« Kuzunoha » : différence entre les versions

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[[Image:Kuniyoshi Kuzunoha.jpg|right|thumb|Le ''kitsune'' Kuzunoha par [[Utagawa Kuniyoshi|Kuniyoshi]]. Noté l'ombre d'un renard projeter sur le paravent .]]
[[Fichier:Kuniyoshi Kuzunoha.jpg|vignette|Le ''kitsune'' Kuzunoha par [[Utagawa Kuniyoshi|Kuniyoshi]]. Noter l'ombre d'un renard projetée sur le paravent .]]
{{japonais|'''Kuzunoha'''|葛の葉||s’écrit aussi '''Kuzu-no-Ha''' et signifie « feuille de [[kudzu]] »), est le nom d’un populaire [[kitsune]] dans le [[folklore japonais]]. La légende affirme qu’elle est la mère d'[[Abe no Seimei]], le célèbre ''[[Onmyōdō|onmyōji]]''.
'''Kuzunoha''' 葛の葉, qui s’écrit aussi '''Kuzu-no-Ha''', signifie « feuille de [[Pueraria montana|kudzu]] » et est le nom d’une renarde [[kitsune]], animal populaire dans le [[folklore japonais]]. La légende affirme qu’elle est la mère d'[[Abe no Seimei]], le célèbre ''[[Onmyōdō|onmyōji]]''.

''Kuzunoha-Kitsuné'', également intitulée ''Shinoda-Zuma'' (信太妻 ou 信田妻), est une pièce de [[Jōruri|Jôruri]] ancien narrant les aventures de Kuzunoha. Cette pièce fut elle-même adaptée au [[Kabuki]], sous le titre de Kuzunoha 


== Légende ==
== Légende ==
[[Fichier:Yoshitoshi-Kuzunoha.jpg|vignette|gauche|upright=0.9|Kuzunoha quittant son enfant par [[Yoshitoshi]].]]
Nous sommes sous le règne de l'empereur [[Murakami (empereur)|Murakami]] (926-(947)-967), Ishikawa Zaemon de la province de Kawachi-no-kuni près de l'actuelle [[Osaka]], entend faire chasser le renard dans la forêt de [[Shinoda]] dans la province voisine de [[Izumi]] afin d'extraire le foie de l'animal et soigner son épouse souffrante. Ce remède lui a été indiqué par son frère aîné Ashiya Dôman.
Le jeune noble Abe no Yasuna, en route pour visiter un lieu saint au {{japonais|village de Shinoda|信太村|Shinoda-mura}}, dans la [[province de Settsu]], rencontre un jeune commissaire militaire chassant des renards pour obtenir leurs foies afin de les utiliser comme remèdes. Yasuna, pris de pitié pour l'animal, combat le chasseur, recevant plusieurs blessures, et réussit à libérer le renard blanc pris au piège. Par la suite, une belle femme nommée Kuzunoha arrive et l'aide à retourner chez lui.


En réalité, cette femme est le renard qu'il a sauvé ayant adopté une forme humaine pour pouvoir soigner ses blessures. Elle lui rend souvent visite durant sa convalescence, ils tombent amoureux et se marient. Plus tard, ils ont un fils, Seimei (dont le nom à l’enfance est Dôji), qui se montre prodigieusement intelligent. Kuzunoha se rend compte que son fils a hérité d’une partie de sa nature surnaturelle.
[[Fichier:Yoshitoshi-Kuzunoha.jpg|thumb|left|upright=0.9|Kuzunoha quittant son enfant par [[Yoshitoshi]].]]
Le jeune noble Abe no Yasuna, en route pour visiter un lieu saint au {{japonais|village de Shinoda|信太村|Shinoda-mura}}, dans la [[province de Settsu]], rencontra un jeune commissaire militaire qui chassait des renards pour obtenir leurs foies afin de les utiliser comme remèdes. Yasuna combattit le chasseur, recevant plusieurs blessures, et réussit à libérer le renard blanc pris au piège. Par la suite, une belle femme nommée Kuzunoha arriva et l'aida à retourner chez lui.


Plusieurs années plus tard, tandis que Kuzunoha observe quelques [[Chrysanthème|chrysanthèmes]], enchantée par la vision de ces fleurs, elle oublie de garder son apparence humaine et son fils aperçoit le bout de sa queue. Découverte, elle doit quitter les siens, et elle se prépare à retourner à la vie sauvage. Elle laisse derrière elle un poème d’adieu, demandant à son mari Yasuna de venir la voir dans la forêt de Shinoda.
En réalité, cette femme était le renard qu'il avait sauvé ayant adopté une forme humaine pour pouvoir soigner ses blessures. Il tomba amoureux d'elle et ils se marièrent. Plus tard, elle porta son enfant, Seimei (dont le nom à l’enfance était Doji), qui se démontra prodigieusement intelligent. Kuzunoha se rendit compte que son fils avait hérité d’une partie de sa nature surnaturelle.


Yasuna et son fils fouillent les bois, elle leur apparait enfin sous sa forme de renard. Elle révèle qu'elle est le [[Kami (divinité)|kami]], ou l'esprit divin, du lieu saint de Shinoda ; elle donne à son fils Seimei un cadeau qui lui permet de comprendre le langage des animaux.
Plusieurs années plus tard, tandis que Kuzunoha observait quelques [[Chrysanthème|chrysanthèmes]], son fils aperçut le bout de sa queue. Sa vraie nature révélée, Kuzunoha se prépara à partir pour retourner à sa vie dans la nature. Elle laissa derrière elle un poème d’adieu, demandant à son mari Yasuna de venir la voir dans la forêt Shinoda.
Puis, ils se séparent. Quelques années plus tard, Dôji, qui a pris le nom de Seimei, étudie la cosmologie Tenmon-dô et, grâce au pouvoir des trésors reçus de sa mère, il parvient à guérir l'empereur malade.

Dôji deviendra célèbre par la suite sous le nom de Abe no Seimei, grand maître de Onmyô-dô, cosmologie ésotérique japonaise. Toutefois, victime d'une médisance ourdie par Ashiya Dôman, il est poussé à un tournoi de prédications, mais il le remporte. Il fait revenir à la vie son père tué par Dôman. Ayant entamé un procès auprès des autorités impériales, Dôman est condamné à avoir la tête tranchée. Seimei devient un grand maître de cosmologie Tenmon-dô.
Yasuna et son fils fouillèrent Shinoda pour trouver Kuzunoha ; finalement, elle leur apparut sous sa forme de renard. Elle révéla qu'elle est le [[kami]], ou l'esprit divin, du lieu saint de Shinoda ; elle donna à son fils Seimei un cadeau, lui permettant de comprendre le langage des bêtes.


== Pièces de théâtre ==
== Pièces de théâtre ==
Kuzunoha figure dans les répertoires des théâtres de [[Ningyo Johruri Bunraku|ningyô]]-[[Jōruri|jôruri]], [[kabuki]] et de [[bunraku]].
*La pièce de [[Sekkyo]]-bushi « Shinoda-zuma » (信太妻・信田妻)
*Le chant [[jiuta]] intitulé « Konkai » (狐回)daté des environs 1690. On dit qu'il s'agit d'un chant joué qui a été écrit pour un morceau de travestissement.
*La pièce de Jôruri écrite par Kinokaion « Shinoda-mori » (「信田森女占」) en 1703
*La pièce de Jôruri écrite par [[Takeda Izumo I.|Takeda Izumo]] « Ashiya Dôman Oouchi Kagami » (蘆屋道満大内鑑 ) en 1734.
*La pièce de Kabuki « Ashiya Dôman Oouchi Kagami » (蘆屋道満大内鑑 ) en 1735, adaptation en cinq tableaux de la pièce de Jôruri du même titre. Le quatrième tableau intitulé « Kuzunoha » ou « Le renard de Shinoda » est souvent joué indépendamment. Contrairement aux autres pièces, Kuzunoha est forcée de partir, non pas parce que Seimei a entrevu sa queue, mais parce que la véritable princesse apparaît inopinément.


== Œuvres autour du thème de « Kuzu-no-ha » ==
Kuzunoha figure dans des pièces de [[kabuki]] et de [[bunraku]] tirées de sa légende, parmi lesquelles {japonais|''Le Miroir d’Ashiya Dōman et Ōuchi''|蘆屋道満大内鑑|Ashiya Dōman Ōuchi Kagami}} en cinq parties. La quatrième partie, ''Kuzunoha'' ou ''Le Renard de Shinoda'' - fréquemment exécuté indépendamment des autres scènes - est centrée sur l’histoire de Kuzunoha, ajoutant des variations mineures. Par exemple, Kuzunoha, imitant une princesse, est forcé de partir, non pas parce que Seimei a entrevu sa queue, mais parce que la véritable princesse apparaît inopinément.
*Gyokuzan Hōhashi écrit « Ayakashi no Monogatari » (阿也可之譚) en 1806.
*[[Kyokutei Bakin]] écrit « Katakiuchi Urami Kuzunoha » (敵討裏見葛葉 ) en 1807
*Le chant de [[Goze]], chanteuses aveugles itinérantes « Kuzunoha kowakare » 「葛の葉子別れ」
*Le film intitulé «Koi ya koi nasuna koi » 「恋や恋なすな恋」(The Mad Fox) de [[Tomu Uchida]] en 1962.
*[[Sakyō Komatsu|Sakyo Komatsu]] écrit « Onna-kitsune » 「女狐」en 1967
*[[Seishi Yokomizo]] écrit « Kurumaido-ha naze kishiru » (『車井戸はなぜ軋る』 ) en 1973
*[[Osamu Tezuka]] dessine « Akuemon » 「悪右衛門」 en 1973
*[[Tsujii Takashi]] écrit « Kitsune no Yomeiri » 「狐の嫁入り」en 1976
*Mari Fujiwara écrit « Himesama-ni negai-o » (『姫神さまに願いを』 ) en 1998-2006
*[[Sakyō Komatsu|Sakyo Komatsu]] et Kiriya Takahashi écrivent « Abe Seimei Tenjin Sôkan no Maki » 『安倍晴明 天人相関の巻』 en 2002
*Katsumi Nishino écrit « Kanokon » en 2005
*Dans les pièces de [[Rakugo]] « Tenjin-yama » 「天神山」 ou « Kuzunoha » des esprits renards ayant pris une apparence féminine se rendent chez les hommes qui les ont libérés. Les vers de Kuzunoha sont pastichés, « Si tu m'aimes, viens donc à moi/me voici dans les grands bois/ du Mont Méridional de Tenjin-yama ».


== Ouvrages critiques du mythe ==
== Izumi ==
{{Ouvrage
| langue=ja
| auteur1=[[Shinobu Orikuchi]]
| titre=Shinoda-zuma no hanashi » 「信田妻の話」
| lieu=Tokyo
| éditeur=Chûô kôron-sha、中央公論社
| collection=In Œuvres complètes volume 2、『折口信夫全集』第二巻
| année=1965
}}


{{Ouvrage
À [[Izumi]], se trouve un lieu saint Kuzunoha Inari dont on dit qu’il a été construit à l'endroit d’où Kuzunoha est parti, laissant son poème d’adieu sur un paravent de soie.
| langue=ja
| auteur1=Takagi Gen
| titre=Edo yomihon no Kenkyû Jûkyû seiki shôsetu-yôshiki 『江戸読本の研究-十九世紀小説様式攷-』
| lieu=Tokyo
| éditeur=Pelikan-sha
| année=1995
| isbn=
}}

{{Ouvrage
| langue=ja
| titre=Echigo no Goze-san » 越後の瞽女 さん
| lieu=Tokyo
| éditeur=Tomoe no oheya ,
| collection=« Hôgaku news » Vol.190
| année=2002
| isbn=
}}

{{Ouvrage
| langue=ja
| titre=Sekkyô to sono shiyô (説経とその枝葉)
| lieu=Tokyo
| éditeur=Nihon Densetsu Ingaku wo Mamoru Kai
| collection=« Hôgaku news » Vol.190
| année=2001
| isbn=
}}

{{Ouvrage
| langue=ja
| auteur1=Mizukami Tsutomu  水上勉
| titre=Sekkyô-bushi wo yomu 説経節を読む
| lieu=Tokyo
| éditeur=Iwanami-shoten 岩波書店
| collection=Iwanami gendai bunko - bungei 121
| année=2007
| numéro d'édition=1
| pages totales=308
| passage=p.197-238
| isbn=978-4-00-602121-4
}}

== Izumi ==
À [[Izumi (Osaka)|Izumi]], ville de la [[préfecture d'Osaka]], se trouve un lieu saint Kuzunoha Inari dont on dit qu’il a été construit à l'endroit d’où Kuzunoha est partie, laissant son poème d’adieu sur un paravent de soie.


Le poème lui-même est devenu célèbre :
Le poème lui-même est devenu célèbre :
{{Vers|<poem>恋しくば ''Koishiku ba''
{{vers|texte=恋しくば ''Koishiku ba''
尋ね来て見よ ''tazunekite miyo''
尋ね来て見よ ''tazunekite miyo''
和泉なる ''izumi naru''
和泉なる ''izumi naru''
信太の森の ''shinoda no mori no''
信太の森の ''shinoda no mori no''
うらみ葛の葉 ''urami kuzunoha''</poem>}}
うらみ葛の葉 ''urami kuzunoha''}}
Le folkloriste Kiyoshi Nozaki offre la traduction suivante en anglais :
Le folkloriste Kiyoshi Nozaki offre la traduction suivante en anglais :
{{Vers|<poem>If you love me, darling, come and see me.
{{vers|texte=If you love me, darling, come and see me.
You will find me yonder in the great wood
You will find me yonder in the great wood
Of Shinoda of Izumi Province where the leaves
Of Shinoda of Izumi Province where the leaves
Of arrowroots always rustle in pensive mood.</poem>}}
Of arrowroots always rustle in pensive mood.}}
Ce qui peut se traduire en français :
Ce qui peut se traduire en français :
{{Vers|<poem>Si vous m'aimez, chéri, venez me voir.
{{vers|texte=Si vous m'aimez, chéri, venez me voir.
Vous me trouverez là-bas dans le grand bois
Vous me trouverez là-bas dans le grand bois
De Shinoda de la province d'Izumi où les feuilles
De Shinoda de la province d'Izumi où les feuilles
De kudzu bruissent toujours d’humeur songeuse.</poem>}}
De kudzu bruissent toujours d’humeur songeuse.}}


Un étang dans le secteur a été désigné comme un site historique de la ville de Izumi en souvenir de la légende.
Un étang dans le secteur a été désigné comme un site historique de la ville de Izumi en souvenir de la légende.


== Source ==
== Bibliographie ==
*Goff, Janet E. ''Conjuring Kuzunoha from the World of Abe no Seimei''. ''A Kabuki Reader: History and Performance'', ed. Samuel L. Leiter. New York: M. E. Sharpe, 2001. ({{ISBN|0-7656-0704-2}})
* {{Ouvrage|langue=de|prénom1=Klaus|nom1=Mailahn|titre=Der Fuchs in Glaube und Mythos|lieu=Berlin|éditeur=Lit|année=2006|pages totales=448|isbn=3-8258-9483-5}}.
* Jacob Raz: ''Kuzunoha, the devoted fox-wife. A storyteller's version''. In: ''Journal of Asian Studies.'' Madras, Jg. 2, {{numéro|1}}, 1984, {{ISSN|0970-2806}} {{p.|63-93}}.
* Ylva Monschein : ''Der Zauber der Fuchsfee. Entstehung und Wandel eines "Femme-fatale"-Motivs in der chinesischen Literatur.'' Univ. Heidelberg, Diss., 1987 (Ffm. 1988), {{ISBN|3-89228-204-8}}.
* {{Ouvrage|langue=de|prénom1=Klaus|nom1=Mailahn|titre=Der Fuchs in Glaube und Mythos|lieu=Berlin|éditeur=Lit|année=2006|pages totales=448|isbn=3-8258-9483-5}}.

== Notes et références ==
{{Autres projets|commons=Category:Kuzunoha}}
{{Traduction/Référence|en|Kuzunoha|237195140}}
{{Traduction/Référence|en|Kuzunoha|237195140}}


{{Mythologie et folklore japonais}}
{{Palette|Mythologie et folklore japonais}}
{{Portail|créatures légendaires|Osaka}}

{{Portail|Japon|créatures légendaires}}


[[Catégorie:Créature de la mythologie japonaise]]
[[Catégorie:Créature de la mythologie japonaise]]
[[Catégorie:Yōkai]]

[[Catégorie:Renard dans la culture]]
[[de:Kuzunoha]]
[[en:Kuzunoha]]
[[id:Kuzunoha]]
[[ja:葛の葉]]
[[zh:葛葉]]

Dernière version du 18 octobre 2023 à 20:12

Le kitsune Kuzunoha par Kuniyoshi. Noter l'ombre d'un renard projetée sur le paravent .

Kuzunoha 葛の葉, qui s’écrit aussi Kuzu-no-Ha, signifie « feuille de kudzu » et est le nom d’une renarde kitsune, animal populaire dans le folklore japonais. La légende affirme qu’elle est la mère d'Abe no Seimei, le célèbre onmyōji.

Kuzunoha-Kitsuné, également intitulée Shinoda-Zuma (信太妻 ou 信田妻), est une pièce de Jôruri ancien narrant les aventures de Kuzunoha. Cette pièce fut elle-même adaptée au Kabuki, sous le titre de Kuzunoha 

Légende[modifier | modifier le code]

Kuzunoha quittant son enfant par Yoshitoshi.

Nous sommes sous le règne de l'empereur Murakami (926-(947)-967), Ishikawa Zaemon de la province de Kawachi-no-kuni près de l'actuelle Osaka, entend faire chasser le renard dans la forêt de Shinoda dans la province voisine de Izumi afin d'extraire le foie de l'animal et soigner son épouse souffrante. Ce remède lui a été indiqué par son frère aîné Ashiya Dôman. Le jeune noble Abe no Yasuna, en route pour visiter un lieu saint au village de Shinoda (信太村, Shinoda-mura?), dans la province de Settsu, rencontre un jeune commissaire militaire chassant des renards pour obtenir leurs foies afin de les utiliser comme remèdes. Yasuna, pris de pitié pour l'animal, combat le chasseur, recevant plusieurs blessures, et réussit à libérer le renard blanc pris au piège. Par la suite, une belle femme nommée Kuzunoha arrive et l'aide à retourner chez lui.

En réalité, cette femme est le renard qu'il a sauvé ayant adopté une forme humaine pour pouvoir soigner ses blessures. Elle lui rend souvent visite durant sa convalescence, ils tombent amoureux et se marient. Plus tard, ils ont un fils, Seimei (dont le nom à l’enfance est Dôji), qui se montre prodigieusement intelligent. Kuzunoha se rend compte que son fils a hérité d’une partie de sa nature surnaturelle.

Plusieurs années plus tard, tandis que Kuzunoha observe quelques chrysanthèmes, enchantée par la vision de ces fleurs, elle oublie de garder son apparence humaine et son fils aperçoit le bout de sa queue. Découverte, elle doit quitter les siens, et elle se prépare à retourner à la vie sauvage. Elle laisse derrière elle un poème d’adieu, demandant à son mari Yasuna de venir la voir dans la forêt de Shinoda.

Yasuna et son fils fouillent les bois, elle leur apparait enfin sous sa forme de renard. Elle révèle qu'elle est le kami, ou l'esprit divin, du lieu saint de Shinoda ; elle donne à son fils Seimei un cadeau qui lui permet de comprendre le langage des animaux. Puis, ils se séparent. Quelques années plus tard, Dôji, qui a pris le nom de Seimei, étudie la cosmologie Tenmon-dô et, grâce au pouvoir des trésors reçus de sa mère, il parvient à guérir l'empereur malade. Dôji deviendra célèbre par la suite sous le nom de Abe no Seimei, grand maître de Onmyô-dô, cosmologie ésotérique japonaise. Toutefois, victime d'une médisance ourdie par Ashiya Dôman, il est poussé à un tournoi de prédications, mais il le remporte. Il fait revenir à la vie son père tué par Dôman. Ayant entamé un procès auprès des autorités impériales, Dôman est condamné à avoir la tête tranchée. Seimei devient un grand maître de cosmologie Tenmon-dô.

Pièces de théâtre[modifier | modifier le code]

Kuzunoha figure dans les répertoires des théâtres de ningyô-jôruri, kabuki et de bunraku.

  • La pièce de Sekkyo-bushi « Shinoda-zuma » (信太妻・信田妻)
  • Le chant jiuta intitulé «  Konkai » (狐回)daté des environs 1690. On dit qu'il s'agit d'un chant joué qui a été écrit pour un morceau de travestissement.
  • La pièce de Jôruri écrite par Kinokaion « Shinoda-mori » (「信田森女占」) en 1703
  • La pièce de Jôruri écrite par Takeda Izumo « Ashiya Dôman Oouchi Kagami » (蘆屋道満大内鑑 ) en 1734.
  • La pièce de Kabuki « Ashiya Dôman Oouchi Kagami » (蘆屋道満大内鑑 ) en 1735, adaptation en cinq tableaux de la pièce de Jôruri du même titre. Le quatrième tableau intitulé « Kuzunoha » ou « Le renard de Shinoda » est souvent joué indépendamment. Contrairement aux autres pièces, Kuzunoha est forcée de partir, non pas parce que Seimei a entrevu sa queue, mais parce que la véritable princesse apparaît inopinément.

Œuvres autour du thème de « Kuzu-no-ha »[modifier | modifier le code]

  • Gyokuzan Hōhashi écrit « Ayakashi no Monogatari » (阿也可之譚) en 1806.
  • Kyokutei Bakin écrit « Katakiuchi Urami Kuzunoha » (敵討裏見葛葉 ) en 1807
  • Le chant de Goze, chanteuses aveugles itinérantes « Kuzunoha kowakare » 「葛の葉子別れ」
  • Le film intitulé «Koi ya koi nasuna koi » 「恋や恋なすな恋」(The Mad Fox) de Tomu Uchida en 1962.
  • Sakyo Komatsu écrit « Onna-kitsune » 「女狐」en 1967
  • Seishi Yokomizo écrit « Kurumaido-ha naze kishiru » (『車井戸はなぜ軋る』 ) en 1973
  • Osamu Tezuka dessine « Akuemon » 「悪右衛門」 en 1973
  • Tsujii Takashi écrit « Kitsune no Yomeiri » 「狐の嫁入り」en 1976
  • Mari Fujiwara écrit « Himesama-ni negai-o » (『姫神さまに願いを』 ) en 1998-2006
  • Sakyo Komatsu et Kiriya Takahashi écrivent « Abe Seimei Tenjin Sôkan no Maki » 『安倍晴明 天人相関の巻』 en 2002
  • Katsumi Nishino écrit « Kanokon » en 2005
  • Dans les pièces de Rakugo « Tenjin-yama » 「天神山」 ou « Kuzunoha » des esprits renards ayant pris une apparence féminine se rendent chez les hommes qui les ont libérés. Les vers de Kuzunoha sont pastichés, «  Si tu m'aimes, viens donc à moi/me voici dans les grands bois/ du Mont Méridional de Tenjin-yama ».

Ouvrages critiques du mythe[modifier | modifier le code]

(ja) Shinobu Orikuchi, Shinoda-zuma no hanashi » 「信田妻の話」, Tokyo, Chûô kôron-sha、中央公論社, coll. « In Œuvres complètes volume 2、『折口信夫全集』第二巻 »,‎

(ja) Takagi Gen, Edo yomihon no Kenkyû Jûkyû seiki shôsetu-yôshiki 『江戸読本の研究-十九世紀小説様式攷-』, Tokyo, Pelikan-sha,‎

(ja) Echigo no Goze-san » 越後の瞽女 さん, Tokyo, Tomoe no oheya ,, coll. « « Hôgaku news » Vol.190 »,‎

(ja) Sekkyô to sono shiyô (説経とその枝葉), Tokyo, Nihon Densetsu Ingaku wo Mamoru Kai, coll. « « Hôgaku news » Vol.190 »,‎

(ja) Mizukami Tsutomu  水上勉, Sekkyô-bushi wo yomu 説経節を読む, Tokyo, Iwanami-shoten 岩波書店, coll. « Iwanami gendai bunko - bungei 121 »,‎ , 1re éd., 308 p. (ISBN 978-4-00-602121-4), p.197-238

Izumi[modifier | modifier le code]

À Izumi, ville de la préfecture d'Osaka, se trouve un lieu saint Kuzunoha Inari dont on dit qu’il a été construit à l'endroit d’où Kuzunoha est partie, laissant son poème d’adieu sur un paravent de soie.

Le poème lui-même est devenu célèbre :

恋しくば Koishiku ba
尋ね来て見よ tazunekite miyo
和泉なる izumi naru
信太の森の shinoda no mori no
うらみ葛の葉 urami kuzunoha

Le folkloriste Kiyoshi Nozaki offre la traduction suivante en anglais :

If you love me, darling, come and see me.
You will find me yonder in the great wood
Of Shinoda of Izumi Province where the leaves
Of arrowroots always rustle in pensive mood.

Ce qui peut se traduire en français :

Si vous m'aimez, chéri, venez me voir.
Vous me trouverez là-bas dans le grand bois
De Shinoda de la province d'Izumi où les feuilles
De kudzu bruissent toujours d’humeur songeuse.

Un étang dans le secteur a été désigné comme un site historique de la ville de Izumi en souvenir de la légende.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Goff, Janet E. Conjuring Kuzunoha from the World of Abe no Seimei. A Kabuki Reader: History and Performance, ed. Samuel L. Leiter. New York: M. E. Sharpe, 2001. ( (ISBN 0-7656-0704-2))
  • (de) Klaus Mailahn, Der Fuchs in Glaube und Mythos, Berlin, Lit, , 448 p. (ISBN 3-8258-9483-5).
  • Jacob Raz: Kuzunoha, the devoted fox-wife. A storyteller's version. In: Journal of Asian Studies. Madras, Jg. 2, no 1, 1984, (ISSN 0970-2806) p. 63-93.
  • Ylva Monschein : Der Zauber der Fuchsfee. Entstehung und Wandel eines "Femme-fatale"-Motivs in der chinesischen Literatur. Univ. Heidelberg, Diss., 1987 (Ffm. 1988), (ISBN 3-89228-204-8).
  • (de) Klaus Mailahn, Der Fuchs in Glaube und Mythos, Berlin, Lit, , 448 p. (ISBN 3-8258-9483-5).

Notes et références[modifier | modifier le code]

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