avenir :

« Le problème est que nous ne savons pas où va le climat. Nous pensions le savoir il y a 20 ans. Cela a produit quelques livres alarmistes – les miens inclus – parce que la tendance semblait très claire, mais ce qu'on prédisait ne s'est pas produit. Le climat joue ses tours habituels. Il n'y a plus vraiment grand-chose qui se produit. D'après les prévisions d'alors, nous serions aujourd'hui à mi-chemin d'un monde prêt à frire. Le monde ne s'est pas réchauffé beaucoup depuis le début du millénaire. Douze ans est une durée raisonnable. […] Elle [la température] est restée presque constante, alors qu'elle aurait dû s'élever — la teneur en dioxyde de carbone s'élève, pas de doute là-dessus[21]. »

Dans une interview de au Guardian, il prône la fracturation hydraulique comme moins polluante que le charbon. Il s'oppose à la notion de « développement durable », qu'il qualifie de sottise sans signification. Il garde sous sa vue un poster d'éolienne pour se rappeler à quel point il les déteste[23].

En 2015, James Lovelock devient plus circonspect sur la datation de la catastrophe climatique, mais reste convaincu que les conséquences du réchauffement climatique finiront par nous rattraper. Sa conviction que les humains sont incapables de l'inverser, et que, de toute façon, il est trop tard pour s'y essayer, reste inchangée. Pour lui, l'essentiel n'est pas la survie de l'humanité, mais la continuation de la vie elle-même ; si la population dépasse les capacités de la planète, la Terre trouvera un moyen pour se débarrasser de l'excédent et continuer sa vie :

« Je considère avec beaucoup de sérénité un genre d'évènement, pas trop rapide, qui réduirait notre population à environ un milliard ; je pense que la Terre serait plus heureuse[24]. »

En , il déclare au Guardian s'attendre :

« à ce qu'avant que les conséquences du réchauffement climatique puissent avoir un impact significatif sur nous, quelque chose d'autre aura rendu notre monde méconnaissable, et menace la race humaine[25]. »

Prises de position et interventions publiques

Il prend la parole dans le documentaire de Pierre Barougier et Olivier Bourgeois Nous resterons sur Terre (sorti en salles le )[26] aux côtés de Wangari Maathai, Edgar Morin et de Mikhaïl Gorbatchev.

« Retrait soutenable »

Le retrait soutenable (Sustainable retreat en anglais) est un concept développé et promu par James Lovelock avant qu'il ne se soit partiellement rétracté à propos de l'imminence du risque de collapsus écologique et climatique, pour définir les changements nécessaires aux établissements humains à l'échelle mondiale, dans un but d'adaptation au changement climatique et de prévention de ses conséquences négatives sur les humains[27].

Quand il présente ce concept, Lovelock pense qu'il est déjà trop tard pour parler de « développement soutenable » et que nous en sommes arrivés au point où le développement ne peut plus être durable sans passer par une certaine phase de décroissance démographique et économique. L'humanité devrait selon lui effectuer un retrait volontaire de la planète ; Lovelock déclare ainsi[28] : « Le retrait, de ce point de vue, signifie qu'il est temps de commencer de reconsidérer là où nous vivons et comment nous obtenons notre nourriture ; de faire des plans pour permettre la migration de millions de personnes de régions basses comme le Bangladesh vers l'Europe ; d'accepter que la Nouvelle-Orléans commence à déplacer les gens vers des villes mieux positionnées pour l'avenir. Surtout, dit-il, il s'agit de chacun fasse tout son possible pour soutenir la civilisation, afin qu'elle ne dégénère pas en Âge sombre, dominé par des chefs de guerre, ce qui est un véritable danger. Car nous pourrions tout perdre. »

Ce concept de retrait durable (qui peut évoquer aussi la notion de rendre à la mer certaines zones de polders comme cela commence à se faire, en Europe notamment) a mis l'accent sur un modèle insoutenable d'utilisation des ressources naturelles, à remplacer par un modèle plus « frugal », visant à répondre aux besoins humains tout en consommant moins de ressources et des ressources moins nuisibles pour l'environnement.

Distinctions et honneurs

Publications

Ouvrages en langue anglaise

  • James Lovelock, Gaia: A New Look at Life on Earth, Oxford University Press, (ISBN 9780192176653)
  • James Lovelock ; Michael Allaby, The Great Extinction.The Solution to One of the Great Mysteries of Science, the Disappearance of the Dinosaurs, New York, Doubleday, , 182 p. (ISBN 0-385-18011-X)
  • James Lovelock ; Michael Allaby, The Greening of Mars, Londres, André Deutsch Ltd, , 215 p. (ISBN 0-446-32967-3)
  • (en) Scientists on Gaia, Cambridge, Mass., USA, MIT Press, , 433 p. (ISBN 0-262-19310-8)
    Non traduit en français
  • The Ages of Gaia : A Biography of Our Living Earth, , 255 p. (ISBN 0-393-31239-9)
  • (en) Gaia : A New Look at Life on Earth, Oxford, Oxford university press, , 148 p. (ISBN 0-19-286218-9, lire en ligne)
  • Hommage to Gaia : The Life of an Independent Scientist, Oxford University Press, , 428 p. (ISBN 0-19-860429-7, lire en ligne)
    Autobiographie de Lovelock
  • Gaia : Medicine for an Ailing Planet, Gaia Books, , 192 p. (ISBN 1-85675-231-3)
  • How to think about science,
    entretien CBC Ideas (programme radiophonique du 3 janvier 2008)
  • The Revenge of Gaia : Why the Earth Is Fighting Back : and How We Can Still Save Humanity, Santa Barbara (California), Allen Lane,
  • The Vanishing face of Gaia : A final warning, Basic Books, , 278 p. (ISBN 978-0-465-01907-6 et 978-0-141-03925-1)
  • A Rough Ride to the Future, Allen Lane, (ISBN 978-0-241-00476-0)
  • Novacene : The Coming Age of Hyperintelligence, Allen Lane, , 160 p. (ISBN 978-0-241-39936-1)

Ouvrages traduits en langue française

  • Bruno Comby (préf. James Lovelock), Le nucléaire, avenir de l’écologie ?, Paris, L'œil F.x. De Guibert, 1996 ; 1998 (réimpr. 314), 314 p. (ISBN 978-2-86839-417-0 et 2-86839-417-5).

Articles

  • (en) James Lovelock, « The Earth is about to catch a morbid fever », The Independent,‎ .
  • (en) « Gaia as seen through the atmosphere », Atmospheric Environment, no 6,‎ , p. 579-580.
  • (en) James Lovelock et Lynn Margulis, « Atmospheric homeostasis by and for the biosphere : the Gaia hypothesis », Tellus, no 26,‎ , p. 1-10.

Filmographie

Notes et références

  1. Reporterre, « James Lovelock, l’inventeur de la révolutionnaire « hypothèse Gaïa », est mort », sur Reporterre, le quotidien de l'écologie (consulté le ).
  2. Susan Blackmore, « Solo Science: Tinkering Outside The Tower », More Intellige Life, (consulté le ).
  3. James Lovelock, La Revanche de Gaïa, J'ai lu, Essais, 2007, p. 39.
  4. James Lovelock, op. cit., p. 41.
  5. A. J. Watson et J. E. Lovelock, « Biological homeostasis of the global environment: the parable of Daisyworld », International Meteorological Institute, vol. 35, no 4,‎ , p. 286-289 (DOI 10.1111/j.1600-0889.1983.tb00031.x, Bibcode 1983TellB..35..284W).
  6. (en) P. K. Quinn et T. S. Bates, « The case against climate regulation via oceanic phytoplankton sulphur emissions », Nature, vol. 480, no 7375,‎ , p. 51–56 (ISSN 1476-4687, DOI 10.1038/nature10580, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) « Gaia scientist to be OPT patron », Optimum Population Trust, (consulté le ).
  8. (en-GB) Robert Hunziker, « At 100, James Lovelock’s Gaia Theory Still Faces Challenges », sur CityWatch Los Angeles (consulté le ).
  9. (en) J. E. Lovelock, « Atmospheric Fluorine Compounds as Indicators of Air Movements », Nature, vol. 230, no 5293,‎ , p. 379–379 (ISSN 0028-0836 et 1476-4687, DOI 10.1038/230379a0, lire en ligne, consulté le ).
  10. a et b (en) J. E. Lovelock, R. J. Maggs et R. J. Wade, « Halogenated Hydrocarbons in and over the Atlantic », Nature, vol. 241, no 5386,‎ , p. 194–196 (ISSN 0028-0836 et 1476-4687, DOI 10.1038/241194a0, lire en ligne, consulté le ).
  11. « Resurgence 187 - Travels with an Electron Capture Detector - James Lovelock », sur web.archive.org, (consulté le ).
  12. J.E. Lovelock, « A sensitive detector for gas chromatography », Journal of Chromatography A, vol. 1,‎ , p. 35–46 (ISSN 0021-9673, DOI 10.1016/s0021-9673(00)93398-3, lire en ligne, consulté le ).
  13. M. Krejči et M. Dressler, « Selective detectors in gas chromatography », Chromatographic Reviews, vol. 13, no 1,‎ , p. 1–59 (ISSN 0009-5907, DOI 10.1016/0009-5907(70)80005-9, lire en ligne, consulté le ).
  14. E.D. Pellizzari, « Electron capture detection in gas chromatography », Journal of Chromatography A, vol. 98, no 2,‎ , p. 323–361 (ISSN 0021-9673, DOI 10.1016/s0021-9673(00)92077-6, lire en ligne, consulté le ).
  15. (en) J. E. Lovelock, R. J. Maggs et R. A. Rasmussen, « Atmospheric Dimethyl Sulphide and the Natural Sulphur Cycle », Nature, vol. 237, no 5356,‎ , p. 452–453 (ISSN 0028-0836 et 1476-4687, DOI 10.1038/237452a0, lire en ligne, consulté le ).
  16. (en) Robert J. Charlson, James E. Lovelock, Meinrat O. Andreae et Stephen G. Warren, « Oceanic phytoplankton, atmospheric sulphur, cloud albedo and climate », Nature, vol. 326, no 6114,‎ , p. 655–661 (ISSN 0028-0836 et 1476-4687, DOI 10.1038/326655a0, lire en ligne, consulté le ).
  17. James Lovelock, « The Earth is about to catch a morbid fever that may last as long as 100,000 years », The Independent, 16 janvier 2006, en ligne.
  18. « Lovelock: "Respect the Earth" », World Nuclear News, 6 septembre 2007, retrieved 25 July 2009.
  19. (en) « Daily Mail – 22 March 2008 – We're all doomed ! 40 years from global catastrophe – says climate change expert », Daily Mail, (consulté le ).
  20. James Lovelock, « Humans are too stupid to prevent climate change », The Guardian, 29 mars 2010, en ligne.
  21. a et b (en) Ian Johnston, « 'Gaia' scientist James Lovelock: I was 'alarmist' about climate change » [archive du ], MSNBC (consulté en ).
  22. « C'est vrai, j'ai commis une erreur. ».
  23. Interview de James Lovelock par Leo Hickman, « James Lovelock: The UK should be going mad for fracking », The Guardian, 15 juin 2012, en ligne, et texte plus complet de l'interview sur le blog du journaliste, sur le site du Guardian.
  24. (en)James Lovelock : « Saving the planet is a foolish, romantic extravagance », Newsweek, 31 mai 2015.
  25. Decca Aitkenhead, « James Lovelock: ‘Before the end of this century, robots will have taken over’ », The Guardian, 30 septembre 2016, en ligne.
  26. Zootrope Films.
  27. Lovelock J (2006) The Revenge of Gaia: Why the Earth Is Fighting Back - and How We Can Still Save Humanity. Santa Barbara, California: Allen Lane. (ISBN 0-7139-9914-4).
  28. (en) Goodell, J (2007). "The Prophet of Climate Change: James Lovelock". Rolling Stone. Available from the WWW: https://www.rollingstone.com/politics/story/16956300/the_prophet_of_climate_change_james_lovelock, page 4., « The Prophet of Climate Change: James Lovelock » [« Le prophète du changement climatique : James Lovelock »], Rolling Stone,‎ , p. 4 (lire en ligne [archive du ] Accès libre).
  29. London Gazette : no 56797, p. 26, 31-12-2002.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes