« Harappa » : différence entre les versions

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'''Harappa''' ([[Ourdou|Urdu]]: ہڑپہ, [[Hindi]]: हड़प्पा) est un [[site archéologique]] situé dans la province du [[Pendjab (Pakistan)|Pendjab]], au [[Pakistan]], à environ {{unité|20|km}} à l'ouest de [[Sahiwal (ville)|Sahiwal]].


Le site doit son nom à la ville située à {{unité|5|km}}. Installée à proximité de l'ancien cours de la [[Ravi (rivière)|rivière Ravi]] et station de chemin de fer sur la ligne héritée de la période du [[Raj britannique]], la ville actuelle a une population de {{formatnum:15000}} habitants.
'''Harappa''' ([[ourdou]] : {{lang|ur|ہڑپہ}}, [[hindi]] : हड़प्पा) est un [[site archéologique]] situé dans la province du [[Pendjab (Pakistan)|Pendjab]], au [[Pakistan]], à environ {{unité|20|km}} à l'ouest de [[Sahiwal (ville)|Sahiwal]]. Le site doit son nom à la ville du même nom située à {{unité|5|km}}. Implantée à proximité de l'ancien cours de la [[Ravi (rivière)|rivière Ravi]], station de chemin de fer sur la ligne héritée de la période du [[Raj britannique]], la ville actuelle a une population de {{nb|15000 habitants}}.


Le site couvre les ruines d'une ville [[Fortification|fortifiée]] de l'[[âge du bronze]] importante<ref>''The A to Z of Hinduism'', par B.M. Sullivan publié par Vision Books, page 90, {{ISBN|8170945216}}</ref>, faisant partie de la {{Lien|fr=culture des cimetières H |lang=en|trad=Cemetery H culture}} de la [[civilisation de la vallée de l'Indus]]<ref>Arthur Llewellyn Basham, 1968. [http://www.jstor.org/view/0030851x/dm991959/99p1005f/0 Review] of ''A Short History of Pakistan'' par Ahmad Hasan Dani, [[Karachi]]: [[Université de Karachi ]]. 1967 ''Pacific Affairs'' 41(4) : 641–643.</ref>.
Le site archéologique est constitué des ruines d'une importante ville [[Fortification|fortifiée]] de l'[[Âge du bronze]]<ref>B.M. Syllivan, ''The A to Z of Hinduism'', Vision Books, page 90 {{ISBN|8170945216}}</ref>, couvrant deux périodes successives : la [[civilisation de la vallée de l'Indus]] (2600 à {{date-|-1900}}) et la {{Lien|fr=culture du cimetière H|langue=en|trad=Cemetery H culture}} (1900 à {{date-|-1300}})<ref>Arthur Llewellyn Basham, [https://www.jstor.org/view/0030851x/dm991959/99p1005f/0 Review] of ''A Short History of Pakistan'', par Ahmad Hasan Dani, [[Karachi]], [[Université de Karachi]], 1967, ''Pacific Affairs'' vol. 41 {{numéro|4}}, 1968, p. 641–643</ref>. La cité aurait compté à son apogée jusqu'à {{nb|40000 habitants}}<ref name="Maisels">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Charles Maisels |titre=Early Civilizations of the Old World : The Formative Histories of Egypt, The Levant, Mesopotamia, India and China |éditeur=[[Routledge]] |année=2001 |pages totales=479 |isbn=978-0-415-10976-5 |présentation en ligne={{Google Livres|i7_hcCxJd9AC|page=181|surligne=}}}}.</ref> et aurait alors occupé une surface d'environ {{unité|150|ha}}, ce qui en aurait fait une des plus grandes villes de l'époque<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Brian|nom1=Fagan|titre=People of the earth|sous-titre=an introduction to world prehistory|éditeur=[[Pearson (maison d'édition)|Pearson]]|année=2003|pages totales=597|passage=414|isbn=978-0-13-111316-9}}.</ref>{{,}}<ref name=unesco>{{lien web|titre=Archeological Site of Harappa|url=http://whc.unesco.org/en/tentativelists/1878/|série=World Heritage Centre|périodique=[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|UNESCO]]|consulté le=19 février 2013}}.</ref>.


Par convention archéologique qui consiste à donner à une civilisation inconnue le nom du premier site de fouilles où elle a été mise en évidence, la civilisation de la vallée de l'Indus est aussi appelée civilisation harappéenne.
La cité aurait compté jusqu'à {{unité|40000|habitants}}<ref name="Maisels">{{Ouvrage |auteur=Charles Maisels|titre=Early Civilizations of the Old World : The Formative Histories of Egypt, The Levant, Mesopotamia, India and China|éditeur= Routledge|lieu= |année=2001|isbn =9780415109765|présentation en ligne={{Google Livres|i7_hcCxJd9AC|page=181|surligne=}}}}</ref> et occupé une surface de {{unité|100|ha}} à son apogée (vers 2600–1900 {{av JC}}), ce qui en aurait fait une des plus grandes de l'époque<ref>{{ouvrage|langue=en|nom=Fagan|prénom=Brian|titre=People of the earth: an introduction to world prehistory|année=2003|éditeur=Pearson|isbn=978-0-13-111316-9|page=414}}</ref>{{,}}<ref name=unesco>{{lien web|titre=Archeological Site of Harappa|url=http://whc.unesco.org/en/tentativelists/1878/|série=World Heritage Centre|périodique=[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|UNESCO]]|consulté le=19 février 2013}}</ref>.


== Contexte ==
Par convention archéologique qui consiste à donner à une civilisation inconnue le nom du premier site de fouilles, la civilisation de la vallée de l'Indus est aussi appelée civilisation harappéenne.
[[Fichier:CiviltàValleIndoMappa.png|vignette|[[Civilisation de la vallée de l'Indus]].]]


La [[civilisation de la vallée de l'Indus]] est connue par de nombreux sites archéologiques qui s'échelonnent le long de la vallée de l'[[Indus]] et sur la côte indo-pakistananise, jusqu'au [[Gujarat]] indien. Ses deux villes les plus importantes, [[Mohenjo-daro]] et Harappa, ont émergé vers {{date-|-2600}}, le long de la vallée de l'Indus, au [[Pendjab]] et au [[Sind]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|co-auteurs=Linda Black Ops, Larry S. Krieger, Phillip C. Naylor, Dahia Ibo Shabaka,|prénom1=Roger B.|nom1=Beck|titre=World History|sous-titre=Patterns of Interaction|lieu=Evanston, IL|éditeur=McDougal Littell|année=1999|isbn=0-395-87274-X}}.</ref>. Cette civilisation disposait d'un [[système d'écriture]], quoique fragmentaire et non déchiffré à ce jour, de centres urbains, d'une [[organisation sociale]] et d'un [[système économique]]. Elle a été reconnue à partir de 1920 grâce aux fouilles de [[Mohenjo-daro]] et de Harappa. D'autres sites ont été découverts et étudiés dans une vaste zone partant des contreforts de l'[[Himalaya]], à l'est du [[Pendjab (Inde)|Pendjab]] et au nord de l'[[Inde]], jusqu'au [[Gujarat]] au sud, et au [[Baloutchistan (Pakistan)|Baloutchistan]] à l'ouest.
== Histoire ==
[[Fichier:CiviltàValleIndoMappa.png|vignette|Civilisation de la vallée de l'Indus]]


== Historique ==
{{Article détaillé |Civilisation de la vallée de l'Indus}}
[[Fichier:Red_pottery,_IVC.jpg|vignette|Poterie rouge de Harappa.]]


Le site archéologique de Harappa a été endommagé en 1857, sous la domination britannique, car les briques de ses ruines étaient utilisées comme [[Ballast (chemin de fer)|ballast]] lors de la construction de la ligne de chemin de fer [[Lahore]] – [[Multan]], par la compagnie {{lang|en|Sind and Punjab Railway}}. Un nombre important d'artéfacts y ont néanmoins été trouvés à cette occasion<ref>Jonathan Mark Kenoyer, « Trade and Technology of the Indus Valley: New insights from Harappa Pakistan », ''World Archaeology'', vol. 29 {{numéro|2}}, 1997, {{p.|260-280}}, High definition archaeology.</ref>. [[Alexander Cunningham (archéologue)|Alexander Cunningham]] y fait brièvement des fouilles en 1872-1873<ref>Tarini Carr, [http://archaeologyonline.net/artifacts/harappa-mohenjodaro ''The Harappan Civilization''].</ref>. Il publie la première reproduction d'un [[Écriture de l'Indus|sceau]] en 1875 dans ''{{lang|en|Report for the Year 1872-3 of the Archaeological Survey of India}}''<ref>[http://www.safarmer.com/firstforgery.pdf The First Harappan Forgery].</ref>.
La civilisation de la vallée de l'Indus, connue également sous le nom de civilisation harappéenne, trouve probablement ses origines dans la culture de [[Mehrgarh]], 6000 ans {{av JC}}


Les premières fouilles importantes sont réalisées par {{Lien|fr=Rai Bahadur Daya Ram Sahni|langue=en|trad=Daya Ram Sahni}} en 1920. Son travail permet de faire découvrir l'existence de la civilisation de l'Indus<ref name="Harappa History">[http://www.harappa.com/walk/walk04back.html harappa.com].</ref>. Une dizaine d'années plus tard, {{Lien|fr=Madho Sarup Vats|langue=en|trad=Madho Sarup Vats}}, membre du [[Archaeological Survey of India]], reprend les fouilles, en particulier dans la zone des greniers, dont il publie les résultats en 1940<ref name="Harappa History" />. D'autres archéologues continuent les fouilles dans les années 1930. En 1946, Sir [[Mortimer Wheeler]] fouille les murs des pseudo-fortifications<ref name="Harappa History" />.
Ses deux villes les plus importantes, [[Mohenjo-daro ]] et Harappa, ont émergé vers 2600 {{av JC}}, le long de la vallée de l'[[Indus]], au [[Pendjab]] et au [[Sind]]<ref>{{ouvrage|langue=en| nom = Beck | prénom = Roger B. | coauteurs = Linda Black Ops, Larry S. Krieger, Phillip C. Naylor, Dahia Ibo Shabaka, | titre = World History: Patterns of Interaction | éditeur = McDougal Littell | année = 1999 | lieu = Evanston, IL | isbn = 0-395-87274-X }}</ref>.


Après l'indépendance, en 1966, {{Lien|fr=Mohammed Rafique Mughal|langue=en|trad=Mohammed Rafique Mughal}}, commandité par l'[[Archaeological Survey of India]], fouille également Harappa<ref name="Harappa History" />. En 1986, de premières fouilles multidisciplinaires sont lancées par le ''projet archéologique Harappa'' (HARP), sous la direction de {{Lien|fr=George F. Dales|langue=en|trad=George F. Dales}} et {{Lien|fr=Jonathan Mark Kenoyer|langue=en|trad=Jonathan Mark Kenoyer}}. La plus grande partie du site n'a toutefois toujours pas été fouillée<ref name="Harappa History" />.
Leur civilisation disposait d'un [[système d'écriture]], de centres urbains, d'une [[organisation sociale]] et d'un [[système économique]]. Elle a été redécouverte à partir de 1920, après les fouilles de [[Mohenjo-daro ]] et Harappa. D'autres sites ont été découverts et étudiés dans une vaste zone partant des contreforts de l'[[Himalaya]] à l'est du [[Pendjab (Inde)|Pendjab]] au nord de l'[[Inde]], jusqu'à [[Gujarat]] au sud, et au [[Baloutchistan (Pakistan)|Baloutchistan]] à l'ouest.


En 2005, la construction d'un [[parc d'attractions]] a été abandonnée lorsque les ouvriers ont découvert de nombreux artéfacts dès les premières étapes des travaux. Un plaidoyer de l'archéologue pakistanais {{Lien|fr=Ahmad Hasan Dani|langue=en|trad=Ahmad Hasan Dani}} au ministère de la Culture a entraîné une remise en état du site<ref>Tahir, Zulqernain. 26 May 2005. [http://www.dawn.com/2005/05/26/nat24.htm « Probe body on Harappa park »], ''[[Dawn (journal)|Dawn]]''. Consulté le 13 janvier 2006.</ref>.
== Histoire de la découverte ==
[[Fichier:Indus Valley Civilization.jpg|vignette|Fouilles du site d'Harappa (2013).]]


== Chronologie ==
Le site de la ville antique d'Harappa a été endommagé en 1857, sous la domination britannique, les briques de ses ruines étant utilisées comme [[Ballast (chemin de fer)|ballast]] lors de la construction de la ligne de chemin de fer [[Lahore]] – [[Multan]], par la compagnie ''{{lang|en|Sind and Punjab Railway}}''. Un nombre important d'artéfacts y ont néanmoins déjà été trouvé<ref>[[Jonathan Mark Kenoyer|Kenoyer, J.M.]], 1997, Trade and Technology of the Indus Valley: New insights from Harappa Pakistan, World Archaeology, 29(2), {{p.|260-280}}, High definition archaeology</ref>.
[[Fichier:Harappan small figures.jpg|vignette|redresse=1.1|Miniatures votives ou jouets provenant de Harappa, vers {{date-|-2500}} Figurines en [[terre cuite]] avec polychromie.]]


Les fouilles du site ont permis de proposer une chronologie de l'occupation de Harappa<ref name=unesco />{{,}}<ref>[http://decouvertes-archeologiques.blogspot.fr/2012/11/la-civilisation-de-lindus-2000-ans-plus.html La civilisation de l'Indus].</ref> :
[[Alexander Cunningham]] y fait brièvement des fouilles en 1872-1873<ref>[http://archaeologyonline.net/artifacts/harappa-mohenjodaro The Harappan Civilization by Tarini Carr]</ref>. Il publie la première reproduction d'un [[Écriture de l'Indus|sceau]] en 1875 dans ''{{lang|en|Report for the Year 1872-3 of the Archaeological Survey of India}}''<ref>[http://www.safarmer.com/firstforgery.pdf The First Harappan Forgery]</ref>.
# 3300 – 2800 : phase [[Ravi (rivière)|Ravi]] / [[Ghaggar-Hakra|Hakra]]

# 2800 – 2600 : phase [[Kot Diji]]
Les premières fouilles importantes sont réalisées par {{Lien|fr=Rai Bahadur Daya Ram Sahni|lang=en|trad=Daya Ram Sahni}} en 1920. Son travail permet de faire découvrir l'existence de la civilisation de l'Indus<ref name="Harappa History">[http://www.harappa.com/walk/walk04back.html harappa.com]</ref>.

Une dizaine d'années plus tard, {{Lien|fr=Madho Sarup Vats|lang=en|trad=Madho Sarup Vats}}, membre du [[Archaeological Survey of India]], reprend les fouilles, en particulier dans la zone des greniers, dont il publie les résultats en 1940<ref name="Harappa History" />. D'autres archéologues continuent les fouilles dans les années 1930. En 1946, Sir [[Mortimer Wheeler]] fouille les murs des pseudos fortifications<ref name="Harappa History" />.

Après l'indépendance, en 1966, {{Lien|fr=Mohammed Rafique Mughal|lang=en|trad=Mohammed Rafique Mughal}}, commandité par le [[Archaeological Survey of India]], fouille également Harappa<ref name="Harappa History" />. En 1986, de premières fouilles multidisciplinaires sont lancées par le ''projet archéologique Harappa'' (HARP), sous la direction de {{Lien|fr=George F. Dales|lang=en|trad=George F. Dales}} et {{Lien|fr=Jonathan Mark Kenoyer|lang=en|trad=Jonathan Mark Kenoyer}}.

La plus grande partie du site n'a toutefois toujours pas fait l'objet de fouilles<ref name="Harappa History" />.

En 2005, la construction d'un [[parc d'attractions]] a été abandonnée lorsque les ouvriers ont découvert de nombreux artéfacts dès les premières étapes des travaux. Un plaidoyer de l'archéologue pakistanais {{Lien|fr=Ahmad Hasan Dani|lang=en|trad=Ahmad Hasan Dani}} au ministère de la Culture a entraîné une remise en état du site<ref>Tahir, Zulqernain. 26 May 2005. [http://www.dawn.com/2005/05/26/nat24.htm Probe body on Harappa park], ''[[Dawn (journal)|Dawn]]''. Consulté le 13 janvier 2006.</ref>.

== Le site archéologique ==

[[File:Harappan small figures.jpg|thumb|Miniatures votives ou jouets provenant de Harappa, vers 2500. Figurines en [[Terre cuite]] avec polychromie.]]

Les fouilles du site permet de proposer une chronologie de l'occupation de Harappa<ref name=unesco />{{,}}<ref>[http://decouvertes-archeologiques.blogspot.fr/2012/11/la-civilisation-de-lindus-2000-ans-plus.html La civilisation de l'Indus]</ref> :
# 3300 – 2800 : phase [[Ravi (rivière)|Ravi]] / [[Hakra]]
# 2800 – 2600 : phase {{Lien|fr=Kot Diji|lang=en|trad=Kot Diji}}
# 2600 – 1900 : phase Harappa
# 2600 – 1900 : phase Harappa
# 1900 – 1800 : phase de transition
# 1900 – 1800 : phase de transition
# 1800 – 1300 : phase Harappa tardif
# 1800 – 1300 : phase Harappa tardif


Ce site qui s'étend sur plus 150 hectares au total, a été occupé à l'[[âge du bronze]], plus précisément du {{XXXIIIe siècle av. J.-C.}}<ref>[http://news.bbc.co.uk/1/hi/sci/tech/334517.stm « '''Earliest writing' found'' »], [[BBC News]], 4 mai 1999.</ref> au {{XVIe siècle av. J.-C.}}. Harappa aurait compté jusqu'à {{unité|40000|habitants}}<ref name="Maisels" />. Les quartiers populaires situés dans la ''ville basse'' sont rationalisés avec des perpendiculaires et une division par professions. Les bâtiments sont construits en briques crues ou cuites, liées par un mortier d’argile ou de plâtre.
Le site a été occupé dès le [[Néolithique]] récent, à partir du {{-s|XXXIII}}<ref>[http://news.bbc.co.uk/1/hi/sci/tech/334517.stm « Earliest writing' found »], [[BBC News]], 4 mai 1999.</ref>. Au {{-s|XVI}} Harappa aurait compté jusqu'à {{nb|40000 habitants}}<ref name="Maisels" />.


== Écriture primitive ==
== Description ==
Le site s'étend sur plus de 150 hectares. Les quartiers populaires situés dans la ''ville basse'' sont rationalisés avec des perpendiculaires et une division par professions. Les bâtiments sont construits en briques crues ou cuites, liées par un mortier d’argile ou de plâtre.


=== Les greniers de Harappâ ===
[[Fichier:W8nafs aic000005ap.jpg|vignette|Sceaux harappéens]]
L'agriculture est la principale activité des peuples de l'Indus et l'une de leurs principales sources de richesse :
:« Aussi importait-il que les produits agricoles de base - à savoir les céréales, orge et [[blé]] principalement - puissent être stockés dans des entrepôts (…) à l'abri des voleurs, des [[Rodentia|rongeurs]] et aussi des inondations fréquentes dans ces régions de plaine. L'entrepôt d'Harappä était tout près de la Ravi et il est fort probable que cette rivière ait servi de voie d'eau pour le transport des céréales. L'entrepôt comptait 12 greniers (…) construits en bois et reposant sur des blocs massifs en brique crue, à parement de brique cuite. À la base de chacun de ces blocs, un renfoncement était aménagé, où les charrettes s'arrêtaient pour décharger. À l'aide de cordes, les hommes hissaient les gerbes jusqu'au grenier de bois. Outre l'aération par les passages entre les greniers, il y avait aussi des conduits d'aération passant sous les greniers et débouchant à l'extérieur par des ouvertures triangulaires. Entre ces greniers et la citadelle d'Harappâ s'alignaient les rangées de maisons en [[torchis]] des paysans et des ouvriers, près desquelles s'étendaient les aires de broyage des grains. Lors des inondations, ces maisonnettes devaient être balayées par les flots alors que les greniers et leur réserve de grain étaient préservés et continuaient d'assurer normalement l'approvisionnement des habitants de la cité »<ref>Louis Frédéric, ''Les Grandes civilisations disparues'', Sélection du Reader's Digest, Paris, 1980</ref>.


== Sépultures ==
{{Article détaillé |Écriture de l'Indus}}
À l'ouest se dressait une terrasse artificielle bordée de murs de {{unité|14|m}} de largeur à la base, appelée la citadelle. Au sud de la citadelle, un cimetière a été découvert<ref>''Encyclopaedia Indica '' : « India, Pakistan, Bangladesh », Volume 20 publié par Shyam Singh Shashi, {{p.|253}} {{Lire en ligne|url=https://books.google.fr/books?id=J9SE77j_wUMC&pg=PA250&lpg=PA250&dq=citizen+harappa&source=bl&ots=BraiSwbC0g&sig=-56dZ3uiQDFtgZm7m1YOh6qGxeY&hl=fr&ei=-PywSv-tBJyZ4gbd-KWtCg&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=3#v=onepage&q=citizen%20harappa&f=false}}.</ref>. Les corps sont inhumés allongés dans des jarres, les genoux repliés. Deux strates ont été identifiées, la plus récente est à approximativement {{unité|80|cm}} de la surface tandis que la plus ancienne, qui compte une douzaine de tombes, est à {{unité|1.8|m}} de profondeur. Les corps de la première strate sont enterrés suivant un axe nord-sud, avec des ornements comme des bracelets de pied en [[stéatite]], des bagues, boucles de nez ou d'oreilles en [[cuivre]], des colliers en [[nacre]], plus rarement avec des artéfacts comme des miroirs en cuivre, des bâtons d'[[antimoine]], de larges cuillères en coquillage, des petites statuettes de femmes, de bovins ou d'êtres mi-homme mi-animal. Les corps des tombes de la strate ancienne ne sont pas ornés et sont enterrés en direction du nord et du nord-est. Si plusieurs corps des tombes de cette strate sont considérés comme incomplets, dans la plus récente, seuls ceux de nourrissons le sont. Les [[poterie]]s rouges peintes de motifs en noir sont très typiques. Ces méthodes d'inhumation sont typiques de la région.


À proximité se trouvent également des tombes beaucoup plus récentes, prouvant que des habitants musulmans vivaient à proximité du site.
De nombreux artefacts découverts sont des petits sceaux carrés en [[stéatite]], gravés de motifs humains ou animals<ref>Mughal, Muhammad Aurang Zeb (2011). [http://ebooks.abc-clio.com/print.aspx?isbn=9781851099344&id=A1725C-7729 'Harappan Seals']. Kevin Murray McGeough (ed.), ''World History Encyclopedia'', Vol. 4. Santa Barbara, CA: ABC-CLIO, {{p.|706-707}}.</ref>


== Écriture primitive ==
Beaucoup portent des inscriptions pictographiques généralement considérées comme une forme d'[[écriture]].
[[Fichier:W8nafs aic000005ap.jpg|vignette|Sceaux harappéens.]]
{{Article détaillé|Écriture de l'Indus}}


De nombreux artéfacts découverts sont de petits sceaux carrés en [[stéatite]], gravés de motifs humains ou animaux<ref>Muhammad Aurang Zeb Mughal, [http://ebooks.abc-clio.com/print.aspx?isbn=9781851099344&id=A1725C-7729 ''Harappan Seals''], Kevin Murray McGeough (ed.), ''World History Encyclopedia'', Vol. 4, Santa Barbara, CA, ABC-CLIO, 2011, {{p.|706-707}}.</ref>. Beaucoup portent des inscriptions pictographiques, généralement considérées comme une forme d'[[écriture]] archaïque.
Des tablettes d'argile et de pierre trouvées à Harappa, portent des marques en forme de trident ou de plantes. Richard Meadow, de l'[[Université Harvard]] et directeur du ''Harappa Archeological Research Project '', suggère qu'il s'agit de premières traces d'écriture, probablement la plus ancienne écriture dont on ait retrouvé la trace<ref name=bbc>{{lien web|nom=BBC|prénom=UK website|titre=Earlist writing found|url=http://news.bbc.co.uk/1/hi/sci/tech/334517.stm|périodique=BBC News|consulté le=17 juillet 2012}}</ref>.


Des [[Tablette d'argile|tablettes d'argile]] et de pierre trouvées à Harappa portent des marques en forme de trident ou de plantes. Richard Meadow, de l'[[université Harvard]] et directeur du ''Harappa Archeological Research Project '', suggère qu'il s'agit de premières traces d'écriture<ref name=bbc>{{lien web|nom=BBC|prénom=UK website|titre=Earlist writing found|url=http://news.bbc.co.uk/1/hi/sci/tech/334517.stm|périodique=BBC News|consulté le=17 juillet 2012}}</ref>.
Cette écriture primitive serait antérieure aux écrits primitifs des Sumériens de Mésopotamie, datant de vers 3100 {{av JC}}<ref name=bbc/>. Ces marques présentent des similitudes à ce qui allait devenir l'écriture de l'Indus<ref name=bbc/>. Cette découverte indique que les plus anciennes écritures se sont développées indépendamment dans trois lieux : Harappa, la [[Mésopotamie]] et l'[[Égypte antique]] entre 3500 et 3100 {{av JC}}<ref name=bbc/>.


Cette écriture primitive serait contemporaine des premiers écrits des [[Sumer|Sumériens]] de [[Mésopotamie]], datés d'environ {{date-|-3300}}<ref name=bbc/> Ces marques présentent des similitudes avec ce qui allait devenir l'écriture de l'Indus<ref name=bbc/>. Cette découverte indique que les plus anciennes écritures se sont développées indépendamment dans quatre lieux : Harappa, la [[Mésopotamie]], l'[[Élam]] ([[Iran]]), et l'[[Égypte antique]], entre 3400 et {{date-|-3100}}<ref name=bbc/>
En dépit des efforts des [[Philologie|philologue]]s et de l'utilisation d'[[Cryptographie |analyses cryptographiques]], les signes ne sont pas déchiffrés. La langue utilisée n'est pas identifiée, qu'elle fasse partie des [[langues dravidiennes]] ou des langues de la [[période védique]].


En dépit des efforts des [[Philologie|philologues]] et de l'utilisation d'[[Cryptographie|analyses cryptographiques]], les signes ne sont toujours pas déchiffrés. La langue utilisée n'est pas identifiée, qu'elle fasse partie des [[langues dravidiennes]], des [[langues indo-iraniennes]], ou de tout autre [[famille de langues]].
== Les greniers de Harappâ ==
L'agriculture est l'une des principales activités des peuples de l'Indus et l'une de leurs principales sources de richesse :
:« Aussi importait-il que les produits agricoles de base - à savoir les céréales, orge et blé principalement- puissent être stockés dans des entrepôts (...) à l'abri des voleurs, des rongeurs et aussi des inondations fréquentes dans ces régions de plaine. L'entrepôt d'Harappä était tout près de la Ravi et il est fort probable que cette rivière ait servi de voie d'eau pour le transport des céréales. L'entrepôt comptait 12 greniers (...) construits en bois et reposant sur des blocs massifs en brique crue, à parement de brique cuite. À la base de chacun de ces blocs, un renfoncement était aménagé, où les charrettes s'arrêtaient pour décharger. À l'aide de cordes, les hommes hissaient les gerbes jusqu'au grenier de bois. Outre l'aération par les passages entre les greniers, il y avait aussi des conduits d'aération passant sous les greniers et débouchant à l'extérieur par des ouvertures triangulaires. Entre ces greniers et la citadelle d'Harappâ s'alignaient les rangées de maisons en torchis des paysans et des ouvriers, près desquelles s'étendaient les aires de broyage des grains. Lors des inondations, ces maisonnettes devaient être balayées par les flots alors que les greniers et leur réserve de grain étaient préservés et continuaient d'assurer normalement l'approvisionnement des habitants de la cité'' »<ref> Louis Frédéric, ''Les Grandes civilisations disparues'', Sélection du Reader's Digest, Paris 1980</ref>.


== Les sépultures ==
== Références ==
{{Traduction/Référence|en|Harappa|642898865}}
À l'ouest se dressait une terrasse artificielle bordée de murs de {{unité|14|m}} de largeur à la base, appelée la citadelle. Au sud de la citadelle, un cimetière a été découvert<ref>Encyclopaedia Indica: India, Pakistan, Bangladesh, Volume 20 publié par Shyam Singh Shashi {{p.|253}} [http://books.google.fr/books?id=J9SE77j_wUMC&pg=PA250&lpg=PA250&dq=citizen+harappa&source=bl&ots=BraiSwbC0g&sig=-56dZ3uiQDFtgZm7m1YOh6qGxeY&hl=fr&ei=-PywSv-tBJyZ4gbd-KWtCg&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=3#v=onepage&q=citizen%20harappa&f=false]</ref>. Les corps sont inhumés allongés dans des jarres, les genoux repliés. Deux strates ont été identifiées, la plus récente est à approximativement {{unité|80|cm}} de la surface tandis que la plus ancienne, qui compte une douzaine de tombes, est à {{unité|1.8|m}} de profondeur. Les corps de la première strate sont enterrés suivant un axe nord sud avec des ornements comme des bracelets de pied en [[stéatite]], des bagues, boucles de nez ou d'oreilles en cuivre, des colliers en nacre, plus rarement avec des artéfacts comme des miroirs en cuivre, des bâtons d'[[antimoine]], de larges cuillères en coquillage, des petites statuettes de femmes, de bovins ou d'êtres mi-homme mi-animal. Les corps des tombes de la strate ancienne ne sont pas ornés et sont enterrés en direction du nord et du nord-est. Si plusieurs corps des tombes de cette strate sont considérés comme incomplets, dans la plus récente, seuls ceux de nourrissons le sont. Les [[poterie]]s rouges peintes de motifs en noir sont très typiques.
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== Voir aussi ==
Ces méthodes d'ensevelissement sont typiques de la région. Cette culture fait partie des [[Civilisation de la vallée de l'Indus| civilisations de l'Indus]], qui a laissé principalement des traces dans le [[Sind]] et au [[Pendjab]]<ref>[[Arthur Llewellyn Basham|Basham, A. L.]] 1968. [http://www.jstor.org/view/0030851x/dm991959/99p1005f/0 Review] of [[A Short History of Pakistan]] by [[Ahmad Hasan Dani|A. H. Dani]] (with an introduction by [[Ishtiaq Hussain Qureshi|I. H. Qureshi]]). [[Karachi]]: [[University of Karachi|University of Karachi Press]]. 1967 ''Pacific Affairs'' 41(4) : 641-643.</ref>.
=== Articles connexes ===
Autres sites harappéens majeurs :
* [[Mohenjo-daro]]
* [[Dholavira]]
* [[Lothal]]
* [[Sites archéologiques de la civilisation de l'Indus]]


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À proximité se trouvent également des tombes beaucoup plus récentes, prouvant que des habitants musulmans vivaient à proximité du site.

== Articles connexes ==

Les autres sites harappéens majeurs découverts sont :
* [[Dholavira]] ;
* [[Mohenjo-daro]] ;
* [[Lothal]] ;
* [[Sites archéologiques de la civilisation de l'Indus]].

== Références ==

{{Traduction/Référence|en|Harappa|642898865}}
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== Liens externes ==
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Harappa
Image illustrative de l’article Harappa
Fouilles du site de Harappa (2013).
Localisation
Pays Drapeau du Pakistan Pakistan
Province Pendjab
Coordonnées 30° 47′ 20″ nord, 72° 52′ 00″ est
Géolocalisation sur la carte : Pakistan
(Voir situation sur carte : Pakistan)
Harappa
Harappa
Histoire
Époque Âge du bronze

Harappa (ourdou : ہڑپہ, hindi : हड़प्पा) est un site archéologique situé dans la province du Pendjab, au Pakistan, à environ 20 km à l'ouest de Sahiwal. Le site doit son nom à la ville du même nom située à 5 km. Implantée à proximité de l'ancien cours de la rivière Ravi, station de chemin de fer sur la ligne héritée de la période du Raj britannique, la ville actuelle a une population de 15 000 habitants.

Le site archéologique est constitué des ruines d'une importante ville fortifiée de l'Âge du bronze[1], couvrant deux périodes successives : la civilisation de la vallée de l'Indus (2600 à ) et la culture du cimetière H (en) (1900 à )[2]. La cité aurait compté à son apogée jusqu'à 40 000 habitants[3] et aurait alors occupé une surface d'environ 150 ha, ce qui en aurait fait une des plus grandes villes de l'époque[4],[5].

Par convention archéologique qui consiste à donner à une civilisation inconnue le nom du premier site de fouilles où elle a été mise en évidence, la civilisation de la vallée de l'Indus est aussi appelée civilisation harappéenne.

Contexte[modifier | modifier le code]

Civilisation de la vallée de l'Indus.

La civilisation de la vallée de l'Indus est connue par de nombreux sites archéologiques qui s'échelonnent le long de la vallée de l'Indus et sur la côte indo-pakistananise, jusqu'au Gujarat indien. Ses deux villes les plus importantes, Mohenjo-daro et Harappa, ont émergé vers , le long de la vallée de l'Indus, au Pendjab et au Sind[6]. Cette civilisation disposait d'un système d'écriture, quoique fragmentaire et non déchiffré à ce jour, de centres urbains, d'une organisation sociale et d'un système économique. Elle a été reconnue à partir de 1920 grâce aux fouilles de Mohenjo-daro et de Harappa. D'autres sites ont été découverts et étudiés dans une vaste zone partant des contreforts de l'Himalaya, à l'est du Pendjab et au nord de l'Inde, jusqu'au Gujarat au sud, et au Baloutchistan à l'ouest.

Historique[modifier | modifier le code]

Poterie rouge de Harappa.

Le site archéologique de Harappa a été endommagé en 1857, sous la domination britannique, car les briques de ses ruines étaient utilisées comme ballast lors de la construction de la ligne de chemin de fer LahoreMultan, par la compagnie Sind and Punjab Railway. Un nombre important d'artéfacts y ont néanmoins été trouvés à cette occasion[7]. Alexander Cunningham y fait brièvement des fouilles en 1872-1873[8]. Il publie la première reproduction d'un sceau en 1875 dans Report for the Year 1872-3 of the Archaeological Survey of India[9].

Les premières fouilles importantes sont réalisées par Rai Bahadur Daya Ram Sahni (en) en 1920. Son travail permet de faire découvrir l'existence de la civilisation de l'Indus[10]. Une dizaine d'années plus tard, Madho Sarup Vats (en), membre du Archaeological Survey of India, reprend les fouilles, en particulier dans la zone des greniers, dont il publie les résultats en 1940[10]. D'autres archéologues continuent les fouilles dans les années 1930. En 1946, Sir Mortimer Wheeler fouille les murs des pseudo-fortifications[10].

Après l'indépendance, en 1966, Mohammed Rafique Mughal (en), commandité par l'Archaeological Survey of India, fouille également Harappa[10]. En 1986, de premières fouilles multidisciplinaires sont lancées par le projet archéologique Harappa (HARP), sous la direction de George F. Dales (en) et Jonathan Mark Kenoyer (en). La plus grande partie du site n'a toutefois toujours pas été fouillée[10].

En 2005, la construction d'un parc d'attractions a été abandonnée lorsque les ouvriers ont découvert de nombreux artéfacts dès les premières étapes des travaux. Un plaidoyer de l'archéologue pakistanais Ahmad Hasan Dani (en) au ministère de la Culture a entraîné une remise en état du site[11].

Chronologie[modifier | modifier le code]

Miniatures votives ou jouets provenant de Harappa, vers Figurines en terre cuite avec polychromie.

Les fouilles du site ont permis de proposer une chronologie de l'occupation de Harappa[5],[12] :

  1. 3300 – 2800 : phase Ravi / Hakra
  2. 2800 – 2600 : phase Kot Diji
  3. 2600 – 1900 : phase Harappa
  4. 1900 – 1800 : phase de transition
  5. 1800 – 1300 : phase Harappa tardif

Le site a été occupé dès le Néolithique récent, à partir du XXXIIIe siècle av. J.-C.[13]. Au XVIe siècle av. J.-C. Harappa aurait compté jusqu'à 40 000 habitants[3].

Description[modifier | modifier le code]

Le site s'étend sur plus de 150 hectares. Les quartiers populaires situés dans la ville basse sont rationalisés avec des perpendiculaires et une division par professions. Les bâtiments sont construits en briques crues ou cuites, liées par un mortier d’argile ou de plâtre.

Les greniers de Harappâ[modifier | modifier le code]

L'agriculture est la principale activité des peuples de l'Indus et l'une de leurs principales sources de richesse :

« Aussi importait-il que les produits agricoles de base - à savoir les céréales, orge et blé principalement - puissent être stockés dans des entrepôts (…) à l'abri des voleurs, des rongeurs et aussi des inondations fréquentes dans ces régions de plaine. L'entrepôt d'Harappä était tout près de la Ravi et il est fort probable que cette rivière ait servi de voie d'eau pour le transport des céréales. L'entrepôt comptait 12 greniers (…) construits en bois et reposant sur des blocs massifs en brique crue, à parement de brique cuite. À la base de chacun de ces blocs, un renfoncement était aménagé, où les charrettes s'arrêtaient pour décharger. À l'aide de cordes, les hommes hissaient les gerbes jusqu'au grenier de bois. Outre l'aération par les passages entre les greniers, il y avait aussi des conduits d'aération passant sous les greniers et débouchant à l'extérieur par des ouvertures triangulaires. Entre ces greniers et la citadelle d'Harappâ s'alignaient les rangées de maisons en torchis des paysans et des ouvriers, près desquelles s'étendaient les aires de broyage des grains. Lors des inondations, ces maisonnettes devaient être balayées par les flots alors que les greniers et leur réserve de grain étaient préservés et continuaient d'assurer normalement l'approvisionnement des habitants de la cité »[14].

Sépultures[modifier | modifier le code]

À l'ouest se dressait une terrasse artificielle bordée de murs de 14 m de largeur à la base, appelée la citadelle. Au sud de la citadelle, un cimetière a été découvert[15]. Les corps sont inhumés allongés dans des jarres, les genoux repliés. Deux strates ont été identifiées, la plus récente est à approximativement 80 cm de la surface tandis que la plus ancienne, qui compte une douzaine de tombes, est à 1,8 m de profondeur. Les corps de la première strate sont enterrés suivant un axe nord-sud, avec des ornements comme des bracelets de pied en stéatite, des bagues, boucles de nez ou d'oreilles en cuivre, des colliers en nacre, plus rarement avec des artéfacts comme des miroirs en cuivre, des bâtons d'antimoine, de larges cuillères en coquillage, des petites statuettes de femmes, de bovins ou d'êtres mi-homme mi-animal. Les corps des tombes de la strate ancienne ne sont pas ornés et sont enterrés en direction du nord et du nord-est. Si plusieurs corps des tombes de cette strate sont considérés comme incomplets, dans la plus récente, seuls ceux de nourrissons le sont. Les poteries rouges peintes de motifs en noir sont très typiques. Ces méthodes d'inhumation sont typiques de la région.

À proximité se trouvent également des tombes beaucoup plus récentes, prouvant que des habitants musulmans vivaient à proximité du site.

Écriture primitive[modifier | modifier le code]

Sceaux harappéens.

De nombreux artéfacts découverts sont de petits sceaux carrés en stéatite, gravés de motifs humains ou animaux[16]. Beaucoup portent des inscriptions pictographiques, généralement considérées comme une forme d'écriture archaïque.

Des tablettes d'argile et de pierre trouvées à Harappa portent des marques en forme de trident ou de plantes. Richard Meadow, de l'université Harvard et directeur du Harappa Archeological Research Project , suggère qu'il s'agit de premières traces d'écriture[17].

Cette écriture primitive serait contemporaine des premiers écrits des Sumériens de Mésopotamie, datés d'environ [17] Ces marques présentent des similitudes avec ce qui allait devenir l'écriture de l'Indus[17]. Cette découverte indique que les plus anciennes écritures se sont développées indépendamment dans quatre lieux : Harappa, la Mésopotamie, l'Élam (Iran), et l'Égypte antique, entre 3400 et [17]

En dépit des efforts des philologues et de l'utilisation d'analyses cryptographiques, les signes ne sont toujours pas déchiffrés. La langue utilisée n'est pas identifiée, qu'elle fasse partie des langues dravidiennes, des langues indo-iraniennes, ou de tout autre famille de langues.

Références[modifier | modifier le code]

  1. B.M. Syllivan, The A to Z of Hinduism, Vision Books, page 90 (ISBN 8170945216)
  2. Arthur Llewellyn Basham, Review of A Short History of Pakistan, par Ahmad Hasan Dani, Karachi, Université de Karachi, 1967, Pacific Affairs vol. 41 no 4, 1968, p. 641–643
  3. a et b (en) Charles Maisels, Early Civilizations of the Old World : The Formative Histories of Egypt, The Levant, Mesopotamia, India and China, Routledge, , 479 p. (ISBN 978-0-415-10976-5, présentation en ligne).
  4. (en) Brian Fagan, People of the earth : an introduction to world prehistory, Pearson, , 597 p. (ISBN 978-0-13-111316-9), p. 414.
  5. a et b « Archeological Site of Harappa », World Heritage Centre, UNESCO (consulté le ).
  6. (en) Roger B. Beck, World History : Patterns of Interaction, Evanston, IL, McDougal Littell, (ISBN 0-395-87274-X).
  7. Jonathan Mark Kenoyer, « Trade and Technology of the Indus Valley: New insights from Harappa Pakistan », World Archaeology, vol. 29 no 2, 1997, p. 260-280, High definition archaeology.
  8. Tarini Carr, The Harappan Civilization.
  9. The First Harappan Forgery.
  10. a b c d et e harappa.com.
  11. Tahir, Zulqernain. 26 May 2005. « Probe body on Harappa park », Dawn. Consulté le 13 janvier 2006.
  12. La civilisation de l'Indus.
  13. « Earliest writing' found », BBC News, 4 mai 1999.
  14. Louis Frédéric, Les Grandes civilisations disparues, Sélection du Reader's Digest, Paris, 1980
  15. Encyclopaedia Indica  : « India, Pakistan, Bangladesh », Volume 20 publié par Shyam Singh Shashi, p. 253 [lire en ligne].
  16. Muhammad Aurang Zeb Mughal, Harappan Seals, Kevin Murray McGeough (ed.), World History Encyclopedia, Vol. 4, Santa Barbara, CA, ABC-CLIO, 2011, p. 706-707.
  17. a b c et d UK website BBC, « Earlist writing found », BBC News (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Autres sites harappéens majeurs :

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Liens externes[modifier | modifier le code]