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Le '''manfra''', '''manga français''' (ou '''manga à la française''')<ref>{{Lien web|url=http://mobile.lemonde.fr/pixels/article/2016/07/11/japan-expo-les-mangakas-francais-a-la-conquete-du-neuvieme-art-nippon_4967365_4408996.html|titre=Japan Expo : les mangakas français à la conquête du neuvième art nippon|site=[[Le Monde]]|auteur1=Pauline Croquet|auteur2=Alexis Orisini|date=11 juillet 2016|consulté le=20 février 2017}}.</ref>, désigne les œuvres de bande dessinée francophones originales inspirés par les codes de la [[manga|bande dessinée japonaise]] (ou asiatique en général). [[Mot-valise]] formé de « manga » et de « français », le manfra est un néologisme apparu en [[2005]]. On parle également de ''global manga''<ref>{{lien web|url=https://www.actuabd.com/Livre-Paris-2019-ou-en-est-le-Global-Manga-en-France|titre=Livre-Paris 2019 : où en est le "Global Manga" en France ?|site=actuabd.com|date=7 mars 2019|consulté le=8 avril 2021}}.</ref>.
Le '''manfra''', '''manga français''' (ou '''manga à la française''')<ref>{{Lien web|url=http://mobile.lemonde.fr/pixels/article/2016/07/11/japan-expo-les-mangakas-francais-a-la-conquete-du-neuvieme-art-nippon_4967365_4408996.html|titre=Japan Expo : les mangakas français à la conquête du neuvième art nippon|site=[[Le Monde]]|auteur1=Pauline Croquet|auteur2=Alexis Orisini|date=11 juillet 2016|consulté le=20 février 2017}}.</ref>, désigne les œuvres de bande dessinée francophones originales inspirés par les codes de la [[manga|bande dessinée japonaise]] (ou asiatique en général). [[Mot-valise]] formé de « manga » et de « français », le manfra est un néologisme apparu en [[2005]]. On parle également de ''global manga''<ref>{{lien web|url=https://www.actuabd.com/Livre-Paris-2019-ou-en-est-le-Global-Manga-en-France|titre=Livre-Paris 2019 : où en est le "Global Manga" en France ?|site=actuabd.com|date=7 mars 2019|consulté le=8 avril 2021}}.</ref>.


Le manga français prend véritablement son essor au milieu des années [[2000]], avec des titres comme ''[[Sentaï Schooll]]'' de [[Philippe Cardona]] et [[Florence Torta]], ''[[Dofus (manfra)|Dofus]]'' chez [[Ankama Éditions]], ou ''[[Dreamland (manfra)|Dreamland]]'' de [[Reno Lemaire]].
Le manga français prend véritablement son essor au milieu des années [[2000]], avec des titres comme ''[[Sentaï School]]'' de [[Philippe Cardona]] et [[Florence Torta]], ''[[Dofus (manfra)|Dofus]]'' chez [[Ankama Éditions]], ou ''[[Dreamland (manfra)|Dreamland]]'' de [[Reno Lemaire]].


Genre littéraire au succès incertain et décrié à ses débuts, le manfra rencontre aujourd'hui un réel succès et s'exporte à l'international <ref>{{Lien web|url=https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/paris/au-salon-du-livre-phenomene-du-manfra-manga-francais-1220961.html|titre=Au salon du Livre, le phénomène du "Manfra", le manga français (France 3)}}.</ref>. De plus en plus de grands éditeurs se lancent dans l'aventure comme [[Kana (maison d'édition)|Kana]], [[Soleil Manga]], [[Delcourt/Tonkam|Delcourt]], [[Glénat Manga|Glénat]] ou [[Ki-oon]]. En [[2018]], il a représenté 38% du marché de la bande dessinée<ref>{{Lien web|url=https://www.francetvinfo.fr/culture/bd/mangas/dreamland-radiant-everdark-comment-le-manga-a-la-francaise-dit-le-manfra-est-devenu-tendance_5610209.html|titre=Comment le manga à la française, dit le "manfra", est devenu tendance (France Info}}.</ref>.
Genre littéraire au succès incertain et décrié à ses débuts, le manfra rencontre aujourd'hui un réel succès et s'exporte à l'international <ref>{{Lien web|url=https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/paris/au-salon-du-livre-phenomene-du-manfra-manga-francais-1220961.html|titre=Au salon du Livre, le phénomène du "Manfra", le manga français (France 3)}}.</ref>. De plus en plus de grands éditeurs se lancent dans l'aventure comme [[Kana (maison d'édition)|Kana]], [[Soleil Manga]], [[Delcourt/Tonkam|Delcourt]], [[Glénat Manga|Glénat]] ou [[Ki-oon]]. En [[2018]], il a représenté 38% du marché de la bande dessinée<ref>{{Lien web|url=https://www.francetvinfo.fr/culture/bd/mangas/dreamland-radiant-everdark-comment-le-manga-a-la-francaise-dit-le-manfra-est-devenu-tendance_5610209.html|titre=Comment le manga à la française, dit le "manfra", est devenu tendance (France Info)}}</ref>.


''[[Radiant (bande dessinée)|Radiant]]'' de [[Tony Valente]] est adapté en [[anime]] sur [[NHK]] et en simulcast sur [[Crunchyroll]], [[Animation Digital Network|Anime Digital Network]], puis sur [[Netflix]] et sur la chaine [[J-One]]<ref>{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/12/25/tony-valente-auteur-du-manga-radiant-j-ai-envie-d-entretenir-l-idee-que-l-on-peut-encore-faire-quelque-chose-de-ce-monde_6207651_3246.html|titre=Tony Valente, auteur du manga « Radiant » (Le Monde)}}.</ref>. C'est la consécration pour ce jeune auteur français devenu une idole au Japon<ref>{{Lien web |langue=fr |nom1=Vallet |prénom1=Marilys |titre=Tony Valente, mangaka français et idole au [[Japon]] |url=https://www.lepoint.fr/pop-culture/bandes-dessinees/tony-valente-mangaka-francais-et-idole-au-japon-06-07-2018-2233811_2922.php |site=Le Point |date=2018-07-06 |consulté le=2019-07-21 }}</ref>.
''[[Radiant (bande dessinée)|Radiant]]'' de [[Tony Valente]] est adapté en [[anime]] sur [[NHK]] et en simulcast sur [[Crunchyroll]], [[Animation Digital Network|Anime Digital Network]], puis sur [[Netflix]] et sur la chaine [[J-One]]<ref>{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/12/25/tony-valente-auteur-du-manga-radiant-j-ai-envie-d-entretenir-l-idee-que-l-on-peut-encore-faire-quelque-chose-de-ce-monde_6207651_3246.html|titre=Tony Valente, auteur du manga « Radiant » (Le Monde)}}.</ref>. C'est la consécration pour ce jeune auteur français devenu une idole au Japon<ref>{{Lien web |langue=fr |nom1=Vallet |prénom1=Marilys |titre=Tony Valente, mangaka français et idole au [[Japon]] |url=https://www.lepoint.fr/pop-culture/bandes-dessinees/tony-valente-mangaka-francais-et-idole-au-japon-06-07-2018-2233811_2922.php |site=Le Point |date=2018-07-06 |consulté le=2019-07-21 }}</ref>.
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En [[2005]], [[Anthony Roux (auteur)|Tot]] et [[Ancestral Z]] publient ''[[Dofus (manfra)|Dofus]]'', qui passera le cap du million d'exemplaires vendus<ref>{{Lien web|auteur1=Thomas Berthelon|auteur2=Dominique Molinaro|titre=''Dofus'' passe le cap du million d’exemplaires vendus|date=14 juin 2011|url=https://www.actuabd.com/Dofus-passe-le-cap-du-million-d|site=[[Actua BD]]|consulté le=29 avril 2019}}.</ref>.
En [[2005]], [[Anthony Roux (auteur)|Tot]] et [[Ancestral Z]] publient ''[[Dofus (manfra)|Dofus]]'', qui passera le cap du million d'exemplaires vendus<ref>{{Lien web|auteur1=Thomas Berthelon|auteur2=Dominique Molinaro|titre=''Dofus'' passe le cap du million d’exemplaires vendus|date=14 juin 2011|url=https://www.actuabd.com/Dofus-passe-le-cap-du-million-d|site=[[Actua BD]]|consulté le=29 avril 2019}}.</ref>.


En parallèle, les jeunes talents peuvent publier leurs oeuvres sur des plateformes en lignes comme ''Amilova'' ou ''Mangadraft'', qui regroupent une communauté d'artistes amateurs. C'est le cas de la dessinatrice Aerinn, qui publie en [[2014]] ''Chronoctis Express''<ref>{{Lien web|url=https://www.sfmag.net/spip.php?article12583|titre=Chronoctis Express Tome 1 " de Aerinn (Science Fiction Magazine)}}</ref>, projet financé sur [[Tipeee]] et [[Ulule]], puis édité par Kotoji, une maison d'édition qui défend l'idée d'une bande-dessinée populaire sans chercher à faire de l'élitisme<ref>{{Lien web|url=https://www.manga-news.com/index.php/editeur/Kotoji|titre=Fiche des éditions Kotoji (Manga news)}}</ref>.
À partir des années [[2010]] jusqu'à aujourd'hui, de nouveaux projets voient le jour et confirment une vraie tendance pour le manga à la française, comme la création de l'EIMA, une école de formation de mangaka français à Toulouse <ref>{{Lien web|url=https://www.ladepeche.fr/article/2017/05/29/2583607-dans-les-coulisses-de-l-ecole-de-mangas.html|titre=Dans les coulisses de l'école de mangas (La Depêche)}}.</ref>. Des oeuvres originales comme ''[[City Hall (manfra)|City Hall]]'' de [[Rémi Guérin]] et [[Guillaume Lapeyre]], sont des succès littéraires.

À partir des années [[2010]] jusqu'à aujourd'hui, de nouveaux projets voient le jour et confirment une vraie tendance pour le manga à la française, comme la création de l'EIMA (l'Ecole Internationale du Manga et de l'Animation) à [[Toulouse]]<ref>{{Lien web|url=https://www.ladepeche.fr/article/2017/05/29/2583607-dans-les-coulisses-de-l-ecole-de-mangas.html|titre=Dans les coulisses de l'école de mangas (La Depêche)}}</ref> qui vient se rajouter à la liste d'établissements réputé pour former aux métiers de la bande dessinée et du manga (voir [[Eurasiam]] à [[Paris]]).

Des oeuvres originales comme ''[[City Hall (manfra)|City Hall]]'' de [[Rémi Guérin]] et [[Guillaume Lapeyre]], sont des succès littéraires.


En [[2016]], le manga français ''[[Outlaw Players]]'' remporte le prix du meilleur manga international lors des [[Japan Expo Awards]]<ref>{{Lien web|url=http://www.9emeart.fr/post/news/manga/japan-expo-awards-decouvrez-le-palmares-des-daruma-2017-6495|titre=Japan Expo Awards : Découvrez le palmarès des Daruma 2017|site=9emeart.fr|auteur=Strafeur|date=08/03/2017|consulté le=03/2017}}</ref>. La série est publiée au Japon chez l'éditeur [[Kōdansha|Kodansha]]<ref>{{Lien web|url=https://www.shoshosein.com/actualites/emules/un-manga-francais-au-japon|titre=Un manga français au Japon|site=shoshosein.com|auteur=Hanoko|date=05/03/2022|consulté le=06/05/2022}}</ref>.
En [[2016]], le manga français ''[[Outlaw Players]]'' remporte le prix du meilleur manga international lors des [[Japan Expo Awards]]<ref>{{Lien web|url=http://www.9emeart.fr/post/news/manga/japan-expo-awards-decouvrez-le-palmares-des-daruma-2017-6495|titre=Japan Expo Awards : Découvrez le palmarès des Daruma 2017|site=9emeart.fr|auteur=Strafeur|date=08/03/2017|consulté le=03/2017}}</ref>. La série est publiée au Japon chez l'éditeur [[Kōdansha|Kodansha]]<ref>{{Lien web|url=https://www.shoshosein.com/actualites/emules/un-manga-francais-au-japon|titre=Un manga français au Japon|site=shoshosein.com|auteur=Hanoko|date=05/03/2022|consulté le=06/05/2022}}</ref>.
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En [[2019]], ''Devil's Relics'', co-écrit par le rappeur [[Gims|Maître Gims]], est un échec commercial. Tiré à 50 000 exemplaires, il ne se vend qu’à 21 000 unités<ref>{{Lien web|url=https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/livres/le-manga-de-gims-devil-s-relics-est-un-echec-commercial-03-06-2019-8085663.php|titre=Le manga de Gims, «Devil’s relics», est un échec commercial (Le Parisien)}}.</ref>.
En [[2019]], ''Devil's Relics'', co-écrit par le rappeur [[Gims|Maître Gims]], est un échec commercial. Tiré à 50 000 exemplaires, il ne se vend qu’à 21 000 unités<ref>{{Lien web|url=https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/livres/le-manga-de-gims-devil-s-relics-est-un-echec-commercial-03-06-2019-8085663.php|titre=Le manga de Gims, «Devil’s relics», est un échec commercial (Le Parisien)}}.</ref>.


La fin des années 2010 voit aussi le développement du néologisme ''Afro-manga''. Ce genre de manfra met en avant des univers inspirés par les cultures africaines ou le patrimoine des [[France d'outre-mer|Outre-mer]]<ref>{{Lien web|url=https://la1ere.francetvinfo.fr/afro-mangas-et-mangas-made-in-bourbon-dans-l-oreille-est-hardie-870014.html|titre="Afro-manga" et mangas made in Bourbon (France Info Outre-mer La 1ère )}}</ref>. Il est généralement scénarisé et dessiné par des artistes de [[la Réunion]], [[Guadeloupe]], [[Martinique]] ou la [[Guyane]]. En [[2017]], les éditions [[Des bulles dans l'océan]], basé à [[Saint-Denis (La Réunion)]], publient ''Redskin'' de Yvan Soudy alias Staark <ref>{{Lien web|url=https://la1ere.francetvinfo.fr/influences-reunionnaises-manga-802293.html|titre=Des influences réunionnaises dans un manga (France Info Outre-mer La 1ère)}}</ref>. L'éditeur [[Glénat]] annonce la publication de ''RedFlower'', manga inspiré par les traditions africaines par Loui, auteur franco-ghanéen<ref>{{Lien web|url=https://www.francetvinfo.fr/culture/bd/mangas/redflower-un-manga-inspire-par-les-traditions-africaines-pour-evoquer-le-passage-a-l-age-adulte-et-le-choc-des-cultures_5952083.html|titre="RedFlower", un manga inspiré par les traditions africaines (France Info)}}</ref>.
En [[2020]], le dessinateur Jéronimo Céjudo devient le premier français à remporter le célèbre [[Prix Tezuka]] au Japon (section internationale), ce qui lui vaut les félicitations de mangakas comme [[Kazue Katō|Kazue Kato]] (''[[Blue Exorcist]]''). En [[2021]], le retour de ''[[Goldorak]]'' par [[Xavier Dorison]] devient la deuxième plus grosse vente de l'année en librairies<ref>{{Lien web|url=https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/livres/bd-pourquoi-goldorak-a-fait-un-retour-fulgurant-13-01-2022-DDMWTTWTU5EQLFOLBX6ZJS4PVE.php|titre=Pourquoi Goldorak a fait un retour fulgurant(Le Parisien)}}.</ref>.

En [[2020]], le dessinateur Jéronimo Céjudo devient le premier français à remporter le célèbre [[Prix Tezuka]] au Japon (section internationale), ce qui lui vaut les félicitations de mangakas comme [[Kazue Katō|Kazue Kato]] (''[[Blue Exorcist]]'').

La même année, l’éditeur [[Kurokawa]] et la société luxembourgeoise [[Tsume Art|Tsume]] s’allient pour donner vie à un nouveau label manga, ''KuroTsume''<ref>{{Lien web|url=https://www.manga-news.com/index.php/actus/2019/11/08/Kurokawa-et-Tsume-sassocient-pour-se-lancer-dans-le-manga-francais|titre=Kurokawa et Tsume s'associent pour se lancer dans le manga français (Manga News)}}.</ref>. Deux premiers titres sont annoncés en grande pompe : ''Imperium Circus'' et ''Ragnafall''. Mais devant les faibles ventes sur le marché, aucun des deux titres n'est reconduit. Le label est depuis en pause<ref>{{Lien web|url=https://www.clique.tv/cyril-marchiol-de-tsume-art-publie-ses-propres-mangas-chez-kurokawa/|titre=Il réalise son propre manga : Cyril Marchiol, invité de Canal + (Clique)}}</ref>.

En [[2021]], le retour de ''[[Goldorak]]'' par [[Xavier Dorison]] devient la deuxième plus grosse vente de l'année en librairies derrière ''Astérix''<ref>{{Lien web|url=https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/livres/bd-pourquoi-goldorak-a-fait-un-retour-fulgurant-13-01-2022-DDMWTTWTU5EQLFOLBX6ZJS4PVE.php|titre=Pourquoi Goldorak a fait un retour fulgurant(Le Parisien)}}.</ref>.


== Caractéristiques ==
== Caractéristiques ==

Version du 5 mai 2024 à 09:53

Logo du manga français Radiant.

Le manfra, manga français (ou manga à la française)[1], désigne les œuvres de bande dessinée francophones originales inspirés par les codes de la bande dessinée japonaise (ou asiatique en général). Mot-valise formé de « manga » et de « français », le manfra est un néologisme apparu en 2005. On parle également de global manga[2].

Le manga français prend véritablement son essor au milieu des années 2000, avec des titres comme Sentaï School de Philippe Cardona et Florence Torta, Dofus chez Ankama Éditions, ou Dreamland de Reno Lemaire.

Genre littéraire au succès incertain et décrié à ses débuts, le manfra rencontre aujourd'hui un réel succès et s'exporte à l'international [3]. De plus en plus de grands éditeurs se lancent dans l'aventure comme Kana, Soleil Manga, Delcourt, Glénat ou Ki-oon. En 2018, il a représenté 38% du marché de la bande dessinée[4].

Radiant de Tony Valente est adapté en anime sur NHK et en simulcast sur Crunchyroll, Anime Digital Network, puis sur Netflix et sur la chaine J-One[5]. C'est la consécration pour ce jeune auteur français devenu une idole au Japon[6].

Histoire

Rencontre entre Reno Lemaire et Hiro Mashima au Festival d'Angoulême 2018.

À partir des années 1990, avec le succès populaire du Club Dorothée, de nombreux auteurs français puisent leurs sources d'inspiration dans les manga et l'animation japonaise. De fait, le style artistique, ancré auparavant sur la bande dessinée franco-belge, s'étend et se transforme, important de nouveaux codes visuels et narratifs. Ce nouveau genre, d'abord au ton humoristique, peine à rencontrer le succès et se limite aux fanzines.

Les premiers mangas français professionnels apparaissent dans les années 2000. Sentaï School est prépublié dans le magazine mensuel Coyote Mag de l'éditeur Semic à partir de juillet 2003 et paraît en sept tomes chez Semic.

La scénariste française et mangaka Jenny en 2006.

En 2005, Tot et Ancestral Z publient Dofus, qui passera le cap du million d'exemplaires vendus[7].

En parallèle, les jeunes talents peuvent publier leurs oeuvres sur des plateformes en lignes comme Amilova ou Mangadraft, qui regroupent une communauté d'artistes amateurs. C'est le cas de la dessinatrice Aerinn, qui publie en 2014 Chronoctis Express[8], projet financé sur Tipeee et Ulule, puis édité par Kotoji, une maison d'édition qui défend l'idée d'une bande-dessinée populaire sans chercher à faire de l'élitisme[9].

À partir des années 2010 jusqu'à aujourd'hui, de nouveaux projets voient le jour et confirment une vraie tendance pour le manga à la française, comme la création de l'EIMA (l'Ecole Internationale du Manga et de l'Animation) à Toulouse[10] qui vient se rajouter à la liste d'établissements réputé pour former aux métiers de la bande dessinée et du manga (voir Eurasiam à Paris).

Des oeuvres originales comme City Hall de Rémi Guérin et Guillaume Lapeyre, sont des succès littéraires.

En 2016, le manga français Outlaw Players remporte le prix du meilleur manga international lors des Japan Expo Awards[11]. La série est publiée au Japon chez l'éditeur Kodansha[12].

La même année, le youtubeur Kevin Tran de la chaîne Le Rire Jaune publie Ki & Hi, qui connaît un succès immédiat en librairies. 50 000 exemplaires sont vendus en dix jours [13].

De 2014 à 2019, les éditions Ki-oon organisent un grand concours de manga avec un contrat d'édition à la clé. Le "Tremplin Ki-oon", qui rassemble des centaines de participants[14], permet à de jeunes talents comme la suisse Yami Shin de se faire connaître[15]. En 2023, c'est l'éditeur Kana qui lance son Mankaga Challenge sur le thème du Summer Feeling, à l'occasion de la Japan Expo de Paris[16].

En 2019, Devil's Relics, co-écrit par le rappeur Maître Gims, est un échec commercial. Tiré à 50 000 exemplaires, il ne se vend qu’à 21 000 unités[17].

La fin des années 2010 voit aussi le développement du néologisme Afro-manga. Ce genre de manfra met en avant des univers inspirés par les cultures africaines ou le patrimoine des Outre-mer[18]. Il est généralement scénarisé et dessiné par des artistes de la Réunion, Guadeloupe, Martinique ou la Guyane. En 2017, les éditions Des bulles dans l'océan, basé à Saint-Denis (La Réunion), publient Redskin de Yvan Soudy alias Staark [19]. L'éditeur Glénat annonce la publication de RedFlower, manga inspiré par les traditions africaines par Loui, auteur franco-ghanéen[20].

En 2020, le dessinateur Jéronimo Céjudo devient le premier français à remporter le célèbre Prix Tezuka au Japon (section internationale), ce qui lui vaut les félicitations de mangakas comme Kazue Kato (Blue Exorcist).

La même année, l’éditeur Kurokawa et la société luxembourgeoise Tsume s’allient pour donner vie à un nouveau label manga, KuroTsume[21]. Deux premiers titres sont annoncés en grande pompe : Imperium Circus et Ragnafall. Mais devant les faibles ventes sur le marché, aucun des deux titres n'est reconduit. Le label est depuis en pause[22].

En 2021, le retour de Goldorak par Xavier Dorison devient la deuxième plus grosse vente de l'année en librairies derrière Astérix[23].

Caractéristiques

Le manga français a des caractéristiques très proches des mangas japonais. Il est généralement édité en format poche ou semi-poche (A5/B5), broché sous jaquette, avec une pagination importante (180 pages minimum), en noir et blanc, et un récit découpé en plusieurs chapitres.

Si au Japon les œuvres passent d'abord en feuilleton par un magazine de prépublication de manga comme le Weekly Shōnen Jump, les mangas français sont directement publiés en format de poche en librairie.

Classification

Au Japon comme à l'international, le manga est classifié en fonction de l'âge et du sexe du lectorat visé : shōnen, seinen, etc. Cependant, les œuvres francophones sont beaucoup moins variées pour des raisons commerciales. Ainsi, on ne retrouve principalement que du Nekketsu, genre très populaire pour les adolescents, calqué sur des récits d'aventure aussi célèbres que Dragon Ball ou One Piece mais aussi des mangas de sport comme Captain Tsubasa. En mettant en avant un produit certain d'attirer les jeunes lecteurs, les éditeurs peuvent ainsi gagner la confiance des libraires.

Cependant, certains manfra font la différence comme Pink Diary de Jenny, série en huit tomes qui reprend les codes du shōjo (manga pour les jeunes filles)[24]. Ou encore Save me Pythie de Elsa Brants, qui narre les mésaventures d'une jeune fille dans la Grèce Antique.

Dessin

Le manfra possède un style dynamique, exagération des mouvements et des attitudes. Si les pages sont en noir et blanc, chaque tome démarre avec quelques pages en couleurs, puis bascule vers l'utilisation de trames, une technique de points espacés qui a pour effet de donner visuellement différentes valeurs de gris. Les personnages sont souvent de caractéristiques physiques asiatiques (petits nez, grands yeux en amande expressifs).

Les dessinateurs sont appelés Mangaka comme leurs homologues japonais. Il travaille avec des outils aussi techniques que des plumes à dessin (plumes métalliques de type zebra g pen, tachikawa g pen, etc.). Si au Japon, un mangaka est généralement entouré par des assistants pour dessiner les bulles ou les décors, le mangaka français doit souvent s'occuper de toute la production de son œuvre seul.

Dialogues et textes

Il y a présence de bruitages, d'interjections, ou d'onomatopées, le plus souvent en français, bien qu'un auteur puisse utiliser des onomatopées japonaises en kanji, caractères chinois ou sinogramme, dans les dialogues d'un manfra.

Mise en page

Le manfra peut posséder des dessins en pleine page, double-pages, cases explosées, cadrage et mise en scène découpant une seule action en plusieurs cases.

Sens de lecture

Sens de lecture d'un manga de droite à gauche.

Au Japon, les mangas se lisent de droite à gauche, et à la verticale (de haut en bas), ce qui correspond au sens de lecture traditionnel (tategaki 縦書き, « écriture verticale», aussi tategumi, 縦組み).

En France, bien que la lecture se fasse de gauche à droite, les auteurs de manfra adoptent généralement le sens de lecture japonais de droite à gauche ; probablement par stratégie commerciale. Certaines œuvres se lisent néanmoins à l'occidentale comme dans Talli, Fille de la Lune de Sourya Sihachakr.

Les grands succès

Dreamland

Logo du manga français Dreamland.

En 2006, Reno Lemaire et son œuvre fantastique Dreamland est publié chez Pika Édition. L'histoire se déroule à Montpellier de nos jours. Terrence Meyer est un élève en terminale STG (Actuel STMG1) qui a perdu sa mère dans un incendie. Depuis, il a une peur panique du feu. Mais un soir, alors qu'il rêve de sa mère, il surmonte sa phobie en contrôlant les flammes qui l'entourent. À partir de cet instant, lors de son sommeil, il se retrouve transporté à Dreamland, le monde des rêves.

Dreamland est l'un des rares manga français à perdurer dans le temps avec 21 volumes et un Artbook publiés[25]. À l'été 2022, la plateforme française ADN[26] annonce la production d'une adaptation en anime, prévue pour 2024[27],[28]. Trois saisons d'une dizaine d'épisodes sont d'ores et déjà prévues et seront réalisées par le studio français La Chouette Compagnie[29].

Radiant

Radiant de Tony Valente est le premier manga français publié au Japon, par le biais de l'éditeur Asukashinsha dans la collection Euromanga[30]. Dans un univers fantastique, des sorciers affrontent des monstres appelés Némésis. Seth est un adolescent qui doit trouver le lieu d'origine des Némésis, le légendaire Radiant, tout en évitant l'Inquisition, une organisation opposée aux sorciers.

Radiant est reconnu par Yusuke Murata (One Punch Man) et Hiro Mashima (Fairy Tail)[31]. À l'occasion de l'Anime & Manga Grand Prix, la série reçoit le prix de la meilleure BD au « style manga » de l'année 2014, décerné par le magazine AnimeLand[32]. Elle remporte également le prix BD/Manga Canal BD-J'aime lire Max dans la catégorie « Manga » en 2015[33]. Pour la Japan Expo de 2016, la série reçoit le prix Daruma du meilleur manga international[34].

Liste d'œuvres

Notes et références

  1. Pauline Croquet et Alexis Orisini, « Japan Expo : les mangakas français à la conquête du neuvième art nippon », sur Le Monde, (consulté le ).
  2. « Livre-Paris 2019 : où en est le "Global Manga" en France ? », sur actuabd.com, (consulté le ).
  3. « Au salon du Livre, le phénomène du "Manfra", le manga français (France 3) ».
  4. « Comment le manga à la française, dit le "manfra", est devenu tendance (France Info) »
  5. « Tony Valente, auteur du manga « Radiant » (Le Monde) ».
  6. Marilys Vallet, « Tony Valente, mangaka français et idole au [[Japon]] », sur Le Point, (consulté le )
  7. Thomas Berthelon et Dominique Molinaro, « Dofus passe le cap du million d’exemplaires vendus », sur Actua BD, (consulté le ).
  8. « Chronoctis Express Tome 1 " de Aerinn (Science Fiction Magazine) »
  9. « Fiche des éditions Kotoji (Manga news) »
  10. « Dans les coulisses de l'école de mangas (La Depêche) »
  11. Strafeur, « Japan Expo Awards : Découvrez le palmarès des Daruma 2017 », sur 9emeart.fr, (consulté en )
  12. Hanoko, « Un manga français au Japon », sur shoshosein.com, (consulté le )
  13. « «Ki & Hi» casse la baraque (Le Parisien) ».
  14. « Retour du Tremplin Ki-oon (Manga news) ».
  15. « "Green Mechanic" : la première série issue du Tremplin Manga Ki-oon (Actua BD) ».
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Voir aussi

Articles connexes