« Émile Cohl » : différence entre les versions

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{{voir homonymes|Cohl}}
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{{Infobox Cinéma (personnalité)
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| nom = Émile Cohl
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| lieu de décès = [[Villejuif]] ([[France]])
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| films notables = ''[[Fantasmagorie (film, 1908)|Fantasmagorie]]''<br />''[[Génération spontanée (film)|Génération spontanée]]'' <!-- 4 ou 5 max. En l'absence de consensus, renvoyer vers la section Filmographie sous la forme [[#Filmographie|''voir filmographie'']]. -->
| films notables = ''[[Fantasmagorie (film, 1908)|Fantasmagorie]]''<br />''[[Génération spontanée (film)|Génération spontanée]]'' <!-- 4 ou 5 max. En l'absence de consensus, renvoyer vers la section Filmographie sous la forme [[#Filmographie|''voir filmographie'']]. -->
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'''Émile Cohl''', pseudonyme d’'''Émile Courtet''', né à [[Paris]] le {{Date de naissance|4|janvier|1857}} et mort à [[Villejuif]] le {{Date de décès|20|janvier|1938}}, est un [[dessin]]ateur et [[Image animée|animateur]] [[France|français]].
'''Émile Courtet''', [[Pseudonyme|dit]] '''Émile Cohl''', est un [[dessin]]ateur, [[Animation (audiovisuel)|animateur]] et [[réalisateur]] [[France|français]], né à [[Paris]] le {{Date de naissance|4|janvier|1857}} et mort à [[Villejuif]] le {{Date de décès|20|janvier|1938}}.


Il a été l’élève du caricaturiste [[André Gill]]. Son apport dans le [[dessin animé]] est important.
Il est l’élève du caricaturiste [[André Gill]].


== Biographie ==
== Biographie ==
[[Image:Emile Cohl and André Gill.jpg|vignette|gauche|redresse|Émile Cohl (à gauche) en visite chez [[André Gill]] à [[Charenton-le-Pont|Charenton]]. Document non sourcé.]]
[[Fichier:Emile Cohl and André Gill.jpg|vignette|gauche|redresse|Émile Cohl (à gauche) en visite chez [[André Gill]] à [[Charenton-le-Pont|Charenton]].]]


Émile Courtet est né à [[Paris]], mais à sept ans, à la suite du décès de sa mère, son père le place dans une famille aux [[Les Lilas|Lilas]], en banlieue. À 15 ans, il devient apprenti chez un bijoutier, mais il s’intéresse déjà davantage au dessin et à la [[prestidigitation]]<ref>[http://1895.revues.org/2273 Sa biographie dans ''1895.revues.org''].</ref>.
Émile Courtet est né à [[Paris]], mais à sept ans, à la suite du décès de sa mère, son père le place dans une famille aux [[Les Lilas|Lilas]], en banlieue. À 15 ans, il devient apprenti chez un bijoutier, mais il s’intéresse déjà davantage au dessin et à la [[prestidigitation]]<ref>[http://1895.revues.org/2273 Sa biographie dans ''1895.revues.org''].</ref>.


Touche-à-tout de génie, il est tour à tour illustrateur, photographe, auteur de vaudevilles et de pièces de théâtre, comédien, peintre, journaliste, magicien. Caricaturiste reconnu à la fin du {{s-|XIX}}, élève d'[[André Gill]], il flirte avec les mouvements qui influencent plus tard les [[Surréalisme|surréalistes]]. Il fréquente les cabarets du [[Le Chat noir|Chat noir]] près de [[Pigalle (quartier parisien)|Pigalle]] et du [[Lapin Agile]] à [[Montmartre]], et il est membre des groupes artistiques des [[Les Hydropathes|Hydropathes]] d'[[Émile Goudeau]], puis des [[Arts Incohérents|Incohérents]]. Ses caricatures paraissent dans de très nombreux journaux (''[[La Nouvelle Lune]]'', ''[[Les Hommes d'aujourd'hui]]''…). Du {{date-|23 décembre 1893}} au {{date-|14 juillet 1894}}, il dessine les unes de ''[[La Libre Parole illustrée]]'' ({{numéro|24}} au {{numéro|53}})<ref>[http://www.journaux-collection.com/recherche.php?&qu=&co=&ti=LIBRE+PAROLE+ILLUSTREE+%28LA%29&num=&da=&ta=&de=&av=2&new=&disp=&aff=1&= catalogue de ''La Libre Parole illustrée''].</ref>, dont quelques-unes présentent un caractère antisémite. Il propose des jeux et des énigmes dans le supplément illustré ''[[Nos loisirs]]'' (1906).
Touche-à-tout de génie, il est tour à tour illustrateur, photographe, auteur de vaudevilles et de pièces de théâtre, comédien, peintre, journaliste, magicien. Caricaturiste reconnu à la fin du {{s-|XIX}}, élève d'[[André Gill]], il flirte avec les mouvements qui influencent plus tard les [[Surréalisme|surréalistes]]. Il fréquente les cabarets du [[Le Chat noir|Chat noir]] près de [[Pigalle (quartier parisien)|Pigalle]] et du [[Lapin Agile]] à [[Montmartre]], et il est membre des groupes artistiques des [[Les Hydropathes|Hydropathes]] d'[[Émile Goudeau]], puis des [[Arts incohérents|Incohérents]]. Ses caricatures paraissent dans de très nombreux journaux (''[[La Nouvelle Lune]]'', ''[[Les Hommes d'aujourd'hui]]''…). Du {{date-|23 décembre 1893}} au {{date-|14 juillet 1894}}, il dessine les unes de ''[[La Libre Parole illustrée]]'' ({{numéro|24}} au {{numéro|53}})<ref>[http://www.journaux-collection.com/recherche.php?&qu=&co=&ti=LIBRE+PAROLE+ILLUSTREE+%28LA%29&num=&da=&ta=&de=&av=2&new=&disp=&aff=1&= catalogue de ''La Libre Parole illustrée''].</ref>, dont quelques-unes présentent un caractère antisémite. Il propose des jeux et des énigmes dans le supplément illustré ''[[Nos loisirs]]'' (1906).


Il fréquente de nombreux écrivains tels que [[Victor Hugo]] et [[Paul Verlaine]]. Il rencontre également des cinéastes comme [[Sacha Guitry]] et [[Georges Méliès]]<ref>Qui mourra le même jour que lui, à quelques heures d'intervalle.</ref>.
Il fréquente de nombreux écrivains tels que [[Victor Hugo]] et [[Paul Verlaine]]. Il rencontre également des cinéastes comme [[Sacha Guitry]] et [[Georges Méliès]].


[[Fichier:Jules Ferry (by Emile Cohl).jpg|vignette|redresse|Caricature de [[Jules Ferry]] par Émile Cohl (1887).]]
[[Fichier:Jules Ferry (by Emile Cohl).jpg|vignette|redresse|Caricature de [[Jules Ferry]] par Émile Cohl (1887).]]
[[Fichier:Dumanet, par Em. Cohl (Nouvelle Lune 30 juillet 1882).jpg|vignette|redresse|''[[Dumanet]] enthousiasmé'', dans ''[[La Nouvelle Lune]]'', 30 juillet 1882).]]
[[Fichier:Dumanet, par Em. Cohl (Nouvelle Lune 30 juillet 1882).jpg|vignette|redresse|''[[Dumanet]] enthousiasmé'', dans ''[[La Nouvelle Lune]]'', 30 juillet 1882).]]
Marié en 1881 avec Marie Louise Servat, il a une fille en 1883, qu'il prénomme Andrée, en hommage à
Marié en 1881 avec Marie Louise Servat (1862-1891), il a une fille en 1883, qu'il prénomme Andrée, en hommage à
[[André Gill]] : il organise une souscription pour soutenir son ami enfermé à l'[[Hôpital Esquirol|asile de Charenton]]<ref>[http://1895.revues.org/2283 Revue de l’Association française de recherche sur l’histoire du cinéma].</ref>. Cette même année, il travaille au journal ''[[Le Masque (journal)|Le Masque]]'' avec le photographe [[Charles Gallot]] qui l'initie vraisemblablement au maniement du [[collodion humide]], un an avant qu'il n'ouvre son atelier de photographe portraitiste, [[rue Saint-Laurent (Paris)|rue Saint-Laurent]] à Paris<ref>Clément Chéroux, ''La photographie n'est pas un fromage'', 1895, p.98-108 ([http://journals.openedition.org/1895/2353;DOI 10.4000/1895.2353 en ligne]).</ref><!-- (archives inédites) {{,}}<ref>André Courtet, ''Biographie d'Émile Cohl'' tapuscrit de 20 pages 4D, conservé dans les archives de la famille Courtet-Cohl.</ref> -->.
[[André Gill]] : il organise une souscription pour soutenir son ami enfermé à l'[[Hôpital Esquirol|asile de Charenton]]<ref>[http://1895.revues.org/2283 Revue de l’Association française de recherche sur l’histoire du cinéma].</ref>. Cette même année, il travaille au journal ''[[Le Masque (journal)|Le Masque]]'' avec le photographe [[Charles Gallot]] qui l'initie vraisemblablement au maniement du [[collodion humide]], un an avant qu'il n'ouvre son atelier de photographe portraitiste, [[rue Saint-Laurent (Paris)|rue Saint-Laurent]] à Paris<ref>[[Clément Chéroux]], ''La photographie n'est pas un fromage'', 1895, {{p.|98-108}} ([http://journals.openedition.org/1895/2353;DOI 10.4000/1895.2353 en ligne]).</ref><!-- (archives inédites) {{,}}<ref>André Courtet, ''Biographie d'Émile Cohl'' tapuscrit de 20 pages 4D, conservé dans les archives de la famille Courtet-Cohl.</ref> -->.


À partir de 1886, son épouse entretient une liaison avec [[Willy (écrivain)|Henry Gauthier-Villars]], dit Willy (qui sera plus tard le mari de [[Colette]]) ; les deux amants ont un fils ensemble. Cet épisode provoque le second duel à l'épée de la vie d'Émile Cohl, le {{Date-|25|octobre|1886}}, le premier duel l'ayant opposé{{pourquoi}} à [[Jules Jouy]] en 1880.
À partir de 1886, son épouse entretient une liaison avec [[Willy (écrivain)|Henry Gauthier-Villars]], dit Willy (qui sera plus tard le mari de [[Colette]]) ; les deux amants ont un fils ensemble. Cet épisode provoque le second duel à l'épée de la vie d'Émile Cohl, le {{Date-|25|octobre|1886}}, le premier duel l'ayant opposé{{pourquoi}} à [[Jules Jouy]] en 1880.


Sa seconde épouse, Suzanne, fille d'[[Hippolyte Camille Delpy]], peintre de l'[[école de Barbizon]], élève de [[Jean-Baptiste Camille Corot|Camille Corot]] et [[Charles-François Daubigny]], lui donne un fils, prénommé André.
Sa seconde épouse, Suzanne, fille d'[[Hippolyte Camille Delpy]], peintre de l'[[école de Barbizon]], élève de [[Jean-Baptiste Camille Corot|Camille Corot]] et [[Charles-François Daubigny]], lui donne un fils, prénommé André. Sa femme Suzanne meurt en 1930.


Émile termine sa vie dans une grande pauvreté. En avril 1937, alors qu'il est penché sur sa table de travail, sa barbe prend feu sur la flamme d'une bougie avec laquelle il s'éclairait. Placé en observation à l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière, son état de santé ne s'améliore pas durant les mois qui suivent. Il est transféré à l'hôpital Paul Brousse à Villejuif, où il mourra, le 20 janvier 1938, des suites d'une bronchopneumonie mal soignée<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Pierre |nom1=Courtet-Cohl |prénom2=Bernard |nom2=Génin |titre=Émile Cohl |sous-titre=L'inventeur du dessin animé |lieu=Montreuil |éditeur=Omniscience |année=2008 |pages totales=176 |passage=127 |isbn=978-2-916097-16-9}}.</ref>. Ses cendres reposent à Paris au [[columbarium du Père-Lachaise]] (case n°24023).
Émile termine sa vie dans une grande pauvreté. En avril 1937, alors qu'il est penché sur sa table de travail, sa barbe prend feu sur la flamme d'une bougie avec laquelle il s'éclairait. Placé en observation à l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière, son état de santé ne s'améliore pas durant les mois qui suivent. Il est transféré à l'hôpital Paul Brousse à Villejuif, où il mourra, le 20 janvier 1938, des suites d'une bronchopneumonie mal soignée<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Pierre |nom1=Courtet-Cohl |prénom2=Bernard |nom2=Génin |titre=Émile Cohl |sous-titre=L'inventeur du dessin animé |lieu=Montreuil |éditeur=Omniscience |année=2008 |pages totales=176 |passage=127 |isbn=978-2-916097-16-9}}.</ref>. Ses cendres reposent à Paris au [[columbarium du Père-Lachaise]] (case n°24023).
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En 1892, les [[Théâtre optique|pantomimes lumineuses]] d'[[Émile Reynaud]], les premiers [[dessin animé|dessins animés]] de l'histoire du cinéma, sont projetées à [[Paris]] au [[musée Grévin]] à l’aide du [[Théâtre optique]], un système de projection sur grand écran de dessins tracés et coloriés directement sur une pellicule de {{unité|70|mm}} constituée d'une suite de carrés de gélatine protégés de l'humidité par un recouvrement de [[gomme-laque]]<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Laurent |nom1=Mannoni |prénom2=Donata |nom2=Pensenti Campagnoni |titre=Lanterne magique et film peint |sous-titre=400 ans de cinéma |lieu=Paris |éditeur=[[La Martinière Groupe|La Martinière]] |année=2009 |pages totales=334 |passage=253 |isbn=978-2-7324-3993-8}}.</ref>, initiant alors la technique de l'[[animation sans caméra]]. Ces séances étaient présentées dans une salle où se rassemblait un public payant et furent les premières projections sur écran du cinéma, le sous-sol du musée Grévin devenant ainsi la première [[salle de cinéma]] de l'histoire. Le procédé fut abandonné par la suite car il ne permettait pas le tirage de copies<ref>{{Grammaire du cinéma|passage=23}}.</ref>.
En 1892, les [[Théâtre optique|pantomimes lumineuses]] d'[[Émile Reynaud]], les premiers [[dessin animé|dessins animés]] de l'histoire du cinéma, sont projetées à [[Paris]] au [[musée Grévin]] à l’aide du [[Théâtre optique]], un système de projection sur grand écran de dessins tracés et coloriés directement sur une pellicule de {{unité|70|mm}} constituée d'une suite de carrés de gélatine protégés de l'humidité par un recouvrement de [[gomme-laque]]<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Laurent |nom1=Mannoni |prénom2=Donata |nom2=Pensenti Campagnoni |titre=Lanterne magique et film peint |sous-titre=400 ans de cinéma |lieu=Paris |éditeur=[[La Martinière Groupe|La Martinière]] |année=2009 |pages totales=334 |passage=253 |isbn=978-2-7324-3993-8}}.</ref>, initiant alors la technique de l'[[animation sans caméra]]. Ces séances étaient présentées dans une salle où se rassemblait un public payant et furent les premières projections sur écran du cinéma, le sous-sol du musée Grévin devenant ainsi la première [[salle de cinéma]] de l'histoire. Le procédé fut abandonné par la suite car il ne permettait pas le tirage de copies<ref>{{Grammaire du cinéma|passage=23}}.</ref>.


[[file:Humorous Phases of Funny Faces.ogv|vignette|redresse|''Humorous Phases of Funny Faces'' (1906), réalisé par [[James Stuart Blackton]].]]
[[Fichier:Humorous Phases of Funny Faces.ogv|vignette|redresse|''Humorous Phases of Funny Faces'' (1906), réalisé par [[James Stuart Blackton]].]]
En 1906, on découvre un procédé nouveau pour le cinéma, ce que l’on nomme le « tour de manivelle », un {{citation|procédé (qui) fut appelé en France « mouvement américain ». Il était encore inconnu en Europe<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Georges |nom1=Sadoul |lien auteur1=Georges Sadoul |titre=Histoire du cinéma mondial, des origines à nos jours |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |année=1968 |pages totales=719 |passage=407-408 }}.</ref>}}, car le tour de manivelle provient du studio [[Vitagraph Company of America|Vitagraph Company]] qui l'utilise pour mettre des objets inanimés en mouvement. C'est un comédien américain, [[James Stuart Blackton]], qui réalise alors le premier dessin animé sur support filmique de l'histoire du cinéma (ceux d'Émile Reynaud étant directement dessinés sur la pellicule, sans le truchement d'une [[prise de vues cinématographique|prise de vues]]), ''[[Humorous Phases of Funny Faces]]'' (''Phases amusantes de figures rigolotes''), où l'on voit, tracé en blanc à la craie sur un fond noir, un jeune couple qui se fait les yeux doux, puis vieillit, enlaidit, le mari fume un gros cigare et asphyxie son épouse grimaçante qui disparaît dans un nuage de fumée, la main de l'animateur efface alors le tout. Le [[dessin animé]] filmé sur pellicule de cinéma [[pellicule photographique|argentique]] [[Format 35mm|{{Unité|35|mm}}]], est né<ref>Ce film est en ligne sur Youtube<!-- Lien externe à préciser -->.</ref>.
En 1906, on découvre un procédé nouveau pour le cinéma, ce que l’on nomme le « tour de manivelle », un {{citation|procédé (qui) fut appelé en France « mouvement américain ». Il était encore inconnu en Europe<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Georges |nom1=Sadoul |lien auteur1=Georges Sadoul |titre=Histoire du cinéma mondial, des origines à nos jours |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |année=1968 |pages totales=719 |passage=407-408 }}.</ref>}}, car le tour de manivelle provient du studio [[Vitagraph Company of America|Vitagraph Company]] qui l'utilise pour mettre des objets inanimés en mouvement. C'est un comédien américain, [[James Stuart Blackton]], qui réalise alors le premier dessin animé sur support filmique de l'histoire du cinéma (ceux d'Émile Reynaud étant directement dessinés sur la pellicule, sans le truchement d'une [[prise de vues cinématographique|prise de vues]]), ''[[Humorous Phases of Funny Faces]]'' (''Phases amusantes de faces rigolotes''), où l'on voit, tracé en blanc à la craie sur un fond noir, un jeune couple qui se fait les yeux doux, puis vieillit, enlaidit, le mari fume un gros cigare et asphyxie son épouse grimaçante qui disparaît dans un nuage de fumée, la main de l'animateur efface alors le tout. Le [[dessin animé]] filmé sur pellicule de cinéma [[pellicule photographique|argentique]] [[Format 35mm|{{Unité|35|mm}}]], est né avec ce film<ref>Ce film est en ligne sur Youtube<!-- Lien externe à préciser -->.</ref>.


À son tour, Émile Cohl crée ''[[Fantasmagorie (film, 1908)|Fantasmagorie]]'', premier dessin animé traditionnel de l’histoire, qui est projeté pour la première fois le {{Date-|17|août|1908}} au [[théâtre du Gymnase Marie-Bell|théâtre du Gymnase]] à Paris, pour la société [[Gaumont]].
Ayant compris le principe du procédé image par image de Blackton, Émile Cohl crée ''[[Fantasmagorie (film, 1908)|Fantasmagorie]]'' qui est projeté pour la première fois le {{Date-|17|août|1908}} au [[théâtre du Gymnase Marie-Bell|théâtre du Gymnase]] à Paris, pour la société [[Gaumont]]. De 1908 à 1923, Émile Cohl réalise 300 autres films, pour la plupart des films précurseurs en matière de cinéma d'animation puisqu'il manie avec autant de bonheur le dessin que les allumettes, le papier découpé ou encore les marionnettes, ou des objets divers comme des citrouilles. Ses films sont réalisés pour les compagnies cinématographiques françaises Lux, [[Gaumont]], [[Pathé]] et [[Éclipse]]. Il travaille aussi pour les [[Laboratoires Éclair]] à [[Fort Lee]] aux [[États-Unis]] de 1912 à 1914, comme directeur d'animation.


La créativité, aussi bien technique qu'artistique, dont témoigne son œuvre subsistante {{Incise|seuls 65 films d'Émile Cohl ont été retrouvés}} le fait rejoindre les créateurs les plus inventifs et les plus importants des premiers temps du [[septième art]].
De 1908 à 1923, Émile Cohl réalise 300 films, pour la plupart des films précurseurs en matière de cinéma d'animation, puisqu'il manie avec autant de bonheur le dessin que les allumettes, le papier découpé ou encore les marionnettes, ou des objets divers comme des citrouilles. Ses films sont réalisés pour les compagnies cinématographiques françaises Lux, [[Gaumont]], [[Pathé]] et [[Éclipse]]. Il travaille aussi pour les [[Laboratoires Éclair]] à [[Fort Lee]] aux [[États-Unis]] de 1912 à 1914, comme directeur d'animation.

La créativité, aussi bien technique qu'artistique, dont témoigne son œuvre subsistante {{Incise|seuls 65 films d'Émile Cohl ont été retrouvés}} en fait l'une des personnalités les plus inventives et les plus importantes des premiers temps du [[septième art]].


== Réalisations dans le cinéma d’animation ==
== Réalisations dans le cinéma d’animation ==
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La Fantasmagorie (1908).webm|180 px|thumb|''Fantasmagorie'' (1908). Film entier Gaumont.
La Fantasmagorie (1908).webm|''[[Fantasmagorie (film, 1908)|Fantasmagorie]]'' (1908). Film entier Gaumont.
Un drame chez les fantoches (1908).webm|180 px|thumb|''Un drame chez les fantoches'' (1908). Film entier Gaumont.
Un drame chez les fantoches (1908).webm|''Un drame chez les fantoches'' (1908). Film entier Gaumont.
Pieds-Nickelés (ECohl).jpg|150 px|thumb|''Les Pieds Nickelés'' (1917), avec [[Benjamin Rabier]].
Pieds-Nickelés (ECohl).jpg|''Les Pieds Nickelés'' (1917), avec [[Benjamin Rabier]].
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* 1908 : son premier dessin animé, [[Fantasmagorie (film, 1908)|''Fantasmagorie'']].
* 1908 : son premier dessin animé, ''[[Fantasmagorie (film, 1908)|Fantasmagorie]]''.
* 1908 : le premier héros de dessin animé, ''Fantoche''.
* 1908 : le premier héros de dessin animé, ''Fantoche''.
* 1908 : animation en volume, ''[[Les Allumettes animées]]''.
* 1908 : animation en volume, ''[[Les Allumettes animées]]''.
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** ''[[Les Aventures de Clémentine]]'' avec [[Benjamin Rabier]].
** ''[[Les Aventures de Clémentine]]'' avec [[Benjamin Rabier]].


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Les douze travaux d&#039;Hercule (1910).webm|thumb|''Les Douze travaux d'Hercule'' (1910). Film complet.
Les douze travaux d&#039;Hercule (1910).webm|''Les Douze travaux d'Hercule'' (1910). Film complet.
Les aventures du baron du Crac (1910).webm|thumb|''Les Aventures du baron du Crac'' (1910). Film complet.
Les aventures du baron du Crac (1910).webm|''Les Aventures du baron du Crac'' (1910). Film complet.
Le tout petit Faust (1910).webm|thumb|''Le Tout petit Faust'' (1910) (1910). Film complet.
Le tout petit Faust (1910).webm|''Le Tout petit Faust'' (1910) (1910). Film complet.
Le retapeur de cervelles (1910).webm|thumb|''Le Retapeur de cervelles'' (1910). Film complet.
Le retapeur de cervelles (1910).webm|''Le Retapeur de cervelles'' (1910). Film complet.
Le placier est tenace (1910).webm|thumb|''Le Placier est tenace'' (1910). Film complet.
Le placier est tenace (1910).webm|''Le Placier est tenace'' (1910). Film complet.
L&#039;enfance de l&#039;art (1910).webm|thumb|''L'Enfance de l'art'' (1910), avec les techniques du papier découpé, de la pixilation et du dessin animé. Film complet.
L&#039;enfance de l&#039;art (1910).webm|''L'Enfance de l'art'' (1910), avec les techniques du papier découpé, de la pixilation et du dessin animé. Film complet.
En route (1910) .webm|thumb|''En route'' (1910). Film complet.
En route (1910) .webm|''En route'' (1910). Film complet.
Les exploits de Feu Follet (1911) .webm|thumb|''Les Exploits de Feu Follet'' (1911). Film complet.
Les exploits de Feu Follet (1911) .webm|''Les Exploits de Feu Follet'' (1911). Film complet.
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* Un [[Square Émile-Cohl|square]] du [[12e arrondissement de Paris|{{12e|arrondissement}} de Paris]] porte son nom depuis 1959 ; Paul Pavaux, rédacteur en chef du journal ''[[Ciné France]]'', pétitionne en ce sens le conseil municipal de Paris le {{date-|24 janvier 1938}}<ref>{{Article |langue=fr |auteur1=Paul Pavaux |titre=Un hommage pour Georges Méliès et Emile Cohl |périodique=Ciné France |numéro=30 |date=11 février 1938 |pages= |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56060165/f1 |consulté le=13 octobre 2017 }} {{citation|[…] je suggère même que le Conseil municipal débaptise le square des “arts-et-métiers”, pour lui donner à l'avenir, la dénomination de « Square Georges-Méliès-Emile-Cohl » […]}}.</ref>.
* Un [[Square Émile-Cohl|square]] du [[12e arrondissement de Paris|{{12e|arrondissement}} de Paris]] porte son nom depuis 1959 ; Paul Pavaux, rédacteur en chef du journal ''[[Ciné France]]'', pétitionne en ce sens le conseil municipal de Paris le {{date-|24 janvier 1938}}<ref>{{Article |langue=fr |auteur1=Paul Pavaux |titre=Un hommage pour Georges Méliès et Emile Cohl |périodique=Ciné France |numéro=30 |date=11 février 1938 |pages= |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56060165/f1 |consulté le=13 octobre 2017 }} {{citation|[…] je suggère même que le Conseil municipal débaptise le square des “arts-et-métiers”, pour lui donner à l'avenir, la dénomination de « Square Georges-Méliès-Emile-Cohl » […]}}.</ref>.
* À [[Lyon]], une école de dessin, l'[[École Émile-Cohl]], a été créée en 1984.
* À [[Lyon]], une école de dessin, l'[[École Émile-Cohl]], a été créée en 1984.
* Son petit-fils, Pierre Courtet-Cohl (1932-2008), a travaillé pour la diffusion et la reconnaissance de l'œuvre d'Émile Cohl en France et à l'étranger. Très actif dans le milieu du cinéma d'animation et du précinéma, il est notamment à l'origine de la rétrospective du Centenaire Émile Cohl, organisée sous l'impulsion de [[Xavier Kawa-Topor]] et du [[Forum des images|Forum des Images]] à la [[Cinémathèque française]] en 2008, avec le concours des [[Archives françaises du film]] et de la Cinémathèque Gaumont.
* Son petit-fils, Pierre Courtet-Cohl (1932-2008), a travaillé pour la diffusion et la reconnaissance de l'œuvre d'Émile Cohl en France et à l'étranger. Très actif dans le milieu du cinéma d'animation et du précinéma, il est notamment à l'origine de la rétrospective du Centenaire Émile Cohl, organisée sous l'impulsion de [[Xavier Kawa-Topor]] et du [[Forum des images]] à la [[Cinémathèque française]] en 2008, avec le concours des [[Archives françaises du film]] et de la Cinémathèque Gaumont.
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File:Émile Cohl - commemorative plaque.JPG|Plaque commémorative au [[crématorium-columbarium du Père-Lachaise]] à [[Paris]].
Fichier:Émile Cohl - commemorative plaque.JPG|Plaque commémorative au [[crématorium-columbarium du Père-Lachaise]] à [[Paris]].
File:Square Émile-Cohl, Paris 12.jpg|Plaque du [[square Émile-Cohl]] à [[Paris]].
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== Notes et références ==
== Notes et références ==
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* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Donald|nom1=Crafton|titre=Emile Cohl, Caricature, and Film|lieu=Princeton, N.J|éditeur=[[Princeton University Press]]|année=1990|mois=12|pages totales=432|isbn=0-691-05581-5|isbn2=978-0-691-05581-7}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Donald|nom1=Crafton|titre=Emile Cohl, Caricature, and Film|lieu=Princeton, N.J|éditeur=[[Princeton University Press]]|année=1990|mois=12|pages totales=432|isbn=0-691-05581-5|isbn2=978-0-691-05581-7}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=André|nom1=Martin|titre=André Martin. Écrits sur l'animation|tome=1|lieu=Paris|éditeur=Dreamland|année=2000|pages totales=271|isbn=2-910027-63-5|isbn2=978-2-910-02763-6}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=André|nom1=Martin|titre=André Martin. Écrits sur l'animation|tome=1|lieu=Paris|éditeur=Dreamland|année=2000|pages totales=271|isbn=2-910027-63-5|isbn2=978-2-910-02763-6}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pierre|nom1=Courtet-Cohl|prénom2=Bernard|nom2=Génin|préface=Isao Takahata|titre=Émile Cohl. L'inventeur du dessin animé|lieu=Sophia-Antipolis|éditeur=Omniscience|année=2008|mois=10|jour=1|numéro d'édition=1|pages totales=176|format livre=Broché, avec 2 dvd-rom|isbn=978-2-916097-16-9|présentation en ligne=http://www.omniscience.fr/collections/Hors-collection-4/emile-Cohl--Linventeur-du-dessin-anime-10.html}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pascal|nom1=Vimenet|directeur1=oui|titre=Émile Cohl|lieu=Montreuil/Annecy|éditeur=Éditions de l'Œil/Communauté de l'agglomération d'Annecy|année=2008|pages totales=264|isbn=978-2-35137-063-6}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pascal|nom1=Vimenet|directeur1=oui|titre=Émile Cohl|lieu=Montreuil/Annecy|éditeur=Éditions de l'Œil/Communauté de l'agglomération d'Annecy|année=2008|pages totales=264|isbn=978-2-35137-063-6}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Valérie|nom1=Vignaux|directeur1=oui|titre=Émile Cohl|lieu=Paris|éditeur=Association française de recherche sur l'histoire du cinéma|collection=1895|numéro dans collection=53|année=2007|pages totales=359|isbn=978-2-913758-53-7|lire en ligne=http://1895.revues.org/2163}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Valérie|nom1=Vignaux|directeur1=oui|titre=Émile Cohl|lieu=Paris|éditeur=Association française de recherche sur l'histoire du cinéma|collection=1895|numéro dans collection=53|année=2007|pages totales=359|isbn=978-2-913758-53-7|lire en ligne=http://1895.revues.org/2163}}.
* [[Xavier Kawa-Topor]], « Fantasmagorie d'Emile Cohl (1907) », in Xavier Kawa-Topor et Philippe Moins (dir.) ''Le Cinéma d'animation en 100 films'', Paris, Capricci, 2016, pp.10-15.
* [[Xavier Kawa-Topor]], « Fantasmagorie d'Emile Cohl (1907) », in Xavier Kawa-Topor et Philippe Moins (dir.) ''Le Cinéma d'animation en 100 films'', Paris, Capricci, 2016, pp.10-15.


=== Vidéothèque ===
=== Vidéographie ===
* ''Émile Cohl. L'agitateur aux mille images, 1908-1910'', Gaumont vidéo, Paris, 2009, 323 min (2 DVD).
* ''Émile Cohl. L'agitateur aux mille images, 1908-1910'', Gaumont vidéo, Paris, 2009, 323 min (2 DVD).
* ''Les Débuts de l'animation'', [[Lobster Films]], 2016, Les Pionniers de l'animation, coffret DVD.
* ''Les pionniers de l'animation'', [[Lobster Films]], 2016, Les Pionniers de l'animation, coffret DVD.


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
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=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* [http://heidicon.ub.uni-heidelberg.de/pool/ubfrcari/search/Emile%20Cohl « Émile Cohl »], illustrations dans la base iconographique HeidICON
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* [http://heidicon.ub.uni-heidelberg.de/pool/ubfrcari/search/Emile%20Cohl « Émile Cohl »], illustrations dans la base iconographique HeidICON.


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Dernière version du 23 octobre 2023 à 22:45

Émile Cohl
Description de cette image, également commentée ci-après
Émile Cohl vers 1910.
Nom de naissance Émile Courtet
Naissance
Paris (France)
Nationalité Drapeau de la France Français
Décès (à 81 ans)
Villejuif (France)
Profession caricaturiste
photographe
artiste peintre
réalisateur
animateur
Films notables Fantasmagorie
Génération spontanée

Émile Courtet, dit Émile Cohl, est un dessinateur, animateur et réalisateur français, né à Paris le et mort à Villejuif le .

Il est l’élève du caricaturiste André Gill.

Biographie[modifier | modifier le code]

Émile Cohl (à gauche) en visite chez André Gill à Charenton.

Émile Courtet est né à Paris, mais à sept ans, à la suite du décès de sa mère, son père le place dans une famille aux Lilas, en banlieue. À 15 ans, il devient apprenti chez un bijoutier, mais il s’intéresse déjà davantage au dessin et à la prestidigitation[1].

Touche-à-tout de génie, il est tour à tour illustrateur, photographe, auteur de vaudevilles et de pièces de théâtre, comédien, peintre, journaliste, magicien. Caricaturiste reconnu à la fin du XIXe siècle, élève d'André Gill, il flirte avec les mouvements qui influencent plus tard les surréalistes. Il fréquente les cabarets du Chat noir près de Pigalle et du Lapin Agile à Montmartre, et il est membre des groupes artistiques des Hydropathes d'Émile Goudeau, puis des Incohérents. Ses caricatures paraissent dans de très nombreux journaux (La Nouvelle Lune, Les Hommes d'aujourd'hui…). Du au , il dessine les unes de La Libre Parole illustrée (no 24 au no 53)[2], dont quelques-unes présentent un caractère antisémite. Il propose des jeux et des énigmes dans le supplément illustré Nos loisirs (1906).

Il fréquente de nombreux écrivains tels que Victor Hugo et Paul Verlaine. Il rencontre également des cinéastes comme Sacha Guitry et Georges Méliès.

Caricature de Jules Ferry par Émile Cohl (1887).
Dumanet enthousiasmé, dans La Nouvelle Lune, 30 juillet 1882).

Marié en 1881 avec Marie Louise Servat (1862-1891), il a une fille en 1883, qu'il prénomme Andrée, en hommage à André Gill : il organise une souscription pour soutenir son ami enfermé à l'asile de Charenton[3]. Cette même année, il travaille au journal Le Masque avec le photographe Charles Gallot qui l'initie vraisemblablement au maniement du collodion humide, un an avant qu'il n'ouvre son atelier de photographe portraitiste, rue Saint-Laurent à Paris[4].

À partir de 1886, son épouse entretient une liaison avec Henry Gauthier-Villars, dit Willy (qui sera plus tard le mari de Colette) ; les deux amants ont un fils ensemble. Cet épisode provoque le second duel à l'épée de la vie d'Émile Cohl, le , le premier duel l'ayant opposé[pourquoi ?] à Jules Jouy en 1880.

Sa seconde épouse, Suzanne, fille d'Hippolyte Camille Delpy, peintre de l'école de Barbizon, élève de Camille Corot et Charles-François Daubigny, lui donne un fils, prénommé André. Sa femme Suzanne meurt en 1930.

Émile termine sa vie dans une grande pauvreté. En avril 1937, alors qu'il est penché sur sa table de travail, sa barbe prend feu sur la flamme d'une bougie avec laquelle il s'éclairait. Placé en observation à l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière, son état de santé ne s'améliore pas durant les mois qui suivent. Il est transféré à l'hôpital Paul Brousse à Villejuif, où il mourra, le 20 janvier 1938, des suites d'une bronchopneumonie mal soignée[5]. Ses cendres reposent à Paris au columbarium du Père-Lachaise (case n°24023).

Un pionnier du dessin animé[modifier | modifier le code]

Pauvre Pierrot (1892), réalisé par Émile Reynaud, premier dessin animé français de l'histoire du cinéma.

En 1892, les pantomimes lumineuses d'Émile Reynaud, les premiers dessins animés de l'histoire du cinéma, sont projetées à Paris au musée Grévin à l’aide du Théâtre optique, un système de projection sur grand écran de dessins tracés et coloriés directement sur une pellicule de 70 mm constituée d'une suite de carrés de gélatine protégés de l'humidité par un recouvrement de gomme-laque[6], initiant alors la technique de l'animation sans caméra. Ces séances étaient présentées dans une salle où se rassemblait un public payant et furent les premières projections sur écran du cinéma, le sous-sol du musée Grévin devenant ainsi la première salle de cinéma de l'histoire. Le procédé fut abandonné par la suite car il ne permettait pas le tirage de copies[7].

Humorous Phases of Funny Faces (1906), réalisé par James Stuart Blackton.

En 1906, on découvre un procédé nouveau pour le cinéma, ce que l’on nomme le « tour de manivelle », un « procédé (qui) fut appelé en France « mouvement américain ». Il était encore inconnu en Europe[8] », car le tour de manivelle provient du studio Vitagraph Company qui l'utilise pour mettre des objets inanimés en mouvement. C'est un comédien américain, James Stuart Blackton, qui réalise alors le premier dessin animé sur support filmique de l'histoire du cinéma (ceux d'Émile Reynaud étant directement dessinés sur la pellicule, sans le truchement d'une prise de vues), Humorous Phases of Funny Faces (Phases amusantes de faces rigolotes), où l'on voit, tracé en blanc à la craie sur un fond noir, un jeune couple qui se fait les yeux doux, puis vieillit, enlaidit, le mari fume un gros cigare et asphyxie son épouse grimaçante qui disparaît dans un nuage de fumée, la main de l'animateur efface alors le tout. Le dessin animé filmé sur pellicule de cinéma argentique 35 mm, est né avec ce film[9].

Ayant compris le principe du procédé image par image de Blackton, Émile Cohl crée Fantasmagorie qui est projeté pour la première fois le au théâtre du Gymnase à Paris, pour la société Gaumont. De 1908 à 1923, Émile Cohl réalise 300 autres films, pour la plupart des films précurseurs en matière de cinéma d'animation puisqu'il manie avec autant de bonheur le dessin que les allumettes, le papier découpé ou encore les marionnettes, ou des objets divers comme des citrouilles. Ses films sont réalisés pour les compagnies cinématographiques françaises Lux, Gaumont, Pathé et Éclipse. Il travaille aussi pour les Laboratoires Éclair à Fort Lee aux États-Unis de 1912 à 1914, comme directeur d'animation.

La créativité, aussi bien technique qu'artistique, dont témoigne son œuvre subsistante — seuls 65 films d'Émile Cohl ont été retrouvés — le fait rejoindre les créateurs les plus inventifs et les plus importants des premiers temps du septième art.

Réalisations dans le cinéma d’animation[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

Postérité[modifier | modifier le code]

  • Son nom a été donné à une distinction qui récompense chaque année un film d'animation : le prix Émile-Cohl.
  • Un square du 12e arrondissement de Paris porte son nom depuis 1959 ; Paul Pavaux, rédacteur en chef du journal Ciné France, pétitionne en ce sens le conseil municipal de Paris le [10].
  • À Lyon, une école de dessin, l'École Émile-Cohl, a été créée en 1984.
  • Son petit-fils, Pierre Courtet-Cohl (1932-2008), a travaillé pour la diffusion et la reconnaissance de l'œuvre d'Émile Cohl en France et à l'étranger. Très actif dans le milieu du cinéma d'animation et du précinéma, il est notamment à l'origine de la rétrospective du Centenaire Émile Cohl, organisée sous l'impulsion de Xavier Kawa-Topor et du Forum des images à la Cinémathèque française en 2008, avec le concours des Archives françaises du film et de la Cinémathèque Gaumont.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Sa biographie dans 1895.revues.org.
  2. catalogue de La Libre Parole illustrée.
  3. Revue de l’Association française de recherche sur l’histoire du cinéma.
  4. Clément Chéroux, La photographie n'est pas un fromage, 1895, p. 98-108 (10.4000/1895.2353 en ligne).
  5. Pierre Courtet-Cohl et Bernard Génin, Émile Cohl : L'inventeur du dessin animé, Montreuil, Omniscience, , 176 p. (ISBN 978-2-916097-16-9), p. 127.
  6. Laurent Mannoni et Donata Pensenti Campagnoni, Lanterne magique et film peint : 400 ans de cinéma, Paris, La Martinière, , 334 p. (ISBN 978-2-7324-3993-8), p. 253.
  7. Marie-France Briselance et Jean-Claude Morin, Grammaire du cinéma, Paris, Nouveau Monde, coll. « Cinéma », , 588 p. (ISBN 978-2-84736-458-3), p. 23.
  8. Georges Sadoul, Histoire du cinéma mondial, des origines à nos jours, Paris, Flammarion, , 719 p., p. 407-408.
  9. Ce film est en ligne sur Youtube.
  10. Paul Pavaux, « Un hommage pour Georges Méliès et Emile Cohl », Ciné France, no 30,‎ (lire en ligne, consulté le ) « […] je suggère même que le Conseil municipal débaptise le square des “arts-et-métiers”, pour lui donner à l'avenir, la dénomination de « Square Georges-Méliès-Emile-Cohl » […] ».

Annexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Donald Crafton, Emile Cohl, Caricature, and Film, Princeton, N.J, Princeton University Press, , 432 p. (ISBN 0-691-05581-5 et 978-0-691-05581-7).
  • André Martin, André Martin. Écrits sur l'animation, t. 1, Paris, Dreamland, , 271 p. (ISBN 2-910027-63-5 et 978-2-910-02763-6).
  • Pascal Vimenet (dir.), Émile Cohl, Montreuil/Annecy, Éditions de l'Œil/Communauté de l'agglomération d'Annecy, , 264 p. (ISBN 978-2-35137-063-6).
  • Valérie Vignaux (dir.), Émile Cohl, Paris, Association française de recherche sur l'histoire du cinéma, coll. « 1895 » (no 53), , 359 p. (ISBN 978-2-913758-53-7, lire en ligne).
  • Xavier Kawa-Topor, « Fantasmagorie d'Emile Cohl (1907) », in Xavier Kawa-Topor et Philippe Moins (dir.) Le Cinéma d'animation en 100 films, Paris, Capricci, 2016, pp.10-15.

Vidéographie[modifier | modifier le code]

  • Émile Cohl. L'agitateur aux mille images, 1908-1910, Gaumont vidéo, Paris, 2009, 323 min (2 DVD).
  • Les pionniers de l'animation, Lobster Films, 2016, Les Pionniers de l'animation, coffret DVD.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]