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[[Fichier:Chel.labid.Metellina.spec.6918.jpg|thumb|Chélicères (''chelicerae'') d'une araignée du genre ''[[Metellina]]''.]]
[[File:Spider chelicerae.png|thumb|left|upright|Chélicères d'araignée (en noir), surface du [[céphalothorax]] (en brun), attaches des pattes (rougeâtre) et glandes à venin (en vert) entourées de tissus musculaire (en gris). Le croc de la chélicère de droite est représenté dans l'espace entre les deux chelicères]]
[[Fichier:Solifugae Chelicera lateral aspect 2012 01 24 0999s.JPG|thumb|Chélicères-ciseaux d'un arachnide de l'ordre des [[Solifugae]] (vue latérale).]]
[[Image:Chel.labid.Metellina.spec.6918.jpg|thumb|Chélicères (''chelicerae'') d'une araignée du genre ''Metellina'']]
[[Fichier:Ixodes ricinus.jpg|thumb|Chélicères de la tique ''[[Ixodes ricinus]]''.]]
[[Image:Chel.orth.Atrax robustus.jpg|thumb|Vue de profil, ''[[Atrax robustus]]'' en posture d'intimidation ; présentant de puissantes chélicères, bien adaptées à l'attaque, mais aussi à la traction]]
[[Image:Wolfsspinne Chelicere.jpg||thumb|Chélicères d'une araignée de la famille ''[[Lycosidae]]'']]
[[Image:Kaldari Phidippus audax 01.jpg|thumb|''[[Phidippus audax]]'', présente de puissantes chélicères, aux reflets métalliques]]
[[Image:Jumping spider fang 3D.jpg|thumb|Vue 3D des chélicères d'une araignée sauteuse après retrait des [[pédipalpe]]s qui les cachaient en partie]]
[[File:Cheiracanthium punctorium frei 1 17 Forst Jungfernhdeide Jg 46 070920.jpg|thumb|Chélicères d'une femelle de ''[[Cheiracanthium punctorium]]'', avec deux gouttelettes de venin]]
[[File:Solifugae Chelicera lateral aspect 2012 01 24 0999s.JPG|thumb|Chélicères-ciseaux d'un arachnide de l'ordre des ''[[Solifugae]]'' (vue latérale)]]
[[File:Ixodes ricinus.jpg|thumb|Chélicères de la tique ''[[Ixodes ricinus]]'']]


La '''chélicère''' est un appendice caractéristique des [[chélicérate]]s, [[super-classe (biologie)|super-classe]] comprenant les [[arachnide]]s ([[araignée]]s, [[Scorpiones|scorpions]], [[acarien]]s), les [[mérostome]]s (limules) et les [[pycnogonide]]s.
La '''chélicère''' (prononcer {{API|/ke.li.sɛʁ/}}) est un appendice pair caractéristique des [[chélicérate]]s, [[super-classe (biologie)|super-classe]] comprenant les [[arachnide]]s ([[araignée]]s, [[Scorpiones|scorpions]], [[acarien]]s), les [[mérostome]]s (limules) et les [[pycnogonide]]s. Le mot est formé à partir des mots grecs {{lang|grc|χηλή}} (''{{transl|grc|khêlê}}''), « pince » et {{lang|grc|κέρας}} (''{{transl|grc|kêras}}''), « corne ».


Proche de la [[bouche]], il se termine par deux crochets et ne doit pas être confondu avec le [[pédipalpe]], un autre membre pair qui, s'il est également fixé sur la tête et peut ressembler à une « pince » souple, sert lui à palper (et, chez les mâles, à la [[reproduction (biologie)|reproduction sexuelle]]).
Proches de la [[bouche]], les chélicères se terminent par des crochets ou des pinces. Elles ne doivent pas être confondues avec les [[pédipalpe]]s, une paire de membres également fixés sur la tête, qui peuvent ressembler à des « pinces » souples et servent à palper.


== Forme et anatomie ==
== Forme et anatomie ==
[[Fichier:Chelicerae.svg|thumb|left|3 types de chélicères : crochet (A), pince (B), tri-segmentée (C).]]
Selon les espèces, la chélicère prend la forme d'un crochet ou d'une [[pince (biologie)|pince]], et présente une grande variété de taille, de forme, de couleur et de texture. Ces éléments anatomiques font partie des critères de classification de certaines espèces, chez les scorpions par exemple<ref>Vachon M (1963) ''De l’utilité, en systématique, d’une nomenclature des dents des chélicères chez les Scorpions''. Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle, 35, 161-166.</ref>.


Chez les arachnides, la partie basale de la chélicère comprend tout ou partie de la glande à venin (qui exprime du venin quand elle est pressée par la gaine musculaire qui l'entoure)<ref name="Foelix">{{en}} Rainer F. Foelix (1996), ''Biology of Spiders '' ; {{2e|édition}} ; éditeur = [[Oxford University Press]] ; {{ISBN|0-19-509594-4}}</ref>.
Selon les espèces, la chélicère prend la forme d'un crochet ou d'une pince, et présente une grande variété de taille, de forme, de couleur et de texture. Ces éléments anatomiques font partie des critères de classification de certaines espèces, chez les scorpions par exemple<ref>Vachon M (1963) ''De l’utilité, en systématique, d’une nomenclature des dents des chélicères chez les Scorpions''. Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle, 35, 161-166.</ref>.


Les chélicères sont entièrement commandées par le [[cerveau]], ce qui permet à l'araignée d'injecter une dose de venin adaptée à la taille de sa proie, ou de mordre ''à sec'' le cas échéant<ref name="Foelix"/>. Certaines espèces de la famille des [[Scytodidae]] peuvent aussi cracher une soie venimeuse : mécanisme à la fois de chasse et de défense.
La partie basale de la chélicère comprend tout ou partie de la glande à venin (qui exprime du venin quand elle est pressée par la gaine musculaire qui l'entoure)<ref name="Foelix">Rainer F. Foelix (1996), ''Biology of Spiders '' ; 2ème édition ; éditeur = [[Oxford University Press]] ; isbn = 0-19-509594-4</ref>.


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La chélicère est commandée à part entière par le [[cerveau]] au moyen de [[nerf]]s, ce qui permet à l'araignée d'injecter une dose de venin adaptée à la taille de sa proie, ou de mordre ''à sec'' le cas échéant<ref name="Foelix"/>. Certaines espèces de la famille des [[Scytodidae]] peuvent aussi cracher une soie venimeuse : mécanisme à la fois de chasse et de défense.
Chel.orth.Atrax robustus.jpg|La mygalomorphe ''[[Atrax robustus]]'' en posture d'intimidation ; ses puissantes chélicères sont bien adaptées à l'attaque et à la traction.

Wolfsspinne Chelicere.jpg|Chélicères d'une araignée-loup (famille des [[Lycosidae]]), à demi-dissimulées derrière ses [[pédipalpe]]s.
Des malformations de chélicères sont parfois observées, par exemple chez les [[Opilion]]s<ref>Juberthie C (1963) ''[http://www.bhl-europe.eu/static/a0dz08rh/a0dz08rh_full_pdf.pdf Monstruosités observées chez les Opilions]''. Bull. Mus. nat. Hist. nat. 2éme sér, 35(167.171).</ref>.
Kaldari Phidippus audax 01.jpg|L'araignée sauteuse ''[[Phidippus audax]]'' présente des chélicères aux reflets métalliques. Ses [[pédipalpe]]s sont aussi visibles.
Jumping spider fang 3D.jpg|Vue 3D des chélicères d'une araignée sauteuse après retrait des pédipalpes qui les cachaient en partie.
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== Embryologie ==
== Embryologie ==
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Lors du [[développement embryonnaire]], la chélicère d'abord placée derrière l'ouverture buccale devient peu à peu un appendice pair au fur et à mesure de l'évolution des membres alentour.
Lors du [[développement embryonnaire]], la chélicère d'abord placée derrière l'ouverture buccale devient peu à peu un appendice pair au fur et à mesure de l'évolution des membres alentour.

La chélicère pourrait être rapprochée des deux [[Antenne (biologie)|antennes]] des [[crustacé]]s{{refnec}}.

== Le croc ou crochet ==

C'est la partie terminale des chélicères, une sorte d'équivalent fonctionnel organique de l'[[aiguille hypodermique]].

Ce sont les crochets qui pénètrent la peau, la fourrure, ou l'exosquelette ciblé par l'araignée.

Leur premier rôle est d'envenimer la proie d'une araignée : [[insecte]]s et autres petits [[arthropodes]] chez la plupart des espèces<ref name="Foelix"/>, mais il existe des araignées capables de pêcher et manger de petits poissons.

== La piqûre ==
L'[[envenimation]] par piqûre d'araignée s'appelle ''« [[aranéisme]] »''<ref>De Haro, L. (2010). Aranéismes en dermatologie: de nombreuses difficultés diagnostiques. In Annales de dermatologie et de vénéréologie (Vol. 137, No. 12, pp. 765-767) dec 2010. Elsevier Masson.</ref>.

Quand une araignée pique ou [[morsure d'araignée|mord]], les deux parties de la chélicères se rejoignent un peu à la manière d'un couteau pliant, et quand elle se fait menaçante ou se prépare à mordre l'araignée va généralement ouvrir l'angle des crocs avec la partie basale des chélicères et va aussi ouvrir l'angle de la partie basale avec le céphalothorax<ref name="name=Foelix">name="Foelix"</ref>.

Chez les tarentules et autres ''[[Mygalomorphae]]'', l'angle des pointes des crocs ne change pas beaucoup, mais chez d'autres araignées les pointes des crocs s'éloignent et s'élèvent fortement<ref name="name=Foelix"/>.

L'araignée australienne ''[[Atrax robustus]]'' est réputée pouvoir percer de ses chélicères une chaussure de cuir souple.

Les arachnides ne mordent pas puisqu'ils n'ont pas de mâchoire, ils piquent avec leurs chélicères !


== Fonctions ==
== Fonctions ==
[[Fichier:Spider chelicerae.png|thumb|upright|Chélicères d'araignée (en noir), surface du [[céphalothorax]] (en brun), attaches des pattes (rougeâtre) et glandes à venin (en vert) entourées de tissu musculaire (en gris). Le croc de la chélicère de droite est représenté dans l'espace entre les deux chélicères.]]
La chélicère est un véritable « membre-outil » chez les arachnides pour lesquelles mordre et traîner des proies sont des actions courantes réalisées grâce à leurs chélicères.
La chélicère est un véritable « membre-outil » chez les arachnides, pour lesquelles mordre et traîner des proies sont des actions courantes réalisées grâce à leurs chélicères.


Il s'agit dans la très grande majorité des cas d'un organe [[venin|venimeux]] (Hormis pour la famille des ''[[Uloboridae]]'' toutes les araignées connues ont des glandes à venin, situés dans les deux segments de la chélicères, et chez la plupart des araignées, s'étendant au-delà du chélicères dans le céphalothorax<ref name="Foelix">{{cite book |author=Rainer F. Foelix |title=Biology of Spiders |edition=2nd |publisher=[[Oxford University Press]] |isbn=0-19-509594-4 |year=1996}}</ref>).
Il s'agit dans la très grande majorité des cas d'un organe [[venin|venimeux]]. Hormis pour la famille des [[Uloboridae]], toutes les araignées connues ont des glandes à venin, situées dans les deux segments de la chélicère, et s'étendant chez la plupart des araignées jusque dans le [[céphalothorax]]<ref name="Foelix"/>.


L'araignée injecte son venin par deux canaux à venin qui aboutissent aux deux ouvertures situées à l'extrémité des crochets effilés quand elle [[morsure d'araignée|mord]] sa proie ou se défend.
L'araignée injecte son venin par deux canaux à venin qui aboutissent aux deux ouvertures situées à l'extrémité des crochets effilés quand elle [[morsure d'araignée|mord]] sa proie ou se défend.


Les femelles de certaines espèces d'araignées transportent leur [[cocon ovigère]] avec leurs chélicères<ref>Lécaillon, A. (1905). Sur l’origine de l’habitude qu’ont les femelles de certaines araignées de porter leur cocon ovigère]avec leurs chélicères. C. r. Séanc. Soc. Biol, 57(2), 33-35.</ref>
Les femelles de certaines espèces d'araignées transportent leur cocon ovigère avec leurs chélicères<ref>Lécaillon, A. (1905). Sur l’origine de l’habitude qu’ont les femelles de certaines araignées de porter leur cocon ovigère]avec leurs chélicères. C. r. Séanc. Soc. Biol, 57(2), 33-35.</ref>


== Notes et références ==
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== Voir aussi ==
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Dernière version du 13 janvier 2024 à 23:18

Chélicères (chelicerae) d'une araignée du genre Metellina.
Chélicères-ciseaux d'un arachnide de l'ordre des Solifugae (vue latérale).
Chélicères de la tique Ixodes ricinus.

La chélicère (prononcer /ke.li.sɛʁ/) est un appendice pair caractéristique des chélicérates, super-classe comprenant les arachnides (araignées, scorpions, acariens), les mérostomes (limules) et les pycnogonides. Le mot est formé à partir des mots grecs χηλή (khêlê), « pince » et κέρας (kêras), « corne ».

Proches de la bouche, les chélicères se terminent par des crochets ou des pinces. Elles ne doivent pas être confondues avec les pédipalpes, une paire de membres également fixés sur la tête, qui peuvent ressembler à des « pinces » souples et servent à palper.

Forme et anatomie[modifier | modifier le code]

3 types de chélicères : crochet (A), pince (B), tri-segmentée (C).

Selon les espèces, la chélicère prend la forme d'un crochet ou d'une pince, et présente une grande variété de taille, de forme, de couleur et de texture. Ces éléments anatomiques font partie des critères de classification de certaines espèces, chez les scorpions par exemple[1].

Chez les arachnides, la partie basale de la chélicère comprend tout ou partie de la glande à venin (qui exprime du venin quand elle est pressée par la gaine musculaire qui l'entoure)[2].

Les chélicères sont entièrement commandées par le cerveau, ce qui permet à l'araignée d'injecter une dose de venin adaptée à la taille de sa proie, ou de mordre à sec le cas échéant[2]. Certaines espèces de la famille des Scytodidae peuvent aussi cracher une soie venimeuse : mécanisme à la fois de chasse et de défense.

Embryologie[modifier | modifier le code]

Les chélicères sont constituées d'un segment de base qui s'articule avec le céphalothorax et d'une partie formant les crocs qui s'articule avec le segment de base[2].

Lors du développement embryonnaire, la chélicère d'abord placée derrière l'ouverture buccale devient peu à peu un appendice pair au fur et à mesure de l'évolution des membres alentour.

Fonctions[modifier | modifier le code]

Chélicères d'araignée (en noir), surface du céphalothorax (en brun), attaches des pattes (rougeâtre) et glandes à venin (en vert) entourées de tissu musculaire (en gris). Le croc de la chélicère de droite est représenté dans l'espace entre les deux chélicères.

La chélicère est un véritable « membre-outil » chez les arachnides, pour lesquelles mordre et traîner des proies sont des actions courantes réalisées grâce à leurs chélicères.

Il s'agit dans la très grande majorité des cas d'un organe venimeux. Hormis pour la famille des Uloboridae, toutes les araignées connues ont des glandes à venin, situées dans les deux segments de la chélicère, et s'étendant chez la plupart des araignées jusque dans le céphalothorax[2].

L'araignée injecte son venin par deux canaux à venin qui aboutissent aux deux ouvertures situées à l'extrémité des crochets effilés quand elle mord sa proie ou se défend.

Les femelles de certaines espèces d'araignées transportent leur cocon ovigère avec leurs chélicères[3]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Vachon M (1963) De l’utilité, en systématique, d’une nomenclature des dents des chélicères chez les Scorpions. Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle, 35, 161-166.
  2. a b c et d (en) Rainer F. Foelix (1996), Biology of Spiders  ; 2e édition ; éditeur = Oxford University Press ; (ISBN 0-19-509594-4)
  3. Lécaillon, A. (1905). Sur l’origine de l’habitude qu’ont les femelles de certaines araignées de porter leur cocon ovigère]avec leurs chélicères. C. r. Séanc. Soc. Biol, 57(2), 33-35.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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