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« Ion Iliescu » : différence entre les versions

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| élection1 =
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| premier ministre 1 = [[Adrian Năstase]]
| premier ministre 1 = [[Mugur Isărescu]]<br> [[Adrian Năstase]]
| prédécesseur 1 = [[Emil Constantinescu]]
| prédécesseur 1 = [[Emil Constantinescu]]
| successeur 1 = [[Traian Băsescu]]
| successeur 1 = [[Traian Băsescu]]
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| université =
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| profession = [[Ingénieur|Ingénieur en hydro-électricité]]
| profession = [[Ingénieur]] en [[hydro-électricité]]
| religion =
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| signature = Signature of Ion Iliescu.png
| signature = Signature of Ion Iliescu.png
| emblème = Coat of arms of Romania (1992-2016).svg
| emblème = Coat of arms of Romania (1992–2016).svg
| liste = [[Liste des présidents de la Roumanie|Présidents de la Roumanie]]
| liste = [[Liste des présidents de la Roumanie|Présidents de la Roumanie]]
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[[Fichier:016.Vacanta-pentrecuta-in-Moldova-1976 (cropped).jpg|thumb|left|upright|Ion Iliescu passant des fléchettes artisanales à [[Elena Ceaușescu]] en 1976, dans une résidence de repos du parti du [[județ de Iași]].]]
[[Fichier:016.Vacanta-pentrecuta-in-Moldova-1976 (cropped).jpg|thumb|left|upright|Ion Iliescu passant des fléchettes artisanales à [[Elena Ceaușescu]] en 1976, dans une résidence de repos du parti du [[județ de Iași]].]]


Ion Iliescu a {{nombre|15|ans}} lorsque le régime [[Ion Antonescu|fasciste roumain]] est renversé et que l'[[Armée rouge]] soviétique [[Front roumain (1944)|entre dans le pays]], où elle [[Occupation de la Roumanie par l'Union soviétique|reste jusqu'en 1958]]. Buandière à l'hôpital ''Filantropia'' de Bucarest, Marița Iliescu (seconde épouse de son père Alexandru qui était [[Chemins de fer roumains|cheminot]]) avait participé à la logistique des [[Brigades internationales]] pendant la [[guerre d'Espagne]] et avait ainsi connu le chef de la brigade roumaine, Valter Roman (père du futur Premier ministre [[Petre Roman]])<ref>{{Ouvrage |langue=ro |auteur1=Valter Roman |titre=Sub cerul Spaniei |lieu=Bucarest |éditeur=Editura Tineretului |année=1950}}.</ref>. Elena Șerbănescu, fiancée et future épouse d'Ion Iliescu, rencontrée trois ans plus tard, était alors membre d'une courroie de transmission du PCR, l'Union des associations des écoliers de Roumanie, dont il devint peu après secrétaire du Comité national. Les deux fiancés purent ainsi obtenir en 1949 une bourse d'étude de la toute nouvelle [[République populaire roumaine]] pour apprendre le [[russe]] et aller étudier la [[chimie]] et l'[[Énergie hydroélectrique|hydrophysique]] respectivement à l'Institut Mendeleïev et à la faculté d'hydroénergétique de [[Moscou]]. Ils en reviennent et se marient en 1951<ref>{{Lien web |langue=ro |titre=Nina si Ion Iliescu: iubire de la 18 ani |url=https://jurnalul.antena3.ro/special-jurnalul/nina-si-ion-iliescu-iubire-de-la-18-ani-72906.html |site=jurnalul.antena3.ro |date=16-2-2004 |consulté le=2019-01-14}}.</ref> ; les biographes non officiels affirment, sans preuve, qu'ils auraient été recrutés et formés surtout par le [[NKVD]]<ref>Ioan Romeo Roișianu, ''Despre Ion Iliescu'' sur [http://necenzuratmm.ro/]</ref>.
Ion Iliescu a {{nombre|15|ans}} lorsque le régime [[Garde de fer|fasciste roumain]] est renversé et que l'[[Armée rouge]] soviétique [[Front roumain (1944)|entre dans le pays]], où elle [[Occupation de la Roumanie par l'Union soviétique|reste jusqu'en 1958]]. Buandière à l'hôpital ''Filantropia'' de Bucarest, Marița Iliescu (seconde épouse de son père Alexandru qui était [[Chemins de fer roumains|cheminot]]) avait participé à la logistique des [[Brigades internationales]] pendant la [[guerre d'Espagne]] et avait ainsi connu le chef de la brigade roumaine, [[Valter Roman]] (père du futur Premier ministre [[Petre Roman]])<ref>{{Ouvrage |langue=ro |auteur1=Valter Roman |titre=Sub cerul Spaniei |lieu=Bucarest |éditeur=Editura Tineretului |année=1950 }}.</ref>. Elena Șerbănescu, fiancée et future épouse d'Ion Iliescu, rencontrée trois ans plus tard, était alors membre d'une courroie de transmission du PCR, l'Union des associations des écoliers de Roumanie, dont il devint peu après secrétaire du Comité national. Les deux fiancés purent ainsi obtenir en 1949 une bourse d'études de la toute nouvelle [[République populaire roumaine]] pour apprendre le [[russe]] et aller étudier la [[chimie]] et l'[[Énergie hydroélectrique|hydrophysique]] respectivement à l'Institut Mendeleïev et à la faculté d'hydroénergétique de [[Moscou]]. Ils en reviennent et se marient en 1951<ref>{{Lien web |langue=ro |titre=Nina si Ion Iliescu: iubire de la 18 ani |url=https://jurnalul.antena3.ro/special-jurnalul/nina-si-ion-iliescu-iubire-de-la-18-ani-72906.html |site=jurnalul.antena3.ro |date=16-2-2004 |consulté le=2019-01-14}}.</ref>.


Quoi qu'il en soit, Iliescu est immédiatement accepté lorsqu'il adhère au [[Parti communiste roumain]] et en 1965, à {{nombre|35|ans}}, il est déjà au [[Comité central]] comme chef de la section de l'Enseignement et de la Santé, véritable responsable des deux ministères respectifs. Il dirige ensuite le [[județ de Iași]] où il [[Cumul des mandats|cumule les mandats]] de député de ce [[parti unique]] à la Grande assemblée nationale, de premier secrétaire du Comité exécutif du parti (soit l'équivalent d'un [[Préfet (France)|préfet]] français) et de président du Comité exécutif du « conseil populaire » (soit équivalent d'un président d'assemblée départementale en France). Il est membre du Comité central du PCR de 1969 à 1984<ref name=":0">{{Ouvrage |langue=ro |auteur1=Consiliul National pentru Studierea Arhivelor Securitatii |titre=Membrii C.C. al P.C.R. 1945-1989 dicționar |passage=323 |lieu=Bucarest |éditeur=Editura enciclopedică |année=2004 |pages totales=666 |lire en ligne=http://www.cnsas.ro/documente/2004%20-%20Membrii%20CC.pdf}}.</ref>.
Quoi qu'il en soit, Iliescu est immédiatement accepté lorsqu'il adhère au [[Parti communiste roumain]] et en 1965, à {{nombre|35|ans}}, il est déjà au [[Comité central]] comme chef de la section de l'Enseignement et de la Santé, véritable responsable des deux ministères respectifs. Il dirige ensuite le [[județ de Iași]] où il [[Cumul des mandats|cumule les mandats]] de député de ce [[parti unique]] à la Grande assemblée nationale, de premier secrétaire du Comité exécutif du parti (soit l'équivalent d'un [[Préfet (France)|préfet]] français) et de président du Comité exécutif du « conseil populaire » (soit équivalent d'un président d'assemblée départementale en France). Il est membre du Comité central du PCR de 1969 à 1984<ref name=":0">{{Ouvrage |langue=ro |auteur1=Consiliul National pentru Studierea Arhivelor Securitatii |titre=Membrii C.C. al P.C.R. 1945-1989 dicționar |lieu=Bucarest |éditeur=Editura enciclopedică |année=2004 |pages totales=666 |passage=323 |isbn= |lire en ligne=http://www.cnsas.ro/documente/2004%20-%20Membrii%20CC.pdf}}.</ref>.


Progressivement, il s'attire la méfiance de [[Nicolae Ceaușescu|Ceaușescu]] en critiquant ses choix (durcissement du régime depuis le {{11e|congrès}} du PCR, [[Politique de rigueur|rigueur économique]] extrême imposée à la population pour payer la [[dette extérieure]] contractée dans la décennie précédente en vue d'une [[industrialisation]] massive, et adoption d'une forme de « national-communisme » appelée « [[protochronisme]] »<ref>« National-communisme » est un qualificatif du à l'historienne et analyste politique française [[Catherine Durandin]], de l'[[Institut français des relations internationales|IFRI]], pour désigner cette politique de Ceaușescu : ''Le système Ceausescu. Utopie totalitaire et nationalisme insulaire'' in : « Vingtième Siècle », revue d'histoire, 1990 Vol. 25 {{n°|1}} {{p.|85-96}}.</ref>). Ceaușescu écarte donc Iliescu des instances dirigeantes sous prétexte d'« incompétence face à la modernisation ». Dans les six dernières années du régime, Iliescu dirige une maison d'édition du parti<ref name=":0" /> et se trouve marginalisé, sans pour autant être inquiété physiquement, ni soumis [[État communiste|à la surveillance et aux restrictions]] qui marquaient le quotidien de la population. Il reste un membre de la ''[[nomenklatura]]'', conserve ses amis, et il semblerait qu'après la visite de [[Mikhaïl Gorbatchev]] à Bucarest en 1986, et face au refus de Ceaușescu d'assouplir sa politique, il ait commencé à constituer un réseau clandestin informel de « [[Socialisme à visage humain|gorbatcheviens]] », formé par des cadres du Parti communiste mécontents et inquiets de la politique du régime<ref>Iliescu n'apparaît pas pour autant parmi les six auteurs, tous anciens ministres communistes ou membres du Comité central, de la lettre ouverte à Ceaușescu publiée par le journal ''Le Monde'' du 25-26 juin 1989.</ref>.
Progressivement, il s'attire la méfiance de [[Nicolae Ceaușescu|Ceaușescu]] en critiquant ses choix (durcissement du régime depuis le {{11e|congrès}} du PCR, [[Politique de rigueur|rigueur économique]] extrême imposée à la population pour payer la [[dette extérieure]] contractée dans la décennie précédente en vue d'une [[industrialisation]] massive, et adoption d'une forme de « national-communisme » appelée « [[protochronisme]] »{{Note|groupe=N|texte=« National-communisme » est un qualificatif à l'historienne et analyste politique française [[Catherine Durandin]], de l'[[Institut français des relations internationales|IFRI]], pour désigner cette politique de Ceaușescu<ref>{{Article |titre=Le système Ceausescu. Utopie totalitaire et nationalisme insulaire |périodique=[[Vingtième Siècle : Revue d'histoire]] |volume=25 |numéro=1 |date=1990 |pages=85-96}}.</ref>}}). Ceaușescu écarte donc Iliescu des instances dirigeantes sous prétexte d'« incompétence face à la modernisation ». Dans les six dernières années du régime, Iliescu dirige une maison d'édition du parti<ref name=":0" /> et se trouve marginalisé, sans pour autant être inquiété physiquement, ni soumis [[État communiste|à la surveillance et aux restrictions]] qui marquaient le quotidien de la population. Il reste un membre de la ''[[nomenklatura]]'', conserve ses amis, et il semblerait qu'après la visite de [[Mikhaïl Gorbatchev]] à Bucarest en 1986, et face au refus de Ceaușescu d'assouplir sa politique, il ait commencé à constituer un réseau clandestin informel de « gorbatcheviens », formé par des cadres du Parti communiste mécontents et inquiets de la politique du régime<ref group="N">Iliescu n'apparaît pas pour autant parmi les six auteurs, tous anciens ministres communistes ou membres du Comité central, de la lettre ouverte à Ceaușescu publiée par le journal ''Le Monde'' du 25-26 juin 1989.</ref>.


=== Révolution de 1989 ===
=== Révolution de 1989 ===
[[Fichier:1989 Iliescu television.jpg|vignette|gauche|Ion Iliescu à la télévision roumaine le 24 décembre 1989.]]
[[Fichier:1989 Iliescu television.jpg|vignette|gauche|Ion Iliescu à la télévision roumaine le 24 décembre 1989.]]
En décembre 1989, alors que le peuple est dans la rue notamment à [[Timișoara]] et [[Histoire de Bucarest|Bucarest]], Iliescu est sur le devant de la scène, à la télévision, dès les premiers jours de la [[Révolution roumaine de 1989|révolution]], et la position de chef, qu'il partage avec [[Petre Roman]], est reconnue rapidement par le petit cercle des meneurs du [[coup d'État]] qui renverse Nicolae Ceaușescu<ref>Jean-Marie Le Breton et [[Radu Portocală]], Autopsie du coup d'État roumain, Calmann-Levy, 1996, 194 pages, {{ISBN|978-2702119358}}.</ref>.
En {{date-|décembre 1989}}, alors que le peuple est dans la rue notamment à [[Timișoara]] et [[Histoire de Bucarest|Bucarest]], Iliescu est sur le devant de la scène, à la télévision, dès les premiers jours de la [[Révolution roumaine de 1989|révolution]], et la position de chef, qu'il partage avec [[Petre Roman]], est reconnue rapidement par le petit cercle des meneurs du [[coup d'État]] qui renverse Nicolae Ceaușescu<ref>{{Ouvrage |auteur1=Jean-Marie Le Breton |auteur2=[[Radu Portocală]] |titre=Autopsie du coup d'État roumain |sous-titre=au pays du mensonge triomphant |éditeur=[[Calmann-Lévy|Calmann-Levy]] |année=1996 |pages totales=194 |isbn=978-2-7021-1935-8}}.</ref>.


En tant que chef des autorités provisoires, il déclare à la télévision souhaiter pour la [[Histoire de la Roumanie|Roumanie]] un avenir de « socialisme scientifique » et de « démocratie originale », en restant dans la [[sphère d'influence]] de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]]. Ses déclarations sont interprétées comme suggérant l'adoption de réformes du style ''[[glasnost]]'' et ''[[perestroïka]]'' à la manière de [[Mikhaïl Gorbatchev|Gorbatchev]], plutôt que le remplacement complet du [[système politique]] existant. Il souhaite publiquement une version de « [[Socialisme à visage humain|socialisme humain]] » qui « préserve le pays des excès du capitalisme débridé ». Mais Gorbatchev est affaibli comme le montrera le [[putsch de Moscou]], et la société roumaine, ''[[nomenklatura]]'' comprise, ne veut plus entendre parler du [[État communiste|communisme]] et de ses contraintes. La ''nomenklatura'' abolit le Parti communiste, constitue le [[Front de salut national (Roumanie)|Front de salut national]] ({{en lang|ro|Frontul Salvării Naționale}}, FSN) qui forme un [[Conseil du Front de salut national|organe dirigeant]] la Roumanie dans les premières semaines qui suivent la libération, gère les immenses biens du PCR (fermes de production, lieux de loisirs, biens immobiliers...) et permet le retour des partis politiques roumains historiques ([[Parti national libéral (Roumanie)|Parti national libéral]] et le [[Parti national paysan chrétien-démocrate]]) ainsi que la constitution d'autres partis ([[Parti écologiste roumain]], [[Union démocrate magyare de Roumanie]]...). Ion Iliescu est élu président du FSN. Le Conseil du Front de salut national doit organiser les élections législatives libres du {{date-|20|mai|1990}} et se dissoudre après celles-ci. Mais le Front de salut national est finalement transformé en parti et remporte ces élections, et le Conseil du FSN est renommé en Conseil provisoire d'unité nationale, alors qu'Ion Iliescu remporte l'[[Élection présidentielle roumaine de 1990|élection présidentielle]] avec 85 % des voix, avec le slogan « L'un des nôtres, pour notre tranquillité » ({{En langue|ro|Unul dintre noi, pentru liniștea noastră}}) qui résume parfaitement les principaux thèmes de sa campagne : « pas de [[Lustration (politique)|lustration]] » (réclamée par les autres partis), « personne ne sera inquiété pour ses faits et gestes sous la dictature », « on tourne la page », et « on tente notre propre formule de [[libéralisme]], à l'abri des excès du capitalisme »<ref>''Cu gândul la România'' (« En pensant à la Roumanie »), ''Historique des campagnes électorales'' sur [http://vreaupresedinte.gandul.info/1990].</ref>.
En tant que chef des autorités provisoires, il déclare à la télévision souhaiter pour la [[Histoire de la Roumanie|Roumanie]] un avenir de « socialisme scientifique » et de « démocratie originale », en restant dans la [[sphère d'influence]] de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]]. Ses déclarations sont interprétées comme suggérant l'adoption de réformes du style ''[[glasnost]]'' et ''[[perestroïka]]'' à la manière de [[Mikhaïl Gorbatchev|Gorbatchev]], plutôt que le remplacement complet du [[système politique]] existant. Il souhaite publiquement une version de « [[Socialisme à visage humain|socialisme humain]] » qui « préserve le pays des excès du capitalisme débridé ». Mais Gorbatchev est affaibli comme le montrera le [[putsch de Moscou]], et la société roumaine, ''[[nomenklatura]]'' comprise, ne veut plus entendre parler du [[État communiste|communisme]] et de ses contraintes. La ''nomenklatura'' abolit le Parti communiste, constitue le [[Front de salut national (Roumanie)|Front de salut national]] ({{en lang|ro|Frontul Salvării Naționale}}, FSN) qui forme un [[Conseil du Front de salut national|organe dirigeant]] la Roumanie dans les premières semaines qui suivent la libération, gère les immenses biens du PCR (fermes de production, lieux de loisirs, biens immobiliers...) et permet le retour des partis politiques roumains historiques ([[Parti national libéral (Roumanie)|Parti national libéral]] et le [[Parti national paysan chrétien-démocrate]]) ainsi que la constitution d'autres partis ([[Parti écologiste roumain]], [[Union démocrate magyare de Roumanie]]...). Ion Iliescu est élu président du FSN. Le Conseil du Front de salut national doit organiser les élections législatives libres du {{date-|20|mai|1990}} et se dissoudre après celles-ci. Mais le Front de salut national est finalement transformé en parti et remporte ces élections, et le Conseil du FSN est renommé en Conseil provisoire d'unité nationale, alors qu'Ion Iliescu remporte l'[[Élection présidentielle roumaine de 1990|élection présidentielle]] avec 85 % des voix, avec le slogan « L'un des nôtres, pour notre tranquillité » ({{En langue|ro|Unul dintre noi, pentru liniștea noastră}}) qui résume parfaitement les principaux thèmes de sa campagne : « pas de [[Lustration (politique)|lustration]] » (réclamée par les autres partis), « personne ne sera inquiété pour ses faits et gestes sous la dictature », « on tourne la page », et « on tente notre propre formule de [[libéralisme]], à l'abri des excès du capitalisme »<ref>{{Lien web |langue=ro |titre=Cu gândul la România |url=http://vreaupresedinte.gandul.info/1990 |site=vreaupresedinte.gandul.info}}.</ref>.


Il reste de nombreux mystères concernant son rôle dans les évènements de décembre 1989, désignés dans les médias roumains sous les noms de « coup d'état », de « libération » et, le plus souvent, de « révolution » (officiel), qui, tous trois, expriment des facettes de la même réalité. Iliescu fera l'objet d'enquêtes sur ses responsabilités dans la mort de manifestants en 1989 (pour avoir déclaré à la télévision que « Nicolae Ceaușescu a des partisans armés qu'il faut combattre », afin de poser le FSN en défenseur de la révolution, ce qui mena de nombreux Roumains y compris militaires à se tirer dessus mutuellement, chacun pensant défendre la liberté)<ref>Quotidien « Adevărul », article {{ro}} de Ioel Stoica ''Enigmele Revoluţiei : procurorii care au redeschis ancheta susţin că Ion Iliescu a exercitat puterea în stat din 22 decembrie 1989'' sur [http://adevarul.ro/news/eveniment/enigmele-revolutiei-procurorii-redeschis-ancheta-sustin-ion-iliescu-exercitat-puterea-stat-22-decembrie-1989-1_5703f5d05ab6550cb8a1fe00/index.html].</ref> et en 1990 (pour avoir manipulé les syndicats des mineurs armés de battes, de pelles et de pioches, en leur faisant croire que « les intellectuels [[Dissidence|dissidents]] et les étudiants voulaient livrer le pays aux capitalistes étrangers et le dépecer au profit des [[Grande Hongrie|nationalistes hongrois]] », et en les amenant par milliers à Bucarest pour tabasser ses opposants)<ref>Quotidien « Jurnalul », article {{ro}} de Marius Gîrlașiu ''Iliescu, anchetat pentru sângele vărsat de bâtele minerilor'' sur [http://jurnalul.ro/stiri/observator/iliescu-anchetat-pentru-sangele-varsat-de-batele-minerilor-699335.html].</ref>.
Il reste de nombreux mystères concernant son rôle dans les évènements de {{date-|décembre 1989}}, désignés dans les médias roumains sous les noms de « coup d'État », de « libération » et, le plus souvent, de « révolution » (officiel), qui, tous trois, expriment des facettes de la même réalité. Iliescu fera l'objet d'enquêtes sur ses responsabilités dans la mort de manifestants en 1989 (pour avoir déclaré à la télévision que « Nicolae Ceaușescu a des partisans armés qu'il faut combattre », afin de poser le FSN en défenseur de la révolution, ce qui mena de nombreux Roumains y compris militaires à se tirer dessus mutuellement, chacun pensant défendre la liberté)<ref>{{Lien web |langue=ro |auteur1=Ioel Stoica |titre=Enigmele Revoluţiei. Procurorii care au redeschis ancheta susţin că Ion Iliescu a exercitat puterea în stat din 22 decembrie 1989 |url=https://adevarul.ro/news/eveniment/enigmele-revolutiei-procurorii-redeschis-ancheta-sustin-ion-iliescu-exercitat-puterea-stat-22-decembrie-1989-1_5703f5d05ab6550cb8a1fe00/index.html |site=adevarul.ro |date=5 4 2016 |consulté le=2020-01-09}}.</ref> et en 1990 (pour avoir manipulé les syndicats des mineurs armés de battes, de pelles et de pioches, en leur faisant croire que « les intellectuels [[Dissidence|dissidents]] et les étudiants voulaient livrer le pays aux capitalistes étrangers et le dépecer au profit des [[Grande Hongrie|nationalistes hongrois]] », et en les amenant par milliers à Bucarest pour tabasser ses opposants)<ref>{{Lien web |langue=ro |auteur1=Marius Gîrlașiu |titre=Iliescu, anchetat pentru sângele vărsat de bâtele minerilor |url=https://jurnalul.antena3.ro/stiri/observator/iliescu-anchetat-pentru-sangele-varsat-de-batele-minerilor-699335.html |site=jurnalul.antena3.ro |date=22 Oct 2015 |consulté le=2020-01-09}}.</ref>.


=== Premier mandat de président ===
=== Premier mandat de président ===
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==== Contestation et minériades ====
==== Contestation et minériades ====
[[Fichier:CFSN Revolution Roumaine.jpg|thumb|Ion Iliescu avec [[Dumitru Mazilu]] et [[Petre Roman]], le 23 décembre 1989.]]
[[Fichier:CFSN Revolution Roumaine.jpg|thumb|Ion Iliescu avec [[Dumitru Mazilu]] et [[Petre Roman]], le 23 décembre 1989.]]
Membre fondateur du FSN, Iliescu fonde ensuite le FDSN (Front démocratique du salut national), renommé en PDSR (Parti de la démocratie sociale en Roumanie), puis en PSD (Parti social-démocrate). Progressivement, le Front perd son caractère d'union nationale ou de coalition, et devient vulnérable à la critique sur son usage de l'avantage que lui procurait le fait d'avoir été le principal bénéficiaire du changement de régime, en s'engageant pourtant dans des batailles politiques avec des moyens injustifiés par rapport à son statut et à sa représentativité réelle. Iliescu lui-même paraît être hostile à une société civile libre, et semble plus engagé dans une version revue du « [[centralisme démocratique]] » communiste.
Membre fondateur du FSN, Iliescu fonde ensuite le FDSN (Front démocratique du salut national), renommé en PDSR (Parti de la démocratie sociale en Roumanie), puis en PSD (Parti social-démocrate). Progressivement, le Front perd son caractère d'union nationale ou de coalition, et devient vulnérable à la critique sur son usage de l'avantage que lui procurait le fait d'avoir été le principal bénéficiaire du changement de régime, en s'engageant pourtant dans des batailles politiques avec des moyens injustifiés par rapport à son statut et à sa représentativité réelle. Iliescu lui-même paraît être hostile à une société civile libre, et semble plus engagé dans une version revue du « [[centralisme démocratique]] » communiste.


Du 13 au 15 juin 1990, les étudiants manifestent contre le régime d'Iliescu à Bucarest. Le 14 au matin, des trains remplis de mineurs arrivent à Bucarest. Selon leurs dires, ils répondaient à l'appel de détresse lancé par Iliescu le 13, et venaient défendre le nouveau gouvernement contre les manifestants. Pendant deux jours, ils ratissent la ville et rossent les étudiants à coups de morceaux de bois. Selon Bîrladeanu, président du Sénat à ce moment-là, ces mineurs auraient été utilisés pour briser l'opposition, manipulés par une ''Securitate'' qui n'avait pas encore été démantelée<ref>{{Ouvrage |auteur1=Jean-Marie le Breton |titre=La fin de Ceausescu, Histoire d'une révolution |lieu=Paris |éditeur=l'Harmattan |année=1996 |pages totales=190 |isbn=978-2738443946}}{{commentaire biblio SRL|Le Breton était ambassadeur à Bucarest au moment de la Révolution. Dans cet ouvrage, il raconte ce qu'il a vu et tente de mettre au clair les différentes versions de cette révolution.}}.</ref>. Ce sont les « [[minériade]]s ». Une contre-manifestation en faveur du pouvoir (et organisée par lui) fait descendre dans les rues plusieurs dizaines de milliers de travailleurs des principales usines de Bucarest. Selon le rapport officiel, il y a eu six morts, six femmes violées et {{unité|746|blessés}}, mais les manifestants disent qu'ils ont perdu plus de 100 confrères. Après {{nombre|20|ans}}, les enquêtes n'ont trouvé que 4 coupables, tous parmi les mineurs.
Du 13 au {{date-|15 juin 1990}}, les étudiants manifestent contre le régime d'Iliescu à Bucarest. Le 14 au matin, des trains remplis de mineurs arrivent à Bucarest. Selon leurs dires, ils répondaient à l'appel de détresse lancé par Iliescu le 13, et venaient défendre le nouveau gouvernement contre les manifestants. Pendant deux jours, ils ratissent la ville et rossent les étudiants à coups de morceaux de bois. Selon Bîrladeanu, président du Sénat à ce moment-là, ces mineurs auraient été utilisés pour briser l'opposition, manipulés par une ''Securitate'' qui n'avait pas encore été démantelée<ref>{{Ouvrage |auteur1=Jean-Marie le Breton |titre=La fin de Ceausescu, Histoire d'une révolution |lieu=Paris |éditeur=l'Harmattan |année=1996 |pages totales=190 |isbn=978-2-7384-4394-6 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=cf33JzWS4HEC&printsec=frontcover}}{{commentaire biblio SRL|Le Breton était ambassadeur à Bucarest au moment de la Révolution. Dans cet ouvrage, il raconte ce qu'il a vu et tente de mettre au clair les différentes versions de cette révolution.}}.</ref>. Ce sont les « [[minériade]]s ». Une contre-manifestation organisée par le pouvoir fait descendre dans les rues plusieurs dizaines de milliers de travailleurs des principales usines de Bucarest. Selon le rapport officiel, il y a eu six morts, six femmes violées et {{unité|746|blessés}}, mais les manifestants disent qu'ils ont perdu plus de 100 confrères. Après {{nombre|20|ans}}, les enquêtes n'ont trouvé que 4 coupables, tous parmi les mineurs.


==== Élection présidentielle de 1992 ====
==== Élection présidentielle de 1992 ====
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=== Second mandat de président ===
=== Second mandat de président ===
[[Fichier:Iliescu si Bush.jpg|thumb|gauche|Ion Iliescu et [[George W. Bush]].]]
[[Fichier:Iliescu si Bush.jpg|thumb|[[George W. Bush]] et Ion Iliescu.]]
Ion Iliescu profite de la déception engendrée par la dégradation de la situation économique du pays en vue de l'[[Élection présidentielle roumaine de 2000|élection présidentielle de 2000]]. Le candidat de [[droite (politique)|droite]] ne parvient pas à participer au second tour de scrutin et Ion Iliescu affronte le candidat nationaliste, fondateur du [[Parti de la Grande Roumanie]], [[Corneliu Vadim Tudor]], contre qui il l'emporte largement. Dans le même temps, le PSD remporte les élections législatives.
Ion Iliescu profite de la déception engendrée par la dégradation de la situation économique du pays en vue de l'[[Élection présidentielle roumaine de 2000|élection présidentielle de 2000]]. Le candidat de [[droite (politique)|droite]] ne parvient pas à participer au second tour de scrutin et Ion Iliescu affronte le candidat nationaliste, fondateur du [[Parti de la Grande Roumanie]], [[Corneliu Vadim Tudor]], contre qui il l'emporte largement. Dans le même temps, le PSD remporte les élections législatives.


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Devant faire face à une opposition « réformiste » au sein du PSD, Ion Iliescu est largement battu lors de l'élection à la présidence du parti par [[Mircea Geoană]], en {{date-|avril 2005}}<ref>{{Lien web |titre=Roumanie : Iliescu battu à la tête du PSD |url=http://www.liberation.fr/monde/2005/04/23/roumanie-iliescu-battu-a-la-tete-du-psd_517496 |site=liberation.fr |date=23-4-2005}}.</ref>. Il reste sénateur et devient président honoraire du PSD en 2006.
Devant faire face à une opposition « réformiste » au sein du PSD, Ion Iliescu est largement battu lors de l'élection à la présidence du parti par [[Mircea Geoană]], en {{date-|avril 2005}}<ref>{{Lien web |titre=Roumanie : Iliescu battu à la tête du PSD |url=http://www.liberation.fr/monde/2005/04/23/roumanie-iliescu-battu-a-la-tete-du-psd_517496 |site=liberation.fr |date=23-4-2005}}.</ref>. Il reste sénateur et devient président honoraire du PSD en 2006.


En 2015, une enquête est ouverte à son encontre pour [[Crime contre l'humanité|crimes contre l'humanité]] : il est accusé d'avoir participé aux crimes du [[République socialiste de Roumanie|régime communiste]], d'avoir participé à la décision d'exécuter le couple Ceaușescu selon une parodie de procédure que son régime réservait à ses opposants, d'avoir provoqué les fusillades de 1989 et d'être à l'origine de la [[minériade]] de juin 1990. Cette décision fait suite à la condamnation de la Roumanie par la [[Cour européenne des droits de l'homme]] pour enquêtes « lacunaires et déficientes »<ref>{{Lien web |titre=Roumanie : l'ex-président Ion Iliescu rattrapé par son passé |url=http://www.leparisien.fr/flash-actualite-monde/roumanie-l-ex-president-ion-iliescu-rattrape-par-son-passe-21-10-2015-5205999.php |site=leparisien.fr |date=21-10-2015}}.</ref>. L'enquête est classée sans suite, mais est rouverte en 2016 sur décision de la Haute Cour de cassation, qui retient ensuite d'autres accusations à son encontre<ref>[http://www.europe1.fr/international/revolution-roumaine-de-1989-lex-president-iliescu-poursuivi-pour-crimes-contre-lhumanite-3629087 « Révolution roumaine de 1989 : l'ex-président Iliescu poursuivi pour crimes contre l'humanité »], europe1.fr, 17 avril 2018.</ref>{{,}}<ref>{{Article |titre=L’ancien président de la Roumanie Ion Iliescu poursuivi pour crimes contre l’humanité |périodique=Le Monde.fr |date=2018-4-17 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/04/17/l-ancien-president-de-la-roumanie-ion-iliescu-poursuivi-pour-crimes-contre-l-humanite_5286626_3214.html |consulté le=2018-09-26}}.</ref>. Il est inculpé pour crimes contre l’humanité en {{date-|décembre 2018}}, pour l'affaire des fusillades et pour celle de l'assassinat des Ceaușescu<ref>{{Lien web |titre=L’ancien président roumain Ion Iliescu mis en examen pour crimes contre l’humanité |url=https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/l-ancien-president-roumain-ion-iliescu-mis-en-examen-pour-crimes-contre-l-humanite_5401076_3210.html |site=Le Monde.fr |date=2018-12-21 |consulté le=2019-01-06}}.</ref>. Son procès s'ouvre en {{date-|avril 2019}}<ref>https://www.ouest-france.fr/europe/roumanie/roumanie-l-ex-president-ion-iliescu-juge-pour-crimes-contre-l-humanite-en-1989-6300680</ref>.
En 2015, une enquête est ouverte à son encontre pour [[Crime contre l'humanité|crimes contre l'humanité]] : il est accusé d'avoir participé aux crimes du [[République socialiste de Roumanie|régime communiste]], d'avoir participé à la décision d'exécuter le couple Ceaușescu selon une parodie de procédure que son régime réservait à ses opposants, d'avoir provoqué les fusillades de 1989 et d'être à l'origine de la [[minériade]] de {{date-|juin 1990}}. Cette décision fait suite à la condamnation de la Roumanie par la [[Cour européenne des droits de l'homme]] pour enquêtes « lacunaires et déficientes »<ref>{{Lien web |titre=Roumanie : l'ex-président Ion Iliescu rattrapé par son passé |url=http://www.leparisien.fr/flash-actualite-monde/roumanie-l-ex-president-ion-iliescu-rattrape-par-son-passe-21-10-2015-5205999.php |site=leparisien.fr |date=21-10-2015}}.</ref>. L'enquête est classée sans suite, mais est rouverte en 2016 sur décision de la Haute Cour de cassation, qui retient ensuite d'autres accusations à son encontre<ref>{{Lien web |titre=Révolution roumaine de 1989 : l'ex-président Iliescu poursuivi pour crimes contre l'humanité |url=http://www.europe1.fr/international/revolution-roumaine-de-1989-lex-president-iliescu-poursuivi-pour-crimes-contre-lhumanite-3629087 |site=europe1.fr |date=17 avril 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |titre=L’ancien président de la Roumanie Ion Iliescu poursuivi pour crimes contre l’humanité |périodique=Le Monde.fr |date=2018-4-17 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/04/17/l-ancien-president-de-la-roumanie-ion-iliescu-poursuivi-pour-crimes-contre-l-humanite_5286626_3214.html |consulté le=2018-09-26}}.</ref>. Il est inculpé pour crimes contre l’humanité en {{date-|décembre 2018}}, pour l'affaire des fusillades et pour celle de l'assassinat des Ceaușescu<ref>{{Lien web |titre=L’ancien président roumain Ion Iliescu mis en examen pour crimes contre l’humanité |url=https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/l-ancien-president-roumain-ion-iliescu-mis-en-examen-pour-crimes-contre-l-humanite_5401076_3210.html |site=Le Monde.fr |date=2018-12-21 |consulté le=2019-01-06}}.</ref>. Son procès s'ouvre en {{date-|avril 2019}}<ref>{{Lien web|titre=Roumanie. L’ex-président Ion Iliescu jugé pour « crimes contre l’humanité » en 1989|url=https://www.ouest-france.fr/europe/roumanie/roumanie-l-ex-president-ion-iliescu-juge-pour-crimes-contre-l-humanite-en-1989-6300680 |site=Ouest-France.fr|date=2019-04-08|consulté le=2020-01-09}}.</ref>.


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Ion Iliescu
Illustration.
Ion Iliescu en 2004.
Fonctions
Président de la Roumanie

(4 ans)
Premier ministre Mugur Isărescu
Adrian Năstase
Prédécesseur Emil Constantinescu
Successeur Traian Băsescu
[N 1]
(6 ans, 11 mois et 7 jours)
Élection
Réélection
Vice-président Vice-président du Conseil du Front de salut national :
Dumitru Mazilu
Cazimir Ionescu
Károly Király
Vice-président du Conseil provisoire d'unité nationale :
Ion Caraitru
Cazimir Ionescu
Károly Király
Radu Câmpeanu
Ion Mânzatu
Premier ministre Petre Roman
Theodor Stolojan
Nicolae Văcăroiu
Prédécesseur Nicolae Ceaușescu
Successeur Emil Constantinescu
Biographie
Date de naissance (94 ans)
Lieu de naissance Oltenița (Roumanie)
Nationalité roumaine
Parti politique PCR (1953-1989)
FSN (1989-1992)
FDSN (1992-1993)
PDSR (1993-2001)
PSD (depuis 2001)
Profession Ingénieur en hydro-électricité

Signature de Ion Iliescu

Ion Iliescu
Présidents de la Roumanie

Ion Iliescu, né le à Oltenița, est un homme d'État roumain.

Après une carrière au sein du régime communiste, il est écarté du pouvoir par Nicolae Ceaușescu, à la chute duquel il fonde le Front de salut national. Il est président de la Roumanie de 1989 à 1996 — date à laquelle il est battu par Emil Constantinescu — puis de 2000 à 2004.

Dans les années 2010, la justice le poursuit pour crimes contre l'humanité en raison de son rôle dans les événements ayant suivi la révolution de 1989.

Biographie[modifier | modifier le code]

Période communiste[modifier | modifier le code]

Ion Iliescu passant des fléchettes artisanales à Elena Ceaușescu en 1976, dans une résidence de repos du parti du județ de Iași.

Ion Iliescu a 15 ans lorsque le régime fasciste roumain est renversé et que l'Armée rouge soviétique entre dans le pays, où elle reste jusqu'en 1958. Buandière à l'hôpital Filantropia de Bucarest, Marița Iliescu (seconde épouse de son père Alexandru qui était cheminot) avait participé à la logistique des Brigades internationales pendant la guerre d'Espagne et avait ainsi connu le chef de la brigade roumaine, Valter Roman (père du futur Premier ministre Petre Roman)[1]. Elena Șerbănescu, fiancée et future épouse d'Ion Iliescu, rencontrée trois ans plus tard, était alors membre d'une courroie de transmission du PCR, l'Union des associations des écoliers de Roumanie, dont il devint peu après secrétaire du Comité national. Les deux fiancés purent ainsi obtenir en 1949 une bourse d'études de la toute nouvelle République populaire roumaine pour apprendre le russe et aller étudier la chimie et l'hydrophysique respectivement à l'Institut Mendeleïev et à la faculté d'hydroénergétique de Moscou. Ils en reviennent et se marient en 1951[2].

Quoi qu'il en soit, Iliescu est immédiatement accepté lorsqu'il adhère au Parti communiste roumain et en 1965, à 35 ans, il est déjà au Comité central comme chef de la section de l'Enseignement et de la Santé, véritable responsable des deux ministères respectifs. Il dirige ensuite le județ de Iași où il cumule les mandats de député de ce parti unique à la Grande assemblée nationale, de premier secrétaire du Comité exécutif du parti (soit l'équivalent d'un préfet français) et de président du Comité exécutif du « conseil populaire » (soit équivalent d'un président d'assemblée départementale en France). Il est membre du Comité central du PCR de 1969 à 1984[3].

Progressivement, il s'attire la méfiance de Ceaușescu en critiquant ses choix (durcissement du régime depuis le 11e congrès du PCR, rigueur économique extrême imposée à la population pour payer la dette extérieure contractée dans la décennie précédente en vue d'une industrialisation massive, et adoption d'une forme de « national-communisme » appelée « protochronisme »[N 2]). Ceaușescu écarte donc Iliescu des instances dirigeantes sous prétexte d'« incompétence face à la modernisation ». Dans les six dernières années du régime, Iliescu dirige une maison d'édition du parti[3] et se trouve marginalisé, sans pour autant être inquiété physiquement, ni soumis à la surveillance et aux restrictions qui marquaient le quotidien de la population. Il reste un membre de la nomenklatura, conserve ses amis, et il semblerait qu'après la visite de Mikhaïl Gorbatchev à Bucarest en 1986, et face au refus de Ceaușescu d'assouplir sa politique, il ait commencé à constituer un réseau clandestin informel de « gorbatcheviens », formé par des cadres du Parti communiste mécontents et inquiets de la politique du régime[N 3].

Révolution de 1989[modifier | modifier le code]

Ion Iliescu à la télévision roumaine le 24 décembre 1989.

En , alors que le peuple est dans la rue notamment à Timișoara et Bucarest, Iliescu est sur le devant de la scène, à la télévision, dès les premiers jours de la révolution, et la position de chef, qu'il partage avec Petre Roman, est reconnue rapidement par le petit cercle des meneurs du coup d'État qui renverse Nicolae Ceaușescu[5].

En tant que chef des autorités provisoires, il déclare à la télévision souhaiter pour la Roumanie un avenir de « socialisme scientifique » et de « démocratie originale », en restant dans la sphère d'influence de l'Union soviétique. Ses déclarations sont interprétées comme suggérant l'adoption de réformes du style glasnost et perestroïka à la manière de Gorbatchev, plutôt que le remplacement complet du système politique existant. Il souhaite publiquement une version de « socialisme humain » qui « préserve le pays des excès du capitalisme débridé ». Mais Gorbatchev est affaibli comme le montrera le putsch de Moscou, et la société roumaine, nomenklatura comprise, ne veut plus entendre parler du communisme et de ses contraintes. La nomenklatura abolit le Parti communiste, constitue le Front de salut national (en roumain : Frontul Salvării Naționale, FSN) qui forme un organe dirigeant la Roumanie dans les premières semaines qui suivent la libération, gère les immenses biens du PCR (fermes de production, lieux de loisirs, biens immobiliers...) et permet le retour des partis politiques roumains historiques (Parti national libéral et le Parti national paysan chrétien-démocrate) ainsi que la constitution d'autres partis (Parti écologiste roumain, Union démocrate magyare de Roumanie...). Ion Iliescu est élu président du FSN. Le Conseil du Front de salut national doit organiser les élections législatives libres du et se dissoudre après celles-ci. Mais le Front de salut national est finalement transformé en parti et remporte ces élections, et le Conseil du FSN est renommé en Conseil provisoire d'unité nationale, alors qu'Ion Iliescu remporte l'élection présidentielle avec 85 % des voix, avec le slogan « L'un des nôtres, pour notre tranquillité » (en roumain : Unul dintre noi, pentru liniștea noastră) qui résume parfaitement les principaux thèmes de sa campagne : « pas de lustration » (réclamée par les autres partis), « personne ne sera inquiété pour ses faits et gestes sous la dictature », « on tourne la page », et « on tente notre propre formule de libéralisme, à l'abri des excès du capitalisme »[6].

Il reste de nombreux mystères concernant son rôle dans les évènements de , désignés dans les médias roumains sous les noms de « coup d'État », de « libération » et, le plus souvent, de « révolution » (officiel), qui, tous trois, expriment des facettes de la même réalité. Iliescu fera l'objet d'enquêtes sur ses responsabilités dans la mort de manifestants en 1989 (pour avoir déclaré à la télévision que « Nicolae Ceaușescu a des partisans armés qu'il faut combattre », afin de poser le FSN en défenseur de la révolution, ce qui mena de nombreux Roumains y compris militaires à se tirer dessus mutuellement, chacun pensant défendre la liberté)[7] et en 1990 (pour avoir manipulé les syndicats des mineurs armés de battes, de pelles et de pioches, en leur faisant croire que « les intellectuels dissidents et les étudiants voulaient livrer le pays aux capitalistes étrangers et le dépecer au profit des nationalistes hongrois », et en les amenant par milliers à Bucarest pour tabasser ses opposants)[8].

Premier mandat de président[modifier | modifier le code]

Contestation et minériades[modifier | modifier le code]

Ion Iliescu avec Dumitru Mazilu et Petre Roman, le 23 décembre 1989.

Membre fondateur du FSN, Iliescu fonde ensuite le FDSN (Front démocratique du salut national), renommé en PDSR (Parti de la démocratie sociale en Roumanie), puis en PSD (Parti social-démocrate). Progressivement, le Front perd son caractère d'union nationale ou de coalition, et devient vulnérable à la critique sur son usage de l'avantage que lui procurait le fait d'avoir été le principal bénéficiaire du changement de régime, en s'engageant pourtant dans des batailles politiques avec des moyens injustifiés par rapport à son statut et à sa représentativité réelle. Iliescu lui-même paraît être hostile à une société civile libre, et semble plus engagé dans une version revue du « centralisme démocratique » communiste.

Du 13 au , les étudiants manifestent contre le régime d'Iliescu à Bucarest. Le 14 au matin, des trains remplis de mineurs arrivent à Bucarest. Selon leurs dires, ils répondaient à l'appel de détresse lancé par Iliescu le 13, et venaient défendre le nouveau gouvernement contre les manifestants. Pendant deux jours, ils ratissent la ville et rossent les étudiants à coups de morceaux de bois. Selon Bîrladeanu, président du Sénat à ce moment-là, ces mineurs auraient été utilisés pour briser l'opposition, manipulés par une Securitate qui n'avait pas encore été démantelée[9]. Ce sont les « minériades ». Une contre-manifestation organisée par le pouvoir fait descendre dans les rues plusieurs dizaines de milliers de travailleurs des principales usines de Bucarest. Selon le rapport officiel, il y a eu six morts, six femmes violées et 746 blessés, mais les manifestants disent qu'ils ont perdu plus de 100 confrères. Après 20 ans, les enquêtes n'ont trouvé que 4 coupables, tous parmi les mineurs.

Élection présidentielle de 1992[modifier | modifier le code]

Malgré les fortes tensions sociales et les ambiguïtés du nouveau régime, malgré la forte opposition des partis dits « historiques » reconstitués, et malgré un déficit d'image à l'étranger aggravé par le conflit ethnique entre Roumains et Hongrois en Transylvanie, Ion Iliescu est élu démocratiquement à la présidence en 1992, au second tour de scrutin, avec 61 % des voix, face à Emil Constantinescu.

Ion Iliescu ne réussit pas à stopper la scission de son parti, née de profonds désaccords avec son Premier ministre, Petre Roman, fondateur du Parti démocrate (PD). Le déclin économique et le blocage des réformes amplifient le mécontentement populaire.

Élection présidentielle de 1996[modifier | modifier le code]

En 1996, il perd l'élection présidentielle face à Emil Constantinescu, candidat de la Convention démocratique roumaine (CDR), coalition de centre droit.

Second mandat de président[modifier | modifier le code]

George W. Bush et Ion Iliescu.

Ion Iliescu profite de la déception engendrée par la dégradation de la situation économique du pays en vue de l'élection présidentielle de 2000. Le candidat de droite ne parvient pas à participer au second tour de scrutin et Ion Iliescu affronte le candidat nationaliste, fondateur du Parti de la Grande Roumanie, Corneliu Vadim Tudor, contre qui il l'emporte largement. Dans le même temps, le PSD remporte les élections législatives.

En 2004, Ion Iliescu ne peut plus, en raison des dispositions constitutionnelles interdisant à un président de faire plus de deux mandats, se présenter à l'élection présidentielle. Adrian Năstase, candidat du PSD, perd l'élection présidentielle de 2004 face à Traian Băsescu, candidat d'une coalition de centre droit.

Retrait de la vie politique et poursuites pénales[modifier | modifier le code]

Ion Iliescu avec Liviu Dragnea et Victor Ponta en 2014.

Devant faire face à une opposition « réformiste » au sein du PSD, Ion Iliescu est largement battu lors de l'élection à la présidence du parti par Mircea Geoană, en [10]. Il reste sénateur et devient président honoraire du PSD en 2006.

En 2015, une enquête est ouverte à son encontre pour crimes contre l'humanité : il est accusé d'avoir participé aux crimes du régime communiste, d'avoir participé à la décision d'exécuter le couple Ceaușescu selon une parodie de procédure que son régime réservait à ses opposants, d'avoir provoqué les fusillades de 1989 et d'être à l'origine de la minériade de . Cette décision fait suite à la condamnation de la Roumanie par la Cour européenne des droits de l'homme pour enquêtes « lacunaires et déficientes »[11]. L'enquête est classée sans suite, mais est rouverte en 2016 sur décision de la Haute Cour de cassation, qui retient ensuite d'autres accusations à son encontre[12],[13]. Il est inculpé pour crimes contre l’humanité en , pour l'affaire des fusillades et pour celle de l'assassinat des Ceaușescu[14]. Son procès s'ouvre en [15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Président du Conseil du Front de salut national du au , puis président du Conseil provisoire d'unité nationale du au . Enfin, président de la Roumanie du au .
  2. « National-communisme » est un qualificatif dû à l'historienne et analyste politique française Catherine Durandin, de l'IFRI, pour désigner cette politique de Ceaușescu[4]
  3. Iliescu n'apparaît pas pour autant parmi les six auteurs, tous anciens ministres communistes ou membres du Comité central, de la lettre ouverte à Ceaușescu publiée par le journal Le Monde du 25-26 juin 1989.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (ro) Valter Roman, Sub cerul Spaniei, Bucarest, Editura Tineretului, .
  2. (ro) « Nina si Ion Iliescu: iubire de la 18 ani », sur jurnalul.antena3.ro, (consulté le ).
  3. a et b (ro) Consiliul National pentru Studierea Arhivelor Securitatii, Membrii C.C. al P.C.R. 1945-1989 dicționar, Bucarest, Editura enciclopedică, , 666 p. (lire en ligne), p. 323.
  4. « Le système Ceausescu. Utopie totalitaire et nationalisme insulaire », Vingtième Siècle : Revue d'histoire, vol. 25, no 1,‎ , p. 85-96.
  5. Jean-Marie Le Breton et Radu Portocală, Autopsie du coup d'État roumain : au pays du mensonge triomphant, Calmann-Levy, , 194 p. (ISBN 978-2-7021-1935-8).
  6. (ro) « Cu gândul la România », sur vreaupresedinte.gandul.info.
  7. (ro) Ioel Stoica, « Enigmele Revoluţiei. Procurorii care au redeschis ancheta susţin că Ion Iliescu a exercitat puterea în stat din 22 decembrie 1989 », sur adevarul.ro, (consulté le ).
  8. (ro) Marius Gîrlașiu, « Iliescu, anchetat pentru sângele vărsat de bâtele minerilor », sur jurnalul.antena3.ro, (consulté le ).
  9. Jean-Marie le Breton, La fin de Ceausescu, Histoire d'une révolution, Paris, l'Harmattan, , 190 p. (ISBN 978-2-7384-4394-6, lire en ligne) — Le Breton était ambassadeur à Bucarest au moment de la Révolution. Dans cet ouvrage, il raconte ce qu'il a vu et tente de mettre au clair les différentes versions de cette révolution..
  10. « Roumanie : Iliescu battu à la tête du PSD », sur liberation.fr, .
  11. « Roumanie : l'ex-président Ion Iliescu rattrapé par son passé », sur leparisien.fr, .
  12. « Révolution roumaine de 1989 : l'ex-président Iliescu poursuivi pour crimes contre l'humanité », sur europe1.fr, .
  13. « L’ancien président de la Roumanie Ion Iliescu poursuivi pour crimes contre l’humanité », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. « L’ancien président roumain Ion Iliescu mis en examen pour crimes contre l’humanité », sur Le Monde.fr, (consulté le ).
  15. « Roumanie. L’ex-président Ion Iliescu jugé pour « crimes contre l’humanité » en 1989 », sur Ouest-France.fr, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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