« Ronronnement » : différence entre les versions

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Le ronronnement est essentiellement limité aux relations mère-progéniture dans la nature, mais le [[chat domestique]] peut ronronner tant dans une situation de [[plaisir]] que de [[souffrance]], c’est pourquoi la signification de cette vocalisation de contact est peu évidente. Comparé au [[sourire]] par certains auteurs, son rôle social, tant avec des congénères qu’avec l’[[Homo sapiens|Homme]], est primordial. Une théorie assure au ronronnement un rôle [[Soins de santé|curatif]] : les basses fréquences émises permettraient de renforcer les os, les muscles, les tendons et auraient même un rôle anti-[[douleur]].
Le ronronnement est essentiellement limité aux relations mère-progéniture dans la nature, mais le [[chat domestique]] peut ronronner tant dans une situation de [[plaisir]] que de [[souffrance]], c’est pourquoi la signification de cette vocalisation de contact est peu évidente. Comparé au [[sourire]] par certains auteurs, son rôle social, tant avec des congénères qu’avec l’[[Homo sapiens|Homme]], est primordial. Une théorie assure au ronronnement un rôle [[Soins de santé|curatif]] : les basses fréquences émises permettraient de renforcer les os, les muscles, les tendons et auraient même un rôle anti-[[douleur]].


En français, les termes associés au mot {{citation|ronronnement}} sont tirés de l’[[onomatopée]] {{citation|ronron}} utilisée dès le {{XIXe siècle}}. L’utilisation du mot, comme du son, est anecdotique dans la littérature, la publicité ou le cinéma.
En français, les termes associés au mot {{citation|ronronnement}} sont tirés de l’[[onomatopée]] {{citation|ronron}}.


== Description ==
== Description ==
=== Définition ===
=== Définition ===
Le ronronnement est un son continu de basse amplitude, produit pendant toutes les phases de la respiration excepté lors d’une courte pause de quelques dizaines à une centaine de millisecondes<ref name="purring" />, entre les deux phases de [[respiration]]{{sfn|Turner|Bateson|2000|p=71-72|loc=|id=}}. Le ronronnement est considéré comme plus fort et rauque à l’inspiration<ref name="WWW-Annexe" />, cependant selon une étude publiée en 2010, le ronronnement du [[chat]] est de même [[amplitude]] durant les deux phases de la respiration, et celui du [[guépard]] est plus fort à l’expiration<ref name="purring" />. Le son est produit avec la bouche fermée, il dure le plus souvent plus de deux secondes, à une fréquence de 25 à {{unité|20|Hz}}{{sfn|Turner|Bateson|2000|p=71-72|loc=|id=}}, la [[fréquence fondamentale]] est d’une vingtaine de hertz<ref name="purring" />. Le ronronnement du chat domestique peut être entendu à trois mètres à la ronde<ref name="WWW-Annexe" />, celui d’un guépard jusqu’à {{unité|40|mètres}} ; le son est plus fort au niveau du museau<ref name="purring" />. La plupart du temps, le ronronnement du chat domestique est inaudible dès cinquante centimètres d’éloignement{{sfn|Moutou|2004|p=27-33|loc=|id=}}; cependant il couvre tous les autres sons corporels (respiration, battement de cœur) et il est impossible pour un [[vétérinaire]] d’ausculter un chat qui n’arrête pas de ronronner{{sfn|Moutou|2004|p=34-40|loc=|id=}}.
{{Infobox Liste de fichiers
|fichier01 = Cat purring.ogg
|titre01 = Ronronnement d’un chat domestique
|type01 = ogg
}}
Le ronronnement est un son continu de basse amplitude, produit pendant toutes les phases de la respiration excepté lors d’une courte pause de quelques dizaines à une centaine de millisecondes<ref name="purring" />, entre les deux phases de [[respiration]]<ref name="CatBiology72">{{en}} {{Ouvrage |éditeur=Presse universitaire de Cambridge |titre=The domestic cat The biology of its behaviour |auteur=Dennis C. Turner et Patrick Bateson |lieu=Cambridge |édition=2{{e}} |année=2000 |pages=244 |isbn=0-521-63648-5 |passage=71-72}}.</ref>. Le ronronnement est considéré comme plus fort et rauque à l’inspiration<ref name="WWW-Annexe" />, cependant selon une étude publiée en 2010, le ronronnement du [[chat]] est de même [[amplitude]] durant les deux phases de la respiration, et celui du [[guépard]] est plus fort à l’expiration<ref name="purring" />. Le son est produit avec la bouche fermée, il dure le plus souvent plus de deux secondes, à une fréquence de 25 à {{unité|20|Hz}}<ref name="CatBiology72" />, la [[fréquence fondamentale]] est d’une vingtaine de hertz<ref name="purring" />. Le ronronnement du chat domestique peut être entendu à trois mètres à la ronde<ref name="WWW-Annexe" />, celui d’un guépard jusqu’à {{unité|40|mètres}} ; le son est plus fort au niveau du museau<ref name="purring" />. La plupart du temps, le ronronnement du chat domestique est inaudible dès cinquante centimètres d’éloignement<ref>{{fr}} {{Ouvrage | titre = Pourquoi le chat ronronne-t-il ? | auteur = François Moutou | collection = Les Petites Pommes du Savoir | éditeur = Éditions le Pommier | pages = 59 | jour = 17 | mois = juin | année = 2004 | isbn = 978-2746501805 |passage = 27-33| titre chapitre = Parlez-vous félin ?}}</ref> ; cependant il couvre tous les autres sons corporels (respiration, battement de cœur) et il est impossible pour un [[vétérinaire]] d’ausculter un chat qui n’arrête pas de ronronner<ref name="comment?">François Moutou, {{opcit}}, {{citation|Comment ronronner ?}}, p. 34-40</ref>.


Le mécanisme phonatoire est tout à la fois [[wikt:ingressif|ingressif]] (produit à l’inspiration) et [[wikt:égressif|égressif]] (produit à l’expiration)<ref name="purring" />. La [[phonation]] ingressive est connue depuis [[Charles Darwin]] pour être utilisée par de nombreux autres animaux, comme le [[chien]] ou le [[renard]]. Chez l’homme, la phonation ingressive est utilisée notamment dans les [[langues germaniques]]<ref name="IDA" />. Selon une étude publiée en 2010 comparant le ronronnement du [[guépard]] et celui du [[chat]], la phase égressive est chez la première espèce plus longue et contient plus de [[Phénomène périodique|cycles]], tandis que chez le chat, il n’y a pas ou peu de différences entre les phases. Comparativement, le guépard produit un plus grand nombre de cycles que le chat pour les deux phases et la fréquence fondamentale reste quasiment identique<ref name="purring" />.
Le mécanisme phonatoire est tout à la fois [[wikt:ingressif|ingressif]] (produit à l’inspiration) et [[wikt:égressif|égressif]] (produit à l’expiration)<ref name="purring" />. La [[phonation]] ingressive est connue depuis [[Charles Darwin]] pour être utilisée par de nombreux autres animaux, comme le [[chien]] ou le [[renard]]. Chez l’homme, la phonation ingressive est utilisée notamment dans les [[langues germaniques]]<ref name="IDA" />. Selon une étude publiée en 2010 comparant le ronronnement du [[guépard]] et celui du [[chat]], la phase égressive est chez la première espèce plus longue et contient plus de [[Phénomène périodique|cycles]], tandis que chez le chat, il n’y a pas ou peu de différences entre les phases. Comparativement, le guépard produit un plus grand nombre de cycles que le chat pour les deux phases et la fréquence fondamentale reste quasiment identique<ref name="purring" />.


Chez le chat domestique, le ronronnement apparaît dès l’âge de deux jours lors de la [[tétée]], où la mère et ses petits communiquent par ronronnement ; ce phénomène apparaît aussi lors de la toilette des chatons par la mère<ref name="ChatSolar2" />. Le ronronnement est le premier cri poussé par le chaton avec les pleurs, c’est également par le ronronnement que la mère répond à ses petits<ref>Dennis C. Turner et Patrick Bateson, {{opcit}}, « {{lang|en|''The mother-kitten relationship''}} », {{p.|27-29}}.</ref>{{,}}<ref group="Note">La chatte utilise également un cri transcrit « brrp », « mhrn » ou « chirp » selon les auteurs.</ref>. Dans la nature, le ronronnement est le plus fréquent durant les relations entre la mère et ses petits<ref>Mel et Fiona Sunquist, {{opcit}}, « {{lang|en|''The essence of cats''}} », {{p.|10}}.</ref> alors qu’il peut survenir au contact de l’homme ou d’un objet chez le chat domestique. Le chat ne ronronne jamais lorsqu’il dort, mais peut en revanche [[miaulement|miauler]]<ref name="PsychoChat">{{fr}} {{Ouvrage |éditeur=[[éditions Odile Jacob|éd. Odile Jacob]] |titre=Tout sur la psychologie du chat |auteur=Joël Dehasse |année=2008 |pages=608 |isbn=2738119220 | isbn2 = 9782738119223 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=DeooEmmIxcQC}}.</ref>.
Chez le chat domestique, le ronronnement apparaît dès l’âge de deux jours lors de la [[tétée]], où la mère et ses petits communiquent par ronronnement ; ce phénomène apparaît aussi lors de la toilette des chatons par la mère<ref name="ChatSolar2" />. Le ronronnement est le premier cri poussé par le chaton avec les pleurs, c’est également par le ronronnement que la mère répond à ses petits{{sfn|Turner|Bateson|2000|p=27-29|loc=The mother-kitten relationship|id=}}{{,}}<ref group="Note">La chatte utilise également un cri transcrit « brrp », « mhrn » ou « chirp » selon les auteurs.</ref>. Dans la nature, le ronronnement est le plus fréquent durant les relations entre la mère et ses petits{{sfn|Sunquist|Sunquist|2002|p=10|loc=the essence of the cat|id=}} alors qu’il peut survenir au contact de l’homme ou d’un objet chez le chat domestique. Le chat ne ronronne jamais lorsqu’il dort, mais peut en revanche [[miaulement|miauler]]<ref name="PsychoChat">{{Ouvrage|auteur=Joël Dehasse|titre=Tout sur la psychologie du chat|éditeur=[[éditions Odile Jacob]]|année=2008|pages=608|isbn=2738119220|isbn2=9782738119223|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=DeooEmmIxcQC}}.</ref>.


=== Mécanisme du ronronnement ===
=== Mécanisme du ronronnement ===
Les félins ne possèdent pas d’organes dédiés particulièrement au ronronnement. Plusieurs hypothèses expliquant le mécanisme du ronronnement ont été proposées. La vibration de la [[Veine cave supérieure|veine cave]], amplifiée par les [[bronche]]s, la [[trachée]] et les [[Cavité nasale|cavités nasales]]<ref name="Vetopsy" />, ou encore la vibration de fausses cordes vocales<ref name="PsychoChat" />, [[Ronronnement#Les carnivores qui ronronnent|l’ossification partielle de l’os hyoïde]], la contraction des fibres musculaires du voile du palais, du diaphragme ou encore des muscles intercostaux sont autant d’hypothèses formulées puis infirmées<ref name="comment?" />.
Les félins ne possèdent pas d’organes dédiés particulièrement au ronronnement. Plusieurs hypothèses expliquant le mécanisme du ronronnement ont été proposées. La vibration de la [[Veine cave supérieure|veine cave]], amplifiée par les [[bronche]]s, la [[trachée]] et les [[Cavité nasale|cavités nasales]]<ref name="Vetopsy" />, ou encore la vibration de fausses cordes vocales<ref name="PsychoChat" />, [[#Les carnivores qui ronronnent|l’ossification partielle de l’os hyoïde]], la contraction des fibres musculaires du voile du palais, du diaphragme ou encore des muscles intercostaux sont autant d’hypothèses formulées puis infirmées{{sfn|Moutou|2004|p=34-40|loc=|id=}}.


Le ronronnement pourrait également être provoqué par une contraction très rapide des muscles du [[larynx]], ce qui comprimerait et dilaterait la [[glotte]] et causerait une séparation brutale des [[corde vocale|cordes vocales]], origine du bruit<ref name="CatBiology72" />. Cette hypothèse est basée sur l’[[électromyogramme]] des muscles du [[larynx]] du chat domestique qui montre un patron très régulier et [[stéréotypé]] composé d’un pic se produisant 20 à {{unité|30|fois}} par seconde, qui induisent une mise en tension régulière de la [[glotte]]<ref name="RP" />.
Le ronronnement pourrait également être provoqué par une contraction très rapide des muscles du [[larynx]], ce qui comprimerait et dilaterait la [[glotte]] et causerait une séparation brutale des [[corde vocale|cordes vocales]], origine du bruit{{sfn|Turner|Bateson|2000|p=71-72|loc=|id=}}. Cette hypothèse est basée sur l’[[électromyogramme]] des muscles du [[larynx]] du chat domestique qui montre des répétitions très régulières et [[Stéréotype|stéréotypées]] composées d’un pic se produisant 20 à {{unité|30|fois}} par seconde, qui induisent une mise en tension régulière de la [[glotte]]<ref name="RP" />.


La tension du [[diaphragme (organe)|diaphragme]] durant l’inspiration est également hachée et les pics de l’électromyogramme entre la glotte et le diaphragme sont [[Asynchronisme|asynchrones]]. Cette activation alternée du larynx et du diaphragme permet de limiter une fluctuation négative de la pression trachéale et promeut le flux d’air à l’inspiration lors de la période où la glotte offre une résistance minimale<ref name="RP" />. Une nouvelle étude menée en 1987 à partir d’électromyogramme montre que les muscles expiratoires peuvent également être impliqués dans le mécanisme du ronronnement<ref>{{Article |langue= en | titre = Intercostal muscles and purring in the cat: the influence of afferent inputs | auteur = P.A. Kirkwood, T.A. Sears, D. Stagg et R.H. Westgaard | date = 3 mars 1987 | journal = {{lang|en|Brain Research}} | volume = 405 | numéro = 1 | page = 187-191}}.</ref>. En 2000, Dennis C. Turner et Patrick Bateson considèrent que le [[diaphragme (organe)|diaphragme]] et les autres muscles ne sont pas nécessaires au ronronnement, excepté pour induire la respiration<ref name="CatBiology231">Dennis C. Turner et Patrick Bateson, {{opcit}}, {{p.|231}}.</ref>. Un élément pouvant infirmer l’hypothèse de la contraction des muscles du larynx est que des chats ayant subi une [[laryngectomie]] peuvent ronronner en utilisant leur diaphragme<ref name="FC" />.
La tension du [[diaphragme (organe)|diaphragme]] durant l’inspiration est également hachée et les pics de l’électromyogramme entre la glotte et le diaphragme sont [[Asynchronisme|asynchrones]]. Cette activation alternée du larynx et du diaphragme permet de limiter une fluctuation négative de la pression trachéale et promeut le flux d’air à l’inspiration lors de la période où la glotte offre une résistance minimale<ref name="RP" />. Une nouvelle étude menée en 1987 à partir d’électromyogramme montre que les muscles expiratoires peuvent également être impliqués dans le mécanisme du ronronnement<ref>{{Article|langue=en| titre = Intercostal muscles and purring in the cat: the influence of afferent inputs | auteur = P.A. Kirkwood, T.A. Sears, D. Stagg et R.H. Westgaard | date = 3 mars 1987 | journal = {{lang|en|Brain Research}} | volume = 405 | numéro = 1 | page = 187-191}}.</ref>. En 2000, Dennis C. Turner et Patrick Bateson considèrent que le [[diaphragme (organe)|diaphragme]] et les autres muscles ne sont pas nécessaires au ronronnement, excepté pour induire la respiration{{sfn|Turner|Bateson|2000|p=231|loc=|id=}}. Un élément pouvant infirmer l’hypothèse de la contraction des muscles du larynx est que des chats ayant subi une [[laryngectomie]] peuvent ronronner en utilisant leur diaphragme<ref name="FC" />.


Les variations laryngiennes sont induites par une [[oscillation neurale]] qui crée un cycle toutes les 30 à {{unité|40|millisecondes}}<ref name="CatBiology72" /> ; elle ne peut être stoppée, ce qui suggère qu’il existe un mécanisme oscillatoire de haute fréquence à l’intérieur même du [[système nerveux central]]<ref name="RP">{{en}} {{Article| titre = Neural and mechanical mechanisms of feline purring | auteur = J.E. Remmers et H. Gautier | date = 13 juillet 1972 | journal = Respiration Physiology | volume = 16 | numéro = 3 | page = 351-361}}.</ref>. La partie du [[cerveau]] provoquant ces oscillations est proche de l’[[hypothalamus]]<ref name="PsychoChat" />.
Les variations laryngiennes sont induites par une [[oscillation neurale]] qui crée un cycle toutes les 30 à {{unité|40|millisecondes}}{{sfn|Turner|Bateson|2000|p=71-72|loc=|id=}} ; elle ne peut être stoppée, ce qui suggère qu’il existe un mécanisme oscillatoire de haute fréquence à l’intérieur même du [[système nerveux central]]<ref name="RP">{{Article|langue=en| titre = Neural and mechanical mechanisms of feline purring | auteur = J.E. Remmers et H. Gautier | date = 13 juillet 1972 | journal = Respiration Physiology | volume = 16 | numéro = 3 | page = 351-361}}.</ref>. La partie du [[cerveau]] provoquant ces oscillations est proche de l’[[hypothalamus]]<ref name="PsychoChat" />.


=== Les carnivores qui ronronnent ===
=== Les carnivores qui ronronnent ===
[[Fichier:Ronronnement du guepard.ogg|thumb|alt=Vidéo d'un guépard allongé qui ronronne|Le guépard fait partie des félins qui ronronnent.]][[Fichier:Panthera leoP1040181.JPG|thumb|Les félins « rugissants » pourraient être incapables de ronronner.]][[Fichier:J.smit.Viverra civetta.jpg|thumb|Certains [[viverridés]] sont capables de ronronner d’une manière similaire aux félins.]]
[[Fichier:Ronronnement du guepard.ogg|thumb|alt=Vidéo d'un guépard allongé qui ronronne|Le guépard fait partie des félins qui ronronnent.]][[Fichier:Panthera leoP1040181.JPG|thumb|Les félins « rugissants » pourraient être incapables de ronronner.]][[Fichier:J.smit.Viverra civetta.jpg|thumb|Certains [[viverridés]] sont capables de ronronner d’une manière similaire aux félins.]]


La question du ronronnement des félins fait toujours débat : de nombreuses espèces, même les plus connues comme le lion ou le léopard, restent mystérieuses quant à la possibilité qu’elles ronronnent. Pour de nombreuses espèces, il n’existe pas d’informations sur le sujet ou celle-ci sont insuffisantes<ref name="WWW-Annexe" />. Les félins de la sous-famille [[Pantherinae]] —&nbsp;lion, tigre, léopard, jaguar, panthère des neiges&nbsp;— possèdent un ligament de l’[[os hyoïde]] partiellement ou non ossifié, ce qui leur permettrait de [[Rugissement|rugir]] mais pas de ronronner<ref name="Kneissl">{{Ouvrage | lang=en |auteur=Gerald E. Weissengruber, Gerhard Forstenpointner, Sandra Petzhold, Claudia Zacha et Sibylle Kneissl | chapitre={{lang|en|Anatomical Peculiarities of the Vocal Tract in Felids}} | titre =Anatomical Imaging | année=2008 | ISBN=978-4-431-76932-3 | url texte=http://www.springerlink.com/content/q0280461h778n86r/ | passage=15-21 |consulté le=2 mai 2010}}.</ref>. Cette différenciation a cependant été remise en cause dans les années 1990, la structure vocale des panthérinés pouvant peut-être permettre le ronronnement, bien qu’il soit difficile à produire<ref>{{Article |langue = en | auteur=GE Weissengruber, G Forstenpointner, G Peters, A Kübber-Heiss et WT Fitch | titre=Hyoid apparatus and pharynx in the lion (''Panthera leo''), jaguar (''Panthera onca''), tiger (''Panthera tigris''), cheetah (''Acinonyx jubatus'') and domestic cat (''Felis silvestris f. catus'') | périodique =J Anat. | mois=septembre | année=2002 | volume= 3 | numéro=201 | pages=195–209 | url texte=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/pmc1570911/ | consulté le=2 mai 2010}}.</ref>. Paul Heiney avance que les grands félins ne peuvent ronronner qu’à l’expiration<ref name="FS">{{fr}} {{Lien web | url = http://www.futura-sciences.com/fr/question-reponse/t/nature-1/d/ronronnement-du-chat-comment-font-les-chats-pour-ronronner_109/ | titre = Ronronnement du chat : comment font les chats pour ronronner ? | site = Futura Sciences | date = 25 décembre 2008}}.</ref>.
La question du ronronnement des félins fait toujours débat : de nombreuses espèces, même les plus connues comme le lion ou le léopard, restent mystérieuses en ce qui concerne le ronronnement. Pour de nombreuses espèces, il n’existe pas d’informations sur le sujet ou celles-ci sont insuffisantes<ref name="WWW-Annexe" />. Les félins de la sous-famille [[Pantherinae]] —&nbsp;lion, tigre, léopard, jaguar, panthère des neiges&nbsp;— possèdent un ligament de l’[[os hyoïde]] partiellement ou non ossifié, ce qui leur permettrait de [[Rugissement|rugir]] mais pas de ronronner<ref name="Kneissl">{{Ouvrage|langue=en|auteur=Gerald E. Weissengruber|auteur2=Gerhard Forstenpointner|auteur3=Sandra Petzhold|auteur4=Claudia Zacha|auteur5=Sibylle Kneissl|titre=Anatomical Imaging|passage=15-21|année=2008|ISBN=978-4-431-76932-3|url texte=http://www.springerlink.com/content/q0280461h778n86r/|consulté le=2 mai 2010|chapitre={{lang|en|Anatomical Peculiarities of the Vocal Tract in Felids}}}}.</ref>. Cette différenciation a cependant été remise en cause dans les années 1990, la structure vocale des panthérinés pouvant peut-être permettre le ronronnement, bien qu’il soit difficile à produire<ref>{{Article|langue=en|auteur=GE Weissengruber|auteur2=G Forstenpointner|auteur3=G Peters|auteur4=A Kübber-Heiss|auteur5=WT Fitch|titre=Hyoid apparatus and pharynx in the lion (''Panthera leo''), jaguar (''Panthera onca''), tiger (''Panthera tigris''), cheetah (''Acinonyx jubatus'') and domestic cat (''Felis silvestris f. catus'')|périodique=J Anat.|volume=3|numéro=201|mois=septembre|année=2002|date=|url texte=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/pmc1570911/|archiveurl=https://web.archive.org/web/20220630172820/https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1570911/#__ffn_sectitle|archivedate=2022-06-30|consulté le=2 mai 2010|pages=195–209}}.</ref>. Paul Heiney avance que les grands félins ne peuvent ronronner qu’à l’expiration<ref name="FS">{{Lien web |titre=Ronronnement du chat : comment font les chats pour ronronner ? |url=http://www.futura-sciences.com/fr/question-reponse/t/nature-1/d/ronronnement-du-chat-comment-font-les-chats-pour-ronronner_109/ |site=futura-sciences.com |date=25 décembre 2008 |archive-url=https://web.archive.org/web/20090104084451/http://www.futura-sciences.com/fr/question-reponse/t/nature-1/d/ronronnement-du-chat-comment-font-les-chats-pour-ronronner_109/ |archive-date=2009-01-04}}.</ref>.


La capacité de rugir grâce à un os hyoïde peu ou pas ossifié est l’hypothèse historique ayant permis de classer les différentes espèces de félins par [[Richard Owen|Owen]] puis [[Reginald Innes Pocock|Pocock]] en 1916 : il existait les félins {{citation|rugissants}} (donc non-ronronnant) de la sous-famille des [[Pantherinae|panthérinés]] et les {{citation|non-rugissants}} (donc ronronnant) de la sous-famille des [[Felinae|félinés]]<ref name="purring" />. Pour [[Gustav Peters]], le ronronnement doit être assimilé à une caractéristique de l’[[ancêtre commun]] aux félins et les vocalisations similaires observées chez certains mammifères (par exemple, le [[raton laveur]]<ref>{{Article |langue=en |url texte=https://www.jstor.org/pss/4534359 |titre=Vocal communications in Raccoons (''Procyon lotor'') |auteur=Otto J. Sieber | périodique = {{lang|en|Behaviour}} | année = 1984}}.</ref> ou le [[lapin]]<ref>{{Article |langue=en |url texte = http://www.labanimal.com/laban/journal/v36/n6/pdf/laban0607-43.pdf |journal=LAB ANIMAL |lieu=New York | auteur= J. Mayer | titre = Use of behavior analysis to recognize pain in small mammals | année = 2007 |format=pdf}}.</ref>) comme des cas de [[convergence évolutive]]<ref>{{Article |langue=en |titre=Purring and similar vocalizations in mammals |url texte=http://www.carnivoreconservation.org/portal/p_detail.php?recordid=13130 |auteur=Gustav Peters |journal={{lang|en|Mammal Review}} |année=2002 |numéro=32 |pages=245-271 |brisé le= }}.</ref>.
La capacité de rugir grâce à un os hyoïde peu ou pas ossifié est l’hypothèse historique ayant permis de classer les différentes espèces de félins par [[Richard Owen|Owen]] puis [[Reginald Innes Pocock|Pocock]] en 1916 : il existait les félins {{citation|rugissants}} (donc non-ronronnant) de la sous-famille des [[Pantherinae|panthérinés]] et les {{citation|non-rugissants}} (donc ronronnant) de la sous-famille des [[Felinae|félinés]]<ref name="purring" />. Pour [[Gustav Peters]], le ronronnement doit être assimilé à une caractéristique de l’[[ancêtre commun]] aux félins et les vocalisations similaires observées chez certains mammifères (par exemple, le [[raton laveur]]<ref>{{Article|langue=en|auteur=Otto J. Sieber|titre=Vocal communications in Raccoons (''Procyon lotor'')|périodique={{lang|en|Behaviour}}|année=1984|date=|url texte=https://www.jstor.org/pss/4534359|archiveurl=https://web.archive.org/web/20220109025949/https://www.jstor.org/stable/4534359|archivedate=2022-01-09}}.</ref> ou le [[lapin]]<ref>{{Article|langue=en|auteur=Jörg Mayer|titre=Use of behavior analysis to recognize pain in small mammals|journal=LAB ANIMAL|lieu=New York|année=2007|date=|url texte=http://www.labanimal.com/laban/journal/v36/n6/pdf/laban0607-43.pdf|archiveurl=https://web.archive.org/web/20220109025934/https://www.nature.com/articles/laban0607-43.pdf|archivedate=2022-01-09|format=pdf}}.</ref>) comme des cas de [[convergence évolutive]]<ref>{{Article|langue=en|auteur=Gustav Peters|titre=Purring and similar vocalizations in mammals|journal={{lang|en|Mammal Review}}|numéro=32|année=2002|date=|url texte=http://www.carnivoreconservation.org/portal/p_detail.php?recordid=13130|format=php|pages=245-271}}.</ref>.


Certains [[Viverridae]] ronronnent<ref name="Kneissl" /> comme ''{{lang|la|[[Genetta tigrina]]}}''<ref name="IDA">{{en}} {{Lien web |url= http://www.ida.liu.se/~g-robek/LinguisticsIngressive.htm |titre= {{lang|en|Robert Eklund’s Ingressive Phonation & Speech Page}} |auteur= Robert Eklund |date= 5 septembre 2009 |site= http://roberteklund.info |éditeur= IDA |consulté le=29 mai 2010}}.</ref>{{,}}<ref group="Note">[http://www.ida.liu.se/~g-robek/audio/ingressive-genetta_tigrina_purring.mp3 Ronronnement d’une Génette tigrine] sur [http://roberteklund.info/LinguisticsIngressive.htm {{lang|en|''Robert Eklund’s Ingressive Phonation & Speech Page''}}].</ref> et ''{{lang|la|[[Genetta genetta]]}}''<ref name="purring">{{Article |langue=en |url texte=http://roberteklund.info/pdf/Eklund_Peters_Duthie_2010=Purring_Cheetah_DomesticCat.pdf |titre =An acoustic analysis of purring in the cheetah (Acinonyx jubatus) and in the domestic cat (Felis catus) |auteur=[http://roberteklund.info Robert Eklund], Gustav Peters et Elizabeth D. Duthie |journal={{lang|en|Proceedings of Fonetik}} |année = 2010 | mois =juin | jour = 2-4| page = 17–22 | format=pdf}}.</ref>. Lors de la tétée, l’[[ours noir|ourson noir]] (''Ursus americanus'') et l’[[ours brun|ourson brun]] (''Ursus arctos'') ronronneraient, tout comme la femelle [[hyène tachetée]] (''Crocuta crocuta'')<ref>François Moutou, {{opcit}}, {{citation|Qui ronronne ?}}, {{p.|15-19}}.</ref>.
Certains [[Viverridae]] ronronnent<ref name="Kneissl" /> comme ''{{lang|la|[[Genetta tigrina]]}}''<ref name="IDA">{{Lien web |langue=en |auteur=Robert Eklund |titre={{lang|en|Robert Eklund’s Ingressive Phonation & Speech Page}} |url=http://www.ida.liu.se/~g-robek/LinguisticsIngressive.htm |format=htm |éditeur=IDA |date=5 septembre 2009 |consulté le=29 mai 2010 |archive-url=https://web.archive.org/web/20211231033952/https://www.ida.liu.se/~robek28/LinguisticsIngressive.htm |archive-date=2021-12-31}}.</ref>{{,}}<ref group="Note">[http://www.ida.liu.se/~g-robek/audio/ingressive-genetta_tigrina_purring.mp3 Ronronnement d’une Génette tigrine] sur [http://roberteklund.info/LinguisticsIngressive.htm {{lang|en|''Robert Eklund’s Ingressive Phonation & Speech Page''}}].</ref> et ''{{lang|la|[[Genetta genetta]]}}''<ref name="purring">{{Article|langue=en|auteur=Robert Eklund|auteur2=Gustav Peters|auteur3=Elizabeth D. Duthie|titre=An acoustic analysis of purring in the cheetah (Acinonyx jubatus) and in the domestic cat (Felis catus)|journal={{lang|en|Proceedings of Fonetik}}|jour=2-4|mois=juin|année=2010|date=|url texte=http://roberteklund.info/pdf/Eklund_Peters_Duthie_2010=Purring_Cheetah_DomesticCat.pdf|archiveurl=https://web.archive.org/web/20220411223644/http://roberteklund.info/pdf/Eklund_Peters_Duthie_2010=Purring_Cheetah_DomesticCat.pdf|archivedate=2022-04-11|format=pdf|page=17–22}}.</ref>. Lors de la tétée, l’[[ours noir|ourson noir]] (''Ursus americanus'') et l’[[ours brun|ourson brun]] (''Ursus arctos'') ronronneraient, tout comme la femelle [[hyène tachetée]] (''Crocuta crocuta''){{sfn|Moutou|2004|p=15-19|loc=|id=}}.


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{|class="wikitable" style="text-align:center; width:60%;
{|class="wikitable" style="text-align:center; width:60%;
|+Le ronronnement chez les félidés<ref name="WWW-Annexe">{{Ouvrage |langue= en |éditeur= Presse universitaire de Chicago |titre=Wild Cats of the World |auteur=Mel Sunquist et Fiona Sunquist |lieu= Chicago |année=2002 |pages=452 |isbn=0-226-77999-8 |passage = 421-424|titre chapitre = Appendix 4 Vocal communication in Felids}}</ref>
|+Le ronronnement chez les félidés<ref name="WWW-Annexe">{{Ouvrage |langue= en |éditeur= Presse universitaire de Chicago |titre=Wild Cats of the World |auteur1=Mel Sunquist |auteur2= Fiona Sunquist |lieu= Chicago |année=2002 |pages=452 |isbn=0-226-77999-8 |passage = 421-424|titre chapitre = Appendix 4 Vocal communication in Felids}}.</ref>
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! scope="col" | Ronronne
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=== Communication ===
=== Communication ===
[[Fichier:Kittens.ogv|thumb|Le premier ronronnement apparaît lors de la [[tétée]].]]
[[Fichier:Kittens.ogv|thumb|Le premier ronronnement apparaît lors de la [[tétée]].]]
Le ronronnement est une vocalisation le plus souvent associée au [[Toucher|contact]], tant avec un congénère amical qu’avec un être humain ou même un objet, par exemple lorsqu’un chat malaxe un coussin avec ses pattes<ref name="CatBiology72" />. Il peut néanmoins se déclencher sans stimulus externe. Le ronronnement se manifeste lorsque l’animal éprouve du [[plaisir]], mais aussi de la [[souffrance]] : les [[vétérinaire]]s observent fréquemment les chats ronronner continuellement lorsqu’ils sont stressés, blessés et même mourants<ref name="Vetopsy">{{Lien web |url= http://www.vetopsy.fr/sens/audi/mur_ct.php#ronron |titre=Le ronronnement |auteur=Docteur Jean-Pierre Mauriès |site=http://www.vetopsy.fr |éditeur=Site de Vétopsy |consulté le=15 novembre 2008}}.</ref>.
Le ronronnement est une vocalisation le plus souvent associée au [[Toucher|contact]], tant avec un congénère amical qu’avec un être humain ou même un objet, par exemple lorsqu’un chat malaxe un coussin avec ses pattes{{sfn|Turner|Bateson|2000|p=71-72|loc=|id=}}. Il peut néanmoins se déclencher sans stimulus externe. Le ronronnement se manifeste lorsque l’animal éprouve du [[plaisir]], mais aussi de la [[souffrance]] : les [[vétérinaire]]s observent fréquemment les chats ronronner continuellement lorsqu’ils sont stressés, blessés et même mourants<ref name="Vetopsy">{{Lien web |auteur=Docteur Jean-Pierre Mauriès |titre=Le ronronnement |url=http://www.vetopsy.fr/sens/audi/mur_ct.php#ronron |format=php |site=vetopsy.fr |consulté le=15 novembre 2008 |archive-url=https://web.archive.org/web/20081119111600/http://www.vetopsy.fr/sens/audi/mur_ct.php |archive-date=2008-11-19 |brisé le=21 juillet 2022, oui}}.</ref>.


Le chat ronronne le plus souvent pour exprimer la [[dépendance]]<ref name="ChatSolar2">{{Ouvrage |langue = fr |éditeur=[[Éditions Solar|Solar]] |collection= Guide vert |titre= Les Chats |auteur= Christiane Sacase |année= 1994 |mois= février |pages= 256 | passage = 17-32 |isbn=2-263-00073-9 | chap = Comprendre et connaître le chat}}.</ref> : le chaton dépend de sa mère et de son lait, de l’homme lorsqu’il réclame des soins ou des caresses. Le ronronnement a un rôle important dans les [[relation sociale|relations sociales]] des félins puisqu’il communique l’état du chat à son entourage humain ou félin : ainsi le chaton qui ronronne informe sa mère qu’il va bien ou les chats adultes expriment leur contentement sous la caresse. Cette vocalisation pourrait également renforcer les liens sociaux et désamorcer les conflits (un chat ronronne lorsqu’il rencontre un chat dominant). Selon Dennis C. Turner et Patrick Bateson, le rôle du ronronnement peut être comparé à celui du [[sourire]] chez l’homme<ref name="CatBiology231" />. En 1985, [[Joël Dehasse]] avance l’hypothèse que le chat ronronnerait pour lui-même, pour s’apaiser par exemple. Cela explique pourquoi le chat peut ronronner lorsqu’il est souffrant<ref name="Psychologie du chat" />. Gustav Peters explique également que le ronronnement peut parfois constituer un exemple d’[[autocommunication]]<ref>{{en}} {{de}} {{Lien web | titre = {{lang|en|{{Dr|Gustav Peters}} - Current Projects}} | url = http://zfmk.de/web/ZFMK_Mitarbeiter/PetersGustav/Projekte/index.en.html | site = http://zfmk.de/ | éditeur = {{lang|de|Zoologisches Forschungsmuseum Alexander Koenig}}}}.</ref>.
Le chat ronronne le plus souvent pour exprimer la [[dépendance]]<ref name="ChatSolar2">{{Ouvrage |langue = fr |éditeur=[[Éditions Solar]] |collection= Guide vert |titre= Les Chats |auteur= Christiane Sacase |année= 1994 |mois= février |pages= 256 | passage = 17-32 |isbn=2-263-00073-9 | chap = Comprendre et connaître le chat}}.</ref> : le chaton dépend de sa mère et de son lait, de l’homme lorsqu’il réclame des soins ou des caresses. Le ronronnement a un rôle important dans les [[relation sociale|relations sociales]] des félins puisqu’il communique l’état du chat à son entourage humain ou félin : ainsi le chaton qui ronronne informe sa mère qu’il va bien ou les chats adultes expriment leur contentement sous la caresse. Cette vocalisation pourrait également renforcer les liens sociaux et désamorcer les conflits (un chat ronronne lorsqu’il rencontre un chat dominant). Selon Dennis C. Turner et Patrick Bateson, le rôle du ronronnement peut être comparé à celui du [[sourire]] chez l’homme{{sfn|Turner|Bateson|2000|p=231|loc=|id=}}. En 1985, [[Joël Dehasse]] avance l’hypothèse que le chat ronronnerait pour lui-même, pour s’apaiser par exemple. Cela explique pourquoi le chat peut ronronner lorsqu’il est souffrant<ref name="Psychologie du chat" />. Gustav Peters explique également que le ronronnement peut parfois constituer un exemple d’[[autocommunication]]<ref>{{Lien web |langue=en+de |titre={{lang|en|{{Dr|Gustav Peters}} - Current Projects}} |url=http://zfmk.de/web/ZFMK_Mitarbeiter/PetersGustav/Projekte/index.en.html |format=html |site=zfmk.de |éditeur={{lang|de|Zoologisches Forschungsmuseum Alexander Koenig}} |brisé le=21 juillet 2022, oui}}.</ref>.


Le chat domestique est, en comparaison avec les autres félins, particulièrement {{citation|ronronneur}}. Cette particularité s’est sans doute développée au contact de l’homme. Deux causes concomitantes peuvent être avancées pour expliquer le phénomène. D’une part, l’Homme a peut-être sélectionné les chats qui ronronnaient le plus. D’autre part, le ronronnement étant avant tout une vocalisation [[sociabilité|sociale]], celui-ci a pu être favorisé par le contact permanent avec l’homme. Il est également possible que la domestication ait entraîné une [[néoténie]], c'est-à-dire à maintenir des traits de caractères infantiles chez le chat, le ronronnement faisant partie des vocalisations des jeunes dans la nature<ref>François Moutou, {{opcit}}, {{citation|Pourquoi ronronner ?}}, {{p.|41-50}}.</ref>.
Le chat domestique est, en comparaison avec les autres félins, particulièrement {{citation|ronronneur}}. Cette particularité s’est sans doute développée au contact de l’homme. Deux causes concomitantes peuvent être avancées pour expliquer le phénomène. D’une part, l’Homme a peut-être sélectionné les chats qui ronronnaient le plus. D’autre part, le ronronnement étant avant tout une vocalisation [[sociabilité|sociale]], celui-ci a pu être favorisé par le contact permanent avec l’homme. Il est également possible que la domestication ait entraîné une [[néoténie]], c'est-à-dire à maintenir des traits de caractères infantiles chez le chat, le ronronnement faisant partie des vocalisations des jeunes dans la nature{{sfn|Moutou|2004|p=41-50|loc=|id=}}.


Le chat domestique a par ailleurs développé un ronronnement {{citation|supplémentaire}} contenant un cri très aigu comparé à un cri de bébé et mélangé au ronronnement normal<ref group="Note">[http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/8147566.stm Écouter un ronronnement de sollicitation] sur {{lang|en|''BBC News''}}</ref>. Ce ronronnement {{citation|de sollicitation}} a été écouté par cinquante expérimentateurs et a été perçu comme teinté d’urgence. L’auteur conclut qu’il s’agirait d’une adaptation à la communication avec l’homme<ref>{{en}} {{Lien web | titre ={{lang|en|''Cats Use Special Purr to Manipulate Humans''}} | url = http://dsc.discovery.com/news/2009/07/13/cats-purring-humans.html | auteur = Jennifer Viegas | date = 13 juillet 2009 | site = http://dsc.discovery.com | éditeur = DiscoveryNews}}.</ref>{{,}}<ref>{{en}} {{Lien web | url = http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/8147566.stm | titre = {{lang|en|''Cats ‘exploit’ humans by purring''}} | auteur = Victoria Gill | site = http://news.bbc.co.uk | éditeur = {{lang|en|BBC News}} | date = 13 juillet 2009}}.</ref>{{,}}<ref>{{en}} {{Lien web|url = http://www.lifesci.sussex.ac.uk/cmvcr/Domestic%20cats.html | titre = {{lang|en|''Domestic cats: Inter-specific communication''}} | auteur = [[Université du Sussex]] | site = http://www.sussex.ac.uk/lifesci/}}.</ref>.
Le chat domestique a par ailleurs développé un ronronnement {{citation|supplémentaire}} contenant un cri très aigu similaire à un cri de bébé et mélangé au ronronnement normal<ref group="Note">[http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/8147566.stm Écouter un ronronnement de sollicitation] sur {{lang|en|''BBC News''}}</ref>. Ce ronronnement {{citation|de sollicitation}} a été écouté par cinquante expérimentateurs et a été perçu comme teinté d’urgence. L’auteur conclut qu’il s’agirait d’une adaptation à la communication avec l’homme<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Jennifer Viegas |titre=Cats Use Special Purr to Manipulate Humans |url=http://dsc.discovery.com/news/2009/07/13/cats-purring-humans.html |format=html |site=dsc.discovery.com |date=13 juillet 2009}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Victoria Gill |titre={{lang|en|''Cats ‘exploit’ humans by purring''}} |url=http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/8147566.stm |format=stm |site=[[BBC News|news.bbc.co.uk]] |date=13 juillet 2009 |archive-url=https://web.archive.org/web/20090715101156/http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/8147566.stm |archive-date=2009-07-15}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=[[Université du Sussex]] |titre=Domestic cats: Inter-specific communication |url=http://www.lifesci.sussex.ac.uk/cmvcr/Domestic%20cats.html |format=html |site=sussex.ac.uk |archive-url=https://web.archive.org/web/20120120073336/http://www.lifesci.sussex.ac.uk/cmvcr/Domestic%20cats.html |archive-date=2012-01-20}}.</ref>.


=== Un moyen de guérison ? ===
=== Un moyen de guérison ? ===
Les [[vétérinaire]]s considèrent que les chats guérissent rapidement des fractures, ont moins de complications postopératoires et ont moins de maladies osseuses, musculaires et ligamentaires que les [[chien]]s<ref name="FC" />. Une hypothèse avance que le ronronnement, dont la fréquence se situe entre 25 et {{unité|30|[[Hertz (unité)|Hz]]}}, peut avoir un pouvoir réparateur et même [[antalgique]] par rapport aux os, aux tendons et aux muscles. De nombreux félins émettent des vibrations dont la [[fréquence]] permet de calmer les douleurs aiguës, les problèmes tendineux, musculaires ou articulaires<ref name="Psychologie du chat" />. Le ronronnement serait alors un moyen de garder la santé pour le chat en assurant une maintenance corporelle<ref name="FS" />.
Les [[vétérinaire]]s considèrent que les chats guérissent rapidement des fractures, ont moins de complications postopératoires et ont moins de maladies osseuses, musculaires et ligamentaires que les [[chien]]s<ref name="FC" />. Une hypothèse avance que le ronronnement, dont la fréquence se situe entre 25 et {{unité|30|[[Hertz (unité)|Hz]]}}, peut avoir un pouvoir réparateur et même [[antalgique]] par rapport aux os, aux tendons et aux muscles. De nombreux félins émettent des vibrations dont la [[fréquence]] permet de calmer les douleurs aiguës, les problèmes tendineux, musculaires ou articulaires<ref name="Psychologie du chat" />. Le ronronnement serait alors un moyen de garder la santé pour le chat en assurant une maintenance corporelle<ref name="FS" />.


Cette théorie s’appuie sur deux observations : d’une part, le ronronnement n’est pas associé à une émotion ou un état particulier (un chat peut ronronner lorsqu’il est content ou mourant) ; d’autre part, le ronronnement, pour s’être perpétué chez de nombreuses espèces de félins, doit constituer un avantage dans l’optique de la [[sélection naturelle]]. Ensuite, de nombreuses recherches<ref name="FC" /> montrent que les sons de [[basse fréquence]], entre 20 et {{unité|140|Hz}}, ont un effet bénéfique sur les os, les muscles et les tendons et permettent de calmer la douleur ; ces sons ont également un effet sur le mental puisqu’ils déclenchent des [[émotion]]s ; or les félins ronronnent sur de basses fréquences<ref name="FC">{{en}} {{Lien web | url = http://www.animalvoice.com/catpurrP.htm | titre = {{lang|en|''The Felid Purr: A bio-mechanical healing mechanism''}} | site = [http://www.animalvoice.com/ {{lang|en|''Animal Voice''}}]}}.</ref>.
Cette théorie s’appuie sur deux observations : d’une part, le ronronnement n’est pas associé à une émotion ou un état particulier (un chat peut ronronner lorsqu’il est content ou mourant) ; d’autre part, le ronronnement, pour s’être perpétué chez de nombreuses espèces de félins, doit constituer un avantage dans l’optique de la [[sélection naturelle]]. Ensuite, de nombreuses recherches<ref name="FC" /> montrent que les sons de [[basse fréquence]], entre 20 et {{unité|140|Hz}}, ont un effet bénéfique sur les os, les muscles et les tendons et permettent de calmer la douleur ; ces sons ont également un effet sur le mental puisqu’ils déclenchent des [[émotion]]s ; or les félins ronronnent sur de basses fréquences<ref name="FC">{{Lien web |langue=en |titre={{lang|en|''The Felid Purr: A bio-mechanical healing mechanism''}} |url=http://www.animalvoice.com/catpurrP.htm |format=htm |site=animalvoice.com |archive-url=https://web.archive.org/web/20081201013311/http://www.animalvoice.com/catpurrP.htm |archive-date=2008-12-01 |brisé le=21 juillet 2022, oui}}.</ref>.


== Ronronnement dans la culture ==
== Ronronnement dans la culture ==
=== Étymologie ===
=== Étymologie ===
[[Fichier:Rossini Marilyn.jpg|thumb|L’homme associe généralement le ronronnement du chat domestique au [[bien-être]].]]
[[Fichier:Rossini Marilyn.jpg|thumb|L’Homme associe généralement le ronronnement du chat domestique au [[bien-être]].]]


Le mot « ronron » {{MSAPI|ʀ|ɔ̃|ʀ|ɔ̃}} est une [[onomatopée]] imitant le bruit du chat attestée dès 1761 dans une phrase de ''[[Julie ou la Nouvelle Héloïse|La Nouvelle Héloïse]]'' de [[Jean-Jacques Rousseau]]<ref name="ronronCNRTL" />. Le mot « ronronnement », considéré comme un [[synonyme]] de ronron, est dérivé du verbe « ronronner<ref name="ronronnementCNRTL">{{CNRTL|ronronnement}}</ref> » lui-même formé à partir de « ronron »<ref name="ronronnerCNTRL">{{CNRTL|ronronner}}</ref>. Par analogie, le ronronnement désigne en français un bruit sourd et continu comme le ronronnement ou ronron d’un moteur, ou un bruit monotone et continu<ref name="ronronCNRTL">{{CNRTL|ronron}}</ref>. Des trois termes, celui qui apparaît le plus dans la [[langue française]] est « ronronner », suivi de « ronron » puis de « ronronnement » (fréquence absolue littéraire respectivement de 125, 100 et 54)<ref name="ronronCNRTL" />{{,}}<ref name="ronronnementCNRTL" />{{,}}<ref name="ronronnerCNTRL" />.
Le mot « ronron » {{MSAPI|ʀ|ɔ̃|ʀ|ɔ̃}} est une [[onomatopée]] imitant le bruit du chat attestée dès 1761 dans une phrase de ''[[Julie ou la Nouvelle Héloïse|La Nouvelle Héloïse]]'' de [[Jean-Jacques Rousseau]]<ref name="ronronCNRTL" />. Le mot « ronronnement », considéré comme un [[synonyme]] de ronron, est dérivé du verbe « ronronner<ref name="ronronnementCNRTL">{{CNRTL|ronronnement}}</ref> » lui-même formé à partir de « ronron »<ref name="ronronnerCNTRL">{{CNRTL|ronronner}}</ref>. Par analogie, le ronronnement désigne en français un bruit sourd et continu comme le ronronnement ou ronron d’un moteur, ou un bruit monotone et continu<ref name="ronronCNRTL">{{CNRTL|ronron}}</ref>. Des trois termes, celui qui apparaît le plus dans la [[langue française]] est « ronronner », suivi de « ronron » puis de « ronronnement » (fréquence absolue littéraire respectivement de 125, 100 et 54)<ref name="ronronCNRTL" />{{,}}<ref name="ronronnementCNRTL" />{{,}}<ref name="ronronnerCNTRL" />.


En [[anglais]], {{citation|ronronnement}} se dit {{citation|''{{lang|en|purr}}''}} ; attesté dès le {{XVIe siècle}}, il s’agit également d’une onomatopée<ref>{{en}} {{Lien web| titre = {{lang|en|''purr''}} | url = http://www.etymonline.com/index.php?search=purring&searchmode=none | éditeur = {{lang|en|''Online Etymology Dictionary''}}}}.</ref>.
En [[anglais]], {{citation|ronronnement}} se dit {{citation|''{{lang|en|purr}}''}} ; attesté dès le {{XVIe siècle}}, il s’agit également d’une onomatopée<ref>{{Lien web |langue=en |titre={{lang|en|''purr''}} |url=http://www.etymonline.com/index.php?search=purring&searchmode=none |format=php |site=www.etymonline.com |éditeur={{lang|en|''Online Etymology Dictionary''}}}}.</ref>.


=== La ronron-thérapie ===
=== La ronron-thérapie ===
Le ronronnement aurait une action très bénéfique sur les humains, notamment grâce à un effet relaxant<ref name="Psychologie du chat">{{Ouvrage |langue=fr |éditeur=[[éditions Odile Jacob|éd. Odile Jacob]] |titre= Tout sur la psychologie du chat |auteur= [[Joël Dehasse]] |année= 2005 |mois= mars |pages= 602 | passage = 50 |isbn=2-7381-1603-5 | chap = Vivre avec un chat}}.</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|auteur=Veronique Aïache|titre=La ronron-thérapie. Ces chats qui nous guérissent|éditeur=J'ai lu|date=2019|pages totales=152}}</ref>. La présence d’un chat qui ronronne permettrait une [[cicatrisation]] plus rapide<ref name="Efferv" />. Le site EfferveSciences<ref group="Note">Site de Jean-Yves Gauchet, vétérinaire à Toulouse, qui revendique en France la paternité de la ronron-thérapie en 2002. Cf. {{Lien web|url=http://www.psychologies.com/Planete/Les-animaux-et-nous/Articles-et-Dossiers/Le-chat-un-therapeute-au-poil|titre=Le chat, un thérapeute au poil|auteur=Isabelle Taubes|date=janvier 2010|site=psychologies.com}}.</ref> argumente que le ronronnement est analogue à la [[madeleine de Proust]] et permet de se remémorer des [[Souvenir (mémoire)|souvenir]]s agréables, et par voie de conséquence d’évacuer le [[stress]]<ref name="Efferv" />. Certains hôpitaux testent l’effet apaisant des chats, notamment sur les personnes âgées et, au Japon, les [[Bar à chats|bars à chat]] permettent à quiconque de garder l’animal auprès de soi pour se reposer<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.humanterre.org/index.php?option=com_content&task=view&id=764&Itemid=101 | titre =La ronron thérapie : les chats thérapeutes ? | site = [http://www.humanterre.org/ Human et Terre] | auteur = Emmanuelle Klein}}.</ref>. Des [[Enregistrement sonore|enregistrement]]s de ronronnements, accompagnés ou non de [[musique]], sont même vendus<ref name="Efferv">{{fr}} {{Lien web | url = http://www.effervesciences.com/s_sites/ronron/index.htm | titre = Et si le ronron avait des vertus thérapeutiques ? | auteur = Jean-Yves Gauchet | site = Effervesciences | brisé le = }}.</ref>. Le ''{{lang|en|Purr-like vibration device}}'' est une [[Invention (technique)|invention]] exploitant le possible pouvoir de guérison des basses fréquences ; il s’agit d’un petit appareil pouvant se fixer sur le corps et émettant des vibrations à la fréquence du ronronnement<ref>{{en}} {{Lien web | titre = {{lang|en|''Purr-like vibration device''}} | url = http://www.google.fr/patents/about?id=xomgAAAAEBAJ | auteur = Michael Simos et Roberta Daar | date = 31 octobre 2005}}.</ref>.
Le ronronnement aurait une action très bénéfique sur les humains, notamment grâce à un effet relaxant<ref name="Psychologie du chat">{{Ouvrage |éditeur=[[éditions Odile Jacob]] |titre= Tout sur la psychologie du chat |auteur= [[Joël Dehasse]] |année= 2005 |mois= mars |pages= 602 | passage = 50 |isbn=2-7381-1603-5 | chap = Vivre avec un chat}}.</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|auteur=Veronique Aïache|titre=La ronron-thérapie. Ces chats qui nous guérissent|éditeur=J'ai lu|date=2019|pages totales=152}}</ref>. La présence d’un chat qui ronronne permettrait une [[cicatrisation]] plus rapide<ref name="Efferv" />. Le site EfferveSciences argumente que le ronronnement est analogue à la [[madeleine de Proust]] et permet de se remémorer des [[Souvenir (mémoire)|souvenir]]s agréables, et par voie de conséquence d’évacuer le [[stress]]<ref name="Efferv" />. Certains hôpitaux testent l’effet apaisant des chats, notamment sur les personnes âgées et, au Japon, les [[Bar à chats|bars à chat]] permettent à quiconque de garder l’animal auprès de soi pour se reposer<ref>{{Lien web |auteur=Emmanuelle Klein |titre=La ronron thérapie : les chats thérapeutes ? |url=http://www.humanterre.org/index.php?option=com_content&task=view&id=764&Itemid=101 |format=php |site=humanterre.org |brisé le=21 juillet 2022, oui}}.</ref>. Des [[Enregistrement sonore|enregistrement]]s de ronronnements, accompagnés ou non de [[musique]], sont même vendus<ref name="Efferv">{{Lien web |auteur=Jean-Yves Gauchet |titre=Et si le ronron avait des vertus thérapeutiques ? |url=http://www.effervesciences.com/s_sites/ronron/index.htm |format=htm |site=effervesciences.com |archive-url=https://web.archive.org/web/20090712084538/http://www.effervesciences.com/s_sites/ronron/index.htm |archive-date=2009-07-12 |brisé le=21 juillet 2022, oui}}.</ref>. Le ''{{lang|en|Purr-like vibration device}}'' est une [[Invention (technique)|invention]] exploitant le possible pouvoir de guérison des basses fréquences ; il s’agit d’un petit appareil pouvant se fixer sur le corps et émettant des vibrations à la fréquence du ronronnement<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Michael Simos et Roberta Daar |titre={{lang|en|''Purr-like vibration device''}} |url=http://www.google.fr/patents/about?id=xomgAAAAEBAJ |site=google.fr |date=31 octobre 2005 |archive-url=https://web.archive.org/web/20160307234525/http://www.google.fr/patents/US20070100262?hl=fr |archive-date=2016-03-07}}.</ref>.


En [[thérapie cognitive]], un exercice de [[sophrologie]] visant à réapprendre une [[respiration]] centrée sur l’expiration imite le ronronnement du chat : la respiration doit être brève et accompagnée d’un son guttural ressemblant à un roulement de {{citation|R}}<ref>{{Ouvrage |langue=fr |titre=Thérapies cognitives et émotions : la troisième vague |collection=Médecine et psychothérapie. Progrès en TCC |auteur=Jean Cottraux |éditeur=Elsevier Masson |année=2007 |pages=205 |isbn=2294078799 |isbn2=9782294078798}}.</ref>.
En [[thérapie cognitive]], un exercice de [[sophrologie]] visant à réapprendre une [[respiration]] centrée sur l’expiration imite le ronronnement du chat : la respiration doit être brève et accompagnée d’un son guttural ressemblant à un roulement de {{citation|R}}<ref>{{Ouvrage |titre=Thérapies cognitives et émotions : la troisième vague |collection=Médecine et psychothérapie. Progrès en TCC |auteur=Jean Cottraux |éditeur=Elsevier Masson |année=2007 |pages=205 |isbn=2294078799 |isbn2=9782294078798}}.</ref>.


=== Autres utilisations du ronronnement ===
=== Autres utilisations du ronronnement ===
La [[comptine]] ''[[Il était une bergère]]'' met en scène une jeune [[Berger|bergère]] qui, pour protéger son [[fromage]], tue son [[chat]]on. Le [[Refrain (musique)|refrain]] imite le ronron du chat : {{citation|Et ron, et ron, petit patapon}}<ref>{{Ouvrage |langue = fr | titre = Jeux et exercices des jeunes filles | auteur = Marguerite Du Parquet | éditeur = Hachette & Cie | année = 1860 | pages= 316}}.</ref>.
La [[comptine]] ''[[Il était une bergère]]'' met en scène une jeune [[Berger|bergère]] qui, pour protéger son [[fromage]], tue son [[chat]]on. Le [[Refrain (musique)|refrain]] imite le ronron du chat : {{citation|Et ron, et ron, petit patapon}}<ref>{{Ouvrage |langue = fr | titre = Jeux et exercices des jeunes filles | auteur = Marguerite Du Parquet | éditeur = Hachette & Cie | année = 1860 | pages= 316}}.</ref>.


Sir Purr (purr est le terme anglais pour ronronner), une panthère noire, est la [[mascotte]] des ''[[Panthers de la Caroline]]''<ref>{{en}} {{Lien web | url = http://www.panthers.com/sir-purr/index.html | site = http://www.panthers.com | éditeur = {{lang|en|''Carolina Panthers''}} | titre = {{lang|en|''Sir Purr''}}}}.</ref>.
Sir Purr (''purr'' est le terme anglais pour ronronner), une panthère noire, est la [[mascotte]] des ''[[Panthers de la Caroline]]''<ref>{{Lien web |langue=en |titre={{lang|en|''Sir Purr''}} |url=http://www.panthers.com/sir-purr/index.html |format=html |site=panthers.com |éditeur={{lang|en|''Carolina Panthers''}} |archive-url=https://web.archive.org/web/20120503101942/http://www.panthers.com/sir-purr/index.html |archive-date=2012-05-03}}.</ref>.


Une publicité [[Catsan]] vante les mérites d’une [[litière]] avec une unique image d’un chat en train de ronronner dans son bac en lisant un livre<ref>{{fr}} {{Lien web | url = http://www.culturepub.fr/videos/catsan-pentmouse | titre = Catsan : Pentmouse | site = http://www.culturepub.fr/ | éditeur = [[Culture Pub]]}}.</ref>.
Une publicité [[Catsan]] vante les mérites d’une [[litière]] avec une unique image d’un chat en train de ronronner dans son bac en lisant un livre<ref>{{Lien web |titre=Catsan : Pentmouse |url=http://www.culturepub.fr/videos/catsan-pentmouse |site=culturepub.fr |éditeur=[[Culture Pub]]}}.</ref>.


== Notes et références ==
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=== Références ===
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{{Références}}


== Annexes ==
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{{Autres projets|commons=Category:Purr|wikt=ronronnement}}
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=== Articles connexes ===
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* [[Liste d'onomatopées dans différentes langues#Chat (miauler)|« ronron » dans plusieurs langues]]
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* [[Miaulement]]
* [[Miaulement]]
* [[Rugissement]]
* [[Rugissement]]
* [[Patounage]]
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=== Liens externes ===
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* {{Autorité}}
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* {{Bases}}
* {{en}} [http://purring.org/ {{lang|en|''The felid purring site''}}] : un site spécialisé dans le ronronnement, avec des vidéos et des spectrographes de ronronnement chez divers félidés.
* {{en}} [http://purring.org/ {{lang|en|''The felid purring site''}}] : un site spécialisé dans le ronronnement, avec des vidéos et des spectrographes de ronronnement chez divers félidés.
* {{en}} [http://www.animalvoice.com/catpurrP.htm {{lang|en|''The home of the cat’s purr healing research!''}}] : un site mettant en œuvre des recherches sur l’effet curatif du ronronnement.
* {{en}} [http://www.animalvoice.com/catpurrP.htm {{lang|en|''The home of the cat’s purr healing research!''}}] : un site mettant en œuvre des recherches sur l’effet curatif du ronronnement.
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
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* {{Ouvrage |langue = en |éditeur=Presse universitaire de Cambridge |titre=The domestic cat The biology of its behaviour |auteur=Dennis C. Turner et Patrick Bateson |lieu=Cambridge |édition=2{{e}} |année=2000 |pages=244 |isbn=0-521-63648-5 |plume = oui}}
* {{Ouvrage |langue = en |éditeur=Presse universitaire de Cambridge |titre=The domestic cat The biology of its behaviour |prénom1==Dennis C.|nom1= Turner |prénom2= Patrick |nom2= Bateson |lieu=Cambridge |édition=2{{e}} |année=2000 |pages=244 |isbn=0-521-63648-5 |plume = oui}}.
* {{fr}} {{Ouvrage | titre = Contribution à l’étude du ronronnement chez le chat domestique (''Felis catus L.'') et chez le chat sauvage (''Felis silvestris S.''). | soustitre = Aspects morpho-fonctionnels acoustiques et éthologiques. |année = 1969 |éditeur = [[École nationale vétérinaire d'Alfort|École nationale vétérinaire d’Alfort]] | auteur = Bernard Denis}}
* {{fr}} {{Ouvrage | titre = Contribution à l’étude du ronronnement chez le chat domestique (''Felis catus L.'') et chez le chat sauvage (''Felis silvestris S.''). | sous-titre = Aspects morpho-fonctionnels acoustiques et éthologiques. |année = 1969 |éditeur = [[École nationale vétérinaire d'Alfort]] | auteur = Bernard Denis}}
* {{fr}} {{Ouvrage | titre = Pourquoi le chat ronronne-t-il ? | auteur = François Moutou | collection = Les Petites Pommes du Savoir | éditeur = Éditions le Pommier | pages = 59 | jour = 17 | mois = juin | année = 2004 | isbn = 978-2746501805 |plume = oui}}
* {{Ouvrage|langue = fr| titre = Pourquoi le chat ronronne-t-il ? | auteur1 = François Moutou | collection = Les Petites Pommes du Savoir | éditeur = Éditions le Pommier | pages = 59 | jour = 17 | mois = juin | année = 2004 | isbn = 978-2746501805 |plume = oui}}.

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Ronronnement d’un chat domestique
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Le ronronnement est une vocalisation émise par certains félins et viverridés. Produit à l’expiration comme à l’inspiration, ce son de basse fréquence apparaît dès l’âge de deux jours. Le mécanisme du ronronnement est encore mal expliqué. La théorie dominante est que le son est produit par des contractions des muscles du larynx déclenchées par une oscillation neurale et faisant vibrer les cordes vocales. La possibilité pour un félin de ronronner ou non est également un point débattu, notamment pour les grands félins de la sous-famille des Panthérinés.

Le ronronnement est essentiellement limité aux relations mère-progéniture dans la nature, mais le chat domestique peut ronronner tant dans une situation de plaisir que de souffrance, c’est pourquoi la signification de cette vocalisation de contact est peu évidente. Comparé au sourire par certains auteurs, son rôle social, tant avec des congénères qu’avec l’Homme, est primordial. Une théorie assure au ronronnement un rôle curatif : les basses fréquences émises permettraient de renforcer les os, les muscles, les tendons et auraient même un rôle anti-douleur.

En français, les termes associés au mot « ronronnement » sont tirés de l’onomatopée « ronron ».

Description[modifier | modifier le code]

Définition[modifier | modifier le code]

Le ronronnement est un son continu de basse amplitude, produit pendant toutes les phases de la respiration excepté lors d’une courte pause de quelques dizaines à une centaine de millisecondes[1], entre les deux phases de respiration[2]. Le ronronnement est considéré comme plus fort et rauque à l’inspiration[3], cependant selon une étude publiée en 2010, le ronronnement du chat est de même amplitude durant les deux phases de la respiration, et celui du guépard est plus fort à l’expiration[1]. Le son est produit avec la bouche fermée, il dure le plus souvent plus de deux secondes, à une fréquence de 25 à 20 Hz[2], la fréquence fondamentale est d’une vingtaine de hertz[1]. Le ronronnement du chat domestique peut être entendu à trois mètres à la ronde[3], celui d’un guépard jusqu’à 40 mètres ; le son est plus fort au niveau du museau[1]. La plupart du temps, le ronronnement du chat domestique est inaudible dès cinquante centimètres d’éloignement[4]; cependant il couvre tous les autres sons corporels (respiration, battement de cœur) et il est impossible pour un vétérinaire d’ausculter un chat qui n’arrête pas de ronronner[5].

Le mécanisme phonatoire est tout à la fois ingressif (produit à l’inspiration) et égressif (produit à l’expiration)[1]. La phonation ingressive est connue depuis Charles Darwin pour être utilisée par de nombreux autres animaux, comme le chien ou le renard. Chez l’homme, la phonation ingressive est utilisée notamment dans les langues germaniques[6]. Selon une étude publiée en 2010 comparant le ronronnement du guépard et celui du chat, la phase égressive est chez la première espèce plus longue et contient plus de cycles, tandis que chez le chat, il n’y a pas ou peu de différences entre les phases. Comparativement, le guépard produit un plus grand nombre de cycles que le chat pour les deux phases et la fréquence fondamentale reste quasiment identique[1].

Chez le chat domestique, le ronronnement apparaît dès l’âge de deux jours lors de la tétée, où la mère et ses petits communiquent par ronronnement ; ce phénomène apparaît aussi lors de la toilette des chatons par la mère[7]. Le ronronnement est le premier cri poussé par le chaton avec les pleurs, c’est également par le ronronnement que la mère répond à ses petits[8],[Note 1]. Dans la nature, le ronronnement est le plus fréquent durant les relations entre la mère et ses petits[9] alors qu’il peut survenir au contact de l’homme ou d’un objet chez le chat domestique. Le chat ne ronronne jamais lorsqu’il dort, mais peut en revanche miauler[10].

Mécanisme du ronronnement[modifier | modifier le code]

Les félins ne possèdent pas d’organes dédiés particulièrement au ronronnement. Plusieurs hypothèses expliquant le mécanisme du ronronnement ont été proposées. La vibration de la veine cave, amplifiée par les bronches, la trachée et les cavités nasales[11], ou encore la vibration de fausses cordes vocales[10], l’ossification partielle de l’os hyoïde, la contraction des fibres musculaires du voile du palais, du diaphragme ou encore des muscles intercostaux sont autant d’hypothèses formulées puis infirmées[5].

Le ronronnement pourrait également être provoqué par une contraction très rapide des muscles du larynx, ce qui comprimerait et dilaterait la glotte et causerait une séparation brutale des cordes vocales, origine du bruit[2]. Cette hypothèse est basée sur l’électromyogramme des muscles du larynx du chat domestique qui montre des répétitions très régulières et stéréotypées composées d’un pic se produisant 20 à 30 fois par seconde, qui induisent une mise en tension régulière de la glotte[12].

La tension du diaphragme durant l’inspiration est également hachée et les pics de l’électromyogramme entre la glotte et le diaphragme sont asynchrones. Cette activation alternée du larynx et du diaphragme permet de limiter une fluctuation négative de la pression trachéale et promeut le flux d’air à l’inspiration lors de la période où la glotte offre une résistance minimale[12]. Une nouvelle étude menée en 1987 à partir d’électromyogramme montre que les muscles expiratoires peuvent également être impliqués dans le mécanisme du ronronnement[13]. En 2000, Dennis C. Turner et Patrick Bateson considèrent que le diaphragme et les autres muscles ne sont pas nécessaires au ronronnement, excepté pour induire la respiration[14]. Un élément pouvant infirmer l’hypothèse de la contraction des muscles du larynx est que des chats ayant subi une laryngectomie peuvent ronronner en utilisant leur diaphragme[15].

Les variations laryngiennes sont induites par une oscillation neurale qui crée un cycle toutes les 30 à 40 millisecondes[2] ; elle ne peut être stoppée, ce qui suggère qu’il existe un mécanisme oscillatoire de haute fréquence à l’intérieur même du système nerveux central[12]. La partie du cerveau provoquant ces oscillations est proche de l’hypothalamus[10].

Les carnivores qui ronronnent[modifier | modifier le code]

Le guépard fait partie des félins qui ronronnent.
Les félins « rugissants » pourraient être incapables de ronronner.
Certains viverridés sont capables de ronronner d’une manière similaire aux félins.

La question du ronronnement des félins fait toujours débat : de nombreuses espèces, même les plus connues comme le lion ou le léopard, restent mystérieuses en ce qui concerne le ronronnement. Pour de nombreuses espèces, il n’existe pas d’informations sur le sujet ou celles-ci sont insuffisantes[3]. Les félins de la sous-famille Pantherinae — lion, tigre, léopard, jaguar, panthère des neiges — possèdent un ligament de l’os hyoïde partiellement ou non ossifié, ce qui leur permettrait de rugir mais pas de ronronner[16]. Cette différenciation a cependant été remise en cause dans les années 1990, la structure vocale des panthérinés pouvant peut-être permettre le ronronnement, bien qu’il soit difficile à produire[17]. Paul Heiney avance que les grands félins ne peuvent ronronner qu’à l’expiration[18].

La capacité de rugir grâce à un os hyoïde peu ou pas ossifié est l’hypothèse historique ayant permis de classer les différentes espèces de félins par Owen puis Pocock en 1916 : il existait les félins « rugissants » (donc non-ronronnant) de la sous-famille des panthérinés et les « non-rugissants » (donc ronronnant) de la sous-famille des félinés[1]. Pour Gustav Peters, le ronronnement doit être assimilé à une caractéristique de l’ancêtre commun aux félins et les vocalisations similaires observées chez certains mammifères (par exemple, le raton laveur[19] ou le lapin[20]) comme des cas de convergence évolutive[21].

Certains Viverridae ronronnent[16] comme Genetta tigrina[6],[Note 2] et Genetta genetta[1]. Lors de la tétée, l’ourson noir (Ursus americanus) et l’ourson brun (Ursus arctos) ronronneraient, tout comme la femelle hyène tachetée (Crocuta crocuta)[22].

Le ronronnement chez les félidés[3]
Ronronne Incertain Ronronnement probable Absence de données
L’os hyoïde chez le lion.

Significations[modifier | modifier le code]

Communication[modifier | modifier le code]

Le premier ronronnement apparaît lors de la tétée.

Le ronronnement est une vocalisation le plus souvent associée au contact, tant avec un congénère amical qu’avec un être humain ou même un objet, par exemple lorsqu’un chat malaxe un coussin avec ses pattes[2]. Il peut néanmoins se déclencher sans stimulus externe. Le ronronnement se manifeste lorsque l’animal éprouve du plaisir, mais aussi de la souffrance : les vétérinaires observent fréquemment les chats ronronner continuellement lorsqu’ils sont stressés, blessés et même mourants[11].

Le chat ronronne le plus souvent pour exprimer la dépendance[7] : le chaton dépend de sa mère et de son lait, de l’homme lorsqu’il réclame des soins ou des caresses. Le ronronnement a un rôle important dans les relations sociales des félins puisqu’il communique l’état du chat à son entourage humain ou félin : ainsi le chaton qui ronronne informe sa mère qu’il va bien ou les chats adultes expriment leur contentement sous la caresse. Cette vocalisation pourrait également renforcer les liens sociaux et désamorcer les conflits (un chat ronronne lorsqu’il rencontre un chat dominant). Selon Dennis C. Turner et Patrick Bateson, le rôle du ronronnement peut être comparé à celui du sourire chez l’homme[14]. En 1985, Joël Dehasse avance l’hypothèse que le chat ronronnerait pour lui-même, pour s’apaiser par exemple. Cela explique pourquoi le chat peut ronronner lorsqu’il est souffrant[23]. Gustav Peters explique également que le ronronnement peut parfois constituer un exemple d’autocommunication[24].

Le chat domestique est, en comparaison avec les autres félins, particulièrement « ronronneur ». Cette particularité s’est sans doute développée au contact de l’homme. Deux causes concomitantes peuvent être avancées pour expliquer le phénomène. D’une part, l’Homme a peut-être sélectionné les chats qui ronronnaient le plus. D’autre part, le ronronnement étant avant tout une vocalisation sociale, celui-ci a pu être favorisé par le contact permanent avec l’homme. Il est également possible que la domestication ait entraîné une néoténie, c'est-à-dire à maintenir des traits de caractères infantiles chez le chat, le ronronnement faisant partie des vocalisations des jeunes dans la nature[25].

Le chat domestique a par ailleurs développé un ronronnement « supplémentaire » contenant un cri très aigu similaire à un cri de bébé et mélangé au ronronnement normal[Note 5]. Ce ronronnement « de sollicitation » a été écouté par cinquante expérimentateurs et a été perçu comme teinté d’urgence. L’auteur conclut qu’il s’agirait d’une adaptation à la communication avec l’homme[26],[27],[28].

Un moyen de guérison ?[modifier | modifier le code]

Les vétérinaires considèrent que les chats guérissent rapidement des fractures, ont moins de complications postopératoires et ont moins de maladies osseuses, musculaires et ligamentaires que les chiens[15]. Une hypothèse avance que le ronronnement, dont la fréquence se situe entre 25 et 30 Hz, peut avoir un pouvoir réparateur et même antalgique par rapport aux os, aux tendons et aux muscles. De nombreux félins émettent des vibrations dont la fréquence permet de calmer les douleurs aiguës, les problèmes tendineux, musculaires ou articulaires[23]. Le ronronnement serait alors un moyen de garder la santé pour le chat en assurant une maintenance corporelle[18].

Cette théorie s’appuie sur deux observations : d’une part, le ronronnement n’est pas associé à une émotion ou un état particulier (un chat peut ronronner lorsqu’il est content ou mourant) ; d’autre part, le ronronnement, pour s’être perpétué chez de nombreuses espèces de félins, doit constituer un avantage dans l’optique de la sélection naturelle. Ensuite, de nombreuses recherches[15] montrent que les sons de basse fréquence, entre 20 et 140 Hz, ont un effet bénéfique sur les os, les muscles et les tendons et permettent de calmer la douleur ; ces sons ont également un effet sur le mental puisqu’ils déclenchent des émotions ; or les félins ronronnent sur de basses fréquences[15].

Ronronnement dans la culture[modifier | modifier le code]

Étymologie[modifier | modifier le code]

L’Homme associe généralement le ronronnement du chat domestique au bien-être.

Le mot « ronron » [ʀɔ̃ʀɔ̃] est une onomatopée imitant le bruit du chat attestée dès 1761 dans une phrase de La Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau[29]. Le mot « ronronnement », considéré comme un synonyme de ronron, est dérivé du verbe « ronronner[30] » lui-même formé à partir de « ronron »[31]. Par analogie, le ronronnement désigne en français un bruit sourd et continu comme le ronronnement ou ronron d’un moteur, ou un bruit monotone et continu[29]. Des trois termes, celui qui apparaît le plus dans la langue française est « ronronner », suivi de « ronron » puis de « ronronnement » (fréquence absolue littéraire respectivement de 125, 100 et 54)[29],[30],[31].

En anglais, « ronronnement » se dit « purr » ; attesté dès le XVIe siècle, il s’agit également d’une onomatopée[32].

La ronron-thérapie[modifier | modifier le code]

Le ronronnement aurait une action très bénéfique sur les humains, notamment grâce à un effet relaxant[23],[33]. La présence d’un chat qui ronronne permettrait une cicatrisation plus rapide[34]. Le site EfferveSciences argumente que le ronronnement est analogue à la madeleine de Proust et permet de se remémorer des souvenirs agréables, et par voie de conséquence d’évacuer le stress[34]. Certains hôpitaux testent l’effet apaisant des chats, notamment sur les personnes âgées et, au Japon, les bars à chat permettent à quiconque de garder l’animal auprès de soi pour se reposer[35]. Des enregistrements de ronronnements, accompagnés ou non de musique, sont même vendus[34]. Le Purr-like vibration device est une invention exploitant le possible pouvoir de guérison des basses fréquences ; il s’agit d’un petit appareil pouvant se fixer sur le corps et émettant des vibrations à la fréquence du ronronnement[36].

En thérapie cognitive, un exercice de sophrologie visant à réapprendre une respiration centrée sur l’expiration imite le ronronnement du chat : la respiration doit être brève et accompagnée d’un son guttural ressemblant à un roulement de « R »[37].

Autres utilisations du ronronnement[modifier | modifier le code]

La comptine Il était une bergère met en scène une jeune bergère qui, pour protéger son fromage, tue son chaton. Le refrain imite le ronron du chat : « Et ron, et ron, petit patapon »[38].

Sir Purr (purr est le terme anglais pour ronronner), une panthère noire, est la mascotte des Panthers de la Caroline[39].

Une publicité Catsan vante les mérites d’une litière avec une unique image d’un chat en train de ronronner dans son bac en lisant un livre[40].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h (en) Robert Eklund, Gustav Peters et Elizabeth D. Duthie, « An acoustic analysis of purring in the cheetah (Acinonyx jubatus) and in the domestic cat (Felis catus) », Proceedings of Fonetik,‎ , p. 17–22 (lire en ligne [archive du ] [PDF]).
  2. a b c d et e Turner et Bateson 2000, p. 71-72.
  3. a b c et d (en) Mel Sunquist et Fiona Sunquist, Wild Cats of the World, Chicago, Presse universitaire de Chicago, , 452 p. (ISBN 0-226-77999-8), « Appendix 4 Vocal communication in Felids », p. 421-424.
  4. Moutou 2004, p. 27-33.
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Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) =Dennis C. Turner et Patrick Bateson, The domestic cat The biology of its behaviour, Cambridge, Presse universitaire de Cambridge, , 244 p. (ISBN 0-521-63648-5). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (fr) Bernard Denis, Contribution à l’étude du ronronnement chez le chat domestique (Felis catus L.) et chez le chat sauvage (Felis silvestris S.). : Aspects morpho-fonctionnels acoustiques et éthologiques., École nationale vétérinaire d'Alfort,
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