« Post-humanisme » : différence entre les versions

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{{Travail inédit|date=février 2018}}
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{{Internationaliser|date=décembre 2018|cite principalement des sources francophones alors que la quasi-totalité des publications sur le sujet sont en anglais}}
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Le '''post-humanisme''' est un courant de pensée né à la fin du {{s-|XX|e}}, issu notamment des champs de la [[science-fiction]], de l'[[art contemporain]] et de la [[philosophie]], qui traite du rapport de l'[[Homo sapiens|humain]] aux technologies ([[biotechnologies]] incluses) et du changement radical et inéluctable que cette relation a provoqué ou risque de provoquer dans l'avenir<ref>[[Francis Fukuyama]], ''La Fin de l'homme. Les conséquences de la révolution biotechnique'', Paris, La Table ronde, 2002, 366 pages et [http://www.revue-lebanquet.com/pdfs/c_0000698.pdf?qid=null&code=]</ref>. Le mot aurait été publié la première fois par [[Peter Sloterdijk]] en [[1999]], lors d'un colloque consacré à [[Martin Heidegger|Heidegger]] et à la fin de l'[[humanisme]], Sloterdijk postulant {{Citation|que le développement des technosciences imposait d'envisager un nouveau système de valeurs accompagnant la production d'êtres nouveaux et légitimant le pouvoir de ceux qui bénéficieront des technologies d'augmentation de l'être humain}}<ref name="Senat">[http://www.senat.fr/rap/r11-476-1/r11-476-153.html chapitre B ''Les défis du transhumanisme''], Rapport d'office parlementaire sur ''[http://www.senat.fr/rap/r11-476-1/r11-476-11.pdf L'impact et les enjeux des nouvelles technologies d'exploration et de thérapie du cerveau]'', Rapport {{n°|476}} (2011-2012) de MM. [[Alain Claeys]], député et [[Jean-Sébastien Vialatte]], député, fait au nom de l'[[Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques]], déposé le 13 mars 2012</ref>. Pour Sloterdijk, le [[transhumanisme]], encore mal défini, serait une transition vers le posthumanisme. Il se veut international, avec une association ''[[World Transhumanist Association]]'' créée en [[1988]] puis renommée ''Humanity+''{{Référence souhaitée}}.


Le '''post-humanisme''' est un courant de pensée né à la fin du {{s-|XX|e}}, issu notamment des champs de la [[science-fiction]], de l'[[art contemporain]] et de la [[philosophie]], qui traite du rapport de l'[[Homo sapiens|humain]] aux technologies ([[Biotechnologie|biotechnologies]] incluses) et du changement radical et inéluctable que cette relation a provoqué ou risque de provoquer dans l'avenir<ref>[[Francis Fukuyama]], ''La Fin de l'homme. Les conséquences de la révolution biotechnique'', Paris, La Table ronde, 2002, 366 pages et [http://www.revue-lebanquet.com/pdfs/c_0000698.pdf?qid=null&code=]</ref>. Le mot aurait été publié la première fois par [[Peter Sloterdijk]] en [[1999]], lors d'un colloque consacré à [[Martin Heidegger|Heidegger]] et à la fin de l'[[humanisme]], Sloterdijk postulant {{Citation|que le développement des technosciences imposait d'envisager un nouveau système de valeurs accompagnant la production d'êtres nouveaux et légitimant le pouvoir de ceux qui bénéficieront des technologies d'augmentation de l'être humain}}<ref name="Senat">[http://www.senat.fr/rap/r11-476-1/r11-476-153.html chapitre B ''Les défis du transhumanisme''], Rapport d'office parlementaire sur ''[http://www.senat.fr/rap/r11-476-1/r11-476-11.pdf L'impact et les enjeux des nouvelles technologies d'exploration et de thérapie du cerveau]'', Rapport {{n°|476}} (2011-2012) de MM. [[Alain Claeys]], député et [[Jean-Sébastien Vialatte]], député, fait au nom de l'[[Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques]], déposé le 13 mars 2012</ref>. Pour Sloterdijk, le [[transhumanisme]], encore mal défini, serait une transition vers le posthumanisme. Il se veut international, avec une association ''[[Humanity+|World Transhumanist Association]]'' créée en [[1988]] puis renommée ''Humanity+''{{Référence souhaitée}}.
Selon cette conception, la [[science]] aurait modifié la [[condition humaine]] et serait capable de la modifier encore (par le [[génie génétique]] par exemple) au point que l'humanité serait à un tournant radical de son [[histoire]]<ref>[http://perspectives.univ-perp.fr/spip.php?article13 Jean-Michel Hoerner, Université de Perpignan ]</ref>, voire à la fin de son histoire<ref>Interview intitulée "Le post-humanisme avec Jean Michel Besnier", pour l'émission "''Les Racines du ciel''" (France-Culture) par Frédéric Lenoir, Leili Anvar ; dimanche de 7h05 à 8h ; 53 minutes 01.06.2014</ref>. Elle devrait aussi {{Citation|s'élargir au non humain (cyborgs, clones, robots, tous les objets intelligents), l'espèce humaine perdant son privilège au profit d'individus inédits, façonnés par les technologies}}<ref name=Senat/>.


Selon cette conception, la [[science]] aurait modifié la [[condition humaine]] et serait capable de la modifier encore (par le [[génie génétique]] par exemple) au point que l'humanité serait à un tournant radical de son [[histoire]]<ref>[http://perspectives.univ-perp.fr/spip.php?article13 Jean-Michel Hoerner, Université de Perpignan]</ref>, voire à la fin de son histoire<ref>Interview intitulée "Le post-humanisme avec Jean Michel Besnier", pour l'émission ''Les Racines du ciel'' (France-Culture) par Frédéric Lenoir, Leili Anvar ; dimanche de 7h05 à 8h ; 53 minutes 01.06.2014</ref>. Elle devrait aussi {{Citation|s'élargir au non humain (cyborgs, clones, robots, tous les objets intelligents), l'espèce humaine perdant son privilège au profit d'individus inédits, façonnés par les technologies}}<ref name=Senat/>.
Certains des tenants de cette vision appellent à une révision des « conceptions [[Sociologie|sociologiques]], [[éthique]]s, [[politique]]s et [[culture]]lle dans le rapport de l'homme avec lui-même et à la machine »<ref>Alain de Neve, diplômé d'études approfondies en sciences politiques de l'université catholique de Louvain (UCL), chercheur au Centre d'études de Défense (CED), Institut royal supérieur de Défense (IRSD), Belgique. Membre du Réseau multidisciplinaire d'études stratégiques [http://www.automatesintelligents.com/echanges/2005/juil/deneve.html]</ref>. D'autres pensent qu'il est nécessaire de ralentir ou de renverser cette évolution qu'ils perçoivent comme une dégradation<ref>''In Defence of Posthuman Dignity, Bioethics'', vol. 19, {{n°|3}}, {{p.|202-214}} [[Nick Bostrom|Bostrom, Nick]].(2005).</ref>.


Certains des tenants de cette vision appellent à une révision des « conceptions [[Sociologie|sociologiques]], [[éthique]]s, [[politique]]s et [[culture|culturelles]] dans le rapport de l'homme avec lui-même et à la machine »<ref>Alain de Neve, diplômé d'études approfondies en sciences politiques de l'université catholique de Louvain (UCL), chercheur au Centre d'études de Défense (CED), Institut royal supérieur de Défense (IRSD), Belgique. Membre du Réseau multidisciplinaire d'études stratégiques [http://www.automatesintelligents.com/echanges/2005/juil/deneve.html]</ref>. D'autres pensent qu'il est nécessaire de ralentir ou de renverser cette évolution qu'ils perçoivent comme une dégradation<ref>''In Defence of Posthuman Dignity, Bioethics'', vol. 19, {{n°|3}}, {{p.|202-214}} [[Nick Bostrom|Bostrom, Nick]].(2005).</ref>.
Les différences entre transhumanisme et posthumanisme sont beaucoup plus complexes à définir que celles qui distinguent les notions de transhumain et de posthumain. Selon les acteurs du mouvement transhumaniste, nous serions actuellement des transhumains, c'est-à-dire des êtres en transition vers un statut de posthumain. Le préfixe [[trans]] souligne ici la phase intermédiaire du corps en dépassement de sa condition humaine et le préfixe [[post]] se réfère aux entités dont les limites du corps capacitaires seraient augmentées, voire dépassées de manière radicale. Tel que le souligne l'historien français [[Franck Damour|Frank Damour]] et le philosophe français David Doat, le transhumanisme et le posthumanisme sont « [...] des courants culturels et de pensée qui se positionnement distinctement par rapport à l'humanisme moderne pour en proposer des suites différentes »<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=Franck Damour et David Doat|prénom1=|titre=Transhumanisme: quel avenir pour l'humanité?|passage=p.62|lieu=Paris|éditeur=Le Cavalier Bleu|date=2018|pages totales=205|isbn=979-10-318-0283-1|lire en ligne=}}</ref>. Si le transhumanisme s'efforce de penser la condition humaine à une ère de l'augmentation technologique, le posthumanisme, quant à lui, est fondé sur une critique de l'humanisme moderne et anthropocentrique en prônant une déhiérarchisation entre les êtres vivants et leurs environnements techniques, sociaux, culturels et écologiques. Les acceptions de ces termes sont variables dépendemment du contexte d'énonciation à travers les multiples communautés de chercheurs, de militants ou d'experts qui les emploient.


L'intérêt contemporain pour le posthumanisme transparait également au niveau de la production et de la théorie littéraires. Alors que l'on associait encore le posthumanisme et la figure du posthumain au genre de la science-fiction au début du XXIe siècle, le nouveau concept catégoriel de « littérature du posthumain »<ref name="Le genre du posthumain : des transhumanismes à la théorie francophone">{{Article|langue=fr|prénom1=Mohamed Sami|nom1=Alloun|prénom2=Bachir|nom2=Bouattou|titre=Le genre du posthumain : des transhumanismes à la théorie francophone|périodique=Multilinguales|numéro=19|date=2023-06-15|issn=2335-1535|lire en ligne=https://journals.openedition.org/multilinguales/10154|consulté le=2024-01-03}}</ref> directement lié à ces thématiques semble de plus en plus s'imposer dans le monde
== Un constat, plusieurs visions ==


== Un constat, plusieurs visions ==
La post-humanité doit-elle conduire à redéfinir l'humain et à une réécriture de notre société ou plutôt à un retour à l'animal [[biologie|biologique]]<ref>{{Lien web|langue=|titre=Rastier : Sciences de la culture et post-humanité|url=http://www.revue-texto.net/Inedits/Rastier/Rastier_Post-humanite.html|site=www.revue-texto.net|périodique=|date=|consulté le=2019-07-03}}</ref> ? Le vieil [[humanisme]] reste-t-il une philosophie pertinente, ou doit il être ressourcé, réinventé, voire abandonné.? [[Hervé Fischer]] oppose dans un article de 2004 de la revue québécoise Arguments ce qu'il appelle l'hyperhumanisme ("''Hyper'' pour plus d'humanisme grâce aux ''hyper''liens qui augmentent la conscience planétaire en temps réel") aux trans- et posthumanisme qu'il considère comme des utopies technologiques toxiques<ref>{{Lien web|titre=L’hyperhumanisme contre le posthumanisme : article - Revue Argument|url=http://www.revueargument.ca/article/2004-03-01/272-lhyperhumanisme-contre-le-posthumanisme.html|site=www.revueargument.ca|consulté le=2019-07-03}}</ref>.
La post-humanité doit-elle conduire à redéfinir l'humain et à une réécriture de notre société ou plutôt à un retour à l'animal [[biologie|biologique]]<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Rastier : Sciences de la culture et post-humanité|url=http://www.revue-texto.net/Inedits/Rastier/Rastier_Post-humanite.html|site=revue-texto.net|date=|consulté le=2019-07-03}}</ref> ? Le vieil [[humanisme]] reste-t-il une philosophie pertinente, ou doit il être ressourcé, réinventé, voire abandonné ? [[Hervé Fischer]] oppose dans un article de 2004 de la revue québécoise ''Arguments'' ce qu'il appelle l'hyperhumanisme (« ''Hyper'' pour plus d'humanisme grâce aux ''hyper''liens qui augmentent la conscience planétaire en temps réel ») aux trans- et posthumanisme qu'il considère comme des utopies technologiques toxiques<ref>{{Lien web|titre=L’hyperhumanisme contre le posthumanisme|url=http://www.revueargument.ca/article/2004-03-01/272-lhyperhumanisme-contre-le-posthumanisme.html|site=revueargument.ca|consulté le=2019-07-03}}</ref>.


Selon [[George Steiner]] : « Au sens biologique, nous contemplons déjà une culture diminuée, une après-culture »<ref>George Steiner, ''Le château de Barbe-Bleue'' (1973, {{p.|43}}, voir aussi le chap. 3, intitulé « Après-culture »)</ref>. D'autres, comme [[Dominique Lecourt]], tempèrent la [[prophétie]] : « Le discours des bio-catastrophistes domine le [[Monde (univers)|monde]] [...]. Montrés du doigt, médecins et chercheurs menaceraient la [[Humanité|nature humaine]] elle-même en bouleversant la [[procréation]], la [[sexualité]], l'[[alimentation]], le [[vieillissement]], la [[mort]]... Bref, l'humanité serait appelée à disparaître [...]. La post-humanité est aujourd'hui dépeinte sous les traits de l'inhumanité même. Mais l'[[éthique]] ne saurait se borner à formuler des interdictions. Elle a vocation à explorer et affiner de nouveaux modes d'être. Cela relève de la responsabilité de tous »<ref>{{Harvsp|Dominique Lecourt|2003|texte=|p=|loc=|id=Dominique_Lecourt2003}}</ref>.
Selon [[George Steiner]] : « Au sens biologique, nous contemplons déjà une culture diminuée, une après-culture »<ref>George Steiner, ''Le château de Barbe-Bleue'' (1973, {{p.|43}}, voir aussi le chap. 3, intitulé « Après-culture »)</ref>. D'autres, comme [[Dominique Lecourt]], tempèrent la [[prophétie]] : « Le discours des bio-catastrophistes domine le [[Monde (univers)|monde]] []. Montrés du doigt, médecins et chercheurs menaceraient la [[Humanité|nature humaine]] elle-même en bouleversant la [[Reproduction (biologie)|procréation]], la [[sexualité]], l'[[alimentation]], le [[vieillissement]], la [[mort]] Bref, l'humanité serait appelée à disparaître []. La post-humanité est aujourd'hui dépeinte sous les traits de l'inhumanité même. Mais l'[[éthique]] ne saurait se borner à formuler des interdictions. Elle a vocation à explorer et affiner de nouveaux modes d'être. Cela relève de la responsabilité de tous »<ref>{{Harvsp|Dominique Lecourt|2003|texte=|p=|loc=|id=Dominique_Lecourt2003}}</ref>.


Pour [[Jean-Paul Baquiast]], le concept de post-humanisme renvoie à "un produit de l'évolution biologique darwinienne. Il n'est pas davantage finalisé ni contrôlé que les autres phénomènes évolutifs." C'est une "lame de fond", un "changement inévitable qu'impose aux sociétés traditionnelles le développement explosif et multiforme des sciences et des techniques, notamment dans le domaine du computationnel et de l'artificiel"<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Paul|nom1=Baquiast|lien auteur1=Jean-Paul Baquiast|préface=[[Paul Baquiast]]|titre=Ce monde qui vient : sciences, matérialisme et posthumanisme au XXIe siècle|passage=45|lieu=Paris|éditeur=L'Harmattan|lien éditeur=L'Harmattan|année=2014|isbn=978-2-343-05055-3|oclc=904581867|url=https://books.google.fr/books?id=8LAJBgAAQBAJ&lpg=PP1&hl=fr&pg=PP1#v=onepage&q&f=false}} </ref>.
Pour [[Jean-Paul Baquiast]], le concept de post-humanisme renvoie à « un produit de l'évolution biologique darwinienne. Il n'est pas davantage finalisé ni contrôlé que les autres phénomènes évolutifs. » C'est une « lame de fond », un « changement inévitable qu'impose aux sociétés traditionnelles le développement explosif et multiforme des sciences et des techniques, notamment dans le domaine du computationnel et de l'artificiel »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Paul|nom1=Baquiast|lien auteur1=Jean-Paul Baquiast|préface=[[Paul Baquiast]]|titre=Ce monde qui vient|sous-titre=sciences, matérialisme et posthumanisme au XXIe siècle|lieu=Paris|éditeur=[[L'Harmattan]]|année=2014|pages totales=59|passage=45|isbn=978-2-343-05055-3|oclc=904581867|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=8LAJBgAAQBAJ&pg=PP1}}</ref>.


Selon certains, un post-humain serait un être transformé par la [[technologie]] en autre chose qu’un être humain<ref>[http://www.posthuman.com Site Internet des Posthuman]</ref> (il pourrait ne pas avoir besoin de naître biologiquement, ou pourrait ne pas mourir. Mais [[Steven Pinker]], un [[neuroscientifique]] cognitif, interroge : « Si un [[chirurgie]]n remplace un [[neurone]] par un [[circuit intégré]] qui copie fidèlement son fonctionnement. Vous ressentez les choses de la même manière et vous vous comportez comme auparavant. Ensuite, il remplace un autre neurone de la même manière, puis un troisième jusqu’à ce que la plus grande partie de votre cerveau soit constituée de [[puces électroniques]]. Puisque chaque puce fonctionne exactement comme le neurone qu'elle remplace, votre comportement et votre mémoire ne sont pas modifiés. Pourriez-vous noter une différence ? Est-ce que c'est la même chose que mourir ? Est-ce qu’une autre entité a emménagé à l’intérieur de vous ? »<ref>Steven Pinker, ''How the Mind Works''.</ref>. Jean-Michel Besnier fait valoir que pour des raisons [[épigénétique]]s, les neurobiologistes estiment qu'il ne saurait y avoir de cerveau isolé comme l'imaginent les posthumanistes ou transhumanistes<ref name=Senat/>.
Selon certains, un post-humain serait un être transformé par la [[technologie]] en autre chose qu’un être humain<ref>[http://www.posthuman.com Site Internet des Posthuman]</ref> (il pourrait ne pas avoir besoin de naître biologiquement ou pourrait ne pas mourir). Mais [[Steven Pinker]], un [[Neurosciences|neuroscientifique]] cognitif, interroge : « Si un [[chirurgie]]n remplace un [[neurone]] par un [[circuit intégré]] qui copie fidèlement son fonctionnement. Vous ressentez les choses de la même manière et vous vous comportez comme auparavant. Ensuite, il remplace un autre neurone de la même manière, puis un troisième jusqu’à ce que la plus grande partie de votre cerveau soit constituée de [[Circuit intégré|puces électroniques]]. Puisque chaque puce fonctionne exactement comme le neurone qu'elle remplace, votre comportement et votre mémoire ne sont pas modifiés. Pourriez-vous noter une différence ? Est-ce que c'est la même chose que mourir ? Est-ce qu’une autre entité a emménagé à l’intérieur de vous<ref>Steven Pinker, ''How the Mind Works''.</ref> ? ». Jean-Michel Besnier fait valoir que pour des raisons [[épigénétique]]s, les neurobiologistes estiment qu'il ne saurait y avoir de cerveau isolé comme l'imaginent les posthumanistes ou transhumanistes<ref name=Senat/>.


== Apparition de post-humain ==
== Apparition de post-humain ==
Les premières représentations du post-humain sont directement tirées de l'imaginaire de la science-fiction, notamment du [[cyberpunk]], où apparaissent des humains « connectés », surchargés de prothèses en tout genre, mi-hommes, mi-machines<ref>https://www.dailymotion.com/video/xbwsgl_dominique-lestel-lanimal-est-laveni_tech Une conférence de Dominique Lestel aux ERNEST de l'École Normale Supérieure où il traite du posthumain</ref>. L'artiste [[Stelarc]] a réalisé des machines et des structures qui prennent ce leitmotiv au pied de la lettre. La figure du [[mutant]] post-humain, doté de pouvoirs extra-sensoriels, apparaît également dans les romans de [[Maurice G. Dantec|Maurice Dantec]].
Les premières représentations du post-humain sont directement tirées de l'imaginaire de la science-fiction, notamment du [[cyberpunk]], où apparaissent des humains « connectés », surchargés de prothèses en tout genre, mi-hommes, mi-machines<ref>https://www.dailymotion.com/video/xbwsgl_dominique-lestel-lanimal-est-laveni_tech Une conférence de Dominique Lestel aux ERNEST de l'École Normale Supérieure où il traite du posthumain</ref>. En marge de la science-fiction de type cyberpunk et de la [[dystopie]], une nouvelle forme littéraire apparue au début du XXIe siècle, la fiction posthumaniste<ref>Les échanges avec des écrivains français contemporains ont contribué à proposer cette catégorie littéraire nouvelle. Voir Mara Magda Maftei (dir.) ''Transhumanisme et Fictions posthumanistes'', Revue des Sciences humaines'','' Paris, Presses Universitaires du Septentrion, n°341/janvier-mars 2021, 318 pages.</ref>, élabore un espace romanesque inédit qui représente et questionne le devenir annoncé de l’humanité, de sa réalité biologique et de son organisation sociale.


En littérature, le posthumain désigne généralement « toute espèce issue ou ayant un lien de proximité avec l’humain qui transcende ce dernier par son potentiel d’action et son degré de liberté<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Mohamed Sami|nom1=Alloun|titre=Gnoséologie de la résistance dans le récit du posthumain. Politique et transhumanisation chez Mireille Gagné et Alain Damasio|périodique=RELIEF - REVUE ÉLECTRONIQUE DE LITTÉRATURE FRANÇAISE|volume=17|numéro=1|pages=50–65|date=2023-09-15|issn=1873-5045|doi=10.51777/relief17559|lire en ligne=https://revue-relief.org/article/view/17559|consulté le=2024-01-03}}</ref> ».
Selon [[Jean-Michel Besnier]]<ref>''Demain les posthumains'' [https://books.google.fr/books?id=YjOl0hNJqk4C&dq=Le+posthumanisme.+Qui+serons-nous+demain+%3F&hl=fr&source=gbs_navlinks_s Présentation par Google livre]</ref>, l'apparition du phénomène des [[Clonage|clones]], des [[robot]]s, [[cyborg]]s et autres organes artificiels, conduit naturellement au constat suivant : la [[science-fiction]] d'hier devient notre réalité et l'on se demande déjà comment préserver une définition de l'humain. Chez ceux que les machines fascinent, Jean-Michel Besnier perçoit une forme de lassitude – voire de honte – d'être seulement hommes. Aux autres qui, au nom d'idéaux humanistes, refusent les progrès techniques, il reproche en revanche leur inconséquence : n'ont-ils pas cru que la liberté humaine consistait à s'arracher à la nature – ce que la technique permet d'obtenir effectivement ? Les [[métaphysicien]]s de toujours souhaitent que l'Esprit triomphe de la Nature. Les visionnaires d'aujourd'hui, proclamant l'avènement du posthumain, annoncent la réalisation concrète de cette ambition. Grâce à son ingéniosité, l'homme n'aura bientôt plus le souci de naître : il s'autoproduira. Il ne connaîtra plus la maladie : des [[nanorobot]]s le répareront en permanence. Il ne mourra plus, sauf à effacer volontairement le contenu téléchargé de sa conscience. Mais comment vivrons-nous dans ce monde-là ? Quelle éthique nous mettra en harmonie avec une humanité élargie, capable d'inclure autant les animaux que les robots ou les cyborgs ? Quels droits, par exemple, devrons-nous accorder à ces robots chargés, là où les hommes sont défaillants, de rendre nos fins de vie plus humaines ? Les utopies posthumaines nous obligent à affronter ces questions, à évaluer nos dispositions à engager le dialogue avec cet autre, hier animal ou barbare, aujourd'hui machine ou cyborg. N'est-ce pas là justement, aujourd'hui comme hier, que se joue la grandeur de l'humain ?


L'artiste [[Stelarc]] a réalisé des machines et des structures qui prennent ce leitmotiv au pied de la lettre. La figure du [[Mutation (génétique)|mutant]] post-humain, doté de pouvoirs extra-sensoriels, apparaît également dans les romans de [[Maurice G. Dantec|Maurice Dantec]].
== Repenser les sciences humaines à l'époque de l'anthropocène ==
Le posthumanisme est une proposition de redéfinition des sciences humaines. Il s'inscrit dans le courant [[critique de l'humanisme]], mouvement de pensée qui naît à la suite des grandes tragédies du {{s-|XX|e}} (holocauste, génocides, bombe atomique). Étant sceptique et non confiant face aux thèses humanistes universalistes qui découlent des Lumières, et aux idéaux positifs qu'elles véhiculent.


Selon [[Jean-Michel Besnier]]<ref>''Demain les posthumains'' [https://books.google.fr/books?id=YjOl0hNJqk4C&dq=Le+posthumanisme.+Qui+serons-nous+demain+%3F&hl=fr&source=gbs_navlinks_s Présentation par Google livre]</ref>, l'apparition du phénomène des [[Clonage|clones]], des [[robot]]s, [[cyborg]]s et autres organes artificiels, conduit naturellement au constat suivant : la [[science-fiction]] d'hier devient notre réalité et l'on se demande déjà comment préserver une définition de l'humain. Chez ceux que les machines fascinent, Jean-Michel Besnier perçoit une forme de lassitude – voire de honte – d'être seulement hommes. Aux autres qui, au nom d'idéaux humanistes, refusent les progrès techniques, il reproche en revanche leur inconséquence : n'ont-ils pas cru que la liberté humaine consistait à s'arracher à la nature – ce que la technique permet d'obtenir effectivement ?
En premier lieu la critique de la définition de l'homme et de ses objectifs émanant des Lumières se construit sur une définition de l'homme produite par des sujets européens, masculins et privilégiés qui soutiennent la suprématie de l'homme sur son environnement.


Les [[Métaphysique|métaphysiciens]] de toujours souhaitent que l'Esprit triomphe de la Nature. Les visionnaires d'aujourd'hui, proclamant l'avènement du posthumain, annoncent la réalisation concrète de cette ambition. Grâce à son ingéniosité, l'homme n'aura bientôt plus le souci de naître : il s'autoproduira. Il ne connaîtra plus la maladie : des [[nanorobot]]s le répareront en permanence. Il ne mourra plus, sauf à effacer volontairement le contenu téléchargé de sa conscience. Mais comment vivrons-nous dans ce monde-là ? Quelle éthique nous mettra en harmonie avec une humanité élargie, capable d'inclure autant les animaux que les robots ou les cyborgs ? Quels droits, par exemple, devrons-nous accorder à ces robots chargés, là où les hommes sont défaillants, de rendre nos fins de vie plus humaines ? Les utopies posthumaines nous obligent à affronter ces questions, à évaluer nos dispositions à engager le dialogue avec cet autre, hier animal ou barbare, aujourd'hui machine ou cyborg. N'est-ce pas là justement, aujourd'hui comme hier, que se joue la grandeur de l'humain ?
Ce pouvoir doit être remis en question car il mène l'humanité à sa perte (catastrophe naturelle, épuisement des ressources). Les traumatismes causés à la planète deviennent dangereux pour la survie de l'humanité elle-même, et il est temps de définir de nouvelles relations à la nature et de définir un être humain au-delà des espèces, prêt à collaborer avec la nature et à redéfinir sa place sur la planète dans des rapports égalitaires<ref>{{Ouvrage|langue = anglais|auteur1 = Rosi Braidotti|titre = The Posthuman|lieu = Cambridge|éditeur = Polity Press|année = 2013|pages totales = |isbn = 978-0-745-64158-4|lire en ligne = |passage = }}</ref>.


== De quelques différences entre post-humanisme et transhumanisme ==
Ceci comprend une remise en question des dualismes entre Nature/Culture, Homme/Animal, Homme/Machine.
Les différences entre transhumanisme et posthumanisme sont beaucoup plus complexes à définir que celles qui distinguent les notions de transhumain et de posthumain. L’ouvrage « Fictions posthumanistes »<ref>Mara Magda Maftei, ''Fictions posthumanistes'', Paris, Éditions Hermann, 2022, 362 pages</ref> permet de mieux comprendre et distinguer les phénomènes du transhumanisme et du posthumanisme.


Selon les acteurs du mouvement transhumaniste, nous serions actuellement des transhumains, c'est-à-dire des êtres en transition vers un statut de posthumain{{Référence nécessaire|date=10 novembre 2019}}. Le préfixe trans souligne ici la phase intermédiaire du corps en dépassement de sa condition humaine et le préfixe post se réfère aux entités dont les limites du [https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01522358v2/document corps capacitaires] seraient augmentées, voire dépassées de manière radicale. Tel que le souligne l'historien français [[Franck Damour|Frank Damour]] et le philosophe français David Doat, le transhumanisme et le posthumanisme sont « [] des courants culturels et de pensée qui se positionnent distinctement par rapport à l'humanisme moderne pour en proposer des suites différentes »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Franck Damour|auteur2=David Doat|titre=Transhumanisme|sous-titre=quel avenir pour l'humanité?|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Cavalier bleu]]|année=2018|pages totales=205|passage=62|isbn=979-10-318-0283-1}}</ref>.
Dans un contexte de capitalisme avancé qui va de pair avec l'urgence climatique, l'avancée technologique et biogénétique, il est nécessaire de repenser dans un objectif émancipatoire de nouvelles subjectivités afin d'appréhender un futur viable et ouvert aux transformations.

Si le transhumanisme s'efforce de penser la condition humaine à une ère de l'augmentation technologique, le posthumanisme, quant à lui, est fondé sur une critique de l'humanisme moderne et anthropocentrique en prônant une déhiérarchisation entre les êtres vivants et leurs environnements techniques, sociaux, culturels et écologiques. Selon la chercheuse [[Karen Barad]], le posthumanisme a la spécificité de s'intéresser aux pratiques qui élèvent des barrières entre les notions d'humains et de non-humains pour mieux remettre en question notre vision de ces catégories<ref>{{Article |langue=en|auteur1=Karen Barad |titre=Posthumanist Performativity: Toward an Understanding of How Matter Comes to Matter |périodique=Signs |date=2003 |lire en ligne=https://www.uio.no/studier/emner/sv/sai/SOSANT4400/v14/pensumliste/barad_posthumanist-performativity.pdf |pages=808 }}</ref>. Les acceptions de ces termes sont variables selon le contexte d'énonciation à travers les multiples communautés de chercheurs, de militants ou d'experts qui les emploient.

== Sciences humaines et [[anthropocène]] ==
Le posthumanisme est une proposition de redéfinition des sciences humaines. Il s'inscrit dans le courant [[critique de l'humanisme]], mouvement de pensée qui naît à la suite des grandes tragédies du {{s-|XX|e}} (holocauste, génocides, bombe atomique). Il remet en cause les thèses humanistes universalistes qui découlent des [[Lumières (philosophie)|Lumières]] et les idéaux positifs qu'elles véhiculent.

La critique de la définition de l'Homme et de ses objectifs émanant des Lumières se construit sur une définition de l'Homme produite par des sujets européens, masculins et privilégiés qui soutiennent la suprématie de l'Homme sur son environnement{{Référence souhaitée|date=10 novembre 2019}}.

Selon [[Rosi Braidotti]], ce pouvoir doit être remis en question, car il mène l'humanité à sa perte (catastrophe naturelle, épuisement des ressources), engendrant des traumatismes et des catastrophes naturelles qui mettent en danger la pérennité de l'humanité et son habitat. Toujours selon la philosophe italienne, une redéfinition des rapports relationnels qu'entretient l'être humain avec la nature et les espèces [[Non-humain|non humaines]] est nécessaire pour envisager un concept d'[[Être humain (philosophie)|être humain]] qui puisse aller au-delà d'une vision [[Anthropocentrisme|anthropocentrique]] du monde<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Rosi Braidotti|titre=The Posthuman|lieu=Cambridge|éditeur=Polity Press|année=2013|pages totales=180|isbn=978-0-7456-4158-4}}</ref>.

Ceci comprend une remise en question des dualismes entre Nature/Culture, Homme/Animal, Homme/Machine. À titre d'exemple, dans son article « Writing-Being: Another Look at the "Symbol-Using Animal" »<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Diane Davis|titre=« Writing-Being : Another Look at the "Symbol-Using Animal" »|titre volume=Writing Posthumanism, Posthuman Writing|lieu=Anderson, Caroline du Sud|éditeur=Parlor Press|année=2015|pages totales=318|passage=56-78|isbn=978-1-60235-429-6}}</ref>, Diane Davis remet en cause l'idée que l'Homme est le seul être vivant à écrire en montrant que certains singes ont aussi la possibilité de développer une forme d'écriture pour répondre à l'appel de la communauté.

Dans un contexte de capitalisme avancé, qui va de pair avec l'urgence climatique, l'avancée technologique et biogénétique est repensée dans une visée émancipatrice qui intègre les nouvelles formes de subjectivité, afin d'appréhender un futur viable ouvert aux transformations<ref name="Le genre du posthumain : des transhumanismes à la théorie francophone" />.


== Références ==
== Références ==
{{Références}}
<references />


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==

=== Articles connexes ===
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{{Début de colonnes|nombre=3}}
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* [[Cyborg]]
* [[Cyborg]]
* [[Humanisme]]
* [[Humanisme]]
* [[Humanologie]]
* [[Interactions homme-machine|Interface Homme-machine]]
* [[Interactions homme-machine|Interface Homme-machine]]
* [[Nanotechnologie]]
* [[Nanotechnologie]]
* [[Post-humain]]
* [[Posthumain littéraire]]
* [[Technocritique]]
* [[Technocritique]]
* [[Technoscience]]
* [[Technoscience]]
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=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{Autorité}}
* {{Dictionnaires}}
* {{Bases}}
* [http://www.rambit.qc.ca/declaration-universelle-droit-robots/declaration-universelle-droit-robots.html Questionnement sur la nécessité d'une législation des robots]
* [http://www.rambit.qc.ca/declaration-universelle-droit-robots/declaration-universelle-droit-robots.html Questionnement sur la nécessité d'une législation des robots]
* [http://www.generation-nt.com/commenter/coree-sud-charte-ethique-humanite-robots-actualite-22763.html Projet d'adoption d'une charte éthique des robots en Corée du Sud]
* [http://www.generation-nt.com/commenter/coree-sud-charte-ethique-humanite-robots-actualite-22763.html Projet d'adoption d'une charte éthique des robots en Corée du Sud]
* [https://www.lattention.info/p/le-post-humain-est-arrive-relique-de.html Le post-humain est arrivé]

Ressources relatives à la recherche :
Frédéric Vandenberghe, Complexités du posthumanisme. Trois essais dialectiques sur la sociologie de [[Bruno Latour]]. Traduit de l’Anglais par Henri Vaugrand. Paris: Les Éditions L’Harmattan, 2006, 244 pp. Collection: “Diagonale critique.” [http://classiques.uqac.ca/contemporains/Vandenberghe_Frederic/Complexites_et_posthumanisme/Complexites_et_posthumanisme.html]


==== En anglais ====
==== En anglais ====
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===

==== Ouvrages ====
==== Ouvrages ====
* Mara Magda Maftei, ''Fictions posthumanistes'', Paris, Éditions Hermann, 2022, 362 pages, {{ISBN|9791037019776}}
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Le mythe de la singularité: faut-il craindre l'intelligence artificielle ?|prénom1=Jean-Gabriel|nom1=Ganascia|lieu=Paris|éditeur=Éditions du Seuil|collection=Science Ouverte|année=2017|pages totales=135|isbn=978-2-021-30999-7|oclc=1077435849|consulté le=2019-07-02|date=2017}}
* Mara Magda Maftei (dir.) ''Transhumanisme et Fictions posthumanistes'', Revue des Sciences humaines'','' Paris, Presses Universitaires du Septentrion, n°341/janvier-mars 2021, 318 pages, GTIN13 (EAN13) 9782913761889
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Les chroniques du Post-humanisme|prénom1=Axel|nom1=Devillers|éditeur=Edilivre|année=2017|isbn=978-2-414-02438-4|oclc=994006081|consulté le=2019-07-02|date=2017}}
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Questions de conscience : de la génétique au posthumanisme|prénom1=Jean-François|nom1=Mattei|lien auteur1=Jean-François Mattei|lieu=Paris|éditeur=Éditions Les Liens qui Libèrent|année=2017|pages totales=285|isbn=979-1-020-90549-9}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Gabriel|nom1=Ganascia|titre=Le mythe de la singularité : faut-il craindre l'intelligence artificielle ?|lieu=Paris|éditeur=Éditions du Seuil|collection=Science Ouverte|année=2017|pages totales=135|isbn=978-2-02-130999-7|oclc=1077435849|consulté le=2019-07-02}}
* {{Ouvrage|langue=French|prénom1=Michel|nom1=Nachez|titre=Transhumanisme et posthumanisme: nos futurs... en mode "cyber" ?|date=2016|consulté le=2019-07-02}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Axel|nom1=Devillers|titre=Les chroniques du Post-humanisme|éditeur=[[Éditions Édilivre|Edilivre]]|année=2017|pages totales=40|isbn=978-2-414-02438-4|oclc=994006081|consulté le=2019-07-02}}
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Homo labyrinthus : humanisme, antihumanisme, posthumanisme|auteur1=[[Frédéric Neyrat]]|lieu=Bellevaux|éditeur=Dehors|année=2015|pages totales=173|isbn=978-2-367-51008-8}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-François|nom1=Mattei|lien auteur1=Jean-François Mattei|titre=Questions de conscience|sous-titre=de la génétique au posthumanisme|lieu=Paris|éditeur=Éditions Les Liens qui Libèrent|année=2017|pages totales=285|isbn=979-10-209-0549-9}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Michel|nom1=Nachez|titre=Transhumanisme et posthumanisme|sous-titre=nos futurs... en mode "cyber" ?|éditeur=|année=2016|isbn=|consulté le=2019-07-02}}
* [[Gilbert Hottois]], [[Jean-Noël Missa]] et Laurence Perbal, ''Encyclopédie du trans/posthumanisme : L'humain et ses préfixes'', Vrin, 2015
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Technocorps la sociologie du corps à l'épreuve des nouvelles technologies|prénom1=Brigitte|nom1=Munier|directeur1=oui|lieu=Lormont|éditeur=F. Bourin|collection=Penser le monde|année=2014|pages totales=185|isbn=979-1-025-20017-9}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Frédéric Neyrat]]|titre=Homo labyrinthus|sous-titre=humanisme, antihumanisme, posthumanisme|lieu=Bellevaux|éditeur=Dehors|année=2015|pages totales=173|isbn=978-2-36751-008-8}}
* [[Gilbert Hottois]], [[Jean-Noël Missa]] et Laurence Perbal, ''Encyclopédie du trans/posthumanisme : L'humain et ses préfixes'', Vrin, 2015
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Ce monde qui vient : sciences, matérialisme et posthumanisme au XXIe siècle|prénom1=Jean-Paul|nom1=Baquiast|lien auteur1=Jean-Paul Baquiast|préface=[[Paul Baquiast]]|lieu=Paris|éditeur=L'Harmattan|lien éditeur=L'Harmattan|année=2014|isbn=978-2-343-05055-3|oclc=904581867|url=https://books.google.fr/books?id=8LAJBgAAQBAJ&lpg=PP1&hl=fr&pg=PP1#v=onepage&q&f=false}}
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Philosophie de la machine néo-mécanisme et post-humanisme|prénom1=Gérard|nom1=Chazal|préface=Jean-Claude Beaune|lieu=Dijon|éditeur=Éd. universitaires de Dijon|année=2013|pages totales=295|isbn=978-2-364-41046-6}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Brigitte|nom1=Munier|directeur1=oui|titre=Technocorps la sociologie du corps à l'épreuve des nouvelles technologies|lieu=Lormont|éditeur=F. Bourin|collection=Penser le monde|année=2014|pages totales=185|isbn=979-10-252-0017-9}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Paul|nom1=Baquiast|lien auteur1=Jean-Paul Baquiast|préface=[[Paul Baquiast]]|titre=Ce monde qui vient|sous-titre=sciences, matérialisme et posthumanisme au XXIe siècle|lieu=Paris|éditeur=[[L'Harmattan]]|année=2014|pages totales=59|isbn=978-2-343-05055-3|oclc=904581867|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=8LAJBgAAQBAJ&pg=PP1}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Gérard|nom1=Chazal|préface=Jean-Claude Beaune|titre=Philosophie de la machine|sous-titre=néo-mécanisme et post-humanisme|lieu=Dijon|éditeur=Éd. universitaires de Dijon|année=2013|pages totales=295|isbn=978-2-36441-046-6}}
* Collectif, ''[http://www.cairn.info/revue-cites-2013-3.htm Aujourd'hui le posthumain ?]'', Revue Cités, {{n°|55}}, PUF, 2013
* Collectif, ''[http://www.cairn.info/revue-cites-2013-3.htm Aujourd'hui le posthumain ?]'', Revue Cités, {{n°|55}}, PUF, 2013
* Olivier Gaudet, ''Réflexions sur le post humanisme'', lulu.com, 2011
* Olivier Gaudet, ''Réflexions sur le post humanisme'', lulu.com, 2011
*{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Dominique|nom1=Lecourt|lien auteur1=Dominique Lecourt|titre=Humain, posthumain : la technique et la vie|lieu=Paris|éditeur=Presses universitaires de France|collection=Science, histoire et société|année=2003|numéro d'édition=1|réimpression=2011|pages totales=146|isbn=978-2-130-53054-1|oclc=797195828}}.
*{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Dominique|nom1=Lecourt|lien auteur1=Dominique Lecourt|titre=Humain, posthumain|sous-titre=la technique et la vie|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=Science, histoire et société|année=2003|numéro d'édition=1|réimpression=2011|pages totales=146|isbn=978-2-13-053054-1|oclc=797195828}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Demain les posthumains : le futur a-t-il encore besoin de nous|prénom1=Jean-Michel|nom1=Besnier|lien auteur1=Jean-Michel Besnier|lieu=Paris|éditeur=Pluriel|collection=Documents|année=2012|pages totales=208|isbn=978-2-818-50282-2}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Michel|nom1=Besnier|lien auteur1=Jean-Michel Besnier|titre=Demain les posthumains|sous-titre=le futur a-t-il encore besoin de nous|lieu=Paris|éditeur=Pluriel|collection=Documents|année=2012|pages totales=208|isbn=978-2-8185-0282-2}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=La chair mutante : fabrique d'un posthumain|prénom1=Denis|nom1=Baron|lieu=Paris|éditeur=Dis voir|année=2008|pages totales=93|isbn=978-2-914-56340-6|oclc=886364819}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Denis|nom1=Baron|titre=La chair mutante|sous-titre=fabrique d'un posthumain|lieu=Paris|éditeur=Dis voir|année=2008|pages totales=93|isbn=978-2-914563-40-6|oclc=886364819}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Les frontières de l'humain|prénom1=Henri|nom1=Atlan|lien auteur1=Henri Atlan|auteur2=Frans B.M. de Waal|lien auteur2=Frans de Waal|lieu=Paris Paris|éditeur=Cité des sciences et de l'industrie ; Le Pommier|collection=Collège de la cité|numéro dans collection=31|année=2007|pages totales=111|isbn=978-2-746-50335-9|oclc=186974071}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Henri|nom1=Atlan|lien auteur1=Henri Atlan|auteur2=[[Frans de Waal|Frans B.M. de Waal]]|titre=Les frontières de l'humain|lieu=Paris Paris|éditeur=Cité des sciences et de l'industrie ; Le Pommier|collection=Collège de la cité|numéro dans collection=31|année=2007|pages totales=111|isbn=978-2-7465-0335-9|oclc=186974071}}
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Le nouvel homme nouveau voyage dans les utopies de la posthumanite|prénom1=Antoine|nom1=Robitaille|lieu=Montréal|éditeur=Boréal|année=2007|pages totales=220|isbn=978-2-764-60837-1|isbn2=978-2-764-60929-3|oclc=937844428}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Antoine|nom1=Robitaille|titre=Le nouvel homme nouveau voyage dans les utopies de la posthumanite|lieu=Montréal|éditeur=Boréal|année=2007|pages totales=220|isbn=978-2-7646-0837-1|isbn2=978-2-764-60929-3|oclc=937844428}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Complexités du posthumanisme : trois essais dialectiques sur la sociologie de Bruno Latour|prénom1=Frédéric|nom1=Vandenberghe|lien auteur1=Frédéric Vandenberghe|lieu=Paris Budapest Kinshasa|éditeur=L'Harmattan|collection=Diagonale critique|année=2006|pages totales=244|isbn=978-2-296-01502-9|oclc=263645783}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Frédéric|nom1=Vandenberghe|lien auteur1=Frédéric Vandenberghe|titre=Complexités du posthumanisme : trois essais dialectiques sur la sociologie de Bruno Latour|lieu=Paris Budapest Kinshasa|éditeur=[[Éditions L'Harmattan]]|collection=Diagonale critique|année=2006|pages totales=244|isbn=978-2-296-01502-9|oclc=263645783|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=jxHrpaR9PwQC&printsec=frontcover}}
* [[Serge Venturini]], ''Éclats d’une poétique du devenir posthumain'', [[2000]]-[[2007]] (Livre II), Éditions [[L’Harmattan]], collection « [[Poètes des cinq continents (collection)|Poètes des cinq continents]] », Paris, [[2007]] (livre dédié à [[Lucie Aubrac]]) {{ISBN|978-2-296-03301-6}}
* [[Serge Venturini]], ''Éclats d’une poétique du devenir posthumain'', [[2000]]-[[2007]] (Livre II), Éditions [[L’Harmattan]], collection « [[Poètes des cinq continents (collection)|Poètes des cinq continents]] », Paris, [[2007]] (livre dédié à [[Lucie Aubrac]]) {{ISBN|978-2-296-03301-6}}
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=PH1 : manuel d'usage et d'entretien du post-humain|prénom1=Dominique|nom1=Babin|lieu=Paris|éditeur=Flammarion|année=2004|pages totales=252|isbn=978-2-082-10279-7|oclc=417675321}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Dominique|nom1=Babin|titre=PH1 : manuel d'usage et d'entretien du post-humain|lieu=Paris|éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]|année=2004|pages totales=252|isbn=978-2-08-210279-7|oclc=417675321}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Règles pour le parc humain pour un éclaircissement de la clairière|lien titre=Règles pour le parc humain|prénom1=Peter|nom1=Sloterdijk|lien auteur1=Peter Sloterdijk|lieu=Paris|éditeur=Mille et une nuits|année=2010|pages totales=186|isbn=978-2-755-50574-0|oclc=830927769}}
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=de|prénom1=Peter|nom1=Sloterdijk|lien auteur1=Peter Sloterdijk|titre=[[Règles pour le parc humain|Règles pour le parc humain pour un éclaircissement de la clairière]]|lieu=Paris|éditeur=Mille et une nuits|année=2010|pages totales=186|isbn=978-2-7555-0574-0|oclc=830927769}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Cary Wolfe|titre=What is Posthumanism ?|lieu=Minneapolis|éditeur=University of Minnesota|année=2009|pages totales=392|isbn=978-0-8166-6615-7}}
* [[Isaac Asimov]], ''I, Robot'', 1950. Trad. fr. ''[[Les Robots]]'', 1967
* [[Isaac Asimov]], ''I, Robot'', 1950. Trad. fr. ''[[Les Robots]]'', 1967


==== Articles ====
==== Articles ====
* {{Article|langue=fr|auteur1=Auguste Nsonsissa|titre=Remarques éthiques et philosophiques sur le post-humanisme|périodique=Sociétés|volume=131|numéro=1|éditeur=De Boeck Supérieur|date=2016|isbn=9782807390751|issn=|doi=10.3917/soc.131.0051|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-societes-2016-1-p-51.htm|pages=51-60}}
* {{Article|langue=fr|auteur1=Auguste Nsonsissa|titre=Remarques éthiques et philosophiques sur le post-humanisme|périodique=Sociétés|volume=131|numéro=1|éditeur=De Boeck Supérieur|date=2016|isbn=9782807390751|doi=10.3917/soc.131.0051|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-societes-2016-1-p-51.htm|pages=51-60}}
* {{Article|langue=fr|auteur1=Jean-Michel Besnier|titre=Le posthumanisme ou la fatigue d'être libre|périodique=La pensée de midi|volume=30|numéro=1|éditeur=Actes sud|date=2010|isbn=9782742790487|issn=|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-la-pensee-de-midi-2010-1-page-75.htm|pages=75-80}}
* {{Article|langue=fr|auteur1=Jean-Michel Besnier|titre=Le posthumanisme ou la fatigue d'être libre|périodique=La pensée de midi|volume=30|numéro=1|éditeur=Actes sud|date=2010|isbn=9782742790487|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-la-pensee-de-midi-2010-1-page-75.htm|pages=75-80}}
* {{Article|langue=fr|auteur1=Nicolas Le Dévédec|titre=De l’humanisme au post-humanisme : les mutations de la perfectibilité humaine|périodique=Revue du MAUSS permanente|date=21-12-2008|issn=|lire en ligne=http://www.journaldumauss.net/?De-l-humanisme-au-post-humanisme|pages=}}
* {{Article|langue=fr|auteur1=Nicolas Le Dévédec|titre=De l’humanisme au post-humanisme : les mutations de la perfectibilité humaine|périodique=Revue du MAUSS permanente|date=21-12-2008|lire en ligne=http://www.journaldumauss.net/?De-l-humanisme-au-post-humanisme|pages=}}
* {{Article|langue=fr|auteur1=Cyrille Bégorre-Bret|titre=Bioéthique et post-humanité|périodique=Les Études philosophiques|volume=69|numéro=2|éditeur=PUF|date=2004|isbn=9782130544555|issn=|doi=10.3917/leph.042.0253|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-les-etudes-philosophiques-2004-2-page-253.htm|pages=253-264}}
* {{Article|langue=fr|auteur1=Cyrille Bégorre-Bret|titre=Bioéthique et post-humanité|périodique=Les Études philosophiques|volume=69|numéro=2|éditeur=PUF|date=2004|isbn=9782130544555|doi=10.3917/leph.042.0253|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-les-etudes-philosophiques-2004-2-page-253.htm|pages=253-264}}
'''Documents audio'''
'''Documents audio'''
* [[Jean-Michel Besnier]], ''Le posthumanisme. Qui serons-nous demain ?'', CD audio, éd. De vive voix, 2011
* [[Jean-Michel Besnier]], ''Le posthumanisme. Qui serons-nous demain ?'', CD audio, éd. De vive voix, 2011
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=== Vidéographie ===
=== Vidéographie ===
* Cécile Denjean (1994) documentaire ''Un homme presque parfait'' ([https://www.youtube.com/watch?v=12yX30obBWM avec YouTube] ; voir aussi [[Un homme presque parfait|Article de Wikipédia consacré à ce film]])
* Cécile Denjean (1994) documentaire ''Un homme presque parfait'' ([https://www.youtube.com/watch?v=12yX30obBWM avec YouTube] ; voir aussi [[Un homme presque parfait|Article de Wikipédia consacré à ce film]])


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Le post-humanisme est un courant de pensée né à la fin du XXe siècle, issu notamment des champs de la science-fiction, de l'art contemporain et de la philosophie, qui traite du rapport de l'humain aux technologies (biotechnologies incluses) et du changement radical et inéluctable que cette relation a provoqué ou risque de provoquer dans l'avenir[1]. Le mot aurait été publié la première fois par Peter Sloterdijk en 1999, lors d'un colloque consacré à Heidegger et à la fin de l'humanisme, Sloterdijk postulant « que le développement des technosciences imposait d'envisager un nouveau système de valeurs accompagnant la production d'êtres nouveaux et légitimant le pouvoir de ceux qui bénéficieront des technologies d'augmentation de l'être humain »[2]. Pour Sloterdijk, le transhumanisme, encore mal défini, serait une transition vers le posthumanisme. Il se veut international, avec une association World Transhumanist Association créée en 1988 puis renommée Humanity+[réf. souhaitée].

Selon cette conception, la science aurait modifié la condition humaine et serait capable de la modifier encore (par le génie génétique par exemple) au point que l'humanité serait à un tournant radical de son histoire[3], voire à la fin de son histoire[4]. Elle devrait aussi « s'élargir au non humain (cyborgs, clones, robots, tous les objets intelligents), l'espèce humaine perdant son privilège au profit d'individus inédits, façonnés par les technologies »[2].

Certains des tenants de cette vision appellent à une révision des « conceptions sociologiques, éthiques, politiques et culturelles dans le rapport de l'homme avec lui-même et à la machine »[5]. D'autres pensent qu'il est nécessaire de ralentir ou de renverser cette évolution qu'ils perçoivent comme une dégradation[6].

L'intérêt contemporain pour le posthumanisme transparait également au niveau de la production et de la théorie littéraires. Alors que l'on associait encore le posthumanisme et la figure du posthumain au genre de la science-fiction au début du XXIe siècle, le nouveau concept catégoriel de « littérature du posthumain »[7] directement lié à ces thématiques semble de plus en plus s'imposer dans le monde

Un constat, plusieurs visions[modifier | modifier le code]

La post-humanité doit-elle conduire à redéfinir l'humain et à une réécriture de notre société ou plutôt à un retour à l'animal biologique[8] ? Le vieil humanisme reste-t-il une philosophie pertinente, ou doit il être ressourcé, réinventé, voire abandonné ? Hervé Fischer oppose dans un article de 2004 de la revue québécoise Arguments ce qu'il appelle l'hyperhumanisme (« Hyper pour plus d'humanisme grâce aux hyperliens qui augmentent la conscience planétaire en temps réel ») aux trans- et posthumanisme qu'il considère comme des utopies technologiques toxiques[9].

Selon George Steiner : « Au sens biologique, nous contemplons déjà une culture diminuée, une après-culture »[10]. D'autres, comme Dominique Lecourt, tempèrent la prophétie : « Le discours des bio-catastrophistes domine le monde […]. Montrés du doigt, médecins et chercheurs menaceraient la nature humaine elle-même en bouleversant la procréation, la sexualité, l'alimentation, le vieillissement, la mort… Bref, l'humanité serait appelée à disparaître […]. La post-humanité est aujourd'hui dépeinte sous les traits de l'inhumanité même. Mais l'éthique ne saurait se borner à formuler des interdictions. Elle a vocation à explorer et affiner de nouveaux modes d'être. Cela relève de la responsabilité de tous »[11].

Pour Jean-Paul Baquiast, le concept de post-humanisme renvoie à « un produit de l'évolution biologique darwinienne. Il n'est pas davantage finalisé ni contrôlé que les autres phénomènes évolutifs. » C'est une « lame de fond », un « changement inévitable qu'impose aux sociétés traditionnelles le développement explosif et multiforme des sciences et des techniques, notamment dans le domaine du computationnel et de l'artificiel »[12].

Selon certains, un post-humain serait un être transformé par la technologie en autre chose qu’un être humain[13] (il pourrait ne pas avoir besoin de naître biologiquement ou pourrait ne pas mourir). Mais Steven Pinker, un neuroscientifique cognitif, interroge : « Si un chirurgien remplace un neurone par un circuit intégré qui copie fidèlement son fonctionnement. Vous ressentez les choses de la même manière et vous vous comportez comme auparavant. Ensuite, il remplace un autre neurone de la même manière, puis un troisième jusqu’à ce que la plus grande partie de votre cerveau soit constituée de puces électroniques. Puisque chaque puce fonctionne exactement comme le neurone qu'elle remplace, votre comportement et votre mémoire ne sont pas modifiés. Pourriez-vous noter une différence ? Est-ce que c'est la même chose que mourir ? Est-ce qu’une autre entité a emménagé à l’intérieur de vous[14] ? ». Jean-Michel Besnier fait valoir que pour des raisons épigénétiques, les neurobiologistes estiment qu'il ne saurait y avoir de cerveau isolé comme l'imaginent les posthumanistes ou transhumanistes[2].

Apparition de post-humain[modifier | modifier le code]

Les premières représentations du post-humain sont directement tirées de l'imaginaire de la science-fiction, notamment du cyberpunk, où apparaissent des humains « connectés », surchargés de prothèses en tout genre, mi-hommes, mi-machines[15]. En marge de la science-fiction de type cyberpunk et de la dystopie, une nouvelle forme littéraire apparue au début du XXIe siècle, la fiction posthumaniste[16], élabore un espace romanesque inédit qui représente et questionne le devenir annoncé de l’humanité, de sa réalité biologique et de son organisation sociale.

En littérature, le posthumain désigne généralement « toute espèce issue ou ayant un lien de proximité avec l’humain qui transcende ce dernier par son potentiel d’action et son degré de liberté[17] ».

L'artiste Stelarc a réalisé des machines et des structures qui prennent ce leitmotiv au pied de la lettre. La figure du mutant post-humain, doté de pouvoirs extra-sensoriels, apparaît également dans les romans de Maurice Dantec.

Selon Jean-Michel Besnier[18], l'apparition du phénomène des clones, des robots, cyborgs et autres organes artificiels, conduit naturellement au constat suivant : la science-fiction d'hier devient notre réalité et l'on se demande déjà comment préserver une définition de l'humain. Chez ceux que les machines fascinent, Jean-Michel Besnier perçoit une forme de lassitude – voire de honte – d'être seulement hommes. Aux autres qui, au nom d'idéaux humanistes, refusent les progrès techniques, il reproche en revanche leur inconséquence : n'ont-ils pas cru que la liberté humaine consistait à s'arracher à la nature – ce que la technique permet d'obtenir effectivement ?

Les métaphysiciens de toujours souhaitent que l'Esprit triomphe de la Nature. Les visionnaires d'aujourd'hui, proclamant l'avènement du posthumain, annoncent la réalisation concrète de cette ambition. Grâce à son ingéniosité, l'homme n'aura bientôt plus le souci de naître : il s'autoproduira. Il ne connaîtra plus la maladie : des nanorobots le répareront en permanence. Il ne mourra plus, sauf à effacer volontairement le contenu téléchargé de sa conscience. Mais comment vivrons-nous dans ce monde-là ? Quelle éthique nous mettra en harmonie avec une humanité élargie, capable d'inclure autant les animaux que les robots ou les cyborgs ? Quels droits, par exemple, devrons-nous accorder à ces robots chargés, là où les hommes sont défaillants, de rendre nos fins de vie plus humaines ? Les utopies posthumaines nous obligent à affronter ces questions, à évaluer nos dispositions à engager le dialogue avec cet autre, hier animal ou barbare, aujourd'hui machine ou cyborg. N'est-ce pas là justement, aujourd'hui comme hier, que se joue la grandeur de l'humain ?

De quelques différences entre post-humanisme et transhumanisme[modifier | modifier le code]

Les différences entre transhumanisme et posthumanisme sont beaucoup plus complexes à définir que celles qui distinguent les notions de transhumain et de posthumain. L’ouvrage « Fictions posthumanistes »[19] permet de mieux comprendre et distinguer les phénomènes du transhumanisme et du posthumanisme.

Selon les acteurs du mouvement transhumaniste, nous serions actuellement des transhumains, c'est-à-dire des êtres en transition vers un statut de posthumain[réf. nécessaire]. Le préfixe trans souligne ici la phase intermédiaire du corps en dépassement de sa condition humaine et le préfixe post se réfère aux entités dont les limites du corps capacitaires seraient augmentées, voire dépassées de manière radicale. Tel que le souligne l'historien français Frank Damour et le philosophe français David Doat, le transhumanisme et le posthumanisme sont « […] des courants culturels et de pensée qui se positionnent distinctement par rapport à l'humanisme moderne pour en proposer des suites différentes »[20].

Si le transhumanisme s'efforce de penser la condition humaine à une ère de l'augmentation technologique, le posthumanisme, quant à lui, est fondé sur une critique de l'humanisme moderne et anthropocentrique en prônant une déhiérarchisation entre les êtres vivants et leurs environnements techniques, sociaux, culturels et écologiques. Selon la chercheuse Karen Barad, le posthumanisme a la spécificité de s'intéresser aux pratiques qui élèvent des barrières entre les notions d'humains et de non-humains pour mieux remettre en question notre vision de ces catégories[21]. Les acceptions de ces termes sont variables selon le contexte d'énonciation à travers les multiples communautés de chercheurs, de militants ou d'experts qui les emploient.

Sciences humaines et anthropocène[modifier | modifier le code]

Le posthumanisme est une proposition de redéfinition des sciences humaines. Il s'inscrit dans le courant critique de l'humanisme, mouvement de pensée qui naît à la suite des grandes tragédies du XXe siècle (holocauste, génocides, bombe atomique). Il remet en cause les thèses humanistes universalistes qui découlent des Lumières et les idéaux positifs qu'elles véhiculent.

La critique de la définition de l'Homme et de ses objectifs émanant des Lumières se construit sur une définition de l'Homme produite par des sujets européens, masculins et privilégiés qui soutiennent la suprématie de l'Homme sur son environnement[réf. souhaitée].

Selon Rosi Braidotti, ce pouvoir doit être remis en question, car il mène l'humanité à sa perte (catastrophe naturelle, épuisement des ressources), engendrant des traumatismes et des catastrophes naturelles qui mettent en danger la pérennité de l'humanité et son habitat. Toujours selon la philosophe italienne, une redéfinition des rapports relationnels qu'entretient l'être humain avec la nature et les espèces non humaines est nécessaire pour envisager un concept d'être humain qui puisse aller au-delà d'une vision anthropocentrique du monde[22].

Ceci comprend une remise en question des dualismes entre Nature/Culture, Homme/Animal, Homme/Machine. À titre d'exemple, dans son article « Writing-Being: Another Look at the "Symbol-Using Animal" »[23], Diane Davis remet en cause l'idée que l'Homme est le seul être vivant à écrire en montrant que certains singes ont aussi la possibilité de développer une forme d'écriture pour répondre à l'appel de la communauté.

Dans un contexte de capitalisme avancé, qui va de pair avec l'urgence climatique, l'avancée technologique et biogénétique est repensée dans une visée émancipatrice qui intègre les nouvelles formes de subjectivité, afin d'appréhender un futur viable ouvert aux transformations[7].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Francis Fukuyama, La Fin de l'homme. Les conséquences de la révolution biotechnique, Paris, La Table ronde, 2002, 366 pages et [1]
  2. a b et c chapitre B Les défis du transhumanisme, Rapport d'office parlementaire sur L'impact et les enjeux des nouvelles technologies d'exploration et de thérapie du cerveau, Rapport no 476 (2011-2012) de MM. Alain Claeys, député et Jean-Sébastien Vialatte, député, fait au nom de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, déposé le 13 mars 2012
  3. Jean-Michel Hoerner, Université de Perpignan
  4. Interview intitulée "Le post-humanisme avec Jean Michel Besnier", pour l'émission Les Racines du ciel (France-Culture) par Frédéric Lenoir, Leili Anvar ; dimanche de 7h05 à 8h ; 53 minutes 01.06.2014
  5. Alain de Neve, diplômé d'études approfondies en sciences politiques de l'université catholique de Louvain (UCL), chercheur au Centre d'études de Défense (CED), Institut royal supérieur de Défense (IRSD), Belgique. Membre du Réseau multidisciplinaire d'études stratégiques [2]
  6. In Defence of Posthuman Dignity, Bioethics, vol. 19, no 3, p. 202-214 Bostrom, Nick.(2005).
  7. a et b Mohamed Sami Alloun et Bachir Bouattou, « Le genre du posthumain : des transhumanismes à la théorie francophone », Multilinguales, no 19,‎ (ISSN 2335-1535, lire en ligne, consulté le )
  8. « Rastier : Sciences de la culture et post-humanité », sur revue-texto.net (consulté le )
  9. « L’hyperhumanisme contre le posthumanisme », sur revueargument.ca (consulté le )
  10. George Steiner, Le château de Barbe-Bleue (1973, p. 43, voir aussi le chap. 3, intitulé « Après-culture »)
  11. Dominique Lecourt 2003
  12. Jean-Paul Baquiast (préf. Paul Baquiast), Ce monde qui vient : sciences, matérialisme et posthumanisme au XXIe siècle, Paris, L'Harmattan, , 59 p. (ISBN 978-2-343-05055-3, OCLC 904581867, lire en ligne), p. 45
  13. Site Internet des Posthuman
  14. Steven Pinker, How the Mind Works.
  15. https://www.dailymotion.com/video/xbwsgl_dominique-lestel-lanimal-est-laveni_tech Une conférence de Dominique Lestel aux ERNEST de l'École Normale Supérieure où il traite du posthumain
  16. Les échanges avec des écrivains français contemporains ont contribué à proposer cette catégorie littéraire nouvelle. Voir Mara Magda Maftei (dir.) Transhumanisme et Fictions posthumanistes, Revue des Sciences humaines, Paris, Presses Universitaires du Septentrion, n°341/janvier-mars 2021, 318 pages.
  17. Mohamed Sami Alloun, « Gnoséologie de la résistance dans le récit du posthumain. Politique et transhumanisation chez Mireille Gagné et Alain Damasio », RELIEF - REVUE ÉLECTRONIQUE DE LITTÉRATURE FRANÇAISE, vol. 17, no 1,‎ , p. 50–65 (ISSN 1873-5045, DOI 10.51777/relief17559, lire en ligne, consulté le )
  18. Demain les posthumains Présentation par Google livre
  19. Mara Magda Maftei, Fictions posthumanistes, Paris, Éditions Hermann, 2022, 362 pages
  20. Franck Damour et David Doat, Transhumanisme : quel avenir pour l'humanité?, Paris, Éditions du Cavalier bleu, , 205 p. (ISBN 979-10-318-0283-1), p. 62
  21. (en) Karen Barad, « Posthumanist Performativity: Toward an Understanding of How Matter Comes to Matter », Signs,‎ , p. 808 (lire en ligne)
  22. (en) Rosi Braidotti, The Posthuman, Cambridge, Polity Press, , 180 p. (ISBN 978-0-7456-4158-4)
  23. (en) Diane Davis, « Writing-Being : Another Look at the "Symbol-Using Animal" », Writing Posthumanism, Posthuman Writing, Anderson, Caroline du Sud, Parlor Press, , 318 p. (ISBN 978-1-60235-429-6), p. 56-78

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Ressources relatives à la recherche : Frédéric Vandenberghe, Complexités du posthumanisme. Trois essais dialectiques sur la sociologie de Bruno Latour. Traduit de l’Anglais par Henri Vaugrand. Paris: Les Éditions L’Harmattan, 2006, 244 pp. Collection: “Diagonale critique.” [3]

En anglais[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Articles[modifier | modifier le code]

  • Auguste Nsonsissa, « Remarques éthiques et philosophiques sur le post-humanisme », Sociétés, De Boeck Supérieur, vol. 131, no 1,‎ , p. 51-60 (ISBN 9782807390751, DOI 10.3917/soc.131.0051, lire en ligne)
  • Jean-Michel Besnier, « Le posthumanisme ou la fatigue d'être libre », La pensée de midi, Actes sud, vol. 30, no 1,‎ , p. 75-80 (ISBN 9782742790487, lire en ligne)
  • Nicolas Le Dévédec, « De l’humanisme au post-humanisme : les mutations de la perfectibilité humaine », Revue du MAUSS permanente,‎ (lire en ligne)
  • Cyrille Bégorre-Bret, « Bioéthique et post-humanité », Les Études philosophiques, PUF, vol. 69, no 2,‎ , p. 253-264 (ISBN 9782130544555, DOI 10.3917/leph.042.0253, lire en ligne)

Documents audio

Vidéographie[modifier | modifier le code]