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== Dans la culture ==
== Fortune littéraire, musicale et cinématographique ==
=== Romans historiques ===
=== Romans ===
* [[Dominique Baudis]], ''La Conjuration'', Grasset, 2001 {{isbn|978-2246573913}}.
* [[Dominique Baudis]], ''La Conjuration'', Grasset, 2001 {{isbn|978-2246573913}}.
* {{Ouvrage|auteur1=[[Juliette Benzoni]]|titre=Thibaut ou la croix perdue|éditeur=[[Plon]]|année=2002|isbn=}}.
* {{Ouvrage|auteur1=[[Juliette Benzoni]]|titre=Thibaut ou la croix perdue|éditeur=[[Plon]]|année=2002|isbn=}}.
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* Laurence Walbrou-Mercier, ''{{noble-|Baudouin IV de Jérusalem}}'', Téqui, 2008, 206 p. {{ISBN|978-2-7403-1424-1}}
* Laurence Walbrou-Mercier, ''{{noble-|Baudouin IV de Jérusalem}}'', Téqui, 2008, 206 p. {{ISBN|978-2-7403-1424-1}}


=== Chansons ===
=== Films ===
* ''[[Kingdom of Heaven]]'' (2005), film de Ridley Scott. {{noble-|Baudouin IV}} est interprété par [[Edward Norton]].
=== Musique ===
* Le groupe [[Death in June]] lui dédie une chanson intitulée ''Leper Lord'' dans son album ''Nada!'' sorti en 1985.
* Le groupe [[Death in June]] lui dédie une chanson intitulée ''Leper Lord'' dans son album ''Nada!'' sorti en 1985.

=== Film ===
* ''[[Kingdom of Heaven]]'' (2005), film de Ridley Scott. {{noble-|Baudouin IV}} est interprété par [[Edward Norton]].
À l'origine, le réalisateur voulait engager un inconnu dont la voix serait doublée par un acteur célèbre. Cependant [[Edward Norton]] qui avait entendu parler du projet de [[Ridley Scott]] a insisté pour avoir le rôle et pour le jouer en entier. Dans le film, les marques de la lèpre sur la figure sont cachées par un masque métallique. Cette idée a été retenue car cela permettait, avec le jeu des lumières, de faire paraître le visage plus expressif. Par ailleurs, et à l'initiative de l'acteur lui-même, le nom d'[[Edward Norton]] (apprécié des cinéphiles) n'a pas été crédité sur l'affiche du film. Il voulait ainsi laisser aux spectateurs la possibilité de découvrir et de s'attacher au personnage de {{noble-|Baudouin IV}} pour lui-même et non pour son interprète.


== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
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=== Articles spécialisés ===
=== Articles spécialisés ===
* {{Article|auteur1=[[Mark Gregory Pegg]]|titre=Le corps et l'autorité : la lèpre de Baudouin IV|périodique=[[Annales. Histoire, Sciences sociales]]|numéro=2|date=1990}}
* {{Article|auteur1=[[Mark Gregory Pegg]]|titre=''Le corps et l'autorité : la lèpre de Baudouin IV''|périodique=[[Annales. Histoire, Sciences sociales]]|numéro=2|date=1990}}


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===

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Baudouin IV
Illustration.
Couronnement de Baudouin IV dans Estoire d'Eracles, par son précepteur Guillaume de Tyr, XIVe siècle.
Titre
Roi de Jérusalem

(10 ans, 8 mois et 5 jours)
Avec Baudouin V (1183-1185)
Couronnement en l'église du Saint-Sépulcre de Jérusalem
Régent Raymond III de Tripoli (1174-1177)
Prédécesseur Amaury Ier
Successeur Baudouin V (seul)
Biographie
Dynastie Maison de Gâtinais-Anjou
Date de naissance
Lieu de naissance Ascalon
Date de décès (à 24 ans)
Lieu de décès Jérusalem
Nature du décès Maladie
Père Amaury Ier de Jérusalem
Mère Agnès de Courtenay
Fratrie Sibylle
Isabelle Ire
Religion Catholicisme

Baudouin IV (roi de Jérusalem)

Baudouin IV de Jérusalem, parfois surnommé Baudouin le Lépreux, né en et mort en , est roi de Jérusalem de à sa mort. Il est reconnu comme une figure marquante de l'ère des croisades, par sa lutte contre la lèpre et ses victoires qui maintiennent l'intégrité du royaume de Jérusalem pendant plus de dix ans.

Il est couronné le , succédant à son père Amaury Ier. L’exercice réel du pouvoir revient jusqu'en à ses régents, les nobles Miles de Plancy puis Raymond III de Tripoli. Il est alors diagnostiqué de la lèpre, qui le défigure et l’empêche d’avoir un héritier.

La régence ayant pris fin, à l’âge de seize ans, Baudouin IV triomphe à la bataille de Montgisard où son armée, pourtant inférieure en nombre, remporte une victoire décisive face au sultan ayyoubide Saladin. Ce dernier parvient à contrecarrer Baudouin en , notamment à la bataille de Marj Ayoun où Baudouin échappe de peu à la capture, puis à la bataille du gué de Jacob.

Les dernières années de son règne sont difficiles. Après l’indécise bataille de Belvoir en , Baudouin met à nouveau Saladin en échec au siège de Kerak en . Ravagé par la lèpre, il ne peut qu'assister impuissant à la montée des factions au sein de son royaume. À sa mort en , son neveu Baudouinet lui succède sous la régence de Raymond III de Tripoli.

Biographie

Enfance

Baudouin naît en 1161, vraisemblablement dans la place forte croisée d'Ascalon, bien qu'il n'existe pas de registre officiel en faisant mention[1]. Il est le fils d'Amaury, comte de Jaffa et d'Ascalon, et d'Agnès de Courtenay, comtesse consort[1], ce qui lui fait appartenir à la maison de Gâtinais-Anjou du royaume de France[2]. L'importance de cette filiation française est cependant à mettre en perspective, car Baudouin est aussi le premier prince à naître de deux parents eux-mêmes nés dans les États latins d'Orient[2].

Peu après sa naissance, son oncle Baudouin III, roi de Jérusalem, accepte de devenir son parrain sur proposition d'Amaury, et lui promet qu'il recevra un jour les rênes du royaume[3]. Le roi meurt sans héritier direct en 1163 ; Amaury lui succède le [1], mais il doit d'abord se séparer de son épouse Agnès, dont il est parent à un degré prohibé[4]. Baudouin est donc privé de sa mère pendant sa petite enfance[5], mais aussi de sa sœur Sibylle, envoyée au couvent Saint-Lazare de Béthanie, sous la garde de sa grand-tante Yvette[2].

Baudouin reçoit une éducation soignée[6]. Au palais royal, il joue souvent aux échecs, aux dés, aux osselets[7]. Excellent cavalier, il porte un attrait particulier pour l'histoire. Il a cependant une légère difficulté d'élocution, comme son père avant lui[8]. A l'âge de huit ans, il fait la connaissance de la princesse byzantine Marie Comnène que son père a épousé. Elle lui donne une sœur cadette, Isabelle[5].

Le royaume de Jérusalem au milieu du XIIe siècle.

L'année suivante, Baudouin reçoit comme précepteur l'archidiacre Guillaume de Tyr afin d'entamer sa formation en littérature[6],[9]. Ce dernier repère des signes de maladie chez Baudouin, alors qu'il joue avec ses camarades[10]. Le jeu consiste à enfoncer ses ongles dans les bras des adversaires pour les exhorter à dominer la douleur. Tous manifestent leur douleur mais, bien que ses camarades de jeu ne l'épargnassent pas, Baudouin ne ressent rien. Guillaume reconnaît immédiatement le symptôme d'une grave maladie, mais sans pouvoir identifier laquelle[10]. Des médecins sont consultés, tant chrétiens que musulmans, mais en vain[11].

En atteignant l'âge de la puberté, il est finalement diagnostiqué de la lèpre[12]. Les extrémités et le visage sont les parties de son corps les plus gravement touchées[13].

Régence

Le , le roi Amaury meurt après avoir vainement tenté d’empêcher la prise de l’Égypte par le sultan Nur ad-Din[14],[15].

Baudouin est sacré roi de Jérusalem à l'âge de treize ans le [16]. Il est confié à deux régents successifs, le connétable Miles de Plancy, mort assassiné dans une conspiration quelques mois après le sacre, puis le comte Raymond III de Tripoli, cousin de Baudouin et seigneur le plus puissant du royaume[17]. Guillaume de Tyr, l'ancien précepteur du jeune roi, est nommé archevêque de Tyr et chancelier du royaume[18].

Au début de l'année 1175, Saladin, fondateur et premier dirigeant du sultanat ayyoubide ayant succédé à la domination de Nur ad-Din, met le siège devant la ville d'Alep[19]. Les habitants de la ville font appel aux Francs afin d'effectuer une diversion[19]. C'est l'occasion pour Baudouin de mener, à quatorze ans, sa première campagne militaire[20]. A la fin du printemps, il sort de Jérusalem, puis traverse la Samarie et la Galilée[21]. La cible est Damas elle-même, dont l'arrière-pays est pillé puis incendié[22]. L'opération est renouvelée avec succès au mois d'août de l'année suivante[23]. Baudouin IV et Raymond III défont à Ain Anjarr une armée damasquine commandée par Shems ed-Doula Turan Shah, frère cadet de Saladin[24].

[[Fichier:BaldwinIV.jpg|vignette|[[Fichier:Amaurydeath-BaldwinIVcrowned.jpg|vignette|Mort d'Amaury Ier et couronnement de Baudouin IV. Guillaume de Tyr, Historia et continuation, Acre, XIIIe siècle (BNF, Mss.fr. 2628).]]Guillaume de Tyr découvrant les premiers symptômes de la lèpre du jeune Baudouin.]]Compte tenu de son état de santé, Baudouin n'était certainement pas appelé à vivre longtemps et encore moins à concevoir un héritier[25]. Afin d'assurer la succession du royaume, un mariage est arrangé en 1176 entre sa sœur Sibylle et Guillaume de Montferrat, fils et héritier du marquis Guillaume V[25]. Nommé comte de Jaffa et d'Ascalon après son mariage, Guillaume est pressenti pour devenir roi lorsque Baudouin ne sera plus en mesure d'assumer ses fonctions[25]. Dès le début de l'année 1177, Guillaume tombe néanmoins malade et meurt quelques mois plus tard, laissant la veuve Sibylle enceinte du futur Baudouin V[25].

Règne

Onction de Baudouin IV, roi de Jérusalem, XVe.

En 1177, la régence de Raymond prit fin avec la majorité de Baudouin, alors âgé de seize ans[25]. Il ne ratifie pas le traité signé par Raymond avec Saladin en 1175, mais mène une série de raids dans les environs de Damas et de la vallée de la Bekaa. Il désigne comme sénéchal son oncle maternel, Josselin III d'Édesse, après avoir payé sa rançon. Josselin était son parent mâle le plus proche sans pour autant avoir de revendications sur le trône, ce qui en faisait aux yeux du roi un ami et confident.

Entre-temps, Baudouin préparait une offensive en Égypte. Il envoie Renaud de Châtillon à Constantinople en ambassade auprès de Manuel Comnène, afin d'obtenir l'aide navale de Byzance. Renaud avait récemment été libéré d'Alep, Manuel ayant payé sa rançon puisque Renaud était le beau-père de l'impératrice Marie d'Antioche. Baudouin œuvre également pour la restauration du patriarcat orthodoxe dans le royaume, et pour le mariage de Bohémond III d'Antioche et de sa petite-nièce Théodora Comnène, sœur de la reine Marie. Renaud rev0eint en 1177, et fut récompensé par son mariage avec Étiennette de Milly, ce qui fit de lui le seigneur de Kerak et de l'Outre-Jourdain.

En septembre, le comte Philippe de Flandre débarque à Saint-Jean-d'Acre sous la bannière des croisés[26]. Baudouin propose à son cousin de prendre part à son projet d'invasion de l'Égypte, mais celui-ci refuse, prétextant qu’il était venu à Jérusalem pour effectuer un pèlerinage et non pour commander une armée[27]. Par ailleurs, Philippe sollicite le mariage de ses cousines, Sibylle et Isabelle, héritières potentielles du royaume de Jérusalem, avec deux de ses vassaux[27]. La haute Cour de Jérusalem, offusquée, refuse[27]. Philippe quitte le royaume et se rend à Antioche, où il participe à une offensive stérile contre la ville de Hama[27].

Baudouin est informé que Saladin, ayant appris les déboires du royaume et la présence de Philippe plus au nord, a franchi la frontière égyptienne le et lance son armée en direction d'Ascalon[28]. Pour y faire face, le roi organise ses maigres forces avec celles des quelques seigneurs présents avec lui : Balian d'Ibelin, Renaud de Châtillon, Baudouin d'Ibelin, Renaud Granier, et Josselin III d'Édesse[29]. Il sollicite également un contingent de Templiers en provenance de Gaza à Eudes de Saint-Amand, maître de l'ordre du Temple[30].

Le , l'armée de Baudouin rencontre celle de Saladin dans une bataille près du château de Montgisard[31]. La surprise est totale pour l'armée des musulmans, pour qui la débâcle est rapide, malgré une large supériorité numérique[32]. Malgré la souffrance provoquée par la maladie, Baudouin prend part à la bataille, jusqu'à la tombée de la nuit où Saladin bat en retraite[33].

Baudouin poursuit Saladin jusque dans la péninsule du Sinaï, où celui-ci parvient à s'échapper[34]. Le roi revient finalement à Ascalon, puis à Jérusalem où il est accueilli de manière triomphale[35]. Cette victoire de Montgisard, absolument inattendue, a un énorme retentissement jusque dans les points les plus reculés de la chrétienté, où elle est perçue comme un signe de Dieu[36]. Le prestige de Baudouin est comparable à celui des meneurs de la première croisade, Godefroy de Bouillon, Raymond de Saint-Gilles et Tancrède de Hauteville[34].

Cependant, cette nette victoire ne change pas considérablement la situation du royaume. Les ressources de Saladin étaient larges, tandis que Baudouin souffrait toujours du manque d'hommes[37]. N'ayant pas les moyens de poursuivre durablement son adversaire en Égypte, il consacre les mois suivants à fortifier la frontière damascène, et ordonne l'érection du Chastelet, une forteresse sur le Gué de Jacob, afin de défendre le passage du fleuve Jourdain[37].

Au début du mois d', Baudouin IV participe à un raid visant à piller les environs de Damas[38]. Au cours d'une chevauchée à hauteur de la ville de Panéas, dans la seigneurie de Banias, le roi et Renaud Granier sont défaits par surprise par le neveu de Saladin, Farrukh-Shâh[39]. Il s'échappent miraculeusement grâce au sacrifice héroïque du connétable Onfroy II de Toron, mortellement blessé alors qu'il combattait aux côtés de Baudouin[40]. Ce dernier est fortement impacté par cette perte[41].

Pour répondre à des raids de cavalerie arabe dans les environs de Sidon, Baudouin rassemble en juin une force sous son commandement personnel, aux côtés de Raymond III de Tripoli et de Eudes de Saint-Amand[42]. Baudouin quitte le château de Toron le [42]. Dans un premier temps, son armée défait les troupes de Farrukh-Shâh à la bataille de Marj Ayoun, avant que Saladin n'arrive avec le gros de ses forces et fait tourner le cours de la bataille en sa faveur[43]. L'armée franque est mise en déroute, tandis que Baudouin, Raymond et une partie des croisés parviennent à se réfugier dans la forteresse de Beaufort[43]. Suite à cela, Baudouin réunit ses troupes à Tibériade, où le comte Henri II de Champagne se rallie à lui[44].

Le [45], le Chastelet encore inachevé par Baudouin tombe aux mains de Saladin à l'issue de la bataille du même nom[43]. Le château est rasé et sa garnison de Templiers massacrée[43].

En , Baudouin prend la décision d'envoyer vers Saladin plusieurs ambassadeurs, dans le but de négocier une trêve de deux années[46],[43]. Saladin accepte, tout en continuant les hostilités envers le comté de Tripoli, État vassal de Baudouin, qui n'avait pas pris part aux négociations[47].

Relations avec Guy de Lusignan

Le printemps 1180 vit le mariage de Sibylle avec Guy de Lusignan, orchestré par la reine-mère Agnès de Courtenay, malgré les protestations de Baudouin[48]. Des projets précédents consistant à marier Sibylle à Hugues III de Bourgogne, puis à Baudouin d'Ibelin, avaient tous avorté[48]. Guy n'étant que le fils cadet d'un petit seigneur du Poitou, les barons furent fort mécontents du choix de Sybille[49]. L'allié des Courtenay, Renaud de Châtillon, seigneur d'Outre-Jourdain, rompit la trêve signée par Baudouin en attaquant une caravane musulmane au cours de l'été 1181[50]. Baudouin dut se justifier auprès de Saladin et, affaibli par les intrigues, s'abstint de sanctionner Renaud[50]. En représailles, Saladin prit en otage un groupe de mille cinq cents pélerins échoués près de Damiette et réclama la marchandise volée par Renaud ; ce dernier refusa[50]. La reprise des combats était inévitable[50].

Conscient de la faiblesse grandissante du pouvoir de Baudouin, le pape Alexandre III écrit dans une encyclique à son sujet :

« Cet homme, Baudouin, qui tient les rênes du royaume, a été châtié par un juste châtiment de Dieu, comme nous croyons que vous le savez, et si gravement qu'il peut à peine supporter les supplices que subit son corps. Quel grave dommage, hélas, quelle perte terrible pour les personnes et les biens doit donc subir à cause de ses péchés cette terre »

— Alexandre III, Cor Nostrum

En , Saladin dirigea son armée vers Damas, puis descendit en Galilée[51]. L'armée franque vint à sa rencontre devant la forteresse de Belvoir. La bataille fut indécise et les deux adversaires revendiquèrent la victoire[51]. La flotte de Saladin tenta au même moment le siège de Beyrouth, mais ne put s'en emparer avant le retour de Baudouin[52]. Saladin se tourna alors contre les Zengides et prit Édesse, Saruj et Nisibe, avant d'assiéger la ville de Mossoul en novembre[53]. Incapable de prendre la ville d'assaut, il prit Sinjar, Diyarbakir, puis Alep en [54]. Saladin devint le maître d'un royaume allant de la Cyrénaïque au Tigre, avec Damas pour capitale[53].

Baudouin, dont l'état ne faisait qu'empirer, était désormais presque aveugle et incapable de marcher[55]. Sur les conseils de sa sœur Sibylle et du patriarche Héraclius, il confia la régence du royaume à Guy de Lusignan[55]. En parallèle, Renaud de Châtillon lançait une attaque ambitieuse en direction de La Mecque[55]. Après s'être emparé d’Eilat sur le golfe d'Aqaba, il construisit une flotte et mena un raid maritime sur la côte africaine de la mer Rouge[56]. Il poursuivit son raid destructeur dans le Hedjaz, et réduisit en cendres les flottes musulmanes stationnées à Médine et à La Mecque[56]. Le monde musulman tout entier fut horrifié par cet outrage, et Saladin ne lui pardonnerait jamais[56]. Saladin reprit Eilat et détruisit la flotte de Renaud, qui s'était déjà retiré[56]. En , il envahit de nouveau la Palestine[56].

Guy de Lusignan convoqua l’ost et se porta à la rencontre de l’armée musulmane, qu’il rejoignit aux fontaines de Tubanie ; les Francs, en nette infériorité numérique, maintinrent une posture défensive et forcèrent Saladin à se retirer[57]. Excédé par son attitude, Baudouin se brouilla avec son nouveau régent et le déposa[57]. Avec le soutien de Raymond III de Tripoli, il proclama héritier et successeur son neveu Baudouin V, tenta de persuader sa sœur Sibylle d'annuler son mariage, et reprit immédiatement la conduite du royaume de Jérusalem[57]. Guy se retira dans son comté de Jaffa et d'Ascalon et brandit la bannière de la rébellion[57].

Règne commun avec Baudouin V et mort

Mort de Baudouin IV et couronnement de Baudouin V. Guillaume de Tyr, Historia et continuation, Acre, XIIIe siècle (BNF, Mss.fr. 2628).

En , les Francs célébraient le mariage d'Isabelle et d'Onfroy IV de Toron, à Kerak, lorsque les festivités furent interrompues par l'arrivée de Saladin avec une armée[58]. Des messagers se précipitèrent à Jérusalem pour implorer l'aide du roi[59]. Considérablement affaibli et désormais alité, Baudouin regroupa les forces qu'il lui restait et parvint à lever le siège[59].

L'incompréhension des barons est renforcée par la nomination d'un favori d'Agnès, Héraclius d'Auvergne, au patriarcat de Jérusalem[60]. Le parti des Courtenay et des Lusignan était désormais en position de force. Le nouveau patriarche excommunia Guillaume de Tyr pour un motif futile, et ce dernier dut défendre sa cause à Rome où il mourut, probablement empoisonné[60].

En automne 1184, Saladin revint assiéger Kerak, mais échoua une seconde fois, et dut se retirer à nouveau sous la menace des troupes du royaume de Jérusalem[59]. Guy détenait toujours Ascalon, refusant l'entrée de la ville aux officiers du roi[59].

L'expédition qui permit de libérer Kerak et les conflits dynastiques avaient particulièrement affaibli Baudouin. Au début de l'année 1185, il proclama ses dernières volontés devant l'assemblée des barons. Son neveu Baudouin devait lui succéder sous la régence de Raymond III de Tripoli[61]. Ce dernier refusa la tutelle personnelle du jeune Baudouin, qui fut confiée à son grand-oncle, Josselin III de Courtenay, et l'enfant fut couronné en l'église du Saint-Sépulcre[61].

Baudouin mourut à Jérusalem en à l'âge de vingt-quatre ans[61]. Son neveu Baudouin V lui succéda.

Ascendance

Notes et références

  1. a b et c Aubé 1999, p. 56.
  2. a b et c Aubé 1999, p. 58.
  3. Aubé 1999, p. 57.
  4. Aubé 1999, p. 60.
  5. a et b Aubé 1999, p. 61.
  6. a et b Aubé 1999, p. 63.
  7. Aubé 1999, p. 62.
  8. Aubé 1999, p. 66.
  9. Aubé 1999, p. 65.
  10. a et b Aubé 1999, p. 67.
  11. Aubé 1999, p. 68.
  12. Aubé 1999, p. 67-68.
  13. Les dernières années de sa vie, Baudouin IV dissimulait son visage avec une mousseline pour recevoir les ambassadeurs, et ne portait pas un masque en argent comme dans le film de Ridley Scott, Kingdom of Heaven.
  14. Aubé 1999, p. 94.
  15. Grousset 1949, p. 231-237.
  16. Runciman 1987, p. 404.
  17. Aubé 1999, p. 100-105.
  18. Aubé 1999, p. 106.
  19. a et b Aubé 1999, p. 112.
  20. Aubé 1999, p. 115.
  21. Aubé 1999, p. 116.
  22. Aubé 1999, p. 117.
  23. Aubé 1999, p. 119.
  24. Aubé 1999, p. 121.
  25. a b c d et e Runciman 1987, p. 411.
  26. Runciman 1987, p. 414.
  27. a b c et d Runciman 1987, p. 415.
  28. Runciman 1987, p. 416.
  29. Aubé 1999, p. 175.
  30. Grousset 1949, p. 621.
  31. Aubé 1999, p. 176-182.
  32. Runciman 1987, p. 417.
  33. Aubé 1999, p. 183.
  34. a et b Grousset 1949, p. 628.
  35. Aubé 1999, p. 188.
  36. Aubé 1999, p. 189.
  37. a et b Runciman 1987, p. 418.
  38. Aubé 1999, p. 220.
  39. Aubé 1999, p. 221.
  40. Runciman 1987, p. 419.
  41. Aubé 1999, p. 223.
  42. a et b Aubé 1999, p. 225.
  43. a b c d et e Runciman 1987, p. 420.
  44. Aubé 1999, p. 233.
  45. Aubé 1999, p. 234.
  46. Aubé 1999, p. 239.
  47. Aubé 1999, p. 240.
  48. a et b Runciman 1987, p. 423.
  49. Runciman 1987, p. 424.
  50. a b c et d Runciman 1987, p. 431.
  51. a et b Runciman 1987, p. 432.
  52. Runciman 1987, p. 433.
  53. a et b Runciman 1987, p. 435.
  54. Runciman 1987, p. 434.
  55. a b et c Runciman 1987, p. 436.
  56. a b c d et e Runciman 1987, p. 437.
  57. a b c et d Runciman 1987, p. 439.
  58. Runciman 1987, p. 440.
  59. a b c et d Runciman 1987, p. 441.
  60. a et b Runciman 1987, p. 425.
  61. a b et c Runciman 1987, p. 443.

Dans la culture

Romans

Films

Musique

  • Le groupe Death in June lui dédie une chanson intitulée Leper Lord dans son album Nada! sorti en 1985.

Bibliographie

Biographies

Ouvrages généralistes

Articles spécialisés

Articles connexes

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