« Kronosaurus » : différence entre les versions

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{{Taxobox début | animal | ''Kronosaurus'' | Kronosaurus_queenslandicus_QM_F18827_proposed_neotype.jpg | QM F18827, le [[crâne]] [[néotype]]<br/>proposé de ''K. queenslandicus''.}}
{{Taxobox début | animal | ''Kronosaurus'' | Kronosaurus_queenslandicus_QM_F18827_proposed_neotype.jpg | QM F18827, le [[crâne]] d'un des spécimens [[néotype]]s proposées de ''K. queenslandicus''.}}
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''{{dfn|Kronosaurus}}'' est un [[genre (biologie)|genre]] [[extinction des espèces|éteint]] de grands [[Pliosauroidea|pliosaures]] ayant vécu durant les [[Étage (géologie)|étages]] [[Aptien]] à [[Albien]] du [[Crétacé inférieur]], dans ce qui est actuellement l'[[Australie]]. Le premier spécimen connu est reçu en 1899 et consiste en une [[Symphyse de la mandibule|symphyse mandibulaire]] partiellement préservé, qui est d'abord vue comme provenant d'un [[ichtyosaure]] selon [[Charles Walter De Vis|Charles De Vis]]. Ce n'est cependant qu'en 1924 qu'{{lien|Albert Heber Longman}} décrit formellement ce spécimen comme l'[[holotype]] d'un imposant [[Pliosauridae|pliosauridé]], auquel il érige le [[nom scientifique]] de ''{{dfn|Kronosaurus queenslandicus}}'', qui est toujours l'unique [[espèce]] reconnue à ce jour. Le [[Nom binominal|nom du genre]], signifiant « lézard de [[Cronos|Kronos]] », se réfère à sa grande taille et à sa possible [[férocité]] pouvant rappeler le [[Titan (mythologie)|Titan]] de la [[mythologie grecque]], tandis que l'[[épithète spécifique]] fait allusion au [[Queensland]], l'[[États et territoires de l'Australie|État australien]] de sa découverte. Aux début des [[années 1930]], le [[Musée de Zoologie comparée]] d'[[Harvard]] envoie une expédition organisée en Australie qui récupère deux spécimens historiquement attribuées au [[taxon]], dont un [[squelette]] partiel qui est aujourd'hui massivement restauré en [[plâtre]]. Un certain nombre de fossiles attribuées ont été découverts ultérieurement, incluant deux grands squelettes plus ou moins complets proposées comme de potentiels [[néotype]]s. Deux espèces supplémentaires furent proposées, mais ces derniers sont désormais vues comme invalides ou appartenant à un autre genre.
''{{dfn|Kronosaurus}}'' est un [[genre (biologie)|genre]] [[extinction des espèces|éteint]] de grands [[Pliosauroidea|pliosaures]] ayant vécu durant les [[Étage (géologie)|étages]] [[Aptien]] à [[Albien]] du [[Crétacé inférieur]], dans ce qui est actuellement l'[[Australie]]. Le premier spécimen connu est reçu en 1899 et consiste en une [[Symphyse de la mandibule|symphyse mandibulaire]] partiellement préservé, qui est d'abord vue comme provenant d'un [[ichtyosaure]] selon [[Charles Walter De Vis|Charles De Vis]]. Ce n'est cependant qu'en 1924 qu'{{lien|Albert Heber Longman}} décrit formellement ce spécimen comme l'[[holotype]] d'un imposant [[Pliosauridae|pliosauridé]], auquel il érige le [[nom scientifique]] de ''{{dfn|Kronosaurus queenslandicus}}'', qui est toujours l'unique [[espèce]] reconnue à ce jour. Le [[Nom binominal|nom du genre]], signifiant « lézard de [[Cronos|Kronos]] », se réfère à sa grande taille et à sa possible [[férocité]] pouvant rappeler le [[Titan (mythologie)|Titan]] de la [[mythologie grecque]], tandis que l'[[épithète spécifique]] fait allusion au [[Queensland]], l'[[États et territoires de l'Australie|État australien]] de sa découverte. Aux début des [[années 1930]], le [[Musée de Zoologie comparée]] d'[[Harvard]] envoie une expédition organisée en Australie qui récupère deux spécimens historiquement attribuées au [[taxon]], dont un [[squelette]] partiel qui est aujourd'hui massivement restauré en [[plâtre]]. Un certain nombre de fossiles attribuées ont été découverts ultérieurement, incluant deux grands squelettes plus ou moins complets proposées comme de potentiels [[néotype]]s. Deux espèces supplémentaires furent proposées, mais ces derniers sont désormais vues comme invalides ou appartenant à un autre genre.


''Kronosaurus'' est l'un des plus grands pliosaures ayant été identifiés à ce jour. Les estimations initiales fixaient sa taille maximale à environ {{unité|13|m}} de long sur la base du squelette d'Harvard. Cependant, ce dernier ayant été reconstitué avec un nombre exagéré de [[vertèbre]]s, les estimations publiées à partir de la fin des [[années 1990]] réduisent la taille de l'animal de {{unité|9 à 10.5|m}} de long. Les plus grands crânes identifiés de ''Kronosaurus'' surpassent en taille ceux des plus grands [[dinosaure]]s [[théropode]]s connues.
''Kronosaurus'' est l'un des plus grands pliosaures ayant été identifiés à ce jour. Les estimations initiales fixaient sa taille maximale à environ {{unité|13|m}} de long sur la base du squelette d'Harvard. Cependant, ce dernier ayant été reconstitué avec un nombre exagéré de [[vertèbre]]s, les estimations publiées à partir de la fin des [[années 1990]] réduisent la taille de l'animal de {{unité|9 à plus de 10|m}} de long. Les plus grands crânes identifiés de ''Kronosaurus'' surpassent en taille ceux des plus grands [[dinosaure]]s [[théropode]]s connues.


''Kronosaurus'' habitait la {{lien|trad=Eromanga Sea|fr=mer d'Eromanga}}, une [[mer intérieure]] qui couvrait certaines parties du centre et de l'est de l'Australie au début du [[Crétacé]] et atteignait des températures plutôt froides. Il s’agissait probablement d’un [[superprédateur]] qui s’attaquait à d’autres [[Reptile marin|reptiles marins]]. Des restes de [[Plesiosauroidea|plésiosaures]] et de [[tortue]]s ont été trouvés dans le contenu [[Estomac|stomacal]] de spécimens traditionnels de la formation de Toolebuc.
D'après sa répartition [[Stratigraphie|stratigraphique]] dans les archives fossiles, ''Kronosaurus'' habitait la {{lien|trad=Eromanga Sea|fr=mer d'Eromanga}}, une ancienne [[mer intérieure]] qui couvrait certaines parties du centre et de l'est de l'Australie au début du [[Crétacé]] et atteignait des températures plutôt froides. L'animal aurait probablement été un [[superprédateur]] au sein de cette mer, des preuves fossiles montrant que l'animal s'est attaqué envers des [[Tortue marine|tortues de mer]] et à d'autres plésiosaures. Le crâne d'un spécimen [[Juvénile (organisme)|juvénile]] montre qu'il aurait été attaqué par un adulte, indiquant une [[Comportement agonistique|agression intraspécifique]] voire de potentiel preuve de [[Cannibalisme animal|cannibalisme]] au sein du genre.


== Historique des recherches ==
== Historique des recherches ==
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[[Fichier:Kronosaurus_queenslandicus_holotype.jpg|vignette|gauche|upright=1.1|alt=|QM F1609, la [[Symphyse de la mandibule|symphyse mandibulaire]] partiel [[holotype]] de ''K. queenslandicus''.]]
[[Fichier:Kronosaurus_queenslandicus_holotype.jpg|vignette|gauche|upright=1.1|alt=|QM F1609, la [[Symphyse de la mandibule|symphyse mandibulaire]] partiel [[holotype]] de ''K. queenslandicus''.]]


En 1899, un [[fossile]] partiel provenant d'un [[reptile marin]] est envoyé de la part d'un certain Andrew Crombie au {{lien|trad=Queensland Museum}}, à [[Brisbane]], en [[Australie]], et est reçu par le [[zoologue]] [[Charles Walter De Vis|Charles De Vis]], qui est alors le directeur du musée lors de cette époque{{sfn|McHenry|2009|p=25}}. Aucune informations concernant la localité d'origine du fossile n'est connue{{sfn|Kear|2003|p=292}}{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=25}}{{,}}<ref name="Paleofile">{{lien web|langue=en|titre=''Kronosaurus''|url=http://www.paleofile.com/Sauropterygia/Kronosaurus.asp|website=Paleofile}}</ref>, mais il semblerait qu'il aurait été vraisemblablement découvert près d'[[Hughenden]], dans le [[Queensland]], ville d'où provient Crombie<ref name="Longman1924"/>{{,}}<ref name="Mather1986"/>. Les archives du Queensland Museum montrent que De Vis a même envoyé une lettre à Crombie pour l'informer qu'il fut mis au courant de la réception du matériel{{sfn|McHenry|2009|p=x}}. Le fossile en question, catalogué QM F1609, consiste en une [[Symphyse de la mandibule|symphyse mandibulaire]] partielle portant six [[dent]]s coniques<ref name="Longman1924">{{article|langue=en|auteur=Albert H. Longman|titre=A new gigantic marine reptile from the Queensland Cretaceous, ''Kronosaurus queenslandicus'' new genus and species|périodique=Memoirs of the Queensland Museum|année=1924|volume=8|pages=26-28|url=https://www.biodiversitylibrary.org/item/189989#page/34/mode/1up}}</ref>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=25}}. Sur la base de ses observations, De Vis considère le fossile comme provenant d'un représentant des [[Euryapsida|Enaliosauria]], un [[taxon]] aujourd'hui [[Taxon poubelle|obsolète]] qui regroupait les [[Plesiosauria|plésiosauriens]] et les [[Ichthyosauria|ichthyosaures]]. De Vis pensait initialement que le spécimen proviendrait d'un ichthyosaure, et plus particulièrement d’''[[Ichthyosaurus]] australis''{{sfn|McHenry|2009|p=25}}, qui semble aujourd'hui être placé dans le genre ''[[Platypterygius]]''{{sfn|Kear|2003|p=283}}. Cependant, la dentition particulière de ce spécimen le font vite changer d'avis quand à son appartenance à cette espèce précise. Le fossile est officiellement [[Description des espèces|décrit]] par le directeur succédant à De Vis, {{lien|Albert Heber Longman}}, dans un [[article scientifique]] publiée en 1924 par le journal du Queensland Museum. Longman en déduit que le fossile provient d'un grand [[Pliosauroidea|pliosaure]], auquel il érige le [[Nom binominal|nom]] de [[Genre (biologie)|genre]] et d'espèce ''Kronosaurus queenslandicus''<ref name="Longman1924"/>{{,}}<ref name="Mather1986">{{ouvrage|langue=en|auteur=Patricia Mather|titre=A Time for a Museum : The History of the Queensland Museum 1862-1986|année=1986|éditeur=Memoirs of the Queensland Museum|lieu=South Brisbane, Queensland|volume=24|passage=138-141|pages totales=366|chapitre=The Longman Era|isbn=978-0-724-21645-1|url=https://archive.org/details/MemoirsQueensla00Quee/page/138/mode/2up}}</ref>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=25}}. Le nom générique provient de [[Cronos|Kronos]], un [[Titan (mythologie)|Titan]] de la [[mythologie grecque]], et du [[grec ancien]] {{grec ancien|σαῦρος|saûros}}, « lézard », pour donner littéralement « lézard de Kronos ». Longman aurait crée ce nom générique en référence à la taille imposante et à la possible [[férocité]] de l'animal, qui pourrait rappeler l'histoire de Kronos, qui est connu dans la mythologie grecque pour avoir dévoré ses propres enfants, notamment [[Zeus]]<ref name="Hall1985"/>{{,}}<ref name="Long1998"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=25}}{{,}}<ref name="Paleofile"/>{{,}}<ref name="Meaning"/>. L'[[épithète spécifique]] ''queenslandicus'' est nommé d'après le Queensland, l'[[États et territoires de l'Australie|État australien]] d'où fut découvert le spécimen holotype<ref name="Hall1985"/>{{,}}<ref name="Meaning">{{lien web|langue=en|titre=Ben Creisler's Plesiosaur Pronunciation Guide|année=2012|auteur=Ben Creisler|website=Oceans of Kansas|url=http://oceansofkansas.com/Creisler_Plesiosaurs2.html|consulté le=26 juin 2021}}</ref>{{,}}<ref name="Paleofile"/>.
En 1899, un [[fossile]] partiel provenant d'un [[reptile marin]] est envoyé de la part d'un certain Andrew Crombie au {{lien|trad=Queensland Museum}}, à [[Brisbane]], en [[Australie]], et est reçu par le [[zoologue]] [[Charles Walter De Vis|Charles De Vis]], qui est alors le directeur du musée lors de cette époque{{sfn|McHenry|2009|p=25}}. Aucune informations concernant la localité d'origine du fossile n'est connue{{sfn|Kear|2003|p=292}}{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=25}}{{,}}<ref name="Paleofile">{{lien web|langue=en|titre=''Kronosaurus''|url=http://www.paleofile.com/Sauropterygia/Kronosaurus.asp|website=Paleofile}}</ref>, mais il semblerait qu'il aurait été vraisemblablement découvert près d'[[Hughenden]], dans le [[Queensland]], ville d'où provient Crombie<ref name="Longman1924"/>{{,}}<ref name="Mather1986"/>. Les archives du Queensland Museum montrent que De Vis a même envoyé une lettre à Crombie pour l'informer qu'il fut mis au courant de la réception du matériel{{sfn|McHenry|2009|p=x}}. Le fossile en question, catalogué QM F1609, consiste en une [[Symphyse de la mandibule|symphyse mandibulaire]] partielle portant six [[dent]]s coniques<ref name="Longman1924">{{article|langue=en|auteur=Albert H. Longman|titre=A new gigantic marine reptile from the Queensland Cretaceous, ''Kronosaurus queenslandicus'' new genus and species|périodique=Memoirs of the Queensland Museum|année=1924|volume=8|pages=26-28|url=https://www.biodiversitylibrary.org/item/189989#page/34/mode/1up}}</ref>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=25}}. Sur la base de ses observations, De Vis considère le fossile comme provenant d'un représentant des [[Euryapsida|Enaliosauria]], un [[taxon]] aujourd'hui [[Taxon poubelle|obsolète]] qui regroupait les [[Plesiosauria|plésiosauriens]] et les [[Ichthyosauria|ichthyosaures]]. De Vis pensait initialement que le spécimen proviendrait d'un ichthyosaure, et plus particulièrement d’''[[Ichthyosaurus]] australis''{{sfn|McHenry|2009|p=25}}, qui semble aujourd'hui être placé dans le genre ''[[Platypterygius]]''{{sfn|Kear|2003|p=283}}. Cependant, la dentition particulière de ce spécimen le font vite changer d'avis quand à son appartenance à cette espèce précise. Le fossile est officiellement [[Description des espèces|décrit]] par le directeur succédant à De Vis, {{lien|Albert Heber Longman}}, dans un [[article scientifique]] publiée en 1924 par le journal du Queensland Museum. Longman en déduit que le fossile provient d'un grand [[Pliosauroidea|pliosaure]], auquel il érige le [[Nom binominal|nom]] de [[Genre (biologie)|genre]] et d'espèce ''Kronosaurus queenslandicus''<ref name="Longman1924"/>{{,}}<ref name="Mather1986">{{ouvrage|langue=en|auteur=Patricia Mather|titre=A Time for a Museum : The History of the Queensland Museum 1862-1986|année=1986|éditeur=Memoirs of the Queensland Museum|lieu=South Brisbane, Queensland|volume=24|passage=138-141|pages totales=366|chapitre=The Longman Era|isbn=978-0-724-21645-1|url=https://archive.org/details/MemoirsQueensla00Quee/page/138/mode/2up}}</ref>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=25}}. Le nom générique provient de [[Cronos|Kronos]], un [[Titan (mythologie)|Titan]] de la [[mythologie grecque]], et du [[grec ancien]] {{grec ancien|σαῦρος|saûros}}, « lézard », pour donner littéralement « lézard de Kronos ». Longman aurait crée ce nom générique en référence à la taille imposante et à la possible [[férocité]] de l'animal, qui pourrait rappeler l'histoire de Kronos, qui est connu dans la mythologie grecque pour avoir dévoré ses propres enfants, notamment [[Zeus]]<ref name="Hall1985"/>{{,}}<ref name="Long1998"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=25}}{{,}}<ref name="Paleofile"/>{{,}}<ref name="Meaning"/>. L'[[épithète spécifique]] ''queenslandicus'' est nommé d'après le Queensland, l'[[États et territoires de l'Australie|État australien]] d'où fut découvert le spécimen holotype<ref name="Hall1985"/>{{,}}<ref name="Meaning">{{lien web|langue=en|titre=Ben Creisler's Plesiosaur Pronunciation Guide|année=2012|auteur=Ben Creisler|website=Oceans of Kansas|url=http://oceansofkansas.com/Creisler_Plesiosaurs2.html|consulté le=26 juin 2021}}</ref>{{,}}<ref name="Paleofile"/>.


En {{date-|août 1929}}, quinze fossiles<ref name="Longman1930">{{article|langue=en|auteur=Albert H. Longman|titre=''Kronosaurus queenslandicus'' : A Gigantic Cretaceous Pliosaur|périodique=Memoirs of the Queensland Museum|année=1930|volume=10|pages=1-7|url=https://www.biodiversitylibrary.org/page/52128600#page/3/mode/1up}}</ref> plus ou moins partiels sont découverts à près de {{unité|3,2|km}} au [[sud]] d'Hughenden{{sfn|McHenry|2009|p=25}}. Ces mêmes fossiles, tous enregistrés sous la numérotation QM F2137<ref name="Paleofile"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=25-26}}, sont identifiés comme provenant de la {{lien|trad=Toolebuc Formation|fr=formation de Toolebuc}}, datant de l'[[Étage (géologie)|étage]] [[Albien]] du [[Crétacé supérieur]], l'holotype ayant très probablement été également découvert dans cette même unité [[stratigraphique]]{{sfn|McHenry|2009|p=26}}. La majorité du matériel récupéré sont alors très incomplets, les deux seuls pouvant être concrètement décrits étant des parties [[Système de référence en anatomie#Qualificatifs d'orientation|proximales]] de [[:en:wikt:propodial|propodiums]] (des os du [[Membre (anatomie)|membre]] supérieur)<ref name="Paleofile"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=25}}, qui sont analysés plus en détails l'année suivante, et ceux à nouveau par Longman<ref name="Longman1930"/>. En 1932, dans le but de rendre les fossiles de l'animal « attrayant », Longman publie l'une des plus anciennes [[paléoart|reconstitution]] connues de ''Kronosaurus''. L'illustration fut dessiné en 1931 par un certain Wilfrid Morden, qui s'est inspirée notamment des traits anatomiques de ''[[Peloneustes]]'' pour combler les parties encore inconnues de l'animal<ref name="Longman1932">{{article|langue=en|auteur=Albert H. Longman|titre=Restoration of ''Kronosaurus queenslandicus''|périodique=Memoirs of the Queensland Museum|année=1932|volume=10|pages=98|url=https://www.biodiversitylibrary.org/page/52132785#page/16/mode/1up}}</ref>.
En {{date-|août 1929}}, quinze fossiles<ref name="Longman1930">{{article|langue=en|auteur=Albert H. Longman|titre=''Kronosaurus queenslandicus'' : A Gigantic Cretaceous Pliosaur|périodique=Memoirs of the Queensland Museum|année=1930|volume=10|pages=1-7|url=https://www.biodiversitylibrary.org/page/52128600#page/3/mode/1up}}</ref> plus ou moins partiels sont découverts à près de {{unité|3,2|km}} au [[sud]] d'Hughenden{{sfn|McHenry|2009|p=25}}. Ces mêmes fossiles, tous enregistrés sous la numérotation QM F2137<ref name="Paleofile"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=25-26}}, sont identifiés comme provenant de la {{lien|trad=Toolebuc Formation|fr=formation de Toolebuc}}, datant de l'[[Étage (géologie)|étage]] [[Albien]] du [[Crétacé inférieur]], l'holotype ayant très probablement été également découvert dans cette même unité [[stratigraphique]]{{sfn|McHenry|2009|p=26}}. La majorité du matériel récupéré sont alors très incomplets, les deux seuls pouvant être concrètement décrits étant des parties [[Système de référence en anatomie#Qualificatifs d'orientation|proximales]] de [[:en:wikt:propodial|propodiums]] (des os du [[Membre (anatomie)|membre]] supérieur)<ref name="Paleofile"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=25}}, qui sont analysés plus en détails l'année suivante, et ceux à nouveau par Longman<ref name="Longman1930"/>. En 1932, dans le but de rendre les fossiles de l'animal « attrayant », Longman publie l'une des plus anciennes [[paléoart|reconstitution]] connues de ''Kronosaurus''. L'illustration fut dessiné en 1931 par un certain Wilfrid Morden, qui s'est inspirée notamment des traits anatomiques de ''[[Peloneustes]]'' pour combler les parties encore inconnues de l'animal<ref name="Longman1932">{{article|langue=en|auteur=Albert H. Longman|titre=Restoration of ''Kronosaurus queenslandicus''|périodique=Memoirs of the Queensland Museum|année=1932|volume=10|pages=98|url=https://www.biodiversitylibrary.org/page/52132785#page/16/mode/1up}}</ref>.


En mai et en avril 1935, un certain J. Edgar Young, un collecteur travaillant au Queensland Museum, collecte plusieurs fossiles provenant de la formation de Toolebuc, plus précisément dans la station de Telemon, à environ {{unité|30|km}} à l'ouest d'Hughenden{{sfn|McHenry|2009|p=27}}. Parmi tous les fossiles que Young a participé à leur exhumation, figurent des restes supplémentaires attribués à ''Kronosaurus'', incluant les premiers parties crâniennes un peu plus complets identifiés au sein du genre. Dans son article publiée en {{date-|octobre 1935}}, Longman, en raison du nombre élevée de fossiles, suggère qu'ils proviendrait d'au moins deux ou trois individus. Notant que les fossiles n'ont pas été entièrement préparées au moment de sa description, il les décrit à titre préliminaire<ref name="Longman1935">{{article|langue=en|auteur=Albert H. Longman|titre=Palæontological notes|périodique=Memoirs of the Queensland Museum|année=1935|volume=10|pages=236-239|url=https://www.biodiversitylibrary.org/page/51236400#page/32/mode/1up}}</ref>. Le spécimen le plus notable, catalogué QM F2446<ref name="Molnar1991"/>{{,}}<ref name="Paleofile"/>{{,}}{{sfn|Kear|2003|p=292}}, consiste en un milieu partiel du crâne qui préserve un [[condyle occipital]], l'arrière du [[neurocrâne]], les [[narine]]s externes ainsi que les [[Orbite (anatomie)|orbites]]{{sfn|McHenry|2009|p=27}}.
En mai et en avril 1935, un certain J. Edgar Young, un collecteur travaillant au Queensland Museum, collecte plusieurs fossiles provenant de la formation de Toolebuc, plus précisément dans la station de Telemon, à environ {{unité|30|km}} à l'ouest d'Hughenden{{sfn|McHenry|2009|p=27}}. Parmi tous les fossiles que Young a participé à leur exhumation, figurent des restes supplémentaires attribués à ''Kronosaurus'', incluant les premiers parties crâniennes un peu plus complets identifiés au sein du genre. Dans son article publiée en {{date-|octobre 1935}}, Longman, en raison du nombre élevée de fossiles, suggère qu'ils proviendrait d'au moins deux ou trois individus. Notant que les fossiles n'ont pas été entièrement préparées au moment de sa description, il les décrit à titre préliminaire<ref name="Longman1935">{{article|langue=en|auteur=Albert H. Longman|titre=Palæontological notes|périodique=Memoirs of the Queensland Museum|année=1935|volume=10|pages=236-239|url=https://www.biodiversitylibrary.org/page/51236400#page/32/mode/1up}}</ref>. Le spécimen le plus notable, catalogué QM F2446{{sfn|Molnar|1991|p=632}}{{,}}<ref name="Paleofile"/>{{,}}{{sfn|Kear|2003|p=292}}, consiste en un milieu partiel du crâne qui préserve un [[condyle occipital]], l'arrière du [[neurocrâne]], les [[narine]]s externes ainsi que les [[Orbite (anatomie)|orbites]]{{sfn|McHenry|2009|p=27}}.


=== Expéditions australiennes d'Harvard ===
=== Expéditions australiennes d'Harvard ===
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[[Fichier:Kronosaurus queenslandicus.jpg|vignette|gauche|redresse=1.32|alt=|[[Musée de Zoologie comparée|MCZ]] 1285, le squelette d'[[Harvard]] historiquement attribué à ''Kronosaurus'', parfois surnommé « ''Plasterosaurus'' ». Ce spécimen aurait été reconstitué avec avec trop de [[vertèbre]]s et avec de mauvaises proportions [[Crâne|crâniennes]].]]
[[Fichier:Kronosaurus queenslandicus.jpg|vignette|gauche|redresse=1.32|alt=|[[Musée de Zoologie comparée|MCZ]] 1285, le squelette d'[[Harvard]] historiquement attribué à ''Kronosaurus'', parfois surnommé « ''Plasterosaurus'' ». Ce spécimen aurait été reconstitué avec avec trop de [[vertèbre]]s et avec de mauvaises proportions [[Crâne|crâniennes]].]]


L'histoire concernant la découverte, l'exhumation et l'exposition du second spécimen, catalogué MCZ 1285, est bien plus détaillé dans de nombreux sources historiques<ref name="White1935"/>{{,}}<ref name="Romer&Lewis1959"/>{{,}}<ref name="Hall1985"/>{{,}}<ref name="Mather1986"/>{{,}}<ref name="Long1998"/>{{,}}<ref name="Pick&Sloan2004"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=26}}. Ce spécimen a été découvert bien avant que l'expédition d'Harvard ne soit même lancé, par un [[ranch]]er du nom de Ralph William Haslam Thomas<ref name="OOKKronosaur"/>, dans une localité connu sous le nom d'Army Downs<ref name="Romer&Lewis1959">{{article|langue=en|auteur1=Alfred S. Romer|auteur2=Arnold D. Lewis|titre=A mounted skeleton of the giant plesiosaur ''Kronosaurus''.|périodique=[[Musée de Zoologie comparée|Breviora]]|année=1959|numéro=112|pages=1-15|url=https://www.biodiversitylibrary.org/page/3190635#page/499/mode/1up}}</ref>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=26}}. Ce dernier était au courant depuis de nombreuses années de la présence de {{citation|quelque chose d'étrange sortant du sol}} dans un petit enclos pour chevaux<ref name="Mather1986"/>{{,}}<ref name="Pick&Sloan2004"/>. Ces « choses étranges » s'agissait en réalité d'une rangée de vertèbres contenue dans des [[Nodule (géologie)|nodules]]<ref name="OOKKronosaur">{{lien web|langue=en|auteur=Michael J. Everhart|titre=''Kronosaurus queenslandicus'': Ancient Monarch of the Seas|url=http://oceansofkansas.com/kronosar.html|format=html|accès url=libre|website=Oceans of Kansas|année=2001|archive-url=https://web.archive.org/web/20230527042550/http://oceansofkansas.com/kronosar.html|archive-date=2023-05-27}}</ref>. Constatant sa découverte, Thomas informe donc les membres de l'expédition d'Harvard<ref name="OOKKronosaur"/>, et intéresse en particulier Schevill<ref name="Mather1986"/>{{,}}<ref name="Pick&Sloan2004"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=26}}. Ce dernier contacte alors un [[migrant]] [[Britanniques|britannique]] formé à l'utilisation d'explosifs, surnommé « The Maniac » par les résidents locaux{{Note|Le surnom donné à cet énigmatique personnage est due au fait que des rumeurs persistait à dire qu'il aurait apparement [[Homicide|tué]] un homme<ref name="Pick&Sloan2004"/>.|groupe=N}}{{,}}<ref name="Mather1986"/>{{,}}<ref name="Pick&Sloan2004"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=26}}, afin d'extraire le spécimen de {{unité|4,5|tonnes}} de roches qui constitue sa [[Matrice (géologie)|matrice géologique]]<ref name="Nature1959">{{article|langue=en|titre=A Giant Plesiosaur|périodique=[[Nature (revue)|Nature]]|date=19-12-1959|volume=184|numéro=4703|page=1914|doi=10.1038/1841914a0|bibcode=1959Natur.184Q1914.|s2cid=45491683|accès doi=libre}}</ref>. Lorsque le spécimen fut déterré, ses fossiles sont alors envoyés aux [[États-Unis]] dans {{nb|86 caisses}} pesant au total {{unité|6|tonnes}}<ref name="Hall1985"/>{{,}}<ref name="OOKKronosaur"/>{{,}}<ref name="Pick&Sloan2004"/>. D'après le permis d'exportation, le spécimen aurait été transporté à bord du {{lien|trad=SS Canadian Constructor|texte=SS ''Canadian Constructor''}} vers le {{date|1er|décembre|1932}}<ref name="OOKKronosaur"/>.
L'histoire concernant la découverte, l'exhumation et l'exposition du second spécimen, catalogué MCZ 1285, est bien plus détaillé dans de nombreux sources historiques<ref name="White1935"/>{{,}}<ref name="Romer&Lewis1959"/>{{,}}<ref name="Hall1985"/>{{,}}<ref name="Mather1986"/>{{,}}<ref name="Long1998"/>{{,}}<ref name="Pick&Sloan2004"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=26}}. Ce spécimen a été découvert bien avant que l'expédition d'Harvard ne soit même lancé, par un [[ranch]]er du nom de Ralph William Haslam Thomas<ref name="OOKKronosaur"/>, dans une localité connu sous le nom d'Army Downs<ref name="Longman1935"/>{{,}}<ref name="Romer&Lewis1959">{{article|langue=en|auteur1=Alfred S. Romer|auteur2=Arnold D. Lewis|titre=A mounted skeleton of the giant plesiosaur ''Kronosaurus''.|périodique=[[Musée de Zoologie comparée|Breviora]]|année=1959|numéro=112|pages=1-15|url=https://www.biodiversitylibrary.org/page/3190635#page/499/mode/1up}}</ref>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=26}}. Ce dernier était au courant depuis de nombreuses années de la présence de {{citation|quelque chose d'étrange sortant du sol}} dans un petit enclos pour chevaux<ref name="Mather1986"/>{{,}}<ref name="Pick&Sloan2004"/>. Ces « choses étranges » s'agissait en réalité d'une rangée de vertèbres contenue dans des [[Nodule (géologie)|nodules]]<ref name="OOKKronosaur">{{lien web|langue=en|auteur=Michael J. Everhart|titre=''Kronosaurus queenslandicus'': Ancient Monarch of the Seas|url=http://oceansofkansas.com/kronosar.html|format=html|accès url=libre|website=Oceans of Kansas|année=2001|archive-url=https://web.archive.org/web/20230527042550/http://oceansofkansas.com/kronosar.html|archive-date=2023-05-27}}</ref>. Constatant sa découverte, Thomas informe donc les membres de l'expédition d'Harvard<ref name="OOKKronosaur"/>, et intéresse en particulier Schevill<ref name="Mather1986"/>{{,}}<ref name="Pick&Sloan2004"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=26}}. Ce dernier contacte alors un [[migrant]] [[Britanniques|britannique]] formé à l'utilisation d'explosifs, surnommé « The Maniac » par les résidents locaux{{Note|Le surnom donné à cet énigmatique personnage est due au fait que des rumeurs persistait à dire qu'il aurait apparement [[Homicide|tué]] un homme<ref name="Pick&Sloan2004"/>.|groupe=N}}{{,}}<ref name="Mather1986"/>{{,}}<ref name="Thulborn&Turner1993"/>{{,}}<ref name="Pick&Sloan2004"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=26}}, afin d'extraire le spécimen de {{unité|4,5|tonnes}} de roches qui constitue sa [[Matrice (géologie)|matrice géologique]]<ref name="Nature1959">{{article|langue=en|titre=A Giant Plesiosaur|périodique=[[Nature (revue)|Nature]]|date=19-12-1959|volume=184|numéro=4703|page=1914|doi=10.1038/1841914a0|bibcode=1959Natur.184Q1914.|s2cid=45491683|accès doi=libre}}</ref>. Lorsque le spécimen fut déterré, ses fossiles sont alors envoyés aux [[États-Unis]] dans {{nb|86 caisses}} pesant au total {{unité|6|tonnes}}<ref name="Hall1985"/>{{,}}<ref name="OOKKronosaur"/>{{,}}<ref name="Pick&Sloan2004"/>. D'après le permis d'exportation, le spécimen aurait été transporté à bord du {{lien|trad=SS Canadian Constructor|texte=SS ''Canadian Constructor''}} vers le {{date|1er|décembre|1932}}<ref name="OOKKronosaur"/>.


Une fois arrivé à Harvard, les fossiles, qui représente environ {{unité|60|%}} du squelette, mirent plusieurs années à être extrait du [[calcaire]]<ref name="Pick&Sloan2004"/>. Le manque d'argent, de [[main d'œuvre]] et d'espace au sein du musée est à l'origine des long délais, et il faudra atteindre 1939 pour le crâne seulement soit monté et exposée<ref name="Hall1985"/>. Une première description scientifique du crâne est cependant réalisée par {{lien|trad=Theodore E. White}} en 1935<ref name="White1935"/>. En 1934, Schevill demande à Longman d'envoyer un [[moulage]] de la symphyse mandibulaire holotype afin le comparer avec le nouveau spécimen. C'est alors l'assistant de Longman, un certain Tom Marshall, qui se charge de réaliser le souhait de Schevill<ref name="Mather1986"/>. Les chercheurs se rend alors compte que les caractères de l'holotype (QM F1609) sont identiques à celui du spécimen d'Harvard (MCZ 1285)<ref name="Nature1959"/>. Longman, dans ses lettres qu'il envoies à Schevill, laisse entendre qu'il aurait apprécié voir le spécimen durant sa préparation lors de la fin des [[années 1930]], mais ce dernier n'a jamais quitté le territoire australien<ref name="Mather1986"/>.
Une fois arrivé à Harvard, les fossiles, qui représente environ {{unité|60|%}} du squelette, mirent plusieurs années à être extrait du [[calcaire]]<ref name="Pick&Sloan2004"/>. Le manque d'argent, de [[main d'œuvre]] et d'espace au sein du musée est à l'origine des long délais, et il faudra atteindre 1939 pour le crâne seulement soit monté et exposée<ref name="Hall1985"/>. Une première description scientifique du crâne est cependant réalisée par {{lien|trad=Theodore E. White}} en 1935<ref name="White1935"/>. En 1934, Schevill demande à Longman d'envoyer un [[moulage]] de la symphyse mandibulaire holotype afin le comparer avec le nouveau spécimen. C'est alors l'assistant de Longman, un certain Tom Marshall, qui se charge de réaliser le souhait de Schevill<ref name="Mather1986"/>. Les chercheurs se rend alors compte que les caractères de l'holotype (QM F1609) sont identiques à celui du spécimen d'Harvard (MCZ 1285)<ref name="Nature1959"/>. Longman, dans ses lettres qu'il envoies à Schevill, laisse entendre qu'il aurait apprécié voir le spécimen durant sa préparation lors de la fin des [[années 1930]], mais ce dernier n'a jamais quitté le territoire australien<ref name="Mather1986"/>.
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Le reste du squelette est gardé dans les sous-sols du musée pendant plus d'une quinzaine d'année. Cet intérim prend fin lorsque les fossiles attirent l'attention de {{lien|Godfrey Lowell Cabot}}, un industriel de [[Boston]], philanthrope et fondateur de la [[Cabot Corporation]]. La famille de Cabot avait des antécédents d'observation de grands [[Serpent de mer|serpents de mer]] dans les eaux côtières autour de la ville d'où il vient. En interrogant le directeur du musée, [[Alfred Sherwood Romer]], sur l'existence et les rapports de serpents de mer, il est donc venu à l'esprit de Romer de parler à Cabot du squelette conservé dans les sous-sol du musée<ref name="Hall1985"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=28-29}}. Cabot s'intéresse donc au prix du coût d'une restauration et Romer répond environ {{nb|10 000 $}}. Romer n'était peut-être pas sérieux, mais Cabot l'était clairement parce que le chèque pour ladite somme est venu peu de temps après<ref name="Hall1985"/>{{,}}<ref name="Pick&Sloan2004"/>. Étant donné que Romer avait comme principal intérêt l'étude des [[synapside]]s non mammaliens, il est possible qu'il ne se souciait que peux du squelette en tant que sujet d'étude scientifique{{sfn|McHenry|2009|p=29}}. Après deux ans de minutieux préparations faites avec du [[burin]] et de l'[[acide]] par Arnold Lewis et [[Jim Jensen|James A. Jensen]] sous la direction de Romer, leur travail coutera finalement légèrement plus que celui promis par le chèque de base de Cabot<ref name="Hall1985"/>{{,}}<ref name="Pick&Sloan2004"/>. Le squelette d'Harvard est alors exposée pour la première fois le {{date|10|juin|1958}}<ref name="Hall1985"/>, et est suivi par une description scientifique détaillé effectué par Romer et Lewis, qui est publié l'année suivante par le journal du musée<ref name="Romer&Lewis1959"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=28-29}}. Lors de l'annonciation de la finalisation du spécimen dans la presse australienne, Longman, qui est pourtant le descripteur du taxon, n'est alors pas mentionné. En réponse, le professeur et [[géologue]] {{lien|Walter Heywood Bryan}} envoie un message via un [[Télégraphe#Télégraphe_électrique|télégraphe]] pour informer les [[journaliste]]s qu'il serait regrettable qu'une annonce aussi importante ne fasse aucune mention de Longman et à l'interprétation du matériel fossile initialement fragmentaire<ref name="Mather1986"/>. A l'âge de {{nb|93 ans}}, Thomas, le découvreur originel du spécimen, a pu voir le squelette monté de ce qu'il considérait comme « son dinosaure », ainsi que rencontrer le chef de l'ancienne expédition du musée, chacun pensant que l'autre était mort depuis longtemps<ref name="OOKKronosaur"/>.
Le reste du squelette est gardé dans les sous-sols du musée pendant plus d'une quinzaine d'année. Cet intérim prend fin lorsque les fossiles attirent l'attention de {{lien|Godfrey Lowell Cabot}}, un industriel de [[Boston]], philanthrope et fondateur de la [[Cabot Corporation]]. La famille de Cabot avait des antécédents d'observation de grands [[Serpent de mer|serpents de mer]] dans les eaux côtières autour de la ville d'où il vient. En interrogant le directeur du musée, [[Alfred Sherwood Romer]], sur l'existence et les rapports de serpents de mer, il est donc venu à l'esprit de Romer de parler à Cabot du squelette conservé dans les sous-sol du musée<ref name="Hall1985"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=28-29}}. Cabot s'intéresse donc au prix du coût d'une restauration et Romer répond environ {{nb|10 000 $}}. Romer n'était peut-être pas sérieux, mais Cabot l'était clairement parce que le chèque pour ladite somme est venu peu de temps après<ref name="Hall1985"/>{{,}}<ref name="Pick&Sloan2004"/>. Étant donné que Romer avait comme principal intérêt l'étude des [[synapside]]s non mammaliens, il est possible qu'il ne se souciait que peux du squelette en tant que sujet d'étude scientifique{{sfn|McHenry|2009|p=29}}. Après deux ans de minutieux préparations faites avec du [[burin]] et de l'[[acide]] par Arnold Lewis et [[Jim Jensen|James A. Jensen]] sous la direction de Romer, leur travail coutera finalement légèrement plus que celui promis par le chèque de base de Cabot<ref name="Hall1985"/>{{,}}<ref name="Pick&Sloan2004"/>. Le squelette d'Harvard est alors exposée pour la première fois le {{date|10|juin|1958}}<ref name="Hall1985"/>, et est suivi par une description scientifique détaillé effectué par Romer et Lewis, qui est publié l'année suivante par le journal du musée<ref name="Romer&Lewis1959"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=28-29}}. Lors de l'annonciation de la finalisation du spécimen dans la presse australienne, Longman, qui est pourtant le descripteur du taxon, n'est alors pas mentionné. En réponse, le professeur et [[géologue]] {{lien|Walter Heywood Bryan}} envoie un message via un [[Télégraphe#Télégraphe_électrique|télégraphe]] pour informer les [[journaliste]]s qu'il serait regrettable qu'une annonce aussi importante ne fasse aucune mention de Longman et à l'interprétation du matériel fossile initialement fragmentaire<ref name="Mather1986"/>. A l'âge de {{nb|93 ans}}, Thomas, le découvreur originel du spécimen, a pu voir le squelette monté de ce qu'il considérait comme « son dinosaure », ainsi que rencontrer le chef de l'ancienne expédition du musée, chacun pensant que l'autre était mort depuis longtemps<ref name="OOKKronosaur"/>.


L'arrivé des nouvelles connaissances dans le domaine de la paléontologie remettent ultérieurement en question la reconstitution du squelette tel que proposée par Romer. En effet, à cause de nombreux os incomplets, ce dernier ordonna à Lewis et Jensen d'ajouter du plâtre dans là où il jugeait comme nécessaire. Cette dernière décision a rendu difficile l'accès au véritables fossiles pour les paléontologues<ref name="Pick&Sloan2004"/>, au point où certains d'entre eux utilisent le surnom de « ''Plasterosaurus'' » pour désigner le spécimen<ref name="Ellis2003"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=395}}{{,}}<ref name="Tembe&Siddiqui2014"/>{{,}}{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=150}}. De plus, il semblerait que le squelette aurait été reconstitué avec de mauvaises proportions. Selon le paléontologue australien Colin McHenry, le spécimen a {{nb|8 vertèbres}} ajouté en trop à la [[colonne vertébrale]]<ref name="Pick&Sloan2004"/> et le crâne n'est pas censé avoir une [[crête sagittale]] de forme bulbeuse sur le dessus<ref name=Ellis2003>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Richard Ellis|titre=Sea Dragons|sous-titre=Predators of the Prehistoric Oceans|lieu=Lawrence|éditeur=[[University Press of Kansas]]|année=2003|pages totales=313|passage=175-179|isbn=978-0-7006-1394-6|url=https://archive.org/details/seadragonspredat0000elli/page/174/mode/2up|accès url=inscription}}</ref>. Dans sa thèse révisant le genre ''Kronosaurus'' publiée en 2009, McHenry qualifie le squelette d'Harvard comme une {{citation|restauration plutôt décevante de ce qui devait être un excellent spécimen fossile}}{{sfn|McHenry|2009|p=29}}. Pour cette raison, de nombreux chercheurs expriment leur souhait d'analyser les véritables fossiles à l'aide de scans [[Tomodensitométrie|tomodensitométriques]]<ref name="Tembe&Siddiqui2014"/>{{,}}{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=150}}.
L'arrivé des nouvelles connaissances dans le domaine de la paléontologie remettent ultérieurement en question la reconstitution du squelette tel que proposée par Romer. En effet, à cause de nombreux os incomplets, ce dernier ordonna à Lewis et Jensen d'ajouter du plâtre dans là où il jugeait comme nécessaire. Cette dernière décision a rendu difficile l'accès au véritables fossiles pour les paléontologues<ref name="Pick&Sloan2004"/>, au point où certains d'entre eux utilisent le surnom de « ''Plasterosaurus'' » pour désigner le spécimen{{sfn|Ellis|2003|p=175}}{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=395}}{{,}}<ref name="Tembe&Siddiqui2014"/>{{,}}{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=150}}. De plus, il semblerait que le squelette aurait été reconstitué avec de mauvaises proportions. Selon le paléontologue australien Colin McHenry, le spécimen a {{nb|8 vertèbres}} ajouté en trop à la [[colonne vertébrale]]<ref name="Pick&Sloan2004"/> et le crâne n'est pas censé avoir une [[crête sagittale]] de forme bulbeuse sur le dessus{{sfn|Ellis|2003|p=177}}. Dans sa thèse révisant le genre ''Kronosaurus'' publiée en 2009, McHenry qualifie le squelette d'Harvard comme une {{citation|restauration plutôt décevante de ce qui devait être un excellent spécimen fossile}}{{sfn|McHenry|2009|p=29}}. Pour cette raison, de nombreux chercheurs expriment leur souhait d'analyser les véritables fossiles à l'aide de scans [[Tomodensitométrie|tomodensitométriques]]<ref name="Tembe&Siddiqui2014"/>{{,}}{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=150}}.


=== Recherches ultérieurs et validité du genre ===
=== Recherches ultérieurs et validité du genre ===
[[Fichier:Kronosaurus in Kronosaurus Korner.jpg|vignette|redresse=0.8|Spécimen attribué, exposée au musée ''Kronosaurus'' Korner, au [[Queensland]], en [[Australie]].]]
[[Fichier:Kronosaurus in Kronosaurus Korner.jpg|vignette|redresse=0.8|Spécimen attribué, exposée au musée ''Kronosaurus'' Korner, au [[Queensland]], en [[Australie]].]]


Étant donné que le spécimen holotype de ''K. queenslandicus'' (QM F1609) est fragmentaire et ne présente aucune caractéristiques uniques qui permettent de qualifier le genre comme distinct des autres pliosaures, la validité de ce taxon à donc été mise en doute. Dès 1962, [[Samuel Paul Welles]] considère ''Kronosaurus'' comme un ''[[Nomen dubium|nomen vanum]]'' et recommande la désignation d'un spécimen [[néotype]] provenant de l'[[université d'Harvard]] qui préserverait la validité du genre{{sfn|Welles|1962|p=48}}{{,}}<ref name="Carpenter1996"/>{{,}}{{Note|Aucune précision ne fut donné par [[Samuel Paul Welles|Welles]] sur quel spécimen d'[[Harvard]] devrait être désigné comme néotype, vues que plusieurs ont étés découverts par l'expédition lancée par l'université. Il est cependant très probable que Welles aurait fait allusion à MCZ 1285, vue qu'il s'agit du spécimen le plus complet découvert par l'expédition d'Harvard{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=148}}.|groupe="N"}}. À partir de 1979<ref name="Mather1986"/>, bon nombre de fossiles provenant de grands pliosaures sont découverts dans divers localités d'Australie, majoritairement dans les strates géologiques de la formation de Toolebuc, formation d'où les premiers fossiles attribués au genre ont été découverts{{sfn|McHenry|2009|p=27-28}}. Dans les autres formations, seul un spécimen supplémentaire attribué à été découvert dans le membre Doncaster de la formation de Wallumbilla{{sfn|McHenry|2009|p=28}}, tandis que trois spécimens, incluant un attribué à l'[[espèce type]], ont été découverts dans la {{lien|trad=Allaru Formation|fr=formation d'Allaru}}<ref name="Kear2005">{{article|langue=en|auteur=Benjamin P. Kear|titre=Marine reptiles from the Lower Cretaceous (Aptian) deposits of White Cliffs, southeastern Australia: implications of a high latitude, cold water assemblage|année=2005|périodique=Cretaceous Research|volume=26|numéro=5|pages=769-782|doi=10.1016/j.cretres.2005.04.006|s2cid=128735962|bibcode=2005CrRes..26..769K|url=https://doc.rero.ch/record/16191/files/PAL_E3400.pdf|format=PDF}}</ref>{{,}}<ref name="Kear2006">{{article|langue=en|auteur=Benjamin P. Kear|titre=Plesiosaur remains from Cretaceous high-latitude non-marine deposits in southeastern Australia|année=2006|périodique=[[Journal of Vertebrate Paleontology]]|volume=26|numéro=1|pages=196-199|doi=10.1671/0272-4634(2006)26[196:PRFCHN]2.0.CO;2|s2cid=130794388|bibcode=2006JVPal..26..196K|jstor=4524550}}</ref>{{,}}<ref name="Kear2016">{{article|langue=en|auteur=Benjamin P. Kear|titre=Cretaceous marine amniotes of Australia: perspectives on a decade of new research|année=2016|périodique=Memoirs of Museum Victoria|volume=74|pages=17-28|doi=10.24199/j.mmv.2016.74.03|s2cid=58903086|accès doi=libre}}</ref>{{,}}<ref name="Holland2018">{{article|langue=en|auteur=Timothy Holland|titre=The mandible of ''Kronosaurus queenslandicus'' Longman, 1924 (Pliosauridae, Brachaucheniinae), from the Lower Cretaceous of northwest Queensland, Australia|périodique=[[Journal of Vertebrate Paleontology]]|année=2018|volume=38|numéro=5|page=e1511569|doi=10.1080/02724634.2018.1511569|jstor=26765770|s2cid=91599158|url=https://www.researchgate.net/publication/328540944}}</ref>. Un autre spécimen sans affiliation spécifique à quand à lui été identifié dans le {{lien|Bulldog Shale}}<ref>{{article|langue=en|auteur=Benjamin P. Kear|titre=Marine reptiles from the Lower Cretaceous of South Australia: elements of a high-latitude cold-water assemblage|périodique=Palaeontology|année=2006|volume=49|numéro=4|pages=837–856|doi=10.1111/j.1475-4983.2006.00569.x|bibcode=2006Palgy..49..837K|s2cid=128232205|accès doi=libre}}</ref>{{,}}<ref name="Kear2016"/>. Dans sa [[thèse]] publiée en 2009, McHenry décrit en détail de nombreux fossiles attribuées à ''Kronosaurus'', en incluant la plupart des nouveaux spécimens qu'il juge comme pouvant appartenir à ce genre{{sfn|McHenry|2009}}{{,}}{{Note|Certains spécimens comme QM F18762, qui consiste en un crâne presque complet, ne sont pas analysées en raison du fait qu'aucune préparation n'a été faite pour permettre une description claire{{sfn|McHenry|2009|p=27}}.|groupe="N"}}. Sur les nombreux spécimens fossiles qu'il analyse, McHenry propose que deux squelettes partiels, catalogués QM F10113 et QM F18827, qui proviennent tout les deux de la formation de Toolebuc, pourraient être des [[néotype]]s candidats, car présentant des traits qui semblent coller à l'holotype{{sfn|McHenry|2009|p=448-449}}. Cependant, aucune pétition formelle du [[Code international de nomenclature zoologique|CINZ]] pour désigner un néotype ne fut soumise. En 2021, Leslie Francis Noè et Marcela Gómez-Pérez publient une étude qui révise la plupart des spécimens historiquement attribués à ''Kronosaurus''. Les deux auteurs limitent ''Kronosaurus'' uniquement à l'holotype et le considère comme un ''[[nomen dubium]]''. Le spécimen holotype ne possèdant aucun traits permettant une diagnose, les autres fossiles attribués sont déplacés provisoirement vers un nouveau taxon que les deux auteurs nomment ''Eiectus longmani'', en hommage à Longman, le paléontologue ayant nommé le genre d'origine. Le squelette d'Harvard (MCZ 1285) est d'ailleurs désigné holotype de ce même genre<ref name=NG21>{{article|langue=en|auteur1=Leslie F. Noè|auteur2=Marcela Gómez-Pérez|année=2021|titre=Giant pliosaurids (Sauropterygia; Plesiosauria) from the Lower Cretaceous peri-Gondwanan seas of Colombia and Australia|périodique=Cretaceous Research|volume=132|page=105122|doi=10.1016/j.cretres.2021.105122|bibcode=2022CrRes.13205122N}}</ref>.
Étant donné que le spécimen holotype de ''K. queenslandicus'' (QM F1609) est fragmentaire et ne présente aucune caractéristiques uniques qui permettent de qualifier le genre comme distinct des autres pliosaures, la validité de ce taxon à donc été mise en doute. Dès 1962, [[Samuel Paul Welles]] considère ''Kronosaurus'' comme un ''[[Nomen dubium|nomen vanum]]'' et recommande la désignation d'un spécimen [[néotype]] provenant de l'[[université d'Harvard]] qui préserverait la validité du genre{{sfn|Welles|1962|p=48}}{{,}}<ref name="Carpenter1996"/>{{,}}{{Note|Aucune précision ne fut donné par [[Samuel Paul Welles|Welles]] sur quel spécimen d'[[Harvard]] devrait être désigné comme néotype, vues que plusieurs ont étés découverts par l'expédition lancée par l'université. Il est cependant très probable que Welles aurait fait allusion à MCZ 1285, vue qu'il s'agit du spécimen le plus complet découvert par l'expédition d'Harvard{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=148}}.|groupe="N"}}. À partir de 1979<ref name="Mather1986"/>, bon nombre de fossiles provenant de grands pliosaures sont découverts dans divers localités d'Australie, majoritairement dans les strates géologiques de la formation de Toolebuc, formation d'où les premiers fossiles attribués au genre ont été découverts{{sfn|McHenry|2009|p=27-28}}. Dans les autres formations, seul un spécimen supplémentaire attribué à été découvert dans le membre Doncaster de la formation de Wallumbilla{{sfn|McHenry|2009|p=28}}, tandis que trois spécimens, incluant un attribué à l'[[espèce type]], ont été découverts dans la {{lien|trad=Allaru Formation|fr=formation d'Allaru}}<ref name="Kear2005">{{article|langue=en|auteur=Benjamin P. Kear|titre=Marine reptiles from the Lower Cretaceous (Aptian) deposits of White Cliffs, southeastern Australia: implications of a high latitude, cold water assemblage|année=2005|périodique=Cretaceous Research|volume=26|numéro=5|pages=769-782|doi=10.1016/j.cretres.2005.04.006|s2cid=128735962|bibcode=2005CrRes..26..769K|url=https://doc.rero.ch/record/16191/files/PAL_E3400.pdf|format=PDF}}</ref>{{,}}<ref>{{article|langue=en|auteur=Benjamin P. Kear|titre=Plesiosaur remains from Cretaceous high-latitude non-marine deposits in southeastern Australia|année=2006|périodique=[[Journal of Vertebrate Paleontology]]|volume=26|numéro=1|pages=196-199|doi=10.1671/0272-4634(2006)26[196:PRFCHN]2.0.CO;2|s2cid=130794388|bibcode=2006JVPal..26..196K|jstor=4524550}}</ref>{{,}}<ref name="Kear2016">{{article|langue=en|auteur=Benjamin P. Kear|titre=Cretaceous marine amniotes of Australia: perspectives on a decade of new research|année=2016|périodique=Memoirs of Museum Victoria|volume=74|pages=17-28|doi=10.24199/j.mmv.2016.74.03|s2cid=58903086|accès doi=libre}}</ref>{{,}}<ref name="Holland2018">{{article|langue=en|auteur=Timothy Holland|titre=The mandible of ''Kronosaurus queenslandicus'' Longman, 1924 (Pliosauridae, Brachaucheniinae), from the Lower Cretaceous of northwest Queensland, Australia|périodique=[[Journal of Vertebrate Paleontology]]|année=2018|volume=38|numéro=5|page=e1511569|doi=10.1080/02724634.2018.1511569|jstor=26765770|s2cid=91599158|url=https://www.researchgate.net/publication/328540944}}</ref>. Un autre spécimen sans affiliation spécifique à quand à lui été identifié dans le {{lien|Bulldog Shale}}<ref>{{article|langue=en|auteur=Benjamin P. Kear|titre=Marine reptiles from the Lower Cretaceous of South Australia: elements of a high-latitude cold-water assemblage|périodique=Palaeontology|année=2006|volume=49|numéro=4|pages=837–856|doi=10.1111/j.1475-4983.2006.00569.x|bibcode=2006Palgy..49..837K|s2cid=128232205|accès doi=libre}}</ref>{{,}}<ref name="Kear2016"/>. Dans sa [[thèse]] publiée en 2009, McHenry décrit en détail de nombreux fossiles attribuées à ''Kronosaurus'', en incluant la plupart des nouveaux spécimens qu'il juge comme pouvant appartenir à ce genre{{sfn|McHenry|2009}}{{,}}{{Note|Certains spécimens comme QM F18762, qui consiste en un crâne presque complet, ne sont pas analysées en raison du fait qu'aucune préparation n'a été faite pour permettre une description claire{{sfn|McHenry|2009|p=27}}.|groupe="N"}}. Sur les nombreux spécimens fossiles qu'il analyse, McHenry propose que deux squelettes partiels, catalogués QM F10113 et QM F18827, qui proviennent tout les deux de la formation de Toolebuc, pourraient être des [[néotype]]s candidats, car présentant des traits qui semblent coller à l'holotype{{sfn|McHenry|2009|p=448-449}}. Cependant, aucune pétition formelle du [[Code international de nomenclature zoologique|CINZ]] pour désigner un néotype ne fut soumise. En 2021, Leslie Francis Noè et Marcela Gómez-Pérez publient une étude qui révise la plupart des spécimens historiquement attribués à ''Kronosaurus''. Les deux auteurs limitent ''Kronosaurus'' uniquement à l'holotype et le considère comme un ''[[nomen dubium]]''. Le spécimen holotype ne possèdant aucun traits permettant une diagnose, les autres fossiles attribués sont déplacés provisoirement vers un nouveau taxon que les deux auteurs nomment ''Eiectus longmani'', en hommage à Longman, le paléontologue ayant nommé le genre d'origine. Le squelette d'Harvard (MCZ 1285) est d'ailleurs désigné holotype de ce même genre<ref name=NG21>{{article|langue=en|auteur1=Leslie F. Noè|auteur2=Marcela Gómez-Pérez|année=2021|titre=Giant pliosaurids (Sauropterygia; Plesiosauria) from the Lower Cretaceous peri-Gondwanan seas of Colombia and Australia|périodique=Cretaceous Research|volume=132|page=105122|doi=10.1016/j.cretres.2021.105122|bibcode=2022CrRes.13205122N}}</ref>.


En 2023, Valentin Fischer et ses collègues critiquent les réaffectations même dans ces circonstances, prédisant qu'elles sont contraires aux articles 75.5 et 75.6 du CINZ (qui codifient la préférence pour la désignation de néotype pour les taxons précédemment emblématiques avec des holotypes non diagnosticables) et que la possibilité d'espèces multiples susmentionnée ne peut justifier une réaffectation provisoire de tous les spécimens à ''Eiectus''. Les auteurs de cette étude choisissent donc de désigner tous les fossiles pertinents sous le nom de ''Kronosaurus''-''Eiectus''<ref name=Fischeretal2023>{{article|langue=en|auteur1=Valentin Fischer|auteur2=Roger B. J. Benson|auteur3=Nikolay G. Zverkov|auteur4=Maxim S. Arkhangelsky|auteur5=Ilya M. Stenshin|auteur6=Gleb N. Uspensky|auteur7=Natalya E. Prilepskaya|titre=Anatomy and relationships of the bizarre Early Cretaceous pliosaurid ''Luskhan itilensis''|périodique=[[Zoological Journal of the Linnean Society]]|volume=198|numéro=1|pages=220–256|année=2023|doi=10.1093/zoolinnean/zlac108|s2cid=257573659}}</ref>. La même année, Stephen F. Poropat et ses collègues maintiennent ''K. queenslandicus'' comme un taxon nominalement valide qui comprend tous les fossiles de la formation de Toolebuc et d'Allaru en attendant une pétition officielle du CINZ, recommandant le spécimen QM F18827 comme néotype{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=148-151}}. Les auteurs critiquent également la réaffectation des spécimens de Toolebuc{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=150}}, au motif que Noè et Gómez-Pérez ont vraisemblablement ignorée la conclusion de la thèse de McHenry de 2009 selon laquelle une seule espèce de grand pliosaure existe dans la formation et que, par conséquent, tous ses spécimens peuvent être considérés de manière fiable comme [[conspécifique]]s à l'holotype{{sfn|McHenry|2009|p=257}}. Quand à ''Eiectus'', Poropat et ses collègues le limitent uniquement à MCZ 1285 et au spécimen référé MCZ 1284, mais leur affectation sans redescription formelle reste également sujet à débat, étant donné que l'holotype est si massivement restauré avec du [[plâtre]] que toutes les caractéristiques diagnostiques apparentes ne sont probablement pas fiables sans tomodensitométrie complètes{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=150}}.
En 2023, Valentin Fischer et ses collègues critiquent les réaffectations même dans ces circonstances, prédisant qu'elles sont contraires aux articles 75.5 et 75.6 du CINZ (qui codifient la préférence pour la désignation de néotype pour les taxons précédemment emblématiques avec des holotypes non diagnosticables) et que la possibilité d'espèces multiples susmentionnée ne peut justifier une réaffectation provisoire de tous les spécimens à ''Eiectus''. Les auteurs de cette étude choisissent donc de désigner tous les fossiles pertinents sous le nom de ''Kronosaurus''-''Eiectus''<ref name=Fischeretal2023>{{article|langue=en|auteur1=Valentin Fischer|auteur2=Roger B. J. Benson|auteur3=Nikolay G. Zverkov|auteur4=Maxim S. Arkhangelsky|auteur5=Ilya M. Stenshin|auteur6=Gleb N. Uspensky|auteur7=Natalya E. Prilepskaya|titre=Anatomy and relationships of the bizarre Early Cretaceous pliosaurid ''Luskhan itilensis''|périodique=[[Zoological Journal of the Linnean Society]]|volume=198|numéro=1|pages=220–256|année=2023|doi=10.1093/zoolinnean/zlac108|s2cid=257573659}}</ref>. La même année, Stephen F. Poropat et ses collègues maintiennent ''K. queenslandicus'' comme un taxon nominalement valide qui comprend tous les fossiles de la formation de Toolebuc et d'Allaru en attendant une pétition officielle du CINZ, recommandant le spécimen QM F18827 comme néotype{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=148-151}}. Les auteurs critiquent également la réaffectation des spécimens de Toolebuc{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=150}}, au motif que Noè et Gómez-Pérez ont vraisemblablement ignorée la conclusion de la thèse de McHenry de 2009 selon laquelle une seule espèce de grand pliosaure existe dans la formation et que, par conséquent, tous ses spécimens peuvent être considérés de manière fiable comme [[conspécifique]]s à l'holotype{{sfn|McHenry|2009|p=257}}. Quand à ''Eiectus'', Poropat et ses collègues le limitent uniquement à MCZ 1285 et au spécimen référé MCZ 1284, mais leur affectation sans redescription formelle reste également sujet à débat, étant donné que l'holotype est si massivement restauré avec du [[plâtre]] que toutes les caractéristiques diagnostiques apparentes ne sont probablement pas fiables sans tomodensitométrie complètes{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=150}}.
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[[Fichier:Kronosaurus boyacensis fossil.jpg|vignette|gauche|redresse=1.1|alt=Squelette fossile d'un pliosaure conservé dans un musée|Squelette holotype de ''[[Monquirasaurus]]'', qui fut anciennement classé sous le nom de ''K. boyacensis''.]]
[[Fichier:Kronosaurus boyacensis fossil.jpg|vignette|gauche|redresse=1.1|alt=Squelette fossile d'un pliosaure conservé dans un musée|Squelette holotype de ''[[Monquirasaurus]]'', qui fut anciennement classé sous le nom de ''K. boyacensis''.]]


Bien que l'unique espèce actuellement reconnue de ''Kronosaurus'' est ''K. queenslandicus'', plusieurs auteurs ont suggéré l'existence d'espèces supplémentaires au sein de ce même genre{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=148-150}}. En 1982 puis encore en 1991, Molnar émet des doutes quand à l'appartenance du squelette d'Harvard (MCZ 1285) à l'espèce ''K. queenslandicus'', étant donné qu'il fut découvert dans une localité distincte de celui des premiers spécimens connues, à savoir dans la formation plus ancienne de Wallumbilla. L'auteur suggère donc que ce spécimen appartiendrait à une autre espèce de ''Kronosaurus'' caractérisé par un crâne plus profond et plus robuste que ceux provenant de la formation de Toolebuc<ref name="Molnar1991">{{chapitre|langue=en|auteur=Ralph E. Molnar|titre chapitre=Fossil reptiles in Australia|titre ouvrage=Vertebrate palaeontology of Australasia|auteurs ouvrage=Patricia Vickers-Rich|éditeur=[[Université Monash|Monash University Publications Committee]]|collection=Susan Crooke Memorial Collection|année=1991|année première édition=1982|passage=631-634|pages totales=1437|doi=10.5962/bhl.title.60647|s2cid=84093645|oclc=7390883978|accès doi=libre|url=https://www.biodiversitylibrary.org/item/123394#page/647/mode/1up}}</ref>{{,}}<ref name="Long1998"/>{{,}}{{sfn|Kear|2003|p=293}}{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=29}}. Une étude publié en 1993 attribue d'ailleurs le spécimen sous le nom de ''Kronosaurus'' [[sp.]], les auteurs suivant le même avis que Molnar<ref name="Thulborn&Turner1993">{{article|langue=en|auteur1=Tony Thulborn|auteur2=Susan Turner|année=1993|titre=An elasmosaur bitten by a pliosaur|périodique=Modern Geology|volume=18|pages=489-501|url=https://www.researchgate.net/publication/291825992}}</ref>. Cependant, comme l'indique White dans sa description du spécimen en 1935, une grande partie du [[toit crânien]] n'est pas préservé et est majoritairement restauré en plâtre<ref name="White1935"/>, les vraies proportions étant par conséquent incertaines{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=148}}. Dans sa thèse publiée en 2009, McHenry continue néanmoins de référer le spécimen à ''K. queenslandicus'' en raison de sa distribution [[taphonomique]] et de certains traits qui peuvent coller à d'autres spécimens découverts dans la formation de Toolebuc{{sfn|McHenry|2009|p=429-430}}. Afin de déterminer si cette affirmation s'avère vraie, seul une tomodensitométrie pourrait révéler la présence des véritables différences notables au sein de ce spécimen reconstruit en plâtre<ref name="Tembe&Siddiqui2014">{{article|langue=en|auteur1=Girish Tembe|auteur2=Shameem Siddiqui|titre=Applications of computed tomography to fossil conservation and education|périodique=Collection Forum|année=2014|volume=28|numéro=1-2|pages=47-62|doi=10.14351/0831-0005-28.1.47|s2cid=111536446|accès doi=libre}}</ref>{{,}}{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=150}}.
Bien que l'unique espèce actuellement reconnue de ''Kronosaurus'' est ''K. queenslandicus'', plusieurs auteurs ont suggéré l'existence d'espèces supplémentaires au sein de ce même genre{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=148-150}}. En 1982 puis encore en 1991, Molnar émet des doutes quand à l'appartenance du squelette d'Harvard (MCZ 1285) à l'espèce ''K. queenslandicus'', étant donné qu'il fut découvert dans une localité distincte de celui des premiers spécimens connues, à savoir dans la formation plus ancienne de Wallumbilla. L'auteur suggère donc que ce spécimen appartiendrait à une autre espèce de ''Kronosaurus'' caractérisé par un crâne plus profond et plus robuste que ceux provenant de la formation de Toolebuc{{sfn|Molnar|1991|p=633}}{{,}}<ref name="Long1998"/>{{,}}{{sfn|Kear|2003|p=293}}{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=29}}. Une étude publié en 1993 attribue d'ailleurs le spécimen sous le nom de ''Kronosaurus'' [[sp.]], les auteurs suivant le même avis que Molnar<ref name="Thulborn&Turner1993">{{article|langue=en|auteur1=Tony Thulborn|auteur2=Susan Turner|année=1993|titre=An elasmosaur bitten by a pliosaur|périodique=Modern Geology|volume=18|pages=489-501|url=https://www.researchgate.net/publication/291825992}}</ref>. Cependant, comme l'indique White dans sa description du spécimen en 1935, une grande partie du [[toit crânien]] n'est pas préservé et est majoritairement restauré en plâtre<ref name="White1935"/>, les vraies proportions étant par conséquent incertaines{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=148}}. Dans sa thèse publiée en 2009, McHenry continue néanmoins de référer le spécimen à ''K. queenslandicus'' en raison de sa distribution [[Taphonomique|taphonomique]] et de certains traits qui peuvent coller à d'autres spécimens découverts dans la formation de Toolebuc{{sfn|McHenry|2009|p=429-430}}. Afin de déterminer si cette affirmation s'avère vraie, seul une tomodensitométrie pourrait révéler la présence des véritables différences notables au sein de ce spécimen reconstruit en plâtre<ref name="Tembe&Siddiqui2014">{{article|langue=en|auteur1=Girish Tembe|auteur2=Shameem Siddiqui|titre=Applications of computed tomography to fossil conservation and education|périodique=Collection Forum|année=2014|volume=28|numéro=1-2|pages=47-62|doi=10.14351/0831-0005-28.1.47|s2cid=111536446|accès doi=libre}}</ref>{{,}}{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=150}}.


En 1977, un squelette presque complet d'un grand pliosaure est découvert par des résident locaux de la ville de [[Villa de Leyva]], en [[Colombie]]. Le spécimen, surnommé « ''El Fósil'' » et datant de l'[[Aptien]] supérieur de la {{lien|trad=Paja Formation|fr=formation de Paja}}, est d'abord provisoirement référé au genre ''Kronosaurus'' deux ans plus tard, en 1979<ref name="Acostaetal1979">{{article|langue=es|auteur=C. E. Acosta|auteur2=G. Huertas|auteur3=P. M. Ruiz|titre=Noticia preliminar sobre el hallazgo de un presunto ''Kronosaurus'' (Reptilia: Dolichorhynchopidae) en el Aptiano superior de Villa de Leiva, Colombia|périodique=Lozania (Acta Zoologica Colombiana)|année=1979|volume=28|pages=1-7}}</ref>. C'est en 1992 que le paléontologue allemand Olivier Hampe érige une seconde espèce du genre sous le nom de ''K. boyacensis'', l'épithète spécifique faisant référence au [[Boyacá]], [[Départements de la Colombie|département]] entourant le site de la découverte<ref name="Hampe1992">{{article|langue=de, en|auteur=Olivier Hampe|titre=Ein großwüchsiger Pliosauride (Reptilia: Plesiosauria) aus der Unterkreide (oberes Aptium) von Kolumbien|périodique=Courier Forschungsinstitut Senckenberg|année=1992|volume=145|pages=1-32}}</ref>. Cependant, ces descriptions ont été réalisées à partir de photographies et de techniques d'imagerie à distance, à cause notamment du fait que l'accès au spécimen était interdit par la communauté locale. C'est donc en 2021 que Noè et Gómez-Pérez redécrivent ce spécimen et découvrent qu'il appartient à un genre distinct, qu'ils nomment ''[[Monquirasaurus]]'', en référence au Monquirá, la division administrative où le spécimen à été découvert<ref name=NG21/>.
En 1977, un squelette presque complet d'un grand pliosaure est découvert par des résident locaux de la ville de [[Villa de Leyva]], en [[Colombie]]. Le spécimen, surnommé « ''El Fósil'' » et datant de l'[[Aptien]] supérieur de la {{lien|trad=Paja Formation|fr=formation de Paja}}, est d'abord provisoirement référé au genre ''Kronosaurus'' deux ans plus tard, en 1979<ref name="Acostaetal1979">{{article|langue=es|auteur=C. E. Acosta|auteur2=G. Huertas|auteur3=P. M. Ruiz|titre=Noticia preliminar sobre el hallazgo de un presunto ''Kronosaurus'' (Reptilia: Dolichorhynchopidae) en el Aptiano superior de Villa de Leiva, Colombia|périodique=Lozania (Acta Zoologica Colombiana)|année=1979|volume=28|pages=1-7}}</ref>. C'est en 1992 que le paléontologue allemand Olivier Hampe érige une seconde espèce du genre sous le nom de ''K. boyacensis'', l'épithète spécifique faisant référence au [[Boyacá]], [[Départements de la Colombie|département]] entourant le site de la découverte<ref name="Hampe1992">{{article|langue=de, en|auteur=Olivier Hampe|titre=Ein großwüchsiger Pliosauride (Reptilia: Plesiosauria) aus der Unterkreide (oberes Aptium) von Kolumbien|périodique=Courier Forschungsinstitut Senckenberg|année=1992|volume=145|pages=1-32}}</ref>. Cependant, ces descriptions ont été réalisées à partir de photographies et de techniques d'imagerie à distance, à cause notamment du fait que l'accès au spécimen était interdit par la communauté locale. C'est donc en 2021 que Noè et Gómez-Pérez redécrivent ce spécimen et découvrent qu'il appartient à un genre distinct, qu'ils nomment ''[[Monquirasaurus]]'', en référence au Monquirá, la division administrative où le spécimen à été découvert<ref name=NG21/>.
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En raison du fait que le spécimen holotype de ''Kronosaurus'' est non [[diagnose|diagnosticable]], la majorité des descriptions anatomiques sont basées sur les observations réalisées à partir de fossiles plus complets attribués ultérieurement au genre. La majorités des descriptions proviennent de la thèse de McHenry publiée en 2009, bien que certains spécimens ont été décrits dans d'autres travaux<ref name="Holland2018"/>{{,}}{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=150}}. ''Kronosaurus'' à une morphologie typique des [[Pliosauridae|pliosauridés]] du groupe des [[Thalassophonea|thalassophonéens]], qui possède un grand [[crâne]] allongé reliée à un [[cou]] court, contrairement à de nombreux autres [[Plesiosauria|plésiosaures]], qui ont un long cou et une petite [[Tête (anatomie)|tête]]{{sfn|McHenry|2009|p=3}}{{,}}<ref name="Holland2018"/>. Comme tout les autres plésiosaures, ''Kronosaurus'' possède une [[Queue (anatomie)|queue]] courte, un [[Tronc (anatomie)|tronc]] massif et deux paires de grandes [[Palette natatoire|palettes natatoires]]{{sfn|O’Keefe|2001|p=1-2}}{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=3}}.
En raison du fait que le spécimen holotype de ''Kronosaurus'' est non [[diagnose|diagnosticable]], la majorité des descriptions anatomiques sont basées sur les observations réalisées à partir de fossiles plus complets attribués ultérieurement au genre. La majorités des descriptions proviennent de la thèse de McHenry publiée en 2009, bien que certains spécimens ont été décrits dans d'autres travaux<ref name="Holland2018"/>{{,}}{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=150}}. ''Kronosaurus'' à une morphologie typique des [[Pliosauridae|pliosauridés]] du groupe des [[Thalassophonea|thalassophonéens]], qui possède un grand [[crâne]] allongé reliée à un [[cou]] court, contrairement à de nombreux autres [[Plesiosauria|plésiosaures]], qui ont un long cou et une petite [[Tête (anatomie)|tête]]{{sfn|McHenry|2009|p=3}}{{,}}<ref name="Holland2018"/>. Comme tout les autres plésiosaures, ''Kronosaurus'' possède une [[Queue (anatomie)|queue]] courte, un [[Tronc (anatomie)|tronc]] massif et deux paires de grandes [[Palette natatoire|palettes natatoires]]{{sfn|O’Keefe|2001|p=1-2}}{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=3}}.


''Kronosaurus'' est l'un des plus grands [[pliosaure]]s ayant été identifié à ce jour{{sfn|Kear|2003|p=291}}, mais plusieurs estimations quand à sa taille exacte ont été proposée au fil de ses recherches. Dès 1930, Longman, dans sa description des propodiums, considère que ''Kronosaurus'' aurait dépassé en taille l'imposant ''[[Megalneusaurus]]'', un pliosauridé [[nord-américain]] datant du [[Jurassique supérieur]]<ref name="Longman1930"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=25}}. Après la collecte des fossiles attribués au genre par l'expédition d'Harvard, la taille maximale de ''Kronosaurus'' a été fixée à environ {{unité|12,8|m}} de long, mensuration basée à partir du spécimen [[Musée de Zoologie comparée|MCZ]] 1285<ref name="Long1998">{{ouvrage|langue=en|auteur=[[John A. Long]]|titre=Dinosaurs of Australia and New Zealand and other animals of the Mesozoic era|éditeur=[[Harvard University Press]]|lieu=[[Cambridge (Massachusetts)|Cambridge]]|année=1998|passage=139-142|pages totales=188|isbn=978-0-674-20767-7|url=https://archive.org/details/dinosaursofaustr0000long/page/139/mode/1up|accès url=inscription}}</ref>{{,}}<ref name="OOKKronosaur"/>{{,}}<ref name=Ellis2003/>{{,}}<ref name="Pick&Sloan2004"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=396}}. Cependant, comme la reconstitution du squelette semble incorrecte et allongé, McHenry donne une taille plus réduite de ce spécimen à entre {{unité|9 et 10,5|m}} de long<ref name="Pick&Sloan2004"/> pour une [[masse corporelle]] atteignant {{unité|11|tonnes}}{{sfn|McHenry|2009|p=562}}. Ces mêmes mensurations sont vue comme les estimations maximales possibles du genre dans son ensemble{{sfn|McHenry|2009}}. Avant même que la thèse de McHenry ne soit publiée, le paléontologue Benjamin P. Kear et le [[Biologie marine|biologiste marin]] [[Richard Ellis (biologiste)|Richard Ellis]] proposent dans leur travaux respectifs publiées en 2003 des estimations comparables, allant de {{unité|9|m}} selon Kear{{sfn|Kear|2003|p=291}} à {{unité|10,6|m}} selon Ellis<ref name=Ellis2003/>.
''Kronosaurus'' est l'un des plus grands [[pliosaure]]s ayant été identifié à ce jour{{sfn|Kear|2003|p=291}}, mais plusieurs estimations quand à sa taille exacte ont été proposée au fil de ses recherches. Dès 1930, Longman, dans sa description des propodiums, considère que ''Kronosaurus'' aurait dépassé en taille l'imposant ''[[Megalneusaurus]]'', un pliosauridé [[nord-américain]] datant du [[Jurassique supérieur]]<ref name="Longman1930"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=25}}. Après la collecte des fossiles attribués au genre par l'expédition d'Harvard, la taille maximale de ''Kronosaurus'' a été fixée à environ {{unité|12,8|m}} de long, mensuration basée à partir du spécimen [[Musée de Zoologie comparée|MCZ]] 1285<ref name="Long1998">{{ouvrage|langue=en|auteur=[[John A. Long]]|titre=Dinosaurs of Australia and New Zealand and other animals of the Mesozoic era|éditeur=[[Harvard University Press]]|lieu=[[Cambridge (Massachusetts)|Cambridge]]|année=1998|passage=139-142|pages totales=188|isbn=978-0-674-20767-7|url=https://archive.org/details/dinosaursofaustr0000long/page/139/mode/1up|accès url=inscription}}</ref>{{,}}<ref name="OOKKronosaur"/>{{,}}{{sfn|Ellis|2003|p=176}}{{,}}<ref name="Pick&Sloan2004"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=396}}. Cependant, comme la reconstitution du squelette semble incorrecte et allongé, McHenry donne une taille plus réduite de ce spécimen à entre {{unité|9 et 10,5|m}} de long<ref name="Pick&Sloan2004"/> pour une [[masse corporelle]] atteignant {{unité|11|tonnes}}{{sfn|McHenry|2009|p=562}}. Ces mêmes mensurations sont vue comme les estimations maximales possibles du genre dans son ensemble{{sfn|McHenry|2009}}. Avant même que la thèse de McHenry ne soit publiée, le paléontologue Benjamin P. Kear et le [[Biologie marine|biologiste marin]] [[Richard Ellis (biologiste)|Richard Ellis]] proposent dans leur travaux respectifs publiées en 2003 des estimations comparables, allant de {{unité|9|m}} selon Kear{{sfn|Kear|2003|p=291}} à {{unité|10,6|m}} selon Ellis{{sfn|Ellis|2003|p=176}}.


=== Crâne ===
=== Crâne ===
[[Fichier:Kronosaurus skull (QM F18827).jpg|vignette|gauche|redresse=1.5|Diagramme reconstituant en vue de côté le [[crâne]] de ''Kronosaurus''.]]
[[Fichier:Kronosaurus skull (QM F18827).jpg|vignette|gauche|redresse=1.5|Diagramme reconstituant en vue de côté le [[crâne]] de ''Kronosaurus''.]]


Étant donné que l'holotype de ''K. queenslandicus'' (QM F1609) ne consiste qu'en une [[Symphyse de la mandibule|symphyse mandibulaire]] partielle, très peu de choses peuvent en être dite sur ce dernier. Cependant, des crânes fossiles plus complets qui sont attribués au taxon montrent des [[Autapomorphie|traits uniques]]{{sfn|Kear|2003|p=291}}{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=448-449}}{{,}}{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=148-151}}. Les crânes des divers spécimens connues de ''Kronosaurus'' varient en taille. L'holotype, qui bien qu'étant partiel et fragmentaire, provient d'un crâne qui aurait mesuré au total {{unité|1,31|m}} de long. Les spécimens néotypes candidats QM F10113 et QM F18827 ont des longueurs crâniennes atteignant respectivement {{unité|1,87 à 1,98|m}}{{sfn|McHenry|2009|p=271}}. Le crâne du squelette d'Harvard est estimé à {{unité|2,85|m}} de long<ref name=Bensonetal2013>{{article|langue=en|auteur1=Roger B. J. Benson|auteur2=Mark Evans|auteur3=Adam S. Smith|auteur4=Judyth Sassoon|auteur5=Scott Moore-Faye|auteur6=Hilary F. Ketchum|auteur7=Richard Forrest|année=2013|titre=A Giant Pliosaurid Skull from the Late Jurassic of England|périodique=[[PLOS ONE]]|volume=8|numéro=5|pages=e65989|doi=10.1371/journal.pone.0065989|pmid=23741520|pmc=3669260|bibcode=2013PLoSO...865989B|accès doi=libre}}</ref>{{,}}{{Note|De nombreux précédentes estimations de la taille du crâne de ce squelette ont été proposées au fil des descriptions. En 1935, White propose que le crâne atteindrait une longueur {{unité|3,72|m}}<ref name="White1935"/>, tandis que McHenry donne en 2009 une estimation plus réduite de {{unité|2,21|m}}{{sfn|McHenry|2009|p=400}}.|groupe="N"}}. Les mensurations crâniennes des trois derniers spécimens précédemment cités surpassent en taille le crâne de n'importe quel [[dinosaure]]s [[théropode]]s connus<ref name="Palaeos">{{lien web|langue=en|titre=Sauropterygia: Pliosauroidea: Pliosauridae|website=Palaeos|url=http://palaeos.com/vertebrates/sauropterygia/pliosauridae.html}}</ref>. Le [[museau]] et le rostre [[Mandibule|mandibulaire]] sont de formes longues et étroites{{sfn|Kear|2003|p=291}}. Les [[Orbite (anatomie)|orbites]] sont orientées vers l'arrière, où ils sont situées latéralement sur la moitié antérieur du crâne{{sfn|McHenry|2009|p=276-277}}. Les [[Fosse temporale (biologie)|fosses temporales]] sont très grandes{{sfn|McHenry|2009|p=276-277}}, mais ne possède pas de [[:wikt:en:interpterygoid|vacuité interptérygoïdienne]] antérieure{{sfn|Kear|2003|p=291}}.
Étant donné que l'holotype de ''K. queenslandicus'' (QM F1609) ne consiste qu'en une [[Symphyse de la mandibule|symphyse mandibulaire]] partielle, très peu de choses peuvent en être dite sur ce dernier. Cependant, des crânes fossiles plus complets qui sont attribués au taxon montrent des [[Autapomorphie|traits uniques]]{{sfn|Kear|2003|p=291}}{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=448-449}}{{,}}{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=148-151}}. Les crânes des divers spécimens connues de ''Kronosaurus'' varient en taille. L'holotype, qui bien qu'étant partiel et fragmentaire, provient d'un crâne qui aurait mesuré au total {{unité|1,31|m}} de long. Les spécimens néotypes candidats QM F10113 et QM F18827 ont des longueurs crâniennes atteignant respectivement {{unité|1,87 à 1,98|m}}{{sfn|McHenry|2009|p=271}}. Le crâne du squelette d'Harvard est estimé à {{unité|2,85|m}} de long<ref name=Bensonetal2013>{{article|langue=en|auteur1=Roger B. J. Benson|auteur2=Mark Evans|auteur3=Adam S. Smith|auteur4=Judyth Sassoon|auteur5=Scott Moore-Faye|auteur6=Hilary F. Ketchum|auteur7=Richard Forrest|année=2013|titre=A Giant Pliosaurid Skull from the Late Jurassic of England|périodique=[[PLOS ONE]]|volume=8|numéro=5|pages=e65989|doi=10.1371/journal.pone.0065989|pmid=23741520|pmc=3669260|bibcode=2013PLoSO...865989B|accès doi=libre}}</ref>{{,}}{{Note|De nombreux précédentes estimations de la taille du crâne de ce squelette ont été proposées au fil des descriptions. En 1935, White propose que le crâne atteindrait une longueur {{unité|3,72|m}}<ref name="White1935"/>, tandis que McHenry donne en 2009 une estimation plus réduite de {{unité|2,21|m}}{{sfn|McHenry|2009|p=400}}.|groupe="N"}}. Les mensurations crâniennes des trois derniers spécimens précédemment cités surpassent en taille le crâne de n'importe quel [[dinosaure]]s [[théropode]]s connus<ref name="Palaeos">{{lien web|langue=en|titre=Sauropterygia: Pliosauroidea: Pliosauridae|website=Palaeos|url=http://palaeos.com/vertebrates/sauropterygia/pliosauridae.html}}</ref>. Le [[museau]] et le rostre [[Mandibule|mandibulaire]] sont de formes longues et étroites{{sfn|Kear|2003|p=291}}. Les [[Orbite (anatomie)|orbites]] sont orientées vers l'arrière, où ils sont situées latéralement sur la moitié antérieur du crâne{{sfn|McHenry|2009|p=276-277}}. Les [[Fosse temporale (biologie)|fosses temporales]] sont très grandes{{sfn|McHenry|2009|p=276-277}}, mais ne possède pas de [[:wikt:en:interpterygoid|vacuité interptérygoïdienne]] antérieure{{sfn|Kear|2003|p=291}}.


Un des nombreux traits identifiées comme uniques chez ''Kronosaurus'' est que le [[prémaxillaire]] contient 4 dents [[Canine|caniniformes]]{{sfn|Kear|2003|p=291}}{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=276-277}}{{,}}<ref name="Holland2018"/>{{,}}{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=148-151}}. Comme ses proches parents ''[[Brachauchenius]]'' et ''[[Megacephalosaurus]]'', la [[Symphyse de la mandibule|symphyse mandibulaire]] de ''Kronosaurus'' contient contient jusqu'à {{nb|6}} paires de dents{{sfn|Kear|2003|p=291}}{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=276-277}}{{,}}<ref name="Holland2018"/>. Chaque [[Mandibule#Diapsides|os dentaires]], l'os portant les dents dans la mandibule chez les [[Diapside|diapsides]], ont jusqu'à {{nb|26 dents}}<ref name="Holland2018"/>.
Un des nombreux traits identifiées comme uniques chez ''Kronosaurus'' est que le [[prémaxillaire]] contient 4 dents [[Canine|caniniformes]]{{sfn|Kear|2003|p=291}}{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=276-277}}{{,}}<ref name="Holland2018"/>{{,}}{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=148-151}}. Comme ses proches parents ''[[Brachauchenius]]'' et ''[[Megacephalosaurus]]'', la [[Symphyse de la mandibule|symphyse mandibulaire]] de ''Kronosaurus'' contient contient jusqu'à {{nb|6}} paires de dents{{sfn|Kear|2003|p=291}}{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=276-277}}{{,}}<ref name="Holland2018"/>. Chaque [[Mandibule#Diapsides|os dentaires]], l'os portant les dents dans la mandibule chez les [[Diapside|diapsides]], ont jusqu'à {{nb|26 dents}}<ref name="Holland2018"/>.
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[[Fichier:Kronosaurus queenslandicus SW.png|vignette|redresse=1.5|[[Paléoart|Reconstitution]] de ''K. queenslandicus''.]]
[[Fichier:Kronosaurus queenslandicus SW.png|vignette|redresse=1.5|[[Paléoart|Reconstitution]] de ''K. queenslandicus''.]]


De Vis suggérait initialement que le spécimen holotype de ''Kronosaurus'' appartiendrait à un ichthyosaure{{sfn|McHenry|2009|p=25}}. Cependant, lorsque Longman décrivit ce taxon en 1924, il l'attribue à la [[Famille (biologie)|famille]] des [[Pliosauridae]] sur la base de multiples caractéristiques anatomiques<ref name="Longman1924"/>, une affiliation qui sera majoritairement reconnue tout au long du {{s-|XX}} comme au {{s-|XXI}} par la [[communauté scientifique]]{{sfn|Kear|2003|p=291}}. Cependant, quelques classifications alternatives ont été proposées au fils des recherches. Par exemple, en 1962, Welles suggère que ''Kronosaurus'' appartiendrait possiblement à la famille des Dolichorhynchopidae{{sfn|Welles|1962|p=3}}{{,}}<ref name="Acostaetal1979"/>. Cependant, cette famille est aujourd'hui reconnue comme [[Polyphylie|polyphylétique]] (regroupement non naturelle) et est vue comme non valide{{sfn|Kear|2003|p=291}}.
De Vis suggérait initialement que le spécimen holotype de ''Kronosaurus'' appartiendrait à un ichthyosaure{{sfn|McHenry|2009|p=25}}. Cependant, lorsque Longman décrivit ce taxon en 1924, il l'attribue à la [[Famille (biologie)|famille]] des [[Pliosauridae]] sur la base de multiples caractéristiques anatomiques<ref name="Longman1924"/>, une affiliation qui sera majoritairement reconnue tout au long du {{s-|XX}} comme au {{s-|XXI}} par la [[communauté scientifique]]{{sfn|Kear|2003|p=291}}. Cependant, quelques classifications alternatives ont été proposées au fils des recherches. Par exemple, en 1962, Welles suggère que ''Kronosaurus'' appartiendrait possiblement à la famille des Dolichorhynchopidae{{sfn|Welles|1962|p=3}}{{,}}<ref name="Acostaetal1979"/>. Cependant, cette famille est aujourd'hui reconnue comme [[Polyphylie|polyphylétique]] (regroupement non naturelle) et est vue comme non valide{{sfn|Kear|2003|p=291}}.


Le positionnement [[phylogénétique]] exact de ''Kronosaurus'' au sein des Pliosauridae à également été débattue. En 1992, Hampe propose de classer ''Kronosaurus'' avec son proche parent ''[[Brachauchenius]]'' dans la famille proposée des Brachaucheniidae<ref name="Hampe1992"/>. [[Kenneth Carpenter (paléontologue)|Kenneth Carpenter]] partage l'avis d'Hampe en 1996, bien que notant quelques différences crâniennes notables entre les deux genres<ref name="Carpenter1996">{{article|langue=en, de|auteur=Kenneth Carpenter|titre=A review of the short-necked plesiosaurs from the Cretaceous of the Western Interior, North America|périodique=Neues Jahrbuch fur Geologie Und Palaontologie-Abhandlungen|volume=201|numéro=2|pages=259-287|année=1996|doi=10.1127/njgpa/201/1996/259|url=https://www.researchgate.net/publication/40662804|accès url=libre|format=PDF|s2cid=134211454}}</ref>. En 2001, F. Robin O’Keefe révise la classification des Pliosauridae et inclut ''Kronosaurus'' et ''Brachauchenius'' au sein d'un clade incluant ''[[Macroplata]]'', ''[[Hauffiosaurus]]'', ''[[Peloneustes]]'', ''[[Liopleurodon]]'' et ''[[Pliosaurus]]''{{sfn|O’Keefe|2001|p=19}}. En 2013, Roger B. J. Benson et Patrick S. Druckenmiller nomment un nouveau [[clade]] au sein des Pliosauridae, appelé [[Thalassophonea]]. Ce clade comprend les pliosauridés « classiques » à [[cou]] court tout en excluant les formes antérieures à long cou plus graciles. Les auteurs déplace ainsi la famille des Brachaucheniidae en tant que [[Sous-famille (biologie)|sous-famille]], la renommant par conséquent Brachaucheniinae, et y classent de nombreux pliosauridés du [[Crétacé]], incluant ''Kronosaurus''. Au sein de cette sous-famille, ''Kronosaurus'' s'avère être un des représentant les plus [[Synapomorphie|dérivées]], étant généralement placée dans un clade incluant ''Brachauchenius'' et plus récemment ''[[Megacephalosaurus]]''<ref name="Benson&Druckenmiller2013">{{article|langue=en|auteur1=Roger B. J. Benson|auteur2=Patrick S. Druckenmiller|année=2013|titre=Faunal turnover of marine tetrapods during the Jurassic–Cretaceous transition|périodique=Biological Reviews|volume=89|numéro=1|pages=1-23|doi=10.1111/brv.12038|pmid=23581455|s2cid=19710180}}</ref>. Des études ultérieures découvrent une position similaire pour ''Kronosaurus''<ref name="Bensonetal2013"/>{{,}}<ref name="Makharia">{{Article|langue=en|auteur1=Valentin Fischer|auteur2=Maxim S. Arkhangelsky|auteur3=Ilya M. Stenshin|auteur4=Gleb N. Uspensky|titre=Peculiar macrophagous adaptations in a new Cretaceous pliosaurid|périodique=Royal Society Open Science|volume=2|numéro=12|année=2015|date=|pmid=27019740|pmcid=4807462|doi=10.1098/rsos.150552|bibcode=2015RSOS....250552F|pages=150552|accès doi=libre}}</ref>{{,}}<ref name="Luskhan" >{{article|langue=en|auteur1=Valentin Fischer|auteur2=Roger B. J. Benson|auteur3=Nikolay G. Zverkov|auteur4=Laura C. Soul|auteur5=Maxim S. Arkhangelsky|auteur6=Olivier Lambert|auteur7=Ilya M. Stenshin|auteur8=Gleb N. Uspensky|auteur9=Patrick S. Druckenmiller|année=2017|titre=Plasticity and Convergence in the Evolution of Short-Necked Plesiosaurs|périodique=[[Current Biology]]|volume=27|numéro=11|pages=1667-1676|doi=10.1016/j.cub.2017.04.052|pmid=28552354|s2cid=39217763|accès doi=libre}}</ref>{{,}}<ref name="Madziaetal"/>.
Le positionnement [[phylogénétique]] exact de ''Kronosaurus'' au sein des Pliosauridae à également été débattue. En 1992, Hampe propose de classer ''Kronosaurus'' avec son proche parent ''[[Brachauchenius]]'' dans la famille proposée des Brachaucheniidae<ref name="Hampe1992"/>. [[Kenneth Carpenter (paléontologue)|Kenneth Carpenter]] partage l'avis d'Hampe en 1996, bien que notant quelques différences crâniennes notables entre les deux genres<ref name="Carpenter1996">{{article|langue=en, de|auteur=Kenneth Carpenter|titre=A review of the short-necked plesiosaurs from the Cretaceous of the Western Interior, North America|périodique=Neues Jahrbuch fur Geologie Und Palaontologie-Abhandlungen|volume=201|numéro=2|pages=259-287|année=1996|doi=10.1127/njgpa/201/1996/259|url=https://www.researchgate.net/publication/40662804|accès url=libre|format=PDF|s2cid=134211454}}</ref>. En 2001, F. Robin O’Keefe révise la classification des Pliosauridae et inclut ''Kronosaurus'' et ''Brachauchenius'' au sein d'un clade incluant ''[[Macroplata]]'', ''[[Hauffiosaurus]]'', ''[[Peloneustes]]'', ''[[Liopleurodon]]'' et ''[[Pliosaurus]]''{{sfn|O’Keefe|2001|p=19}}. En 2013, Roger B. J. Benson et Patrick S. Druckenmiller nomment un nouveau [[clade]] au sein des Pliosauridae, appelé [[Thalassophonea]]. Ce clade comprend les pliosauridés « classiques » à [[cou]] court tout en excluant les formes antérieures à long cou plus graciles. Les auteurs déplace ainsi la famille des Brachaucheniidae en tant que [[Sous-famille (biologie)|sous-famille]], la renommant par conséquent Brachaucheniinae, et y classent de nombreux pliosauridés du [[Crétacé]], incluant ''Kronosaurus''. Au sein de cette sous-famille, ''Kronosaurus'' s'avère être un des représentant les plus [[Synapomorphie|dérivées]], étant généralement placée dans un clade incluant ''Brachauchenius'' et plus récemment ''[[Megacephalosaurus]]''<ref name="Benson&Druckenmiller2013">{{article|langue=en|auteur1=Roger B. J. Benson|auteur2=Patrick S. Druckenmiller|année=2013|titre=Faunal turnover of marine tetrapods during the Jurassic–Cretaceous transition|périodique=Biological Reviews|volume=89|numéro=1|pages=1-23|doi=10.1111/brv.12038|pmid=23581455|s2cid=19710180}}</ref>. Des études ultérieures découvrent une position similaire pour ''Kronosaurus''<ref name="Bensonetal2013"/>{{,}}<ref name="Makharia">{{Article|langue=en|auteur1=Valentin Fischer|auteur2=Maxim S. Arkhangelsky|auteur3=Ilya M. Stenshin|auteur4=Gleb N. Uspensky|titre=Peculiar macrophagous adaptations in a new Cretaceous pliosaurid|périodique=Royal Society Open Science|volume=2|numéro=12|année=2015|date=|pmid=27019740|pmcid=4807462|doi=10.1098/rsos.150552|bibcode=2015RSOS....250552F|pages=150552|accès doi=libre}}</ref>{{,}}<ref name="Luskhan" >{{article|langue=en|auteur1=Valentin Fischer|auteur2=Roger B. J. Benson|auteur3=Nikolay G. Zverkov|auteur4=Laura C. Soul|auteur5=Maxim S. Arkhangelsky|auteur6=Olivier Lambert|auteur7=Ilya M. Stenshin|auteur8=Gleb N. Uspensky|auteur9=Patrick S. Druckenmiller|année=2017|titre=Plasticity and Convergence in the Evolution of Short-Necked Plesiosaurs|périodique=[[Current Biology]]|volume=27|numéro=11|pages=1667-1676|doi=10.1016/j.cub.2017.04.052|pmid=28552354|s2cid=39217763|accès doi=libre}}</ref>{{,}}<ref name="Madziaetal"/>.
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[[Fichier:Kronosaurus hunt1DB.jpg|vignette|gauche|upright=1.2|Reconstitution par Dimitri Bogdanov d'un ''Kronosaurus'' dévorant un ''[[Woolungasaurus]]''.]]
[[Fichier:Kronosaurus hunt1DB.jpg|vignette|gauche|upright=1.2|Reconstitution par Dimitri Bogdanov d'un ''Kronosaurus'' dévorant un ''[[Woolungasaurus]]''.]]


Du fait de sa taille imposante, de sa morphologie et de sa répartition, ''Kronosaurus'' aurait été très probablement le [[superprédateur]] de l'ancienne [[mer intérieure]] d'{{lien|trad=Eromanga Sea|fr=mer d'Eromanga|texte=Eromanga}}{{sfn|McHenry|2009|p=586-597}}{{,}}<ref name="Holland2018"/>. Le contenue [[Estomac|stomacal]] trouvées chez de nombreux spécimens montrent que ''Kronosaurus'' consommait régulièrement des [[mollusque]]s et des [[poisson]]s du groupe des [[Teleostei|téléostéens]]{{sfn|McHenry|2009|p=139, 140}}{{,}}<ref name="Holland2018"/>. En 1993, Tony Thulborn et Susan Turner analyse le crâne sévèrement écrasé d'un [[Elasmosauridae|élasmosauridé]]<ref name="Thulborn&Turner1993"/>, qui est aujourd'hui reconnue comme appartenant à ''{{lien|Eromangasaurus}}''{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=152}}. Dans leur étude, les auteurs découvrent la présence de multiple traces de [[morsure]]s faites par de grandes dents. Ces mêmes traces correspondent à la dentition des spécimens référées à son contemporain ''Kronosaurus'', prouvant sa prédation envers cet animal. Il s'agit également de la toute première évidence rapportée d'une attaque de [[pliosaure]] envers un élasmosauridé<ref name="Thulborn&Turner1993"/>. Les élasmosauridés ayant un cou très allongée et une petite tête, les blessures trouvée chez ''Eromangasaurus'' suggèrent que ''Kronosaurus'' s'en serait régulièrement attaqué dans cette région du corps. Bien qu'aucune preuve fossiles direct d'alimentation ne soient connues, l'animal s'en serait vraisemblablement aussi attaquée au [[Protostegidae|protostégidé]] ''[[Notochelone costata|Notochelone]]'' ainsi qu'aux [[Leptocleididae|leptocleididés]]{{sfn|McHenry|2009|p=597}}.
Du fait de sa taille imposante, de sa morphologie et de sa répartition, ''Kronosaurus'' aurait été très probablement le [[superprédateur]] de l'ancienne [[mer intérieure]] d'{{lien|trad=Eromanga Sea|fr=mer d'Eromanga|texte=Eromanga}}{{sfn|McHenry|2009|p=586-597}}{{,}}<ref name="Holland2018"/>. Du contenue [[Estomac|stomacal]] ont été trouvées chez certains spécimens de ''Kronosaurus''{{sfn|McHenry|2009|p=139}}. Le plus notable d'entre eux est le spécimen QM F10113, le plus complet connu, qui contient les restes d'une tortue marine. La position de la tortue au niveau du squelette indique que le spécimen serait mort étouffé après avoir gobé sa proie{{sfn|McHenry|2009|p=560}}. Les restes fossiles sont trop fragmentaires pour déterminer à quel genre appartient cette tortue, mais ses mensurations sont semblables au [[Protostegidae|protostégidé]] ''[[Notochelone costata|Notochelone]]''{{sfn|McHenry|2009|p=558}}, qui est la tortue marine la répandue des strates de l'Albien du Queensland{{sfn|Kear|2003|p=293}}{{,}}{{sfn|Molnar|1991|p=617}}. En 1993, Tony Thulborn et Susan Turner analyse le crâne sévèrement écrasé d'un [[Elasmosauridae|élasmosauridé]]<ref name="Thulborn&Turner1993"/>, qui est aujourd'hui reconnue comme appartenant à ''{{lien|Eromangasaurus}}''{{sfn|Poropat|Bell|Hart|Salisbury|2023|p=152}}. Dans leur étude, les auteurs découvrent la présence de multiple traces de [[morsure]]s faites par de grandes dents. Ces mêmes traces correspondent à la dentition des spécimens référées à son contemporain ''Kronosaurus'', prouvant sa prédation envers cet animal. Il s'agit également de la toute première évidence rapportée d'une attaque de [[pliosaure]] envers un élasmosauridé<ref name="Thulborn&Turner1993"/>. Les élasmosauridés ayant un cou très allongée et une petite tête, les blessures trouvée chez ''Eromangasaurus'' suggèrent que ''Kronosaurus'' s'en serait régulièrement attaqué dans cette région du corps. Bien qu'aucune preuve fossiles direct d'alimentation ne soient connues, l'animal s'en serait vraisemblablement aussi attaquée aux [[Leptocleididae|leptocleididés]]{{sfn|McHenry|2009|p=597}}.


Le plus petit spécimen attribuée à ''Kronosaurus'', cataloguée QM F51291, présente des traces de morsures au niveau de son crâne<ref name="Holland2018"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=569}}. Dans sa thèse publiée en 2009, McHenry souligne que la taille maximale possible de ''Kronosaurus'' est de {{unité|10,5|m}}, et suggère que les trois spécimens connues n'atteignant pas la taille minimum de {{unité|7|m}} représenteraient des [[Juvénile (organisme)|juvéniles]] ou des [[:wikt:subadulte|subadultes]]{{sfn|McHenry|2009|p=569, 573}}. Après analyse, il suggère donc que ce spécimen aurait été un juvénile qui aurait été fatalement tué par la morsure d'un adulte, indiquant une [[Comportement agonistique|agression intraspécifique]] voire de [[Cannibalisme animal|cannibalisme]] chez ''Kronosaurus''. Il étaye cette hypothèse sur la base d'observations communes sur de nombreux [[Crocodilia|crocodiliens]] adultes n'hésitant pas à s'attaquer à des juvéniles. Cependant, McHenry suggère qu'il est également possible que les morsures auraient été faites peux de temps après que le spécimen soit mort d'une autre cause{{sfn|McHenry|2009|p=569}}.
Le plus petit spécimen attribuée à ''Kronosaurus'', cataloguée QM F51291, présente des traces de morsures au niveau de son crâne<ref name="Holland2018"/>{{,}}{{sfn|McHenry|2009|p=569}}. Dans sa thèse publiée en 2009, McHenry souligne que la taille maximale possible de ''Kronosaurus'' est de {{unité|10,5|m}}, et suggère que les trois spécimens connues n'atteignant pas la taille minimum de {{unité|7|m}} représenteraient des [[Juvénile (organisme)|juvéniles]] ou des [[:wikt:subadulte|subadultes]]{{sfn|McHenry|2009|p=569, 573}}. Après analyse, il suggère donc que ce spécimen aurait été un juvénile qui aurait été fatalement tué par la morsure d'un [[adulte]], indiquant une [[Comportement agonistique|agression intraspécifique]] voire de [[Cannibalisme animal|cannibalisme]] chez ''Kronosaurus''. Il étaye cette hypothèse sur la base d'observations communes sur de nombreux [[Crocodilia|crocodiliens]] adultes n'hésitant pas à s'attaquer à des juvéniles. Cependant, McHenry suggère qu'il est également possible que les morsures auraient été faites peux de temps après que le spécimen soit mort d'une autre cause{{sfn|McHenry|2009|p=569}}.


Malgré son statut de superprédateur, ''Kronosaurus'' aurait été quelquefois attaquées par d'autres prédateurs contemporains. En effet, une [[mandibule]] catalogué KK F0630, représentant possiblement un grand subadulte ou un petit spécimen adulte, présentent des traces de morsures qui auraient été faites par des [[requin]]s [[lamniformes]] appartenant à la famille des [[Cretoxyrhina|Cretoxyrhinidae]]. Les blessures de ce type ne sont pas improbable, car plusieurs requins attribuées à cette famille ont été identifiées dans divers formations géologiques où ''Kronosaurus'' est connue. Les rainures présentant les marques de morsures étants entourées des croissance osseuse surélevée et aberrante indiquent que le spécimen aurait [[Guérison|guérie]] aux cours de son vivant<ref name="Holland2018"/>.
Malgré son statut de superprédateur, ''Kronosaurus'' aurait été quelquefois attaquées par d'autres prédateurs contemporains. En effet, une [[mandibule]] catalogué KK F0630, représentant possiblement un grand subadulte ou un petit spécimen adulte, présentent des traces de morsures qui auraient été faites par des [[requin]]s [[lamniformes]] appartenant à la famille des [[Cretoxyrhina|Cretoxyrhinidae]]. Les blessures de ce type ne sont pas improbable, car plusieurs requins attribuées à cette famille ont été identifiées dans divers formations géologiques où ''Kronosaurus'' est connue. Les rainures présentant les marques de morsures étants entourées des croissance osseuse surélevée et aberrante indiquent que le spécimen aurait [[Guérison|guérie]] aux cours de son vivant<ref name="Holland2018"/>.
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=== Vidéos ===
=== Vidéos ===
* {{YouTube|id=MLs6IYqxPR0|titre=Specimen Spotlight-''Kronosaurus''|chaine=''Harvard Museum of Natural History''|langue=en}}.
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
{{Légende plume}}
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* {{article|langue=en|auteur=Samuel P. Welles|titre=A new species of elasmosaur from the Aptian of Colombia and a review of the Cretaceous plesiosaurs|année=1962|périodique=University of California Publications in Geological Sciences |volume=44|numéro=1|pages=1-96|oclc=5734397|url=http://redciencia.cu/geobiblio/paper/1962_Welles_%20rvw%20of%20K%20plesiosaurs.pdf|archive-url=https://web.archive.org/web/20220104165630/http://redciencia.cu/geobiblio/paper/1962_Welles_%20rvw%20of%20K%20plesiosaurs.pdf|archive-date= 04-01-2022|format=PDF}}
* {{article|langue=en|auteur=Samuel P. Welles|titre=A new species of elasmosaur from the Aptian of Colombia and a review of the Cretaceous plesiosaurs|année=1962|périodique=University of California Publications in Geological Sciences |volume=44|numéro=1|pages=1-96|oclc=5734397|url=http://redciencia.cu/geobiblio/paper/1962_Welles_%20rvw%20of%20K%20plesiosaurs.pdf|archive-url=https://web.archive.org/web/20220104165630/http://redciencia.cu/geobiblio/paper/1962_Welles_%20rvw%20of%20K%20plesiosaurs.pdf|archive-date= 04-01-2022|format=PDF}}
* {{chapitre|langue=en|auteur=Ralph E. Molnar|titre chapitre=Fossil reptiles in Australia|titre ouvrage=Vertebrate palaeontology of Australasia|auteurs ouvrage=Patricia Vickers-Rich|éditeur=[[Université Monash|Monash University Publications Committee]]|collection=Susan Crooke Memorial Collection|année=1991||année première édition=1982|passage=605-702|pages totales=1437|doi=10.5962/bhl.title.60647|s2cid=84093645|oclc=7390883978|accès doi=libre|url=https://www.biodiversitylibrary.org/item/123394#page/621/mode/1up|plume=oui}}
* {{article|langue=en|prénom=F. Robin|nom=O’Keefe|titre=A cladistic analysis and taxonomic revision of the Plesiosauria (Reptilia: Sauropterygia)|périodique=ActaZoologica Fennica|année=2001|volume=213|pages=1-63|s2cid=82936031|url=https://mds.marshall.edu/cgi/viewcontent.cgi?referer=https://scholar.google.com/&httpsredir=1&article=1051&context=bio_sciences_faculty}}
* {{article|langue=en|prénom=F. Robin|nom=O’Keefe|titre=A cladistic analysis and taxonomic revision of the Plesiosauria (Reptilia: Sauropterygia)|périodique=ActaZoologica Fennica|année=2001|volume=213|pages=1-63|s2cid=82936031|url=https://mds.marshall.edu/cgi/viewcontent.cgi?referer=https://scholar.google.com/&httpsredir=1&article=1051&context=bio_sciences_faculty}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Richard Ellis|titre=Sea Dragons|sous-titre=Predators of the Prehistoric Oceans|lieu=Lawrence|éditeur=[[University Press of Kansas]]|année=2003|pages totales=313|passage=175-179|isbn=978-0-7006-1394-6|url=https://archive.org/details/seadragonspredat0000elli/page/174/mode/2up|accès url=inscription|plume=oui}}
* {{article|langue=en|auteur=Benjamin P. Kear|titre=Cretaceous marine reptiles of Australia: a review of taxonomy and distribution|périodique=Cretaceous Research|année=2003|volume=24|numéro=3|pages=277-303|doi=10.1016/S0195-6671(03)00046-6|bibcode=2003CrRes..24..277K |s2cid=128619215|url=https://doc.rero.ch/record/16227/files/PAL_E3452.pdf|format=PDF|plume=oui}}
* {{article|langue=en|auteur=Benjamin P. Kear|titre=Cretaceous marine reptiles of Australia: a review of taxonomy and distribution|périodique=Cretaceous Research|année=2003|volume=24|numéro=3|pages=277-303|doi=10.1016/S0195-6671(03)00046-6|bibcode=2003CrRes..24..277K |s2cid=128619215|url=https://doc.rero.ch/record/16227/files/PAL_E3452.pdf|format=PDF|plume=oui}}
* {{article|langue=en|auteur1=Colin R. McHenry|année=2009|titre=Devourer of Gods: The palaeoecology of the Cretaceous pliosaur ''Kronosaurus queenslandicus''|périodique=[[Université de Newcastle (Australie)|The University of Newcastle]]|s2cid=132852950|hdl=1959.13/935911|accès hdl=libre|plume=oui}}
* {{article|langue=en|auteur1=Colin R. McHenry|année=2009|titre=Devourer of Gods: The palaeoecology of the Cretaceous pliosaur ''Kronosaurus queenslandicus''|périodique=[[Université de Newcastle (Australie)|The University of Newcastle]]|s2cid=132852950|hdl=1959.13/935911|accès hdl=libre|plume=oui}}

Version du 13 mai 2024 à 15:08

Kronosaurus queenslandicus

Kronosaurus
Description de cette image, également commentée ci-après
QM F18827, le crâne d'un des spécimens néotypes proposées de K. queenslandicus.
125–99.6 Ma
Classification
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Sauropsida
Super-ordre  Sauropterygia
Ordre  Plesiosauria
Sous-ordre  Pliosauroidea
Famille  Pliosauridae
Sous-famille  Brachaucheninae

Genre

 Kronosaurus
Longman (en), 1924

Espèce

 Kronosaurus queenslandicus
Longman (en), 1924

Synonymes

  • Eiectus longmani ? Noè & Gómez-Pérez, 2021

Kronosaurus est un genre éteint de grands pliosaures ayant vécu durant les étages Aptien à Albien du Crétacé inférieur, dans ce qui est actuellement l'Australie. Le premier spécimen connu est reçu en 1899 et consiste en une symphyse mandibulaire partiellement préservé, qui est d'abord vue comme provenant d'un ichtyosaure selon Charles De Vis. Ce n'est cependant qu'en 1924 qu'Albert Heber Longman (en) décrit formellement ce spécimen comme l'holotype d'un imposant pliosauridé, auquel il érige le nom scientifique de Kronosaurus queenslandicus, qui est toujours l'unique espèce reconnue à ce jour. Le nom du genre, signifiant « lézard de Kronos », se réfère à sa grande taille et à sa possible férocité pouvant rappeler le Titan de la mythologie grecque, tandis que l'épithète spécifique fait allusion au Queensland, l'État australien de sa découverte. Aux début des années 1930, le Musée de Zoologie comparée d'Harvard envoie une expédition organisée en Australie qui récupère deux spécimens historiquement attribuées au taxon, dont un squelette partiel qui est aujourd'hui massivement restauré en plâtre. Un certain nombre de fossiles attribuées ont été découverts ultérieurement, incluant deux grands squelettes plus ou moins complets proposées comme de potentiels néotypes. Deux espèces supplémentaires furent proposées, mais ces derniers sont désormais vues comme invalides ou appartenant à un autre genre.

Kronosaurus est l'un des plus grands pliosaures ayant été identifiés à ce jour. Les estimations initiales fixaient sa taille maximale à environ 13 m de long sur la base du squelette d'Harvard. Cependant, ce dernier ayant été reconstitué avec un nombre exagéré de vertèbres, les estimations publiées à partir de la fin des années 1990 réduisent la taille de l'animal de 9 à plus de 10 m de long. Les plus grands crânes identifiés de Kronosaurus surpassent en taille ceux des plus grands dinosaures théropodes connues.

D'après sa répartition stratigraphique dans les archives fossiles, Kronosaurus habitait la mer d'Eromanga (en), une ancienne mer intérieure qui couvrait certaines parties du centre et de l'est de l'Australie au début du Crétacé et atteignait des températures plutôt froides. L'animal aurait probablement été un superprédateur au sein de cette mer, des preuves fossiles montrant que l'animal s'est attaqué envers des tortues de mer et à d'autres plésiosaures. Le crâne d'un spécimen juvénile montre qu'il aurait été attaqué par un adulte, indiquant une agression intraspécifique voire de potentiel preuve de cannibalisme au sein du genre.

Historique des recherches

Trouvailles et recherches initiales

QM F1609, la symphyse mandibulaire partiel holotype de K. queenslandicus.

En 1899, un fossile partiel provenant d'un reptile marin est envoyé de la part d'un certain Andrew Crombie au Queensland Museum (en), à Brisbane, en Australie, et est reçu par le zoologue Charles De Vis, qui est alors le directeur du musée lors de cette époque[1]. Aucune informations concernant la localité d'origine du fossile n'est connue[2],[1],[3], mais il semblerait qu'il aurait été vraisemblablement découvert près d'Hughenden, dans le Queensland, ville d'où provient Crombie[4],[5]. Les archives du Queensland Museum montrent que De Vis a même envoyé une lettre à Crombie pour l'informer qu'il fut mis au courant de la réception du matériel[6]. Le fossile en question, catalogué QM F1609, consiste en une symphyse mandibulaire partielle portant six dents coniques[4],[1]. Sur la base de ses observations, De Vis considère le fossile comme provenant d'un représentant des Enaliosauria, un taxon aujourd'hui obsolète qui regroupait les plésiosauriens et les ichthyosaures. De Vis pensait initialement que le spécimen proviendrait d'un ichthyosaure, et plus particulièrement d’Ichthyosaurus australis[1], qui semble aujourd'hui être placé dans le genre Platypterygius[7]. Cependant, la dentition particulière de ce spécimen le font vite changer d'avis quand à son appartenance à cette espèce précise. Le fossile est officiellement décrit par le directeur succédant à De Vis, Albert Heber Longman (en), dans un article scientifique publiée en 1924 par le journal du Queensland Museum. Longman en déduit que le fossile provient d'un grand pliosaure, auquel il érige le nom de genre et d'espèce Kronosaurus queenslandicus[4],[5],[1]. Le nom générique provient de Kronos, un Titan de la mythologie grecque, et du grec ancien σαῦρος / saûros, « lézard », pour donner littéralement « lézard de Kronos ». Longman aurait crée ce nom générique en référence à la taille imposante et à la possible férocité de l'animal, qui pourrait rappeler l'histoire de Kronos, qui est connu dans la mythologie grecque pour avoir dévoré ses propres enfants, notamment Zeus[8],[9],[1],[3],[10]. L'épithète spécifique queenslandicus est nommé d'après le Queensland, l'État australien d'où fut découvert le spécimen holotype[8],[10],[3].

En , quinze fossiles[11] plus ou moins partiels sont découverts à près de 3,2 km au sud d'Hughenden[1]. Ces mêmes fossiles, tous enregistrés sous la numérotation QM F2137[3],[12], sont identifiés comme provenant de la formation de Toolebuc (en), datant de l'étage Albien du Crétacé inférieur, l'holotype ayant très probablement été également découvert dans cette même unité stratigraphique[13]. La majorité du matériel récupéré sont alors très incomplets, les deux seuls pouvant être concrètement décrits étant des parties proximales de propodiums (des os du membre supérieur)[3],[1], qui sont analysés plus en détails l'année suivante, et ceux à nouveau par Longman[11]. En 1932, dans le but de rendre les fossiles de l'animal « attrayant », Longman publie l'une des plus anciennes reconstitution connues de Kronosaurus. L'illustration fut dessiné en 1931 par un certain Wilfrid Morden, qui s'est inspirée notamment des traits anatomiques de Peloneustes pour combler les parties encore inconnues de l'animal[14].

En mai et en avril 1935, un certain J. Edgar Young, un collecteur travaillant au Queensland Museum, collecte plusieurs fossiles provenant de la formation de Toolebuc, plus précisément dans la station de Telemon, à environ 30 km à l'ouest d'Hughenden[15]. Parmi tous les fossiles que Young a participé à leur exhumation, figurent des restes supplémentaires attribués à Kronosaurus, incluant les premiers parties crâniennes un peu plus complets identifiés au sein du genre. Dans son article publiée en , Longman, en raison du nombre élevée de fossiles, suggère qu'ils proviendrait d'au moins deux ou trois individus. Notant que les fossiles n'ont pas été entièrement préparées au moment de sa description, il les décrit à titre préliminaire[16]. Le spécimen le plus notable, catalogué QM F2446[17],[3],[2], consiste en un milieu partiel du crâne qui préserve un condyle occipital, l'arrière du neurocrâne, les narines externes ainsi que les orbites[15].

Expéditions australiennes d'Harvard

En 1931, le musée de Zoologie comparée d'Harvard envoie une expédition en Australie dans le double but de se procurer des spécimens d'animaux aussi bien vivant comme éteint[13], et en particulier des mammifères marsupiaux[18]. Cette décision venait du fait que le musée possédait relativement peu d'animaux australiens et souhaitant donc en collectionner plus. C'est alors que l'expédition australienne d'Harvard (en) débute, et est entreprise par une équipe de six hommes. L'équipe se composait du coléoptérologue P. Jackson Darlington Jr. (en), du zoologue Glover Morrill Allen et son étudiant Ralph Nicholson Ellis, le médecin-chef Ira M. Dixon, du paléontologue William E. Schevill (en) ainsi que de leur chef, l'entomologiste William Morton Wheeler[19],[8],[18]. L'année suivante, en 1932, c'est Schevill qui acquiert le titre de chef d'expédition, effectuant de longs voyages et recrutant des aides locales lorsqu'il le pouvait. Le Queensland Museum fut d'ailleurs invité à participer à cet expédition, mais cela n'a jamais été approuvé en raison du manque de fonds et/ou d'intérêts de la part du gouvernement de l'état. Cependant, Longman, qui avait décrit les premiers fossiles connues de Kronosaurus, apporte néanmoins son aide à l'expédition, stockant les spécimens au fur et à mesure qu'ils lui sont envoyés, fixant les permis de collecte et entretenant une correspondance avec Schevill[5]. Schevill s'aventure alors dans le groupe géologique de Rolling Downs (en), au nord de la ville de Richmond, d'où il collecte deux spécimens de pliosaures de grande taille[13]. Ces mêmes spécimens sont récoltés dans le membre Doncaster de la formation de Wallumbilla (en), datant d'environ 112 millions d'années[15]. Le premier spécimen qu'il exhume, catalogué MCZ 1284 et découvert dans une propriété appelée Grampian Valley, consiste en un morceau bien conservé du rostre antérieur étroitement relié à l'ensemble de la symphyse mandibulaire, en plus de plusieurs autres morceaux fragmentaires[13],[20],[21].

MCZ 1285, le squelette d'Harvard historiquement attribué à Kronosaurus, parfois surnommé « Plasterosaurus ». Ce spécimen aurait été reconstitué avec avec trop de vertèbres et avec de mauvaises proportions crâniennes.

L'histoire concernant la découverte, l'exhumation et l'exposition du second spécimen, catalogué MCZ 1285, est bien plus détaillé dans de nombreux sources historiques[20],[21],[8],[5],[9],[18],[13]. Ce spécimen a été découvert bien avant que l'expédition d'Harvard ne soit même lancé, par un rancher du nom de Ralph William Haslam Thomas[22], dans une localité connu sous le nom d'Army Downs[16],[21],[13]. Ce dernier était au courant depuis de nombreuses années de la présence de « quelque chose d'étrange sortant du sol » dans un petit enclos pour chevaux[5],[18]. Ces « choses étranges » s'agissait en réalité d'une rangée de vertèbres contenue dans des nodules[22]. Constatant sa découverte, Thomas informe donc les membres de l'expédition d'Harvard[22], et intéresse en particulier Schevill[5],[18],[13]. Ce dernier contacte alors un migrant britannique formé à l'utilisation d'explosifs, surnommé « The Maniac » par les résidents locaux[N 1],[5],[23],[18],[13], afin d'extraire le spécimen de 4,5 tonnes de roches qui constitue sa matrice géologique[24]. Lorsque le spécimen fut déterré, ses fossiles sont alors envoyés aux États-Unis dans 86 caisses pesant au total 6 tonnes[8],[22],[18]. D'après le permis d'exportation, le spécimen aurait été transporté à bord du SS Canadian Constructor (en) vers le [22].

Une fois arrivé à Harvard, les fossiles, qui représente environ 60 % du squelette, mirent plusieurs années à être extrait du calcaire[18]. Le manque d'argent, de main d'œuvre et d'espace au sein du musée est à l'origine des long délais, et il faudra atteindre 1939 pour le crâne seulement soit monté et exposée[8]. Une première description scientifique du crâne est cependant réalisée par Theodore E. White (en) en 1935[20]. En 1934, Schevill demande à Longman d'envoyer un moulage de la symphyse mandibulaire holotype afin le comparer avec le nouveau spécimen. C'est alors l'assistant de Longman, un certain Tom Marshall, qui se charge de réaliser le souhait de Schevill[5]. Les chercheurs se rend alors compte que les caractères de l'holotype (QM F1609) sont identiques à celui du spécimen d'Harvard (MCZ 1285)[24]. Longman, dans ses lettres qu'il envoies à Schevill, laisse entendre qu'il aurait apprécié voir le spécimen durant sa préparation lors de la fin des années 1930, mais ce dernier n'a jamais quitté le territoire australien[5].

Le reste du squelette est gardé dans les sous-sols du musée pendant plus d'une quinzaine d'année. Cet intérim prend fin lorsque les fossiles attirent l'attention de Godfrey Lowell Cabot (en), un industriel de Boston, philanthrope et fondateur de la Cabot Corporation. La famille de Cabot avait des antécédents d'observation de grands serpents de mer dans les eaux côtières autour de la ville d'où il vient. En interrogant le directeur du musée, Alfred Sherwood Romer, sur l'existence et les rapports de serpents de mer, il est donc venu à l'esprit de Romer de parler à Cabot du squelette conservé dans les sous-sol du musée[8],[25]. Cabot s'intéresse donc au prix du coût d'une restauration et Romer répond environ 10 000 $. Romer n'était peut-être pas sérieux, mais Cabot l'était clairement parce que le chèque pour ladite somme est venu peu de temps après[8],[18]. Étant donné que Romer avait comme principal intérêt l'étude des synapsides non mammaliens, il est possible qu'il ne se souciait que peux du squelette en tant que sujet d'étude scientifique[26]. Après deux ans de minutieux préparations faites avec du burin et de l'acide par Arnold Lewis et James A. Jensen sous la direction de Romer, leur travail coutera finalement légèrement plus que celui promis par le chèque de base de Cabot[8],[18]. Le squelette d'Harvard est alors exposée pour la première fois le [8], et est suivi par une description scientifique détaillé effectué par Romer et Lewis, qui est publié l'année suivante par le journal du musée[21],[25]. Lors de l'annonciation de la finalisation du spécimen dans la presse australienne, Longman, qui est pourtant le descripteur du taxon, n'est alors pas mentionné. En réponse, le professeur et géologue Walter Heywood Bryan (en) envoie un message via un télégraphe pour informer les journalistes qu'il serait regrettable qu'une annonce aussi importante ne fasse aucune mention de Longman et à l'interprétation du matériel fossile initialement fragmentaire[5]. A l'âge de 93 ans, Thomas, le découvreur originel du spécimen, a pu voir le squelette monté de ce qu'il considérait comme « son dinosaure », ainsi que rencontrer le chef de l'ancienne expédition du musée, chacun pensant que l'autre était mort depuis longtemps[22].

L'arrivé des nouvelles connaissances dans le domaine de la paléontologie remettent ultérieurement en question la reconstitution du squelette tel que proposée par Romer. En effet, à cause de nombreux os incomplets, ce dernier ordonna à Lewis et Jensen d'ajouter du plâtre dans là où il jugeait comme nécessaire. Cette dernière décision a rendu difficile l'accès au véritables fossiles pour les paléontologues[18], au point où certains d'entre eux utilisent le surnom de « Plasterosaurus » pour désigner le spécimen[27],[28],[29],[30]. De plus, il semblerait que le squelette aurait été reconstitué avec de mauvaises proportions. Selon le paléontologue australien Colin McHenry, le spécimen a 8 vertèbres ajouté en trop à la colonne vertébrale[18] et le crâne n'est pas censé avoir une crête sagittale de forme bulbeuse sur le dessus[31]. Dans sa thèse révisant le genre Kronosaurus publiée en 2009, McHenry qualifie le squelette d'Harvard comme une « restauration plutôt décevante de ce qui devait être un excellent spécimen fossile »[26]. Pour cette raison, de nombreux chercheurs expriment leur souhait d'analyser les véritables fossiles à l'aide de scans tomodensitométriques[29],[30].

Recherches ultérieurs et validité du genre

Spécimen attribué, exposée au musée Kronosaurus Korner, au Queensland, en Australie.

Étant donné que le spécimen holotype de K. queenslandicus (QM F1609) est fragmentaire et ne présente aucune caractéristiques uniques qui permettent de qualifier le genre comme distinct des autres pliosaures, la validité de ce taxon à donc été mise en doute. Dès 1962, Samuel Paul Welles considère Kronosaurus comme un nomen vanum et recommande la désignation d'un spécimen néotype provenant de l'université d'Harvard qui préserverait la validité du genre[32],[33],[N 2]. À partir de 1979[5], bon nombre de fossiles provenant de grands pliosaures sont découverts dans divers localités d'Australie, majoritairement dans les strates géologiques de la formation de Toolebuc, formation d'où les premiers fossiles attribués au genre ont été découverts[35]. Dans les autres formations, seul un spécimen supplémentaire attribué à été découvert dans le membre Doncaster de la formation de Wallumbilla[36], tandis que trois spécimens, incluant un attribué à l'espèce type, ont été découverts dans la formation d'Allaru (en)[37],[38],[39],[40]. Un autre spécimen sans affiliation spécifique à quand à lui été identifié dans le Bulldog Shale (en)[41],[39]. Dans sa thèse publiée en 2009, McHenry décrit en détail de nombreux fossiles attribuées à Kronosaurus, en incluant la plupart des nouveaux spécimens qu'il juge comme pouvant appartenir à ce genre[42],[N 3]. Sur les nombreux spécimens fossiles qu'il analyse, McHenry propose que deux squelettes partiels, catalogués QM F10113 et QM F18827, qui proviennent tout les deux de la formation de Toolebuc, pourraient être des néotypes candidats, car présentant des traits qui semblent coller à l'holotype[43]. Cependant, aucune pétition formelle du CINZ pour désigner un néotype ne fut soumise. En 2021, Leslie Francis Noè et Marcela Gómez-Pérez publient une étude qui révise la plupart des spécimens historiquement attribués à Kronosaurus. Les deux auteurs limitent Kronosaurus uniquement à l'holotype et le considère comme un nomen dubium. Le spécimen holotype ne possèdant aucun traits permettant une diagnose, les autres fossiles attribués sont déplacés provisoirement vers un nouveau taxon que les deux auteurs nomment Eiectus longmani, en hommage à Longman, le paléontologue ayant nommé le genre d'origine. Le squelette d'Harvard (MCZ 1285) est d'ailleurs désigné holotype de ce même genre[44].

En 2023, Valentin Fischer et ses collègues critiquent les réaffectations même dans ces circonstances, prédisant qu'elles sont contraires aux articles 75.5 et 75.6 du CINZ (qui codifient la préférence pour la désignation de néotype pour les taxons précédemment emblématiques avec des holotypes non diagnosticables) et que la possibilité d'espèces multiples susmentionnée ne peut justifier une réaffectation provisoire de tous les spécimens à Eiectus. Les auteurs de cette étude choisissent donc de désigner tous les fossiles pertinents sous le nom de Kronosaurus-Eiectus[45]. La même année, Stephen F. Poropat et ses collègues maintiennent K. queenslandicus comme un taxon nominalement valide qui comprend tous les fossiles de la formation de Toolebuc et d'Allaru en attendant une pétition officielle du CINZ, recommandant le spécimen QM F18827 comme néotype[46]. Les auteurs critiquent également la réaffectation des spécimens de Toolebuc[30], au motif que Noè et Gómez-Pérez ont vraisemblablement ignorée la conclusion de la thèse de McHenry de 2009 selon laquelle une seule espèce de grand pliosaure existe dans la formation et que, par conséquent, tous ses spécimens peuvent être considérés de manière fiable comme conspécifiques à l'holotype[47]. Quand à Eiectus, Poropat et ses collègues le limitent uniquement à MCZ 1285 et au spécimen référé MCZ 1284, mais leur affectation sans redescription formelle reste également sujet à débat, étant donné que l'holotype est si massivement restauré avec du plâtre que toutes les caractéristiques diagnostiques apparentes ne sont probablement pas fiables sans tomodensitométrie complètes[30].

Espèces proposées ou anciennement classés

Squelette fossile d'un pliosaure conservé dans un musée
Squelette holotype de Monquirasaurus, qui fut anciennement classé sous le nom de K. boyacensis.

Bien que l'unique espèce actuellement reconnue de Kronosaurus est K. queenslandicus, plusieurs auteurs ont suggéré l'existence d'espèces supplémentaires au sein de ce même genre[48]. En 1982 puis encore en 1991, Molnar émet des doutes quand à l'appartenance du squelette d'Harvard (MCZ 1285) à l'espèce K. queenslandicus, étant donné qu'il fut découvert dans une localité distincte de celui des premiers spécimens connues, à savoir dans la formation plus ancienne de Wallumbilla. L'auteur suggère donc que ce spécimen appartiendrait à une autre espèce de Kronosaurus caractérisé par un crâne plus profond et plus robuste que ceux provenant de la formation de Toolebuc[49],[9],[50],[26]. Une étude publié en 1993 attribue d'ailleurs le spécimen sous le nom de Kronosaurus sp., les auteurs suivant le même avis que Molnar[23]. Cependant, comme l'indique White dans sa description du spécimen en 1935, une grande partie du toit crânien n'est pas préservé et est majoritairement restauré en plâtre[20], les vraies proportions étant par conséquent incertaines[34]. Dans sa thèse publiée en 2009, McHenry continue néanmoins de référer le spécimen à K. queenslandicus en raison de sa distribution taphonomique et de certains traits qui peuvent coller à d'autres spécimens découverts dans la formation de Toolebuc[51]. Afin de déterminer si cette affirmation s'avère vraie, seul une tomodensitométrie pourrait révéler la présence des véritables différences notables au sein de ce spécimen reconstruit en plâtre[29],[30].

En 1977, un squelette presque complet d'un grand pliosaure est découvert par des résident locaux de la ville de Villa de Leyva, en Colombie. Le spécimen, surnommé « El Fósil » et datant de l'Aptien supérieur de la formation de Paja (en), est d'abord provisoirement référé au genre Kronosaurus deux ans plus tard, en 1979[52]. C'est en 1992 que le paléontologue allemand Olivier Hampe érige une seconde espèce du genre sous le nom de K. boyacensis, l'épithète spécifique faisant référence au Boyacá, département entourant le site de la découverte[53]. Cependant, ces descriptions ont été réalisées à partir de photographies et de techniques d'imagerie à distance, à cause notamment du fait que l'accès au spécimen était interdit par la communauté locale. C'est donc en 2021 que Noè et Gómez-Pérez redécrivent ce spécimen et découvrent qu'il appartient à un genre distinct, qu'ils nomment Monquirasaurus, en référence au Monquirá, la division administrative où le spécimen à été découvert[44].

Description

Introduction et taille

Diagramme du plus grand spécimen traditionnellement attribué à Kronosaurus (MCZ 1285) avec un humain. Le diagramme en gris clair représente la taille du spécimen tel qu'il est actuellement monté au musée de Zoologie comparée, tandis que celui en gris foncé le montre avec une estimation plus précise.

En raison du fait que le spécimen holotype de Kronosaurus est non diagnosticable, la majorité des descriptions anatomiques sont basées sur les observations réalisées à partir de fossiles plus complets attribués ultérieurement au genre. La majorités des descriptions proviennent de la thèse de McHenry publiée en 2009, bien que certains spécimens ont été décrits dans d'autres travaux[40],[30]. Kronosaurus à une morphologie typique des pliosauridés du groupe des thalassophonéens, qui possède un grand crâne allongé reliée à un cou court, contrairement à de nombreux autres plésiosaures, qui ont un long cou et une petite tête[54],[40]. Comme tout les autres plésiosaures, Kronosaurus possède une queue courte, un tronc massif et deux paires de grandes palettes natatoires[55],[54].

Kronosaurus est l'un des plus grands pliosaures ayant été identifié à ce jour[56], mais plusieurs estimations quand à sa taille exacte ont été proposée au fil de ses recherches. Dès 1930, Longman, dans sa description des propodiums, considère que Kronosaurus aurait dépassé en taille l'imposant Megalneusaurus, un pliosauridé nord-américain datant du Jurassique supérieur[11],[1]. Après la collecte des fossiles attribués au genre par l'expédition d'Harvard, la taille maximale de Kronosaurus a été fixée à environ 12,8 m de long, mensuration basée à partir du spécimen MCZ 1285[9],[22],[57],[18],[58]. Cependant, comme la reconstitution du squelette semble incorrecte et allongé, McHenry donne une taille plus réduite de ce spécimen à entre 9 et 10,5 m de long[18] pour une masse corporelle atteignant 11 tonnes[59]. Ces mêmes mensurations sont vue comme les estimations maximales possibles du genre dans son ensemble[42]. Avant même que la thèse de McHenry ne soit publiée, le paléontologue Benjamin P. Kear et le biologiste marin Richard Ellis proposent dans leur travaux respectifs publiées en 2003 des estimations comparables, allant de 9 m selon Kear[56] à 10,6 m selon Ellis[57].

Crâne

Diagramme reconstituant en vue de côté le crâne de Kronosaurus.

Étant donné que l'holotype de K. queenslandicus (QM F1609) ne consiste qu'en une symphyse mandibulaire partielle, très peu de choses peuvent en être dite sur ce dernier. Cependant, des crânes fossiles plus complets qui sont attribués au taxon montrent des traits uniques[56],[43],[46]. Les crânes des divers spécimens connues de Kronosaurus varient en taille. L'holotype, qui bien qu'étant partiel et fragmentaire, provient d'un crâne qui aurait mesuré au total 1,31 m de long. Les spécimens néotypes candidats QM F10113 et QM F18827 ont des longueurs crâniennes atteignant respectivement 1,87 à 1,98 m[60]. Le crâne du squelette d'Harvard est estimé à 2,85 m de long[61],[N 4]. Les mensurations crâniennes des trois derniers spécimens précédemment cités surpassent en taille le crâne de n'importe quel dinosaures théropodes connus[63]. Le museau et le rostre mandibulaire sont de formes longues et étroites[56]. Les orbites sont orientées vers l'arrière, où ils sont situées latéralement sur la moitié antérieur du crâne[64]. Les fosses temporales sont très grandes[64], mais ne possède pas de vacuité interptérygoïdienne antérieure[56].

Un des nombreux traits identifiées comme uniques chez Kronosaurus est que le prémaxillaire contient 4 dents caniniformes[56],[64],[40],[46]. Comme ses proches parents Brachauchenius et Megacephalosaurus, la symphyse mandibulaire de Kronosaurus contient contient jusqu'à 6 paires de dents[56],[64],[40]. Chaque os dentaires, l'os portant les dents dans la mandibule chez les diapsides, ont jusqu'à 26 dents[40].

Squelette postcrânien

De nombreux spécimens de Kronosaurus préservent du matériel postcrânien[65]. Le spécimen le plus complet connue, catalogué QM F10113, préserve une importante partie de l'anatomie postcrânienne qui préserverait des informations importante quand à une diagnose plus approfondie du taxon[66],[40]. Cependant, McHenry n'analyse pas cette partie anatomique des spécimens attribuées à Kronosaurus, étant le sujet pour une étude ultérieure[67].

Le squelette d'Harvard historiquement attribuée à Kronosaurus à eu droit à une étude détaillant son anatomie postcrânienne par Romer et Lewis en 1959[21]. Cependant, comme ce dernier fut massivement restauré en plâtre, il est actuellement difficile de le discerner avec le vrai matériel fossile[28]. De plus, le spécimen est temporairement référé à Eiectus, et que ce n'est qu'une question de temps avant que des analyses tomodensitométriques ne puissent révéler si le spécimen appartient ou non à Kronosaurus[30].

Classification

Reconstitution de K. queenslandicus.

De Vis suggérait initialement que le spécimen holotype de Kronosaurus appartiendrait à un ichthyosaure[1]. Cependant, lorsque Longman décrivit ce taxon en 1924, il l'attribue à la famille des Pliosauridae sur la base de multiples caractéristiques anatomiques[4], une affiliation qui sera majoritairement reconnue tout au long du XXe siècle comme au XXIe siècle par la communauté scientifique[56]. Cependant, quelques classifications alternatives ont été proposées au fils des recherches. Par exemple, en 1962, Welles suggère que Kronosaurus appartiendrait possiblement à la famille des Dolichorhynchopidae[68],[52]. Cependant, cette famille est aujourd'hui reconnue comme polyphylétique (regroupement non naturelle) et est vue comme non valide[56].

Le positionnement phylogénétique exact de Kronosaurus au sein des Pliosauridae à également été débattue. En 1992, Hampe propose de classer Kronosaurus avec son proche parent Brachauchenius dans la famille proposée des Brachaucheniidae[53]. Kenneth Carpenter partage l'avis d'Hampe en 1996, bien que notant quelques différences crâniennes notables entre les deux genres[33]. En 2001, F. Robin O’Keefe révise la classification des Pliosauridae et inclut Kronosaurus et Brachauchenius au sein d'un clade incluant Macroplata, Hauffiosaurus, Peloneustes, Liopleurodon et Pliosaurus[69]. En 2013, Roger B. J. Benson et Patrick S. Druckenmiller nomment un nouveau clade au sein des Pliosauridae, appelé Thalassophonea. Ce clade comprend les pliosauridés « classiques » à cou court tout en excluant les formes antérieures à long cou plus graciles. Les auteurs déplace ainsi la famille des Brachaucheniidae en tant que sous-famille, la renommant par conséquent Brachaucheniinae, et y classent de nombreux pliosauridés du Crétacé, incluant Kronosaurus. Au sein de cette sous-famille, Kronosaurus s'avère être un des représentant les plus dérivées, étant généralement placée dans un clade incluant Brachauchenius et plus récemment Megacephalosaurus[70]. Des études ultérieures découvrent une position similaire pour Kronosaurus[61],[71],[72],[73].

Le cladogramme simplifié du clade Thalassophonea ci-dessous est basée d'après Madzia et al. (2018)[73] :

 Thalassophonea

Peloneustes Diagramme d'un crâne de Peloneustes.




"Pliosaurus" andrewsi




Simolestes Crâne fossile de Simolestes vorax.




Liopleurodon Crâne fossile de Liopleurodon.




Gallardosaurus



Pliosaurus Diagramme d'un crâne de Pliosaurus kevani.




Brachaucheninae

Makhaira




Luskhan




Stenorhynchosaurus




Kronosaurus Crâne fossile de Kronosaurus.




Megacephalosaurus Moulage reconstituant le crâne holotype de Megacephalosaurus.



"Polyptychodon" interruptus (DORK/G/1-2)



Brachauchenius Crâne fossile de Brachauchenius.










Paléobiologie

Alimentation

Reconstitution par Dimitri Bogdanov d'un Kronosaurus dévorant un Woolungasaurus.

Du fait de sa taille imposante, de sa morphologie et de sa répartition, Kronosaurus aurait été très probablement le superprédateur de l'ancienne mer intérieure d'Eromanga (en)[74],[40]. Du contenue stomacal ont été trouvées chez certains spécimens de Kronosaurus[75]. Le plus notable d'entre eux est le spécimen QM F10113, le plus complet connu, qui contient les restes d'une tortue marine. La position de la tortue au niveau du squelette indique que le spécimen serait mort étouffé après avoir gobé sa proie[76]. Les restes fossiles sont trop fragmentaires pour déterminer à quel genre appartient cette tortue, mais ses mensurations sont semblables au protostégidé Notochelone[77], qui est la tortue marine la répandue des strates de l'Albien du Queensland[50],[78]. En 1993, Tony Thulborn et Susan Turner analyse le crâne sévèrement écrasé d'un élasmosauridé[23], qui est aujourd'hui reconnue comme appartenant à Eromangasaurus[79]. Dans leur étude, les auteurs découvrent la présence de multiple traces de morsures faites par de grandes dents. Ces mêmes traces correspondent à la dentition des spécimens référées à son contemporain Kronosaurus, prouvant sa prédation envers cet animal. Il s'agit également de la toute première évidence rapportée d'une attaque de pliosaure envers un élasmosauridé[23]. Les élasmosauridés ayant un cou très allongée et une petite tête, les blessures trouvée chez Eromangasaurus suggèrent que Kronosaurus s'en serait régulièrement attaqué dans cette région du corps. Bien qu'aucune preuve fossiles direct d'alimentation ne soient connues, l'animal s'en serait vraisemblablement aussi attaquée aux leptocleididés[80].

Le plus petit spécimen attribuée à Kronosaurus, cataloguée QM F51291, présente des traces de morsures au niveau de son crâne[40],[81]. Dans sa thèse publiée en 2009, McHenry souligne que la taille maximale possible de Kronosaurus est de 10,5 m, et suggère que les trois spécimens connues n'atteignant pas la taille minimum de 7 m représenteraient des juvéniles ou des subadultes[82]. Après analyse, il suggère donc que ce spécimen aurait été un juvénile qui aurait été fatalement tué par la morsure d'un adulte, indiquant une agression intraspécifique voire de cannibalisme chez Kronosaurus. Il étaye cette hypothèse sur la base d'observations communes sur de nombreux crocodiliens adultes n'hésitant pas à s'attaquer à des juvéniles. Cependant, McHenry suggère qu'il est également possible que les morsures auraient été faites peux de temps après que le spécimen soit mort d'une autre cause[81].

Malgré son statut de superprédateur, Kronosaurus aurait été quelquefois attaquées par d'autres prédateurs contemporains. En effet, une mandibule catalogué KK F0630, représentant possiblement un grand subadulte ou un petit spécimen adulte, présentent des traces de morsures qui auraient été faites par des requins lamniformes appartenant à la famille des Cretoxyrhinidae. Les blessures de ce type ne sont pas improbable, car plusieurs requins attribuées à cette famille ont été identifiées dans divers formations géologiques où Kronosaurus est connue. Les rainures présentant les marques de morsures étants entourées des croissance osseuse surélevée et aberrante indiquent que le spécimen aurait guérie aux cours de son vivant[40].

Paléoécologie

Kronosaurus est connu à partir des restes fossiles découverts en Australie. La zone où à vécu l'animal était couverte par une mer intérieure peu profonde appelée la mer d'Eromanga[83]. Cet environnement était particulièrement froid, connaissant des températures proches du point de congélation[84] et la glace saisonnière dans certaines régions[42],[85].

Notes et références

Notes

  1. Le surnom donné à cet énigmatique personnage est due au fait que des rumeurs persistait à dire qu'il aurait apparement tué un homme[18].
  2. Aucune précision ne fut donné par Welles sur quel spécimen d'Harvard devrait être désigné comme néotype, vues que plusieurs ont étés découverts par l'expédition lancée par l'université. Il est cependant très probable que Welles aurait fait allusion à MCZ 1285, vue qu'il s'agit du spécimen le plus complet découvert par l'expédition d'Harvard[34].
  3. Certains spécimens comme QM F18762, qui consiste en un crâne presque complet, ne sont pas analysées en raison du fait qu'aucune préparation n'a été faite pour permettre une description claire[15].
  4. De nombreux précédentes estimations de la taille du crâne de ce squelette ont été proposées au fil des descriptions. En 1935, White propose que le crâne atteindrait une longueur 3,72 m[20], tandis que McHenry donne en 2009 une estimation plus réduite de 2,21 m[62].

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